La Plume d'Aliocha

09/03/2009

La presse quotidienne malade du syndicalisme ?

Filed under: Eclairage — laplumedaliocha @ 13:36

Certains d’entre vous ont sans doute lu qu’une salariée de Libération était en grève de la faim depuis le 10 février pour protester contre son licenciement. Florence Cousin, c’est son nom, est entrée dans l’entreprise il y a 25 ans en tant qu’aide-comptable avant de devenir secrétaire de rédaction. La situation, qui à ma connaissance n’est toujours pas débloquée, est l’occasion de vous dire quelques mots de l’un des syndicats les plus puissants de France et sans doute aussi le plus méconnu : le syndicat du Livre.

Chronique du conflit

Mais voyons d’abord l’enchaînement des faits. Le 13 février, la Filpac-CGT publie un communiqué pour signifier son opposition au licenciement de la journaliste. Deux jours plus tard, ce même syndicat se dit satisfait des négociations, c’est ici. La CGT n’ayant pas l’habitude de plaisanter avec les droits des salariés, on pourrait imaginer que le conflit s’arrête là. D’après un article de Marianne (papier), la secrétaire de rédaction a en effet obtenu une indemnité de départ de 80 000 euros, un an de préavis et une formation longue et financée par le journal. Pas mal en temps de crise et, qui plus est,  dans une entreprise qui n’est pas au mieux. Mais la branche dure du syndicat du Livre ne l’entend pas ainsi. Le 21 février, la parution du journal est bloquée par les syndicalistes des NMPP en témoignage de soutien à la salariée. Pour un journal, ne pas paraître, c’est une catastrophe, surtout quand on s’appelle Libération et qu’on lutte pour survivre. Au passage, on peut se demander au nom de quoi des syndicalistes du système de distribution s’invitent dans un conflit entre un journal et sa salariée. Le 23 février, le CGLCE-CGT débarque dans le hall de Libération, puis il publie 3 jours plus tard un communiqué pour appeler à continuer la lutte. Le 3 mars, deux délégués de la CGT viennent soutenir leur collègue. Florence Cousin devient l’enjeu d’un conflit entre la branche dure des syndicalistes (cglce) et les progressistes (Filpac). Elle accepte une interview dans le Nouvel Observateur, Laurent Joffrin, directeur de Libération répond. Je ne connais pas l’affaire et ne prendrai donc pas parti pour l’un ou l’autre camp. Tout au plus observerai-je qu’une grève de la faim est une démarche inédite à la suite d’un licenciement qui témoigne des méthodes très particulières du syndicat du livre, ce syndicat qui est le cauchemar des éditeurs de quotidiens nationaux depuis des décennies. Notons que l’appel à la grève à Libération n’a pas été suivi. Observons également que Marianne, qui n’est pas à proprement parler un suppôt du capitalisme, évoque l’affaire non pas sous l’angle d’un soutien à la journaliste (une cause pourtant tentante à défendre) mais en décrivant l’affrontement des deux branches syndicales.  Voilà qui m’a donné envie ce week-end de relire « Spéciale dernière, qui veut la mort de la presse quotidienne française ? », l’excellent ouvrage d’Emmanuel Schwartzenberg, journaliste à France Info et grand spécialiste de la presse.  Toutes les informations qui suivent sont extraites de ce livre.

Un syndicat tout puissant depuis plus de 60 ans

Un peu d’histoire d’abord. A la fin de la dernière guerre, la France traque les journalistes qui ont collaboré et confisque les titres qui ont continué de paraître durant l’occupation. Les ouvriers qui ont imprimé et distribué ces écrits s’attendent à subir le même sort.  Sauf que le nouveau pouvoir entend recréer rapidement des journaux et a besoin d’ouvriers compétents. On les absout et on délègue au syndicat CGT le soin de produire les journaux. Le monopole est acté, la presse piégée, mais elle ne le sait pas encore. En face, le gouvernement prône l’absence de concentration des titres, les éditeurs se retrouvent donc isolés face au syndicat tout puissant. Le Livre ne cesse de monter en force dans un contexte très favorable. Les éditeurs avancent en ordre dispersé et ne peuvent donc pas le contrer, par ailleurs, la presse se porte fort bien de sorte qu’on accepte sans ciller des coûts de production hallucinants. Et puis le syndicat a une arme de poids : qu’on le contrarie et n’importe quel ouvrier peut appuyer sur l’un des nombreux boutons rouges qui permettent de bloquer les rotatives en cas de danger et empêcher ainsi l’impression du journal ou bien encore paralyser sa distribution.

L’échec d’une rebellion

La puissance du Livre est absolue. Seul Emilien Amaury, le propriétaire du Parisien,  osera l’affronter en 1975, le conflit durera deux ans jusqu’à ce que le patron rebelle décède d’une chute de cheval.  Ce bras de fer coûtera cher au journal. Il tirait à 750 000 exemplaires en 1975, il tombe à 400 000 exemplaires trois ans plus tard. Par la suite, aucun autre éditeur n’osera se risquer à contrarier le syndicat. La mémoire des grands patrons de presse français est remplie d’anecdotes sur les rapports houleux avec ouvriers du Livre. Il faut dire que les épisodes rocambolesques abondent.  Nouvelles formules préparées dans des caves pour échapper à la vigilance du Livre, conflits ouverts, batailles à coups de batte de base ball, blocage répétés des imprimeries et des centres de distribution etc. S’ils s’étaient unis, les patrons de quotidiens nationaux auraient peut-être réussi à faire front, mais chacun a toujours préféré préserver la paix dans son groupe.  Au plus grand bénéfice des ouvriers du Livre. Selon Emmanuel Schwartzenberg, le salaire minimum de référence d’un rotativiste du Livre s’élève à 3048 euros (chiffres 2006), voire 4000 euros car les heures supplémentaires sont courantes, il suffit de dépasser de quelques minutes l’horaire de base pour pouvoir réclamer le paiement d’une heure de travail en plus. Un cadre touche 5200 euros et un responsable de rotative 6200 euros. Le tout sur 14 mois, avec 9 semaines de congés payés et pour un temps de travail de 32 heures et demie par semaine. Par comparaison, les salaires des ouvriers du Labeur qui impriment les magazines commencent à 2000 euros, ceux des journalistes à 2250 euros.

Evidemment, le sujet était à l’ordre du jour des Etats généraux de la presse. Un chiffre donne l’étendue des dégâts (livre vert page 53) : l’impression de 30 000 exemplaires de l’International Herald Tribune coûte 3854 euros en France contre 2574 euros à Zurich (plus haut tarif concurrent) et 1661 euros (plus bas tarif observé) à Francfort. Cherchez l’erreur. A la suite des Etats généraux de la presse, des négociations devraient s’ouvrir pour refondre le système d’impression et de distribution et tenter d’en diminuer le coût.

Gageons que les discussions seront difficiles…

 

NB : Pour en savoir plus, voyez cet article de Patrick Eveno sur le site de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

24 commentaires »

  1. Ah ce mal franco-français où l’intérêt de quelques-uns cède devant l’intérêt général…je me demande s’il y a une issue à cela…

    Commentaire par Nemo — 09/03/2009 @ 15:31

  2. « Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse »! Ce cher La Fontaine avait tout compris. Ce sont « ces exceptions », culturelles ou non, qui creusent lentement mais très sûrement le gouffre dans lequel s’enfonce notre pays!!!

    Commentaire par H. — 09/03/2009 @ 15:45

  3. Mon seul commentaire sur cette affaire est que j’aimerais recevoir autant d’argent le jour où je me ferais virer pour cause de crise.
    80k€, c’est énorme!

    Aliocha : j’aimerais aussi….si ça peut vous réconforter, ce sont vos impôts qui servent régulièrement à indemniser les ouvriers du livre licenciés. L’Etat en effet met souvent la main à la poche. Vous n’êtes pas consolé ? Je m’en doutais 😉

    Commentaire par javi — 09/03/2009 @ 17:09

  4. Intéressant : avec un salaire minimum de référence de 3048€ sur 14 mois, les ouvriers du livre se situent dans la tranche des hauts revenus, au dessus du 9ème décile.

    Aliocha : et roulent en mercedes, commele révèle le livre de Schwartzenberg, ce qui fait moyennement rire les patrons de presse.

    Commentaire par Schmorgluck — 09/03/2009 @ 17:35

  5. A quand l’importation en avion de l’édition de la nuit, directement imprimée au Magreb ?

    Commentaire par Paul — 09/03/2009 @ 18:45

  6. @Paul :
    Le soucis c’est que pour vendre il faut avoir des clients, et pour avoir des clients, il semble nécessaire d’avoir des employés _rémunérés_ .

    A partir de ce moment là, peut être faut-il envisager, à un moment ou à un autre de garder de vrais emplois qui permettent de consacrer une part de ses salaires à l’achat d’information en lieu et place d’un glanage gratuit sur le web.

    Commentaire par herve_02 — 09/03/2009 @ 21:01

  7. Je ne vais pas défendre le syndicat du livre (m’ont trop gonflée quand par ex, à 16h15, avec juste une légende à coller,le monteur se barrait, fin de service, et on attendant une demie heure qu’un autre arrive puisque nous journaleux n’avions pas le droit de toucher « au plomb » ou encore grève empêchant la sortie du journal avec les coûts que cela suppose pour l’entreprise pour soutenir les camarades de sopalin, même filière FILPAC) mais j’y ai croisé aussi des gens sympas, bosseurs et qui connaissaient fort bien leur boulot. Comme ceux des ateliers de labeur. Surtout chez les typos. Moins chez les photograveurs et je passe sur les rotos.
    J’ajoute aussi qu’ils partent en retraite assez tôt autour de 50 ans, pour cause de pénibilité sans doute, ce qui n’a plus lieu d’être aujourd’hui, vu qu’on a les mêmes ordinateurs et qu’on travaille nettement plus, sans oublier le stress…
    La présence de ces ouvriers en mercedèes (je confirme)fait qu’aucun journal français (je ne parle pas des magazines) n’a pour actionnaire majoritaire un groupe de presse étranger.Quand d’éventuels repreneurs, acheteurs , etc, prennent conscience du pb , ils partent en courant.
    Le pb des imprimeries est primordial: impossible d’aller imprimer ailleurs, pas plus au Maghreb qu’à tombouctou.

    Commentaire par martine silber — 09/03/2009 @ 22:53

  8. En plus ces syndicalistes s’amusent à retarder ma livraison de « Rivarol » du vendredi au lundi, il faudrait un blister moins transparent…

    Commentaire par La French Connexion — 10/03/2009 @ 05:28

  9. Rendez vous, vous êtes cernés!
    Coincés entre les « armées mexicaines de rédacteurs en chef surpayés » et la forteresse inexpugnable des « syndicalistes en mercédes », tout est perdu fors l’honneur.
    Doit-on voir là une métaphore de la liberté, écrasée par « quelques vieux barbons qui fantasment sur un journal ( le pouvoir) comme des notables de province rencontrant leur première call-girl », et sabotée de l’intèrieur par des régiments de planqués profiteurs du système?
    Allez, rassurez nous, il doit bien exister un moyen pour que vous viviez correctement de votre travail si nous sommes assez nombreux à penser qu’il nous est nécessaire. Courage, l’estime de soi est à ce prix, mes il y a des jours où « ça fout les boules ».

    Commentaire par Denis Ducroz — 10/03/2009 @ 11:17

  10. N’y a-t-il justement pas là, dans ces surcoûts « imposés » aux journaux, l’une des causes de leur déclin (je veux dire fasse au Web et aux journaux/blogs « non imprimés » ?

    Aliocha : ces surcoûts d’impression et de distribution participent en effet largement de la mauvaise santé financière des quotidiens nationaux. Nous payons de décennies de mauvaise gestion.

    Autre question: les « gratuits » (Metro, Direct matin et soir, 20 minutes) sont-ils aussi soumis aux diktats du Livre ?

    Aliocha : oui et non, quand le Livre a compris qu’il risquait de mourir avec les quotidiens, il a accueilli à bras ouverts les gratuits et leur a même proposé des tarifs préférentiels….

    Enfin, n’étant pas de la partie, pourriez-vous nous en dire plus sur l’apparente différence entre le Livre et le Labeur ?

    Aliocha : pour schématiser, le Livre imprime les quotidiens, le labeur les hebdos.

    Commentaire par Yves D — 10/03/2009 @ 13:23

  11. pas de chance avec votre site je fais toujours des erreurs dans l’envoi des commentaires

    voici le commentaire que je souhaitais poster

    cette grève de la faim m’avait interpellé et dans un article intitulé grève de la faim et éthique médicale je faisais le commentaire suivant que je me permets de vous poster

    la grève de la faim est faîte , en général, pour attirer l’attention des pouvoirs publics, du public ou toute autre autorité sur une injustice ou pour revendiquer des droits qui ont été lésés par exemple.

    La grève de la faim intervient le plus souvent lorsque tous les autres moyens mis en œuvre par le ou les grévistes pour faire cesser les injustices ou faire valoir les droits ont échoué .

    c’est en fait une action non violente sous forme de chantage pour avoir gain de cause

    En mettant sa vie en danger ,surtout lorsque la grève a un caractère illimité ,le gréviste veut réveiller la sensibilité du public il veut éveiller sa compassion afin que celui ci fasse pression sur les pouvoirs publics ou l’autorité en cause .

    Il est bien évident que cette pression ne peut être efficace que dans les sociétés où la vie des individus est valorisée et où l’opinion publique peut avoir un impact sur les autorités.de nos jours dans un règime totalitaire ou un pays d’extrème pauvreté une grève de la faim n’aura pas le même retentissement que dans une démocratie occidentale par exemple.

    . C’est pourquoi l’appui médiatique est indispensable pour émouvoir l’opinion publique qui, à son tour, exercera son pouvoir de persuasion sur les autorités, de sorte que celles-ci soient contraintes de céder.

    Dans le cas qui nous préoccupe la personne gréviste a entamé une grève de la faim illimitée pour protester contre son licenciement qu’elle considère comme injuste ou abusif.

    Elle veut dénoncer une injustice à son égard et met donc sa vie en danger comme ultime moyen de pression pour que ses droits soient reconnus c’est à dire dans le cas présent pour obtenir trés certainement l’annulation de son licenciement et sa réintégration

    Un autre moyen s’offrait à la salarié gréviste : porter son litige devant les tribunaux qui auraient tranché sur le caractère ou non abusif du licenciement.

    Pourquoi donc faire une grève de la faim alors que tous les moyens de droit pour obtenir gain de cause n’ont pas été épuisés ?

    Réaction émotionnelle, cri désespéré d’une souffrance pour faire cesser une situation psychologiquement intolérable ?

    Action calculée pour infléchir la direction d’un journal d’autant plus exposée à l’opinion publique de par ses orientations politiques ? .

    Aliocha : c’est un sujet délicat et je redoutais un peu que vous me tapiez sur les doigts en tant que spécialiste du social 😉 pour étrange ou inappropriée qu’elle paraisse, cette grève de la faim ne m’en parait pas moins imposer respect et prudence dans les jugements qu’on émet dès lors qu’une personne met en jeu sa santé. D’où le ton réservé de mon billet. Il me semble, mais ce n’est qu’un avis, que cette réaction extrême est en ligne avec des habitudes syndicales très radicales ancrées dans la culture du Livre depuis des décennies.

    Commentaire par artemis — 10/03/2009 @ 13:50

  12. Et si on regardait ailleurs? A Londres, les éditeurs ont fait face au même problème. Là bas, le syndicat était si puissant qu’il refusait d’imprimer en offset et préférait le linotype!

    La solution a été trouvée dans le conflit, avec l’ouverture, en secret, d’une nouvelle imprimerie par Rupert Murdoch (voir sur Wiki: http://en.wikipedia.org/wiki/Wapping_dispute). Quoi qu’on pense des méthodes employées (des 2 côtés), force est de constater que les anglais ont résolu le problème il y a… 22 ans!

    Commentaire par nicolas. — 10/03/2009 @ 14:52

  13. (1) Sur la grève de la faim, je trouve que le député centriste (dont le nom m’échappe), qui avait entamé une grève de la faim pour protester contre une délocalisation rampante supposée d’une entreprise japonaise de son canton vers… le canton voisin, avait donné un fort mauvais exemple. Mais il est vrai qu’il faut se garder de tout jugement hâtif.

    Aliocha : Jean Lassalle

    (2) Je crois que M. Schwatzenberg n’est pas le seul à voir dans le monopole des NMPP (et donc, dans le syndicat du Livre) la cause fondamentale des problèmes de la presse francaise. D’autres économistes signalent que les société de presse francaises ne font que rarement des bénéfices, et que donc aucun groupe de presse/de média autonome n’a pu se constituer en France. Cet environnement économique faussé entraîne une situation de sous-investissement (pourquoi investir dans une activité qui de toutes facons, a 90% de chances de perdre de l’argent ?) et les titres francais sont condamnés à être les jouets des grands industriels qui peuvent les financer (Les Echos/La Tribune avec LVMH, Dassault etc…). Cela pose des problèmes à la fois en terme de qualité et d’indépendance. Même si les propriétaires de titres sont tout à fait honnête, le soupcon de tentative de manipulation peut entâcher la crédibilité du titre. Comme, d’autre part, l’édition nest qu’une activité annexe non génératrice de profit pour les groupes qui possèdent des titres de presse, ils se sont pas particulièrement poussés à promouvoir la qualité de leurs titres.
    Quand on voit que même un journal comme Le Monde, qui est (ou au moins était) indiscutablement une référence en matière de journalisme, ne s’en sort pas, comment faire le pari de la qualité du journalisme ? La « culture fric » que vous dénonciez en ces lieux récemment, peut aussi se voir (paradoxalement) comme une conséquence du manque de rentabilité du secteur. Si les journaux (et les éditeurs) pouvaient vivre de leur lectorat, ils ne se lanceraient pas dans des projets plus ou moins foireux et très marketés en direction des investisseurs. Les fondateurs de Marianne (peu susceptibles d’ultra-liberalisme) ne disaient à mon sens pas autre chose, en affirmant que pour être indépendant (et de qualité), un journal doit vivre uniquement de ses lecteurs, et pas de la publicité ni des subsides d’un généreux groupe industriel qui absorbe ses déficits.

    Aliocha : selon plusieurs spécialistes de la presse, l’absence de rentabilité est encore le fait des décisions prises à la Libération, on voulait une presse « d’utilité publique » émancipée des préoccupations de profit qui étaient accusées d’avoir fait le lit de l’hitlérisme avant-guerre. Mais on oubliait que l’indépendance intellectuelle n’est pas viable sans indépendance économique. Par la suite, comme la presse marchait bien, on a dépensé sans compter, c’était un signe de prospérité dans les journaux. Personne n’a songé à constituer des réserves, à prévoir des investissements etc. On voit le résultat. Quant à Marianne, je me souviens de ses débuts, le journal tapait sur tout le monde et s’étonnait de n’avoir pas de pub, puis il a finit par s’y habituer et au fond c’est tant mieux. A mon sens c’est actuellement le seul news magazine digne de ce nom. Mais je crains pour son avenir, il ne me semble pas que ses comptes soient florissants. Si vous avez des références d’articles d’économistes sur la presse, je suis preneuse 😉

    A contrario, en Allemagne par exemple (je prends un exemple que je connais), il existe des groupes comme Axel-Springer Verlag ou Bertelsmann, spécialisés dans la presse (en fait les médias, mais aussi la presse), et dont la survie dépend de leur vente et donc de la qualité de leurs titres. Et avec des titres comme Der Spiegel (bon, c’est un magazine, mais quand même), FAZ ou la floppée de quotidiens locaux dont la qualité n’a parfois rien à envier à celle de nos quotidiens nationaux, la vitalité de la presse n’y est pas une préoccupation majeure. Mais là-bas, point de monopole de l’impression et de la distribution.

    Aliocha : sur ce sujet, Patrick Eveno vous dirait que les allemands n’ont pas commis la même erreur que nous à la Libération, ils ont fait en sorte que des groupes de presse solides et rentables puissent se développer.

    La question de la distribution a-t’elle été abordée lors des États Généraux de la presse ?

    Aliocha : Et comment ! Le plus terrible, c’est que le diagnostique sur les difficultés est fait depuis longtemps, ce sont les solutions qui tardent à venir. Les réflexions s’achèvent toujours par un « Ya qu’a-Faut qu’on », toujours le même…Voir également le livre vert

    Commentaire par Rom1 — 10/03/2009 @ 15:20

  14. Je me demandais justement pourquoi la presse française était plus pertinente et moins inféodées aux grands capitalistes que la presse nord-américaine. J’ai maintenant ma réponse.

    http://papamarx.wordpress.com

    Commentaire par papamarx — 10/03/2009 @ 19:48

  15. bonjour , je suis rotativiste ( second conducteur) dans une entreprise de presse quotidienne régionale depuis 11 ans . Non je ne gagne pas ce qui est énoncé plus haut … non mes collègues ne partent pas à la retraite à 50 ans .. etc…………..
    Citation : »ais j’y ai croisé aussi des gens sympas, bosseurs et qui connaissaient fort bien leur boulot. Comme ceux des ateliers de labeur. Surtout chez les typos. Moins chez les photograveurs et je passe sur les rotos. » Je passe sur les rotos et n’oubliez pas le paillasson !!! merci .

    Evidemment des ouvriers payés à un salaire décent , la jalousie du petit cadre est titillée … !!!

    Enfin bref …

    Aliocha : ne vous offensez pas et, si vous le souhaitez, donnez-nous plutôt votre point de vue, j’avoue tout ignorer de ce qu’on pense dans les imprimeries de la crise de la presse et je le regrette.

    Commentaire par lelongtarin — 10/03/2009 @ 20:18

  16. Aliocha

    non non je n’oserais jamais vous taper sur les doigts allons allons entre femmes cela ne se fait pas solidarité oblige ( rire)
    je reste trés perplexe sur cette grève de la faim et sur la grève de la faim quand elle a pour objet de défendre ses propres intérêts
    mais pour en arriver à une telle extrémité je pense qu’il faut éprouver une réelle « désespérance »
    ce sont les raisons de ce désespoir qu’éprouvent beaucoup de licenciés que nous devrions décortiquer

    Commentaire par artemis — 10/03/2009 @ 21:09

  17. @lelongtarin (joli nom), les rotos dans le quotidien national où je travaillais ont eu svt ds attitudes violemment machistes (rien à voir avec le boucan déchaîné dans les ateliers par l’entrée d’une femme à mon début de carrière, déjà agaçant)envers les femmes. Et quand je dis violemment, c’est violemment.
    Impossible de vous dire ce qui se passe dans ces imprimeries: on n’y entre pas.
    Et on ne les a ni vus ni entendus lors des négos au Monde au moment du dernier PSE. Effectivement, ils n’étaient pas concernés par la perspective de licenciements secs prévus par la direction et que l’intersyndicale (SNJ, CFDT, CGT cadres, CGT employés, SNJ-CGT…) a réussi à éviter après de multiples AG et hélas 4 jours de grève.

    Commentaire par martine silber — 11/03/2009 @ 09:27

  18. « Mais je crains pour son avenir, il ne me semble pas que ses comptes soient florissants. »

    Quels sont les titres ( quotidiens et hebdos ) qui sont menacés à court terme, ceux à moyen terme ?

    Commentaire par didier Schneider — 11/03/2009 @ 13:44

  19. Bonsoir Aliocha
    Merci de rappeler les méfaits du syndicat du livre.
    Syndicat qui a été, est, et sera responsable en grande partie de la détérioration et/ou de la disparition de la presse française.
    Seul consolation pour moi, au 2ème ou 3ème degré, c’est qu’il va détruire l’Humanité.
    Lambda

    Commentaire par lambda — 12/03/2009 @ 23:07

  20. Les problèmes de la presse ne sont tout de même pas imputables au seul syndicat CGT du livre.

    Je ne suis pas sûr non plus que les salaires évoqués soient toujours vrais actuellemement. Aucun groupe étranger n’oserait être majoritaire dans un groupe de presse français tellement la CGT est terrible? Si, le groupe Rossel est majoritaire dans le groupe Voix Du Nord qui regroupe (entre autres)une dizaine de titres quotidiens et n’est pas un des plus petits en France.

    Quant aux ouvriers en Mercedes… Si l’industrie allemande est si forte encore et si exportatrice aujourd’hui, c’est entre autres parce qu’elle a toujours bien payé ces ouvriers en n’hésitant pas à les former au maximum!

    Les NMPP responsables en grande partie de la crise de la presse? Possible. Mais il faudrait m’expliquer alors pourquoi la presse magazine -distribuée par les NMPP- est aussi puissante en France!

    Enfin, dernière remarque: la presse quotidienne américaine souffre un max et n’est pourtant pas confrontée à la CGT du livre.

    Commentaire par didier specq — 13/03/2009 @ 23:34

  21. Quand on site des salaires selon machin bidule sans même prendre la peine de lire les conventions collectives c’est de la malhonnêteté….
    Quid des écarts de salaires à Libération par exemple ? Combien pour certains journaleux dont l’inculture fait pourtant bien rire dans les salons parisiens ?

    Commentaire par Camille , Paris — 15/03/2009 @ 01:06

  22. […] bloquer sa distribution pour soutenir la grève de la faim de la salariée dont je vous ai parlé ici. Heureusement, le numéro d’aujourd’hui est accessible  en ligne. Indépendamment du […]

    Ping par La CGT “agresse” Libération « La Plume d’Aliocha — 21/03/2009 @ 20:44

  23. […] Classé dans : Comment ça marche ? — laplumedaliocha @ 09:25 Il semble que le conflit entre Libération et sa salariée en grève de la faim ait enfin trouvé un dénouement. Je vous […]

    Ping par Grève de la faim à Libé : l’épilogue « La Plume d’Aliocha — 30/03/2009 @ 09:26

  24. license suspension

    La presse quotidienne malade du syndicalisme ? | La Plume d'Aliocha

    Rétrolien par license suspension — 19/05/2016 @ 15:23


RSS feed for comments on this post. TrackBack URI

Laisser un commentaire

Propulsé par WordPress.com.