J’ai titré « analectes » comme j’aurais pu choisir « spicilège »…ça ne vous dit rien ? Et « silves » ? Rien encore ? Si je vous précise que tout ceci est synonyme de « varia », sans doute allez-vous commencer à sentir le sens…Miscellanées ? Vous y êtes ! Notez, je fais ma maligne (avec un « g » maligne » on a tendance à l’oublier), mais comme tout le monde, je suis passée de l’ombre de l’ignorance à la lumière du savoir en googlisant le mot « Miscellanées » – Ah, les miscellanées de M. Schott – et en tombant sur wikipedia. C’est fou entre nous ce que l’encyclopédie en ligne peut fabriquer comme savants instantanés. Loin de moi l’idée de le lui reprocher mais enfin bon, il y a ceux qui savent parce qu’ils ont travaillé leur sujet et les rigolos dans mon genre qui assènent leur science toute fraîche…C’est tout de même pas pareil.
Toujours est-il que face au flot d’informations à partager, je n’avais que deux solutions : laisser tomber ou bien opter pour un billet fourre-tout. J’ai choisi la deuxième solution. Au passage, la date du 9 septembre n’est pas anodine. WordPress m’informe que c’est le 5ème anniversaire du blog. Champagne !
Voici donc, dans le désordre, les pépites de la semaine :
Dans vos kiosques : Au hasard, j’ai acheté Au fait une nouvelle revue inspirée de XXI, un mook donc (contraction de magazine et de book). Hum….La couverture attire l’oeil, la base line (devise, en français) – « Le magazine qui ralentit l’actualité » – séduit l’esprit, le sommaire intéresse (Une enquête sur Michel Pébereau et une interview de Marcel Gauchet). Mais, le prix refroidit : 7,90 euros. Pour un mensuel, certes de 78 pages mais quand même, qui ne contient que deux dossiers (l’enquête et l’interview susmentionnées) et absolument rien d’autre, c’est beaucoup trop cher. Vraiment beaucoup trop. Un journal papier, c’est une photographie du monde à un instant « t ». Le monde en question peut être la planète pour un newsmagazine ou le petit cercle des jardiniers ou des amateurs de cigares dans la presse spécialisée, peu importe, il faut y trouver plein de choses dans son journal, sous plein de formats, rédigé par plein de plumes, sinon, ça s’appelle un livre. D’ailleurs les auteurs de « Au fait » en sont conscients puisqu’ils disent eux-mêmes qu’ils se positionnent entre le livre et le journal. Hélas, trop près du livre…Accessoirement, sur le prix – dissuasif ou pas – des livres, les observations fort intéressantes d’Orwell à lire ici.
En revanche, je signale la présence de Causeur en kiosque. Si les premiers numéros vendus sur abonnement sentaient la maquette fabriquée par l’imprimeur (affreuse), celle du numéro 5 que j’ai en main est parfaitement respectable à défaut d’être ébouriffante d’originalité. Le dossier intitulé « La santé ou la vie » s’inscrit dans le prolongement de nos discussions sur la cigarette, les papiers sont de bonne tenue, le rythme est dynamique. Pour un peu je vous dirais : bon sang de bonsoir, et si nous assistions à la naissance d’une presse de droite ? Il y a Le Figaro me direz-vous. Oui, et puis rien. Avec Causeur, ça peut faire deux. Et si l’on ajoute L’Opinion qui justement fait de la publicité dans Causeur, ça pourrait même faire trois (à condition qu’on m’explique l’intérêt de vendre quotidiennement sur papier ce qu’on trouve gratuitement à chaque instant sur la toile, mais bon…).
Un film : Je suis allée voir samedi La Danza de la Realidad du réalisateur, écrivain, scénariste de bande dessinée, tarologue, penseur, et tant d’autres choses encore Alejandro Jodorowsky. Je connaissais l’inoubliable romancier auteur de L’arbre du dieu pendu, mais pas le réalisateur. C’est une décharge poétique, surréaliste, violente, déjantée, à l’image de ses livres qui mêlent le réalisme magique sud américain et l’imaginaire juif. Quelques scènes gore empêchent (absolument) d’y emmener les enfants. Pour le reste, il y a des merveilles et des horreurs, comme dans la vie et surtout des scènes potentiellement mythiques comme s’il en pleuvait. Les fantasmes de l’auteur ne regarderaient que lui si les images qu’il propose n’étaient empreintes, pour certaines, d’une poésie qui délasse de notre ordinaire de névrosés consuméristes en proposant d’autres névroses et pour d’autres, de fulgurances de magicien inspiré. Par exemple cette reine de coupe (une carte des tarots de Marseille symbolisant l’amour ) dès le début du film qui gronde l’enfant sur la plage parce qu’en lançant des galets dans les flots, il agresse la mer. D’ailleurs, celle-ci se venge, mais chut !, je vous laisse découvrir.
Des livres : je signale aux amoureux de Muray que les éditions Descartes & Cie publient ses dernières chroniques sous le titre « Causes toujours ». Sinon, je recommande le pèlerinage de Compostelle vu par Jean-Claude Rufin, Immortelle randonnée. Un de mes amis reproche à l’auteur son manque de souffle mystique. En effet, il distancie. Personnellement, j’aime ce regard clinique qui met en valeur les moment rares d’émotion et ne se leurre pas sur les difficultés, les douleurs, les questions et même les ridicules. Ceux qui trouvent la rentrée pesante, qu’ils se jettent sans hésiter sur le deuxième opus de Zoe Shepard, Ta carrière est finie ; contrairement aux avis que j’ai pu lire, je le trouve aussi bon que le premier, c’est-à-dire à hurler de rire. Et comme en ce moment j’ai décidé de m’amuser, je recommande également mon livre de chevet : Pierre Dac, L’Os à Moelle (Omnibus).
Un site : justement, pour ceux qui en ont marre des médias, et dans le prolongement de Pierre Dac, je signale Le Gorafi qui se livre à une parodie jouissive des sites de presse. Des gens capables de concevoir un article qui dit que « 79% des français refusent de répondre aux sondages » sont non seulement de dignes héritiers de Pierre Dac, mais mériteraient d’être élevés au rang d’antidépresseur recommandé par la faculté de médecine. Mieux, je propose d’instituer une bande défilante en bas des chaines d’information continue et des sites de presse recommandant la lecture du Gorafi au même titre que la consommation de 5 fruits et légumes par jour est évoquée pour contrer les méfaits de la nourriture industrielle.
Le saviez-vous ? : l’expression « peigner la girafe », qui signifie au choix faire quelque chose de long et inutile ou ne rien faire du tout, pourrait être une référence à la girafe offerte par le roi d’Egypte à Charles X. L’élégant animal, hébergé au Jardin des Plantes, avait en effet un soigneur attitré dont la mission consistait notamment à la peigner tous les jours. C’est déjà savoureux, mais en approfondissant mes recherches, j’ai découvert que dans d’autres pays, on exprimait la même chose en disant « faire des trous dans l’eau ». Magique.
Que faire d’intelligent de son temps libre, à part des trous dans l’eau ? Du 17 septembre au 30 octobre, le Forum des Images propose un cycle intitulé Qui fait l’info ? Voici la liste des films qui seront projetés. Elle ne comprend aucun de mes films cultes….(Pour les curieux : 1000 milliards de dollars, Salvador, Harrison’s Flowers).
La pétition : Reporters sans frontières s’inquiète de la censure au Vietnam et lance une pétition pour obtenir la libération de 35 blogueurs. Christophe Deloire, le secrétaire général de l’association (et accessoirement auteur de Sexus Politicus) interpellera le premier ministre vietnamien le 25 septembre prochain. Il faut donc s’intéresser au sujet d’urgence. C’est par ici.
Le plaisir : Stéphane Durand-Souffland, chroniqueur judiciaire au Figaro, pratique aussi la chronique gastronomique pour notre plus grand bonheur. La tarte aux fraises par exemple est, sous sa plume, « rouge et haute comme un autobus londonien ». On l’embrasserait tant son style est aussi savoureux que son sujet ! Je n’en mets qu’une seule en lien, mais il en a écrit d’autres, il faut fouiller sur le site du Figaro.
L’analyse : un grand merci à Kaeldric pour avoir déniché un remarquable texte d’André Gorz « Le journalisme, cette pensée sans sujet » dans lequel l’auteur dépeint le métier avec une jouissive lucidité : « C’était ça qu’il trouvait pénible : mobiliser toutes les ressources de sa pensée pour produire une pensée dont sa pensée fût absente; forger avec les mots de tout le monde une micro-histoire qui ne devait être son produit que par la réussite technique plus ou moins grande de sa mise en forme. «Je n’existe pas», proclama un jour une pancarte collée avec du scotch sur la porte vitrée d’un bureau. La consigne, inconsciente de son ironie sinistre, résumait bien la condition de journaliste. «Ce que tu penses, on s’en fout, avait dit Phil. C’est pas pour ça qu’on te paie.» »