La Plume d'Aliocha

24/03/2009

Les paradoxes du métier

Filed under: Comment ça marche ? — laplumedaliocha @ 10:35

Le journalisme est un métier pétri de paradoxes. C’est peut-être pour cette raison au fond qu’il irrite. A observer la violence des réactions contre la presse au sujet du Pape, je m’interroge sur le rapport étrange qu’entretient le public avec nous. D’un côté il consomme l’information avec avidité à la télévision, à la radio, dans la presse écrite payante ou gratuite, sur Internet. De l’autre, il méprise les journalistes, convaincu au fond qu’ils sont idiots, malhonnêtes intellectuellement, superficiels, tout à tour manipulés et manipulateurs. Et malgré tout le public y revient toujours, faisant peser sur nous des attentes éternellement insatisfaites, cherchant mille raisons de nous conspuer, retenant avec facilité l’erreur, la bêtise, oubliant le bon article, l’excellente émission, ou plutôt tenant pour acquis qu’il devrait toujours en être ainsi et que ce n’est malheureusement pas le cas.

Comment résoudre cette contradiction ?

En étant bien sûr toujours plus éthique et toujours plus professionnel, c’est évident. Mais même alors nous continuerons d’être critiqués car je crois que ce qu’on attend de nous est inaccessible, contraire à notre nature, incompatible avec notre métier et qu’ainsi, le grand malentendu entre le public et le journaliste a encore de beaux jours devant lui.

Les esprits précis et méticuleux ne pourront jamais apprécier notre travail. Comme je l’ai souvent dit, nous travaillons vite et devons communiquer au plus grand nombre une information synthétisée et compréhensible. Nous allons donc forcément décevoir les intelligences savantes. Il y a pire. Le journaliste est un expert de l’information, davantage que des domaines qu’il traite. Il est étranger au sujet dont il parle, même dans les cas où il est spécialisé. Lorsqu’il m’arrive dans un article de me laisser aller à mes réflexes naturels de juriste, je suis immédiatement tancée par mes rédacteurs en chefs. Il m’est interdit de jargonner, mais plus encore de jouer au jeu du « les spécialistes parlent aux spécialiste » parce que mon rôle au contraire consiste à traduire pour le plus grand nombre le propos du spécialiste. Et qui dit traduire dit forcément trahir. Comme le souligne assez justement Daniel Schneidermann dans son excellent livre « Du journalisme après Bourdieu » si nous ne sommes pas des experts, au moins avons-nous un avantage sur eux que nous devons exploiter : l’indépendance de notre regard. Il a raison. Tous ceux qui théorisent la régulation économique connaissent ce problème : soit on crée des organismes de surveillance composé de professionnels du secteur que l’on veut surveiller et l’on aura alors un régulateur compétent mais complice, soit on opte pour des non-professionnels et on aboutira à un organisme indépendant mais aussi incompétent. Le plus souvent on décide de mélanger spécialistes et non-spécialistes, ce qui est la moins mauvaise solution. Pourquoi cette comparaison ? Pour vous montrer le rapport complexe qui s’établit entre science et indépendance. L’ignorance relative du journaliste est un gage d’indépendance de son regard, c’est aussi une source potentielle d’erreur que nous tentons de compenser avec les règles de notre métier : la vérification et le recoupement des sources, l’effort d’objectivité, la primauté accordée aux faits sur l’analyse etc.

Un métier de flair et d’intuition

Mais poursuivons plus avant la description de l’esprit journalistique. Vous ne trouverez pas dans ma profession, sauf très rares exceptions, d’intelligences profondes et raisonneuses, de beaux esprits logiques capables d’élaborer des discours aussi cohérents qu’incontestables. Dans la mesure où le journalisme est un métier d’observation et de récit et qu’il est toujours contraint à l’urgence, le journaliste doit être très vif intellectuellement, intuitif, développer son flair bien plus que sa logique, avoir l’esprit de synthèse et savoir traduire sa pensée par écrit ou à l’oral dans des délais records. Nous sommes, vous en conviendrez, bien loin de l’intelligence d’un scientifique ou d’un philosophe dont la réflexion a besoin de temps pour s’épanouir. Le journaliste doit saisir souvent en quelques minutes le sens d’un événement ou d’un discours, distinguer l’essentiel au sens de son métier, c’est-à-dire l’information, de tout le reste. Je crois qu’une partie de l’irritation que nous suscitons se situe à cet endroit précis. Oui je vous l’accorde, même diplômé, même intelligent, même cultivé, le journaliste ne sera jamais ou très rarement un grand esprit. Il suffit pour vous en convaincre de comparer mes billets avec ceux d’Eolas ou de Philarête. Voyez comme leurs raisonnements sont tout à la fois profonds, solidement charpentés, parfaitement cohérents et référencés. La différence est évidente. Je n’en rougis pas, même si parfois je le regrette. Je sais que j’ai d’autres qualités quand je réalise une interview et que j’aide mon brillant interlocuteur à accoucher de sa pensée, que je devine ce qu’il a à me dire et mets des mots sur ses idées, ce qui me vaut souvent un sourire radieux et cette gentille petite phrase « je ne l’aurais pas mieux dit« . Ou bien quand je synthétise en 4500 signes un sujet complexe et que le spécialiste me dit « en effet, c’est vraiment un métier ». Ou encore quand je réalise une enquête et que je mets à jour une information qui était ignorée. A chacun son rôle. Le journalisme est utile, même s’il imparfait et contestable.

Fugace et pérenne

Voyons son utilité justement. Le journaliste observe l’actualité, sélectionne ce qui lui paraît important, enfin pas lui, mais toute une équipe, le plus souvent au terme d’un débat entre professionnels de l’information et puis il vous le raconte, comme son métier le lui impose, c’est-à-dire en donnant la priorité aux faits, en synthétisant et en faisant en sorte que tout le monde comprenne. Forcément, l’exercice est périlleux, il mène parfois à un excès de précipitation, à des simplifications hâtives, à des erreurs ou à des contresens. Je n’en disconviens pas. Mais convenez qu’il y  a quelque chose d’à la fois fondamental et dérisoire dans notre métier. L’article qu’on a écrit hier finira avant ce soir à la poubelle. Pour nous, il y a parfois matière à rager quand on s’est donné du mal pour trouver l’information. Heureusement l’actualité nous aspire et nous renvoie immédiatement vers d’autres événements dans un tourbillon sans fin. Le plus paradoxal, c’est que dans un mois, un an, dix ans, ce même article qui était parti à la poubelle sera devenu une référence sur ce qui s’est passé le jour dit. Et une fois l’excitation de l’actualité apaisée, il sera lu froidement comme un document auquel bien souvent on pardonnera ses éventuelles erreurs et approximations, ne retenant que l’information qu’on cherchait. Drôle de métier, à la fois fugace et pérenne, incroyablement puissant quand il aboutit à la démission d’un président américain, je songe au Watergate, et la plupart du temps parfaitement dérisoire. Je crois que pour « consommer » sereinement la presse, il faut tenir compte de ces multiples contradictions, s’efforcer de comprendre la logique intrinsèque du métier et l’accepter. Est-ce possible ? C’est une autre histoire…

50 commentaires »

  1. « Oui je vous l’accorde, même diplômé, même intelligent, même cultivé, le journaliste ne sera jamais ou très rarement un grand esprit. » Pourquoi vous sous-estimez? J’ai autant de plaisir à lire vos posts qu’à lire ceux d’Eolas ou de Philarête. Je crois plutôt que c’est en visant l’excellence, où qu’elle soit, que le journalisme hexagonal retrouvera ses lettres de noblesse. Vous avez affaire à une population mieux formée qui détecte facilement les chausse-trapes ou autres pièges vers lesquels mènent la facilité. Il est donc logique de voir cette population faire savoir son mécontentement lorsque la pilule est vraiment trop grosse.

    « Forcément, l’exercice est périlleux, il mène parfois à un excès de précipitation, à des simplifications hâtives, à des erreurs ou à des contresens. » On est en droit d’attendre de personnes intelligentes, cultivées et diplômées un comportement plus rigoureux. Si la tyrannie de l’opinion existe bien (http://blog.lefigaro.fr/rioufol/2009/03/la-tentation-demagogique.html), les exigences de la Démocratie impose au journaliste, puisqu’il en est un des chiens de garde, de ne pas verser de l’huile sur le feu voire de l’allumer sauf à répondre à d’autres exigences.

    Vous sachant dans la presse économique et comme un bon journaliste, ce dont je ne doute pas vous concernant, se doit d’être avant tout curieux , je vous mets en lien deux blogs qui devraient vous intéresser:
    http://www.jpchevallier.com et http://lupus1.wordpress.com.

    Bonne journée

    Commentaire par H. — 24/03/2009 @ 11:04

  2. Voilà un beau billet Aliocha.

    Je suis assez d’accord avec vous sur l’ensemble du sujet.

    Cependant, (oui il faut bien qu’il y ait un cependant!) vous parlez de cette éternelle urgence dans lequel le journaliste évolue.

    Partant de ce postulat, ne croyez-vous pas qu’il y a donc des informations qui nécessitent d’être traitées différemment étant donnée leur nature?

    Je pense par exemple à une information qui mettrait en cause la responsabilité pénale d’une personne. Ne faudrait-il pas prendre plus de précautions sachant que lorsque non-lieu il y a, comme vous le dites, la presse ne s’en fera pas l’écho faute d’intérêt du public.
    Pour l’heure, j’ai parfois l’impression que l’urgence sert de justification à un certain manque de rigueur dans la présentation de l’information…aussi, lorsqu’elle met en jeu la réputation et l’honneur d’une personne ou d’un groupe, comprenez que le public toujours prompt à réagir plutôt qu’à réfléchir, attende de la presse qu’elle guide sa conscience.

    L’urgence ne doit pas être une raison pour une information non vérifiée ou partiale, ne donnant la parole qu’à une version des faits.
    Je pense notamment au traitement médiatique de l’affaire d’Outreau (je mériterais presque de gagner un point Godwin!).

    Cordialement,

    Commentaire par Nemo — 24/03/2009 @ 11:06

  3. Le problème est qu’en France la presse se veut neutre, alors qu’il n’y a de véritable journalisme que de journalisme engagé!

    Et c’est pour ça que les blogs ont tant de succès parce qu’ils sont engagés!

    Et c’est cela que nous aimons et pas la presse qui se cache!

    C’est notamment pour cela que la presse papier se porte si mal en France et si bien dans les pays Anglo-saxons!

    Commentaire par bibi33 — 24/03/2009 @ 11:23

  4. « si nous ne sommes pas des experts, au moins avons-nous un avantage sur eux que nous devons exploiter ».

    Aliocha, je ne vous imaginais pas en exploiteuse… quelle déception ! 😉

    Commentaire par Hub — 24/03/2009 @ 11:34

  5. Scientifique, j’ai travaillé pendant une courte période pour une société d’édition qui fait des fiches pédagogiques à collectionner. J’ai été sidéré par la sujétion du fond à la forme (au point de dire des choses fausses pour tenir en 18 000 signes, avec des méthodes systématiques – suppression de l’adverbe etc.. – qui faisaient perdre au texte toute substance et saveur).

    Comme vous dites, je crois que le journaliste apporte une forte valeur ajoutée lors de l’interview, où il peut être un véritable maïeuticien. Mais combien d’articles sont dénués du travail de fond le plus basique pour se limiter à une série de bons points ou mauvais points distribués ?

    Commentaire par Paul — 24/03/2009 @ 11:36

  6. voila une journée Calimero !!

    pourquoi poser comme dogme que la presse et ses journalistes ne sont pas appréciés ?

    « De l’autre, il méprise les journalistes, convaincu au fond qu’ils sont idiots, malhonnêtes intellectuellement, superficiels, tout à tour manipulés et manipulateurs. »

    je ne suis pas celui que vous croyez

    un lecteur anonyme qui vous veut du bien , lol, et qui surtout vous estime et vous respecte ….

    Commentaire par didier — 24/03/2009 @ 11:40

  7. === Exclusif : Aliocha avoue que le journalisme est contestable===

    Comme elle l’a déclaré à propos du journalisme sur son blog : « il [est] imparfait et contestable. ». Cette réflexion alimente le débat sur la suppression totale des journalistes, comme on le voit inutiles, pour ne garder que les dépèches, objectives.

    Je caricature, mais ce que je viens de faire est exactement ce que je reproche aux journalistes ; et qui est quasi-systématique dans certains cas (exemple : le Pape qui délivre toujours des messages très longs à destination d’un public très précis).
    C’est trop long, et du coup on coupe. Pour « simplifier ».
    Sauf que souvent, ça change complètement le sens de la phrase ; ici j' »oublie » que vous avez dit que le journalisme était utile.

    Ce n’est pas un exemple isolé, je me rappelle encore de cette phrase, titrée en énorme par tous les journaux, y compris les plus sérieux :
    « Hillary Clinton : ‘Les états-unis ne pourront pas se passer des autres pays’ ! » La fin de la politique d’hégémonie américaine, et tout le tralala, avec articles à rallonge et commentaires.

    Sauf qu’il manquait la seconde partie de la phrase, qui était : « mais les autres pays ne pourront pas se passer des Etats-Unis ».
    Ce qui change tout le sens de la phrase, en particulier annulait ce qu’on lui faisait dire…

    Comme vous le dites, les journalistes sont humains, ils ont droit à l’erreur – et donc à la simplification outrancière qui a changé l’interprétation de la phrase.
    On ne peut pas leur reprocher ça. Mais on peut – on devrait – leur reprocher :
    – De faire tous les mêmes simplifications, voire de se reprendre les uns les autres sans vérifier les sources (elles ont été vérifiées par le premier journaliste, non ?). Exemples : Ma citation (approximative) de Mme Clinton, les déclarations du Pape.
    – De ne presque JAMAIS corriger les erreurs induites par ce genre de raccouris, même quand elles sont évidentes.

    Mais évidemment, vérifier des sources censément déjà vérifiées prends du temps – et les journalistes n’ont pas le temps.
    Et publier des erratums n’est pas bon pour l’image du média (« quoi ? Ils ont dit des erreurs ? ») et ne fait pas vendre.
    Alors… l’honnêté intellectuelle se trouve sacrifiée, et c’est bien dommage.

    Aliocha : il y a dans le journalisme comme dans tous les métiers ou presque, deux types de critiques. Celles qui sont pertinentes car fondées sur une distorsion entre les règles du métier concerné et la manière dont elles sont appliquées dans un cas précis, et celles qui relèvent d’attentes injustifiées ou révèlent une incompréhension du métier. Prenons l’exemple des commissaires aux comptes. Ils certifient les comptes des entreprises. Et puis il arrive parfois que ces comptes certifiés se révèlent faux a posteriori. Pour autant, la faute de l’auditeur ne sera pas automatiquement constituée, il faudra démontrer qu’il n’a pas réalisé ses diligences conformément aux règles de son métier et que c’est cette défaillance qui l’a mené à certifier des comptes inexacts. Dans le cas contraire, sa responsabilité sera dégagée. Ce qui fait dire à ces professionnels qu’ils souffrent d’un expectation gap entre ce que le public croit pouvoir attendre d’eux, une sécurité absolue, et ce qu’ils peuvent offrir, une assurance raisonnable. C’est cela que j’essaie d’analyser dans ce billet concernant le journalisme. Il ne s’agit pas de dire que la presse est au-dessus de toute critique mais simplement que l’on voit parfois des fautes où il n’y en a pas parce que on fait peser des attentes sur la presse supérieures à ce qu’elle peut offrir.

    Commentaire par SpaceFox — 24/03/2009 @ 11:53

  8. Travaillant également dans les médias, je comprends et partage assez votre analyse. Quel journaliste ne s’est pas retrouvé harcelé de questions et de reproches dans un dîner comme s’il représentait à lui seul les médias. J’ajoute seulement deux remarques :
    – ceux qui reprochent à la presse d’éluder certains sujets ou de ne jamais traiter ceux dits « culturels » ne cherchent pas beaucoup. Les kiosques offrent une grande diversité de magazines et de journaux. L’information n’est pas seulement sur TF1, dans ParisMatch ou Gala.
    – Je ne partage l’avis de bibi33 qui prône un journalisme engagé. La presse doit enquêter, informer, analyser et commenter mais laisser l’engagement aux associations et aux partis politiques qui, eux, sont là pour ça.

    Bien sûr il y a des journaux militants (de gauche ou de droite), mais à part conforter l’opinion de leurs lecteurs, je n’en vois pas l’intérêt.

    Commentaire par Edouard — 24/03/2009 @ 12:02

  9. Edouard : Allez lire  »The Economist ». C’est un magazine indiscutablement engagé sur une plate-forme libérale (au sens anglo-saxon du mot). Ce qui ne l’empêche pas d’être un excellent magazine d’information. L’article typique donne d’abord les faits, puis l’analyse libérale des faits en question, en séparant les deux. Ce sont là deux choses que j’aimerais voir plus souvent dans la presse française : d’une part des journalistes qui assument ouvertement leurs biais, et d’autre part une séparation entre faits (neutres, vérifiés) et analyses.

    Commentaire par Mathieu P. — 24/03/2009 @ 12:19

  10. en tant que lecteur, j’attends beaucoup des journalistes. il me semble donc légitime, en tant que journaliste, d’attendre beaucoup des lecteurs. ceux-ci sont malheureusement rarement au rendez-vous. ils lisent mes papiers en buvant leur café, en discutant avec leur époux(se), aux toilettes, ballotés dans les transports, le cartable coincé sous le bras, téléphone à l’oreille, en rêvassant… parfois, n’ayant pas les connaissances suffisantes, ils ne comprennent rien à rien et se permettent de pester contre les mots choisis ou les tournures de phrases employées. si, si, j’imagine les entendre. et après, ils râlent parce que c’est du boulot ni fait ni à faire et que la presse, hein !

    Commentaire par david — 24/03/2009 @ 12:19

  11. Aliocha : pour inciter à la diligence, les Commissaires Aux Comptes sont responsables civilement, parfois pénalement et patrimonialement de la fidélité et de la sincérité des comptes qu’ils signent.

    Quelle incitation pour les journalistes à la diligence ? l’autorité délivrant les cartes de presse sanctionne t-elle les journalistes manifestement partisans au-delà du déontologiquement acceptable ?

    Aliocha : malheureusement pour eux, vous oubliez deux autres niveaux de responsabilité : disciplinaire, et, pour ceux qui certifient les comptes des sociétés cotées, la possibilité en outre d’encourir une sanction de l’AMF. C’est le lot de toutes les professions réglementées (en tout cas pour le civil, pénal et disciplinaire) et il ets vrai que nous ne sommes pas une profession réglementée. Vous savez que je plaide pour une déontologie et que par ailleurs, je ne serais pas choquée que l’on confère à la commission d’attribution de la carte de presse un pouvoir disciplinaire. En l’état, le journaliste est un salarié donc il risque son poste s’il est mauvais (s’il est trop bon aussi d’ailleurs, mais c’est une autre histoire 😉 ). Par ailleurs, la justice nous tombe régulièrement dessus. Et puis il y a le droit de réponse, certes sous-utilisé, mais il existe.

    Commentaire par Paul — 24/03/2009 @ 12:38

  12. Salut Aliocha, je ne voudrais pas en rajouter sur le pape ou sur les journalistes mais il me semble qu’un petit coup de projecteur sur certaines déclarations du pape en Angola, et sur les comptes-rendus qui en ont été fait serait instructif. Je veux parler notamment du magnifique gros titre de l’express.fr : « Le pape invite les africains à renoncer à la sorcellerie ». Personnellement, ce titre m’a plus choqué que toutes les autres récentes polémiques concernant le pape. En effet, on croit deviner derrière ce titre une remise en cause des réligions animistes. Or, s’il est naturel pour le pape de faire campagne pour sa propre boutique, personne ne tolérerait qu’en Israel, il invite ses auditeurs à se détourner du judaïsme, ou de l’islam, ou du protestantisme aux états-unis. Réduire les réligions animistes à de la sorcellerie serait donc scandaleux. D’ailleurs, ce n’est probablement pas l’intention du pape. Le pire en effet, est d’essayer de comprendre ses déclarations initiales à travers les quelques articles disponibles sur Google Actualité. Faites l’essai, vous verrez. La confusion est totale, et les contre-sens journalistiques foisonnent. J’en ai tiré deux hypothèses : en gros, le pape attaque frontalement les sectes évangéliques d’une part, pour concurrence déloyale (elles promettent plus de miracles et plus rapidement que l’église catholique) et d’autre part, pour procès en sorcellerie expéditifs (elles désignent avec trop de facilité des boucs émissaires dans la société angolaise). Au bout du compte, j’en sors moins choqué par le pape (il est beaucoup plus admissible de tirer sur les jeunes réligions que sur les vieilles, et c’est argumenté) que par les journalistes, dont on se demande pour le coup, s’il ne s’agit pas pour le coup d’incompétence plus que de raccourcis. Corrigez moi si je me trompe, c’est le but de mon intervention. Merci d’avance.

    Aliocha : vous dites « on croit deviner » puis plus loin, « ce n’est probablement pas l’intention du Pape », trouvez le discours, analysez-le et confrontez-le aux articles de presse. Je n’ai maheureusement pas le temps de le faire, mais une rapide recherche sur Google m’a montré que plusieurs journaux avaient titré ainsi et que Jeune Afrique fournissait des explications. Voyez ensuite si ce qui vous choque, ce sont vraiment les raccourcis journalistiques ou le discours du Pape lui-même…Et tant que j’y suis, je gage que dans quelques années, on admettra que le début du pontificat de Benoït XVI n’a pas été caractérisée par l’ouverture que certains catholiques espéraient. Peut-être lui donnera-t-on raison, ce n’est pas le sujet, mais on admettra que les journalistes n’avaient globalement pas trahi sa pensée. On fait le pari ?

    Commentaire par 2&2 — 24/03/2009 @ 13:46

  13. « je ne l’aurais pas mieux dit »

    Commentaire par Mohica — 24/03/2009 @ 13:46

  14. Il est peut-être important de préciser que les raccourcis et les approximations journalistiques, qui constituent en quelque sorte des mensonges par omission, ont un rôle pédagogique dans la presse généraliste. Il s’agit de donner une compréhension d’ensemble sans entrer dans les subtilités, même si pour cela on occulte des pans importants de la problématique.

    C’est là que la version web d’un média prend sens : moins contrainte par l’espace, utilisant l’hypertexte, elle peut développer davantage, renvoyer vers des sources, inclure un glossaire ou une vidéo…

    La presse professionnelle est moins gênée aux etournures sur la spécialisation, le rapport à l’expertise comptant plus que la pédagogie, il me semble.

    Commentaire par [ Enikao ] — 24/03/2009 @ 14:02

  15. Votre difficulté est celle des professionnels en butte au harcèlement et qui sont soumis à des injonctions contradictoires ou paradoxales : sois performant, tout dépend de toi , et plus discrètement mais beaucoup plus férocement : respecte les règles et ferme là quand je t’engueule !!!

    excusez ma trivialité .

    si vous faites ce qui vous parait être votre travail : sélectionner, hiérarchiser, contextualiser ,etc ; vous vous faites à peu prés autant d’ennemis que de lecteurs, surtout si ceux ci sont bac +3 et plus, je n’ai rien contre les autres au contraire ,ils ont souvent une attitude plus « humaine ».

    votre métier comme celui d’enseignant , de soignant ou de juge est désormais à la portée de tir de n’importe quel usager ronchon et critique persuadé que puisqu’il sait lire, a été à l’école et à la fac ou s’est retrouvé aux urgences avec son gamin en sait autant que le professionnel qui est en face de lui ; et en plus Google est son ami ….

    toute activité qui repose sur un mélange de connaissances, de pratiques et aussi sur les qualités humaines de celui qui l’exerce , se voit aujourd’hui mise en cause de deux façons : une exigence ( absurde ) de  » zero défaut » et une aussi grande exigence de service « VIP » individualisé et unique , au final même le plus compétent ,expérimenté et sympathique se retrouve critiqué par ses pairs, son patron ou ses clients pour une raison ou une autre , le plus souvent parce qu’à essayer d’y mettre le meilleur de lui même, il a oublié de respecter une sacrosainte procédure, mais s’il s’en tient à la norme ,les mêmes vont lui expliquer qu’il est payé pour être capable de s’adapter et de faire du sur mesure .

    reprenons l’histoire du Pape,

    qui aujourd’hui, attache de l’importance à ce que prône ce très saint homme , en Occident, allez 3% de la population, et encore…

    c’est comme si chaque propos d’A.Laguiller ou de celle qui lui a succédée avait la moindre espèce d’importance.

    mais bon, le Pape fait ce qu’il a à faire : soutenir et exposer la doxa catho , les journalistes reprennent, plus ou moins bien, en essayant de faire le grand écart : être neutre tout en indiquant l’écart entre nos choix sociaux et ce discours hors du temps , le meilleur moyen de se faire exploser par les intégristes de la parole papale et les autres, généralement des professionnels de l’indignation sur commande au service d’une cause ou d’une autre .

    et moi ,lecteur, au milieu de tout ça, dont je n’ai pas grand chose à faire, je vais m’en prendre au journaliste qui, c’est évident, a déformé la vérité !!!

    alors que je suis le plus souvent d’une grande mauvaise foi, totalement de parti pris et très peu tolérant.

    mais je suis LE CLIENT et je paye , ou je le fais croire

    et comme ça va très mal économiquement pour vous, c’est forcement de votre faute si je râle ..

    dans votre type de travail, si les râleurs, mécontents et autres revendicants représentent moins de 10% de votre activité globale , vous êtes à 90% de « bonnes pratiques », et c’est beaucoup …

    bon courage

    Aliocha : vous me livrez un nombre impressionnant de pistes de réflexion ! Merci 😉

    Commentaire par didier — 24/03/2009 @ 14:15

  16. « Celles qui sont pertinentes car fondées sur une distorsion entre les règles du métier concerné et la manière dont elles sont appliquées dans un cas précis, et celles qui relèvent d’attentes injustifiées ou révèlent une incompréhension du métier. »

    J’avoue être sceptique quant à cette remarque suite à mon commentaire précédent.

    Certes, je comprends bien la différence entre « ce qui est une erreur » et « ce qu’on pense être une erreur parce qu’on attend pas la bonne chose de la personne ».

    Ce que je disais, c’est qu’il arrive – et malheureusement pas seulement dans quelques cas anecdotiques – que la pensée d’une personne soit tellement déformée (en général raccourcie) que le propos rapporté par le journaliste n’a plus qu’un vague rapport avec le propos réel.

    Est-ce réellement « une attente injustifiée » que de demander aux journalistes de rapporter les propos – au moins dans leur esprit, et pas une déformation erronée des propos ?
    Est-ce réellement « une attente injustifiée » que de demander aux journalistes de vérifier un minimum leurs informations ?

    Je ne le crois pas.

    Aliocha : je ne dis pas le contraire, simplement j’aimerais qu’on prenne pour base d’analyse non pas ce que l’on rêve de la presse mais ce qu’elle même est en mesure de faire. Et c’était l’objet de ce billet. La simplifiation est toujours une déformation, ou peut toujours en tout cas être perçue comme telle. C’est pourquoi on ne peut répondre à votre question et juger la presse qu’en admettant le présupposé selon lequel elle est obligée de simplifier.

    Commentaire par SpaceFox — 24/03/2009 @ 14:25

  17. Oui je vous l’accorde, même diplômé, même intelligent, même cultivé, le journaliste ne sera jamais ou très rarement un grand esprit. Il suffit pour vous en convaincre de comparer mes billets avec ceux d’Eolas ou de Philarête. Voyez comme leurs raisonnements sont tout à la fois profonds, solidement charpentés…

    Chère Aliocha cette fois ci je suis en opposition totale avec vos affirmations
    définissez moi tout d’abord ce qu’est un grand esprit
    ensuite le mot intelligence ….je pense que le débat peut être sans fin
    vous citez des experts en leur domaine la moindre des exigences qu’on puisse attendre d’eux c’est un raisonnement sans faille et pertinent

    vous les journalistes vous êtes pluralistes vous devez avoir un esprit de synthèse développé ainsi qu’une culture « multi secteurs »

    Commentaire par artemis — 24/03/2009 @ 17:31

  18. Georges clémenceau, francoise Giroud, Théophile Gautier ont été journalistes
    et bien d’autres encore
    je vous mets ce lien concernant un article sur les journalistes scientifiques
    http://www.espace-sciences.org/science/10065-sciences-ouest/20110-Annee-1997/10187-132/10641-dossier-du-mois/12498-la-science-a-l-epreuve-des/12504-la-science-du-journaliste/index.html

    alors pas de grands esprits dîtes vous hum Aliocha il doit faire gris chez vous ( je plaisante)

    Aliocha : merci Artemis de nous défendre ainsi. Loin de moi l’idée de dire que nous sommes limités intellectuellement, simplement j’essaie de faire comprendre que le métier impose une forme d’intelligence très particulière.

    Commentaire par artemis — 24/03/2009 @ 17:45

  19. 2&2 : le Pape parlait aux « chrétiens animistes ». Je sais, ça sonne antithétique, mais il paraît que ça existe là bas. Dire qu’on ne peut pas être catholique et animiste à la fois, c’est une question de bon sens, pas de l’ingérance religieuse.

    Commentaire par Paul — 24/03/2009 @ 18:15

  20. « Dire qu’on ne peut pas être catholique et animiste à la fois, c’est une question de bon sens, pas de l’ingérance religieuse » : Eh bien figurez-vous que votre « bon sens » n’est pas bon… pour etre allé en Afrique, je vous confirme qu’on peut etre catholique et animiste, comme on peut etre musulmant et animiste.

    Et je suis persuadé que ces personnes que j’ai cotoyées sont plus proches de l’esprit catholique tel qu’il devrait etre que la bigote d’extreme-droite qui va tous les jours à l’église de votre village ; ou plus proche de l’esprit de Mahomet que le terroriste qui se fait exploser soit-disant « pour l’islam ».

    Commentaire par SpaceFox — 24/03/2009 @ 18:39

  21. Informaticien, c’est un métier pétri de paradoxes. C’est peut-être pour cette raison au fond qu’il irrite. A observer la violence des réactions contre les services informatiques au sujet de la dernière migration, je m’interroge sur le rapport étrange qu’entretient le public avec nous. D’un côté il consomme l’information avec avidité sur son ordinateur, sur son téléphone mobile, dans la presse écrite payante ou gratuite, sur Internet. De l’autre, il méprise les informaticiens, convaincu au fond qu’ils sont idiots, malhonnêtes intellectuellement, superficiels, tout à tour manipulés et manipulateurs. Et malgré tout le public y revient toujours, faisant peser sur nous des attentes éternellement insatisfaites, cherchant mille raisons de nous conspuer, retenant avec facilité l’erreur, la bêtise, oubliant le bon dépannage, l’excellente intervention, ou plutôt tenant pour acquis qu’il devrait toujours en être ainsi et que ce n’est malheureusement pas le cas.

    Comment résoudre cette contradiction ?

    En étant bien sûr toujours plus éthique et toujours plus professionnel, c’est évident. Mais même alors nous continuerons d’être critiqués car je crois que ce qu’on attend de nous est inaccessible, contraire à notre nature, incompatible avec notre métier et qu’ainsi, le grand malentendu entre le public et l’informaticien a encore de beaux jours devant lui.

    […]

    Bonjour Aliocha,
    J’ai beaucoup aimé votre billet qui m’a immédiatement fait penser que finalement, nos professions étaient très proches 😉
    Je vous déteste pour cela aussi, car vous perturbez mes certitudes que les journalistes sont tous incompétents.

    Donc, soit je me trompe, soit vous êtes une exception, soit les deux.

    En tout cas, vous continuez à me faire réfléchir sur ce thème, et j’ai mal à mes certitudes. Finalement, c’est assez agréable de se sentir changer d’avis.

    Vous êtes sure de ne pas être un peu informaticienne??

    Aliocha : Mon chez Zythom, je suis à l’informatique ce que Julio Iglesias est à la chanson à texte. Sinon, Artemis a raison, elle est jolie votre formule. Vous ne seriez pas un peu poète à vos heures ?

    Commentaire par Zythom — 24/03/2009 @ 19:32

  22. @Zythom

    bonsoir
    je me permets de relever votre phrase que je trouve fort belle ‘ vous avez mal à vos certitudes »
    n’est-ce pas un pas vers la sagesse?

    « En tout cas, vous continuez à me faire réfléchir sur ce thème, et j’ai mal à mes certitudes. Finalement, c’est assez agréable de se sentir changer d’avis. »

    Commentaire par artemis — 24/03/2009 @ 20:32

  23. Je suis évidemment en profond désaccord avec ce billet.

    Tout comme d’autres prouvent le mouvement en marchant, Aliocha prouve en écrivant que les journalistes peuvent être brillants, faire des raisonnements bien charpentés, s’interroger sur leur propre pratique et… le tout en quelques lignes bien frappées qui, surcroît de bonheur, renvoient le lecteur à ses propres réflexions et nourrissent le débat.

    Ça pose quand même le gros problème de la lucidité des journalistes (à leur propre égard)…

    Quand je serai sorti de l’état de satisfaction béate où m’a laissé cette lecture, j’essaierai de venir « compliquer » un peu l’affaire!

    Aliocha : Allons Philarête, je parle de journalisme et vous nous transformez tout cela en émission de Michel Drucker, soyez sérieux un peu 😉

    Commentaire par Philarete — 24/03/2009 @ 20:48

  24. @Aliocha sous #12
    Vous m’étonnez ! Où avez-vous cru que les catholiques espéraient une ouverture à l’avènement de Benoît XVI ? A la mort de Jean-Paul II, peut-être (avant l’élection du cardinal Ratzinger) — mais certainement pas après !

    Commentaire par Novice — 24/03/2009 @ 21:07

  25. Bonsoir Aliocha
    Désolée, je suis probablement une petite vieille nostalgique, mais « Le Monde » des années 50, 60 et même 70 était « le journal de référence » que des centaines de milliers de lecteurs et lectrices appréciaient et qui considéraient que ses journalistes étaient « des journalistes ».
    Lambda

    Commentaire par lambda — 24/03/2009 @ 23:33

  26. « Le journalisme est utile, même s’il imparfait et contestable. »

    Vous n’en doutiez pas j’espère 😉

    « Et une fois l’excitation de l’actualité apaisée, il sera lu froidement comme un document auquel bien souvent on pardonnera ses éventuelles erreurs et approximations, ne retenant que l’information qu’on cherchait. »

    Un exemple récent : le premier Hors-Série de L’EXPANSION, qui est une compilation (à défaut d’être un compendium) d’articles parus dans ce magazine entre 1988 et aujourd’hui, titré « 1986-2009 Histoire du capitalisme financier ».

    Commentaire par Yves D — 24/03/2009 @ 23:36

  27. @ Zythom :

    Les deux principaux reproches faits (en entreprise) à l’informaticien sont :
    – de ne pas chercher à comprendre le coeur de métier de la boîte
    – de, parce qu’il a une compétence exclusive et la responsabilité de la sécurité du parc, verrouiller toute possibilité et limiter les outils dont peuvent se servir les utilisateurs.

    Le premier reproche est transposable au journalisme (mais Aliocha a très bien répondu sur celui-là), le deuxième l’en distingue clairement.

    Commentaire par Paul — 25/03/2009 @ 01:20

  28. Ce n’est pas moi qui le dit mais un éminent journaliste:
    http://blogs.rtl.fr/aphatie/index.php/post/2009/03/25/Les-erreurs-du-Canard-enchaine-25/03

    Aliocha : Mince, ça c’est du sujet.Quand je pense qu’on s’est embourbés tout le week-end sur l’avenir de l’humanité à l’aune des discours du Pape. Quelle erreur ! Savoir si Aphatie s’est excusé ou non d’avoir émis un soupçon sur notre président est bien plus amusant.C’est d’autant plus crucial que notre Pape des médias et unique sachant en matière d’éthique journalistique a souvent expliqué dans ces billets à ses pauvres confrères égarés dans les sentiers de la perdition journalistique qu’il ne fallait jamais blesser et si on le faisait, qu’il fallait s’excuser immédiatement. Tout en soulignant et c’est toute la complexité de sa pensée, qu’il ne fallait jamais non plus s’excuser quand on était un journaliste revendiquant son indépendance. Je propose donc d’ouvrir sous ce billet un débat sur l’interprétation de la pensée de Jean-Michel Aphatie qui me semble au moins aussi complexe à décrypter que celle du Pape sur le préservatif.
    Allons, toute plaisanterie mise à part (excusez-moi, mais ça fait du bien), une faute sur un patronyme est une erreur impardonnable dans un journal digne de ce nom qui doit en principe avoir son lot de secrétaires de rédaction et de correcteurs. Sur le fond, Aphatie prétend que le journaliste n’a pas vérifié ses sources puisqu’il ne l’a pas appelé lui. Le raccourci est contestable, il y avait peut-être plusieurs témoins de ces excuses. Entre nous les crépages de chignon entre journalistes ne sont pas d’un intérêt majeur, si ?

    Commentaire par H. — 25/03/2009 @ 09:57

  29. A dire vrai, je me contrefiche des crêpages de chignon interne à la profession mais cet exemple me semble typique, même si c’est le glorieux volatile qui est pris, semble-t-il, la plume dans l’eau, des façons de faire de certains membres de votre profession. Soit cette information est vraie et alors son rédacteur (hasard, ce dernier n’est pas signé) ne doit pas se contenter de cette simple affirmation, soit elle est fausse comme le soutien l’intéressé (je n’ai pas l’honneur de compter JM Aphatie -sans faute à Aphatie- parmi mes relations mais je n’ai aucune raison de suspecter son honnêteté et de jeter l’opprobre sur celle-ci. Je lui donne donc – provisoirement?- raison) et alors, je crois que ça s’appelle de la diffamation publique. Ce n’est pas la première fois que ce type de procédé est utilisé et il est un peu facile, quelques jours après, de lire dans un petit encart de maladroites et tardives excuses. Vous connaissez le proverbe; calommniez, calmonniez! Il en restera toujours quelque chose. Je crois comprendre que JM Aphatie ne fait pas l’unanimité au sein de votre corporation. Il est vrai que certaines de ses prises de positions, comme celle sur le surendettement de la France, dérangent. Ce n’est pas une raison pour faire courir sur son compte des bruits à priori invérifiables. Là encore, je déplore l’absence de sérieux corolaire du manque d’éthique qui affecte ces « journalistes ».

    Aliocha : la diffamation est l’imputation d’un fait susceptible de porter atteinte à l’honneur d’une personne. Les excuses ne déshonorent personne, par conséquent, il n’y a pas ici de diffamation. Voyez au passage comme on peut vite commettre des erreurs de langage et donc de raisonnement. Le fait que l’article ne soit pas signé n’est pas un élément pertinent dans la mesure où les papiers courts ne sont pas signés dans le Canard. Par ailleurs, je ne vous aucune raison objective de présumer qu’Aphatie a raison et que l’auteur de l’article a tort. Sauf bien sûr que cela sert votre démonstration. Sur le fond, je gage que ce que l’un appelle des excuses, l’autre y voit des explications. Si vous êtes abonné à @si allez lire l’article de Justine Brabant sur cette querelle, elle explique que Lefebvre ne s’en prend pas à Aphatie parce que ce-dernier a souligné qu’il avait fait un trait d’humour. Alors, si je vous dis que vous feriez un très mauvais juge, si vous en prenez offense et que je vous réponds : « je vous taquinais ». Excuses, ou explications ?

    Je ne peux que citer cet extrait d’un post paru il y a quinze jours sur le blog Dirtydenys (http://dirtydenys.net/index.php?post/2009/03/11/total-comprime): « Au fond, cette histoire est intéressante non pas tant parce qu’elle permet de mesurer combien, aujourd’hui, la presse grand public se rapproche à grand pas de cette ultime déliquescence du journalisme d’opinion, le café du commerce, combien sa tâche se limite désormais à n’être que le relais du populisme, s’exprimerait-il par la bouche d’un secrétaire d’État, combien elle appauvrit vertigineusement la complexité du social en ne reconnaissant plus que des bons, ou bien des méchants. Elle montre surtout à quel point celle-ci s’estime en droit de donner des leçons de morale, en décrétant, parfois au sens propre et en détail, qui doit faire quoi et comment,… ». La dernière phrase se termine par des considérations propre au secteur économique qui sortent, malgré leur justesse, de cadre qui nous concerne.

    Commentaire par H. — 25/03/2009 @ 12:56

  30. Aliocha,

    Désolé que vous vous fassiez le défenseur de la presse mais voici un exemple typique (et circonstancié) d’un très mauvais journalisme qui de surcroît est fortement orienté.

    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/03/24/01016-20090324ARTFIG00015-avocats-commis-d-office-le-grand-gachis-.php
    Vous qui avez été avocat (permettez-moi de ne pas féminiser ce nom) et connaissez bien le métier, vous pourrez vous rendre compte vous-mêmes des inepties qui jalonnent cet article.

    Des lieux communs sont repris et non vérifiés et ce sont pourtant de profonds mensonges !
    Un avocat commis d’office est nécessairement un mauvais avocat, on nous donne l’exemple d’un avocat commis d’office ne parlant que très mal le français, un exemple (extrêmement exceptionnel) censé étayer l’argumentaire de l’avocat ayant touché 1936 euros au titre de l’aide juridictionnelle sur une seule permanence, etc…ne parlons même pas de la mise en forme de l’article et du copier/coller maladroit non revérifié.

    Qu’il n’y ait pas de haute autorité chargée de veiller à la qualité du travail des journalistes est effectivement préjudiciable pour tous.

    Commentaire par Nemo — 25/03/2009 @ 12:58

  31. Je viens de voir qu’Eolas en avait lui aussi fait l’objet d’un billet.

    Aliocha : aïe, je vais un tantinet vous décevoir. Cet article a un défaut majeur pour les avocats, c’est de remettre en cause le combat que j’ai moi aussi considéré longtemps comme parfaitement incontestable, pour la revalorisation de l’aide juridictionnelle et qui s’articule autour de : les avocats font un boulot magnifique pour pas un rond. C’est globalement vrai mais cela mérite d’être nuancé. Un : il est vrai que certains avocats se battent pour obtenir des dossiers AJ et ne vivent que de cela. Il me semble que c’est particulièrement exact à Bobigny, je précise au passage que selon mes informations, ce barreau fait des choses magnifiques et se débrouille fort bien. Deux : il est vrai que selon certains avocats, la crise va accroître ce type de dossiers. Trois : il n’est pas faux de dire que certains avocats qui prennent ces dossiers en charge ne figurent pas parmi les as du barreau, même si c’est faire insulte à tous ceux qui font magnifiquement leur boulot pour des clopinettes. Quatre : la commission Darrois va sortir des propositions pour revoir le financement de l’AJ comme le lui a demandé le Président de la République. L’article ouvre donc le débat sur le système actuel qui en effet n’est guère satisfaisant. Je ne vois pas comment on pourrait appuyer des réformes nécessaires en affirmant que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
    En tant que journaliste, je trouve que ce papier, qui n’est pas exempt de défauts, a le mérite d’aller un peu plus loin que les discours officiels des représentants de la profession que j’entends toute la journée et qu’eux-mêmes me servent dans le double but de ne pas froisser leurs troupes et de faire pression sur le gouvernement. Comme d’habitude, la vérité doit se situer quelque part entre les positions officielles et le papier du Figaro.

    Commentaire par Nemo — 25/03/2009 @ 13:25

  32. Bonjour Aliocha,

    Il me semble que ce qu’il y a de plus irritant dans la « presse », c’est la mise en forme de l’information. J’ai trop souvent l’impression qu’il n’y a d’information que d’information mise en scène, sous forme de dramatique, de thriller ou de match sportif et que ce qui pourrait n’apparaître que comme un défaut mineur comme n’étant que de pure forme, rejaillit sur le fond et la substance de l’information.

    Si l’on prend le procès Colonna en appel, on en a beaucoup parlé tant que l’information pouvait être scénarisée sous forme d’un affrontement entre le président de la cour et l’accusé ou ses avocats, avec un suspense haletant sur le point de savoir si la défense quitterait ou non le procès. Depuis qu’elle l’a quitté, il faut être un internaute ou un lecteur très attentif pour continuer à être informé du déroulement du procès. Et pourtant à lire les chroniques de M. Durand-Souffland du Figaro ou celles de M. Madelin sur Rue 89, bien plus épisodiques, la manière dont les débats sont menés peuvent poser des questions. on aurait pu penser, compte tenu du rôle dont les journalistes sont investis dans une démocratie – et qu’ils revendiquent -, que le départ de l’accusé et de ses défenseurs, rendait plus nécessaire la présence de la presse pour rendre compte des débats. C’est l’inverse qui se produit. J’imagine que l’affaire reviendra sur le devant de la scène au moment du verdict et parce que polémique aidant entre les pour et les contre, il sera à nouveau possible de mettre en scène l’information.

    On peut aussi prendre l’exemple des suicides dans les prisons : on en a beaucoup parlé à la fin de l’année dernière, parce que les suicides se sont multipliés, l’enjeu paraissant être de savoir si le record du nombre de suicides dans les prisons dans une année, seraient ou non battu. Non pour l’année 2008, mais il ne faut pas désespérer pour l’année 2009 : d’ailleurs je prends date d’ores-et-déjà avec vous pour la fin de cette année (disons autour de la fin du troisième trimestre) où nous serons informés du compte au jour le jour.

    Pour des lecteurs, auditeurs , internautes comme moi, l’information n’est pas un spectacle et les entreprises de presse ne devraient pas être des industries du divertissement.

    Pour moi cette confusion des genres, c’est le ver dans le fruit, un péché mortel ; le reste, péché véniel et la fameuse crise du journalisme, ce n’est pas tant la crise des journalistes que celle des entreprises de presse. On amalgame trop souvent les deux.

    Commentaire par ranide — 25/03/2009 @ 13:33

  33. « Les coupables passeront devant le tribunal le 30 mars ».

    C’est sur cette phrase que (la journaliste ?) A N (Amélie Nappert ?) termine son article dans le METRO (édition Paris) du mercredi 25 mars (en page 7, titré « Des massacres d’école évités » http://readmetro.metrofrance.com/index.php?edition=paris ) !!

    Mais on va me dire que METRO n’est pas vraiment un journal … et donc que ceux qui y écrivent ne sont pas vraiment des journalistes …

    Commentaire par Yves D — 25/03/2009 @ 13:47

  34. Que dire d’autre que ce que proclame le SNJ: les journalistes tiennent « la calomnie, les accusations sans preuves, l’altération des documents, la déformation des faits, le mensonge pour les plus graves fautes professionnelles » et tenaient « le scrupule et le souci de la justice pour des règles premières » (in Charte des devoirs professionnels des journalistes français : http://www.snj.fr/article.php3?id_article=65).

    Aliocha, je crois que vous et moi rêvons de la même chose, vous en tant que professionnel, moi en tant que citoyen. Il n’empêche que « l’article » du Figaro (merci Nemo) est emblématique des dérives d’une profession. J’imagine sans peine que son auteur est cultivé, intelligent et de surcroit, « très vif intellectuellement, intuitif, développant son flair bien plus que sa logique, ayant l’esprit de synthèse et sachant traduire sa pensée par écrit ou à l’oral dans des délais records ». Au vu de l’article, sa prestation vaut bien 20/20.

    L’ignorance relative du journaliste est un gage d’indépendance de son regard, c’est aussi une source potentielle d’erreur que nous tentons de compenser avec les règles de notre métier : la vérification et le recoupement des sources, l’effort d’objectivité, la primauté accordée aux faits sur l’analyse etc.

    Aliocha : emblématique des dérives d’une profession, rien que cela ? ! Parce que vous avez été lire Eolas et qu’avec son talent habituel il vous a démontré que la journaliste était une imbécile ? C’est son métier, tâchez de distancer un peu. Dans son billet, il y a des choses justes et des arguments d’une hallucinante mauvaise foi. J’ai fini de m’en offusquer. Cet article n’est pas parfait, mais Eolas le lit moins avec son esprit qu’avec ses tripes d’avocat qui fait de l’AJ, par conséquent il y répond avec la distance et l’objectivité de quelqu’un qui vient de se faire traiter d’incompétent couteux. C’est tellement caricatural que ne me fendrais même pas d’un billet en réponse. Mais je l’aime bien quand même.

    Commentaire par H. — 25/03/2009 @ 14:02

  35. Merci de rayer le dernier paragraphe: un envoi trop rapide.

    Commentaire par H. — 25/03/2009 @ 14:04

  36. Cher Aliocha,

    Tout d’abord sachez que je prends toujours plaisir à vous lire, les qualités de ce blog sont d’ailleurs reconnues unanimement… et par des personnes plus qualifiées à n’en pas douter.
    Cet instant de flagornerie passé, je dois dire que votre billet -et vos remarques dans les réactions- m’ont laissé perplexe…

    « Le journalisme est certes un métier pétri de paradoxes, c’est peut être pour cette raison qu’il irrite ».
    Comme vous le notez plus bas dans votre billet, il s’agit plutôt d’un malentendu entre les journalistes et le « public » qu’un désavoeu de la profession.
    Ce qui a toujours retenu mon attention dans cette profession, c’est la capacité de certains à se draper un peu trop souvent dans une prétendue indépendance, ainsi que l’absence quasi permanente de rectificatifs. Ceci peut donner le sentiment que vous n’êtes pas vraiment disposés à reconnaître vos erreurs. Et ça, je crois que beaucoup de « citoyens lecteurs» l’acceptent de moins en moins (sans poujadisme aucun, c’est promis).
    Je n’ai pas lu le livre de D. Schneidermann. Mais Bourdieu, me semble-t-il, n’a jamais décrit les journalistes comme des personnes totalement indépendantes. Ou alors on est très loin après Bourdieu…

    Aliocha : lisez Schneidermann, 140 pages, c’est vite fait et il traite tous les sujets que nous abordons ici bien mieux que moi. L’indépendance est peut-être pour certains un faux fuyant mais allez lire le billet d’eolas sur l’article du Figaro. des réactions comme celle d’Eolas, un directeur de la rédaction en reçoit tous les jours (je ne plaisante pas). Un journal dérange toujours quelqu’un et vous n’imaginez pas le ridicule hallucinant de certains réclamations. D’où l’argument de l’indépendance. A force de subir des attaques stupides, il est possible qu’on laisse passer des critiques fondées.

    Pour poursuivre votre comparaison avec l’univers du commissariat aux comptes (désolé…). Je crois qu’il est important de souligner que les CAC « certifient » (et ça je ne le demanderais jamais à un journaliste). En revanche, là où les deux professions peuvent se rejoindre c’est sur la signature (et sur la fragilité de celle-ci), après sur l’aspect de l’engagement je vous laisse juge…

    La ressemblance de ces deux métiers étant quasi établie  , je note qu’une nouvelle fois l’influence des anglo saxons (ou plutôt l’extraterritorialité de leurs loi) a grandement contribué aux évolutions du métier d’auditeur aux débuts des années 2000.
    A ce titre, l’indépendance n’est plus supposée, elle doit être démontrée – si possible, c’est parfois un peu boiteux- : dans les faits ca reste une déclaration d’indépendance à faire signer par l’ensemble des collaborateurs, une séparation nette des métiers du conseil et de l’audit, une rotation des associés, etc etc mais la philosophie est toujours la même.

    Peut-être une piste ?

    Aliocha : possible, j’y ajouterais nous concernant la transparence. Martin Lagardette, dans un livre dont les références figurent dans ma page bibliothèque, propose que nous précisions en bas des articles si les infos sont issues d’une conférence de presse, d’un voyage de presse etc. C’est pas bête du tout.

    « On y revient toujours »
    Certes, tant qu’on n’a pas le choix. Le succès des blogs et la baisse des ventes des journaux papiers dont vous avez magnifiquement parlé ces derniers mois (Drucker, quand tu nous tiens…) présagent d’une nécessaire adaptation du métier de journaliste.

    A quand des Etats Généraux, que sais –je, un Grenelle du métier de Journaliste ?

    Aliocha : ils ont eu lieu cet hiver, s’agissant de la déontologie, la balle est dans la camp de notre profession…wait and see.

    Ma perplexité provient sans doute des remèdes proposés : plus de professionalisme ? plus d’éthique ? Pour sûr.
    J’ajouterais même, pour être pompeux : Transparence et Humilité. L’approche qui consiste à se mettre au niveau du lecteur lambda (supposé bêbête) ne me convient pas (même si c’est peut être celle des rédac chefs ou des éditeurs). Si ce penchant persiste, les journaux vont tous devenir gratuits et ne seront qu’un copier coller de dépêches AFP. Avec un peu de chance, ils ne paraitront pas pendant les vacances pour des raisons économiques. Autant dire que cela reviendrait à une disparition pure et simple du métier de journaliste… no comment…

    Voilà, petite contribution d’un lecteur assidu

    Commentaire par Peps — 25/03/2009 @ 15:30

  37. Je reprends ici cet argument que j’ai lancé ailleurs parce que sinon je me sentirais hypocrite :
    Donc, vous êtes d’accord pour dire que le journalisme ne devrait pas être évalué que par des journalistes, le cas échéant. Ou même que la presse ne devrait pas être évaluée que par des professionnels de la presse.

    Aliocha : je suis tout à fait favorable à ce qu’on appelle la régulation partagée et qui mélange professionnels et non professionnels dans des proportions variables. Mais je crains que mon opinion n’engage que moi sur ce coup là.

    Commentaire par Schmorgluck — 25/03/2009 @ 15:48

  38. @ Aliocha sous n°31:

    Mettons de côté si vous le voulez bien l’intervention d’Eolas qui je vous rejoins, se teint parfois d’un brin de susceptibilité.
    J’ai lu cet article bien avant le billet d’Eolas (et en ai fait moi-même un billet).
    Ne trouvez-vous pas douteux de prendre une exemple qui fait office d’exception pour en tirer une règle?
    Je trouve notamment l’exemple de l’avocat asiatique des plus douteux.
    Quant au cas des 2000 euros par permanence, je ne vois nulle part écrit qu’il s’agit d’un cas bien trop rare et que la grande majorité des avocats travaillant à l’AJ, font un travail magnifique bien que payés au lance-pierre.
    Vous lisez : « ca arrive certes mais ce n’est pas la règle, loin de là ». Je le lis aussi car par mes amis, je connais un peu le milieu.
    Cependant, je pense sincèrement que ceux qui n’ont aucune connaissance du monde de la justice, qu’ils soient crétins ou fins intellectuels, auront vite fait de tirer de cet article que le défaut majeur de l’AJ est des avocats qui traitent les dossiers à la va-vite alors qu’ils sont assez bien rémunérés pour ce faire, ce qui est vous le savez, une vaste blague !
    Comment faire autrement me direz-vous lorsque le journaliste n’évoque que l’augmentation du budget de l’AJ de 72% en 10 ans, que l’on parle des avocats qui ne vivent que de cela, que l’on prend le cas de l’avocat touchant 2000 euros par permanence…
    Je ne vois nulle part l’information essentielle qui aurait permis de rendre l’article moins orienté:
    Combien un avocat pénaliste perçoit-il en rétribution moyenne nette par dossier AJ et combien de temps y passe-t-il en moyenne?

    Aliocha : elle parle des 192 euros mais pas du temps passé, c’est vrai. Je n’ai jamais dit que ce papier était un chef d’oeuvre, en revanche, je m’indigne de la charge d’Eolas, que je trouve parfaitement injuste et outrancière. Et je passe sur le traditionnel lynchage en commentaires de la part d’une bande d’idolâtre qui joue à « eolas a dit » avec une immaturité qui me colle des vertiges. J’ai l’impression de voir des midinettes à un concert de Patrick Bruel.

    Commentaire par Nemo — 25/03/2009 @ 16:46

  39. Bonjour,

    je viens de découvrir votre blog par le biais du blog d’Eolas. Très beau billet. J’ai eu récemment une discussion avec un ami journaliste (les aléas des CDD font que je ne le suis plus depuis quque temps), sur le sujet: le journaliste est-il un intellectuel? Finalement nous sommes tombés d’accord sur le faite que le journaliste observe, synthétise, plutôt. Je pense que le tort de beaucoup de critiques du journalisme est de ne pas comprendre cette partie vraiment « pratique » de ce métier.
    J’apprécie également bcp votre remarque sur les discours cohérents et d’une logique construite: je ne pense pas être plus bête que la moyenne des journalistes, j’ai pourtant énormément de mal à argumenter. Les billets d’Eolas par exemple, me paraissent être construits comme des rouages d’horlogerie et parfois j’envie cette facilité d’expression. En revanche, je suis capable d’assister à un conseil municipal de plusieurs heures, de rentrer tard le soir à la rédaction et de tirer un papier de 4500 signes pour l’édition du lendemain parmi des pages et des pages de notes.
    Je reviendrai sûrement vous lire.

    Commentaire par Elzevier — 25/03/2009 @ 17:42

  40. J’ai lu à quelques minutes d’intervalle et l’article du Figaro et le post d’Eolas. Si l’article du Figaro était si bien écrit, argumenté et charpenté, il se suffirait à lui-même!!! Si demain Eolas se permettrait de faire preuve d’une identique malhonnêteté intellectuelle, il perdrait à coup sûr un lecteur et un thuriféraire. Quant au Figaro, après en avoir été un lecteur assidu pendant quelques années, avec beaucoup d’autres quotidiens, vous devez comprendre pourquoi je ne le lis plus pour le moment (les autres non plus d’ailleurs).

    Aliocha : Eolas est devenu une sorte de gourou du web, il est heureux d’ailleurs que ce soit un homme intelligent et un humaniste, sinon il serait infiniment dangereux. Son seul tort est de démolir la presse et un peu parfois aussi le politique injustement. Faites donc preuve d’un peu d’esprit critique quand vous le lisez, c’est un avocat et un avocat c’est dressé au combat rhétorique, forcément qu’il est convainquant, ça ne signifie pas pour autant qu’il a toujours raison. J’en veux pour preuve que toute affirmation juridique est susceptible d’être contestée, or Eolas réussit le tour de force de faire croire le contraire. Je dis chapeau bas, mais moi voyez-vous, je ne suis pas dupe.

    Commentaire par H. — 25/03/2009 @ 17:51

  41. Votre fort honorable questionnement sur « le rapport étrange qu’entretient le public avec [les journalistes] » incite aux ébats intellectuels. Donc ébattons, en limitant je crois le propos aux journalistes de la presse écrite « sérieuse » non spécialisée.

    Sauf vôt’ respect, M’âm ALIOCHA, les termes dudit questionnement m’apparaissent un peu incertains.

    Le « public » n’est pas en effet constitutif d’une entité indivisible. Il semble donc particulièrement ambitieux, sinon impossible, de supputer quelle nature de rapport(s) ledit public pourrait entretenir avec « les journalistes », eux-mêmes de « factures » diverses.

    Aliocha : je vous le concède, mais pour discuter, il faut des catégories, fussent-elles contestables. Le journaliste s’adresse à un public, même s’il est bien en peine de décrire précisément ce public. Et puis la suite de votre commentaire montre que, au fond, vous appartenez à ce public puisque vous lisez la presse et qu’elle ne vous satisfait pas 😉

    D’autant qu’au regard de leurs attentes spécifiques, des publics différents peuvent même coexister alternativement chez des lecteurs métamorphes.

    C’est mon cas. Les prestations des journalistes de mon quotidien local (le rapport du lecteur au journal et ses journalistes s’assimilant au cas présent) me satisfont par exemple globalement.

    Accords de « participe passer » (orthographe sic authentiquement relevée) exclus, elles sont généralement à la hauteur de mes attentes. A savoir, apprendre qu’Eglantine ROSIER, 88 ans, a triomphé dans le concours de pétanque organisé par sa maison de retraite. Il se trouve qu’en plus c’est ma tante et que cela démontre la solidité de mon patrimoine génétique. J’ai le moral pour la journée. Que demander d’autre, jusqu’au prochain concours?

    En ce qui me concerne, le questionnement se limite donc à celui de mon rapport avec les journalistes de mon quotidien national habituel (et d’autres lus cette fois sur le net).

    Sombre est ce rapport. Ou, très exactement, définitivement désillusionné.

    Aliocha : le public donc…

    J’ai longtemps eu la naïveté de considérer que les journalistes considérés s’astreignaient à la même exigence que je m’impose dans mon activité professionnelle.

    Par exigence, j’entends pour ma part nul génial exposé né d’un cerveau brillantissime, mais l’honnête travail rendu par un prestataire de services intellectuels d’intelligence moyenne (disons à la louche 110 de QI).

    Las, concernant les informations délivrées sur mes quelques domaines de compétence ou de prédilection, le compte y est bien rarement. Le contresens tutoie le drolatique et laisse parfois l’impression pénible que le prestataire n’a pas fait l’effort minimal ni, pire, eu même l’envie de comprendre. Nous avons certes tous nos gâche-métier, mais, dans les entreprises « normales » du secteur privé, l’exercice usuel par l’employeur de son droit disciplinaire n’autorise généralement pas une telle impunité.

    Aliocha : tout ce que vous produisez quotidiennement dans votre métier pourrait donc être soumis au regard public sans risquer la moindre critique ? Pas une faute d’orthographe, pas une erreur de raisonnement, vous êtes sûr ?

    L’agacement qui en résulte est sans portée pratique (je n’étais pas en attente d’une information dans ces domaines, la recherchant dans la presse spécialisée), et se résume à déplorer passagèrement que mes concitoyens moins documentés soient retardés dans leur édification intellectuelle et leur développement personnel sur des voies de garage. La démocratie apaisée à laquelle j’aspire n’y trouve pas son content. Pour résumer aimablement, et à l’inverse de leur vocation quasi-christique de libération de l’Homme, les journalistes pourraient s’avérer l’opium du peuple du XXIème siècle (surtout quand ils parlent religion…). Pas taper, please, j’ai pas résisté.

    Il en naît forcément un gros doute concernant les informations délivrées dans les domaines où je comprends peu ou goutte. Et c’est là que ça bogue, puisque j’attends sur ces sujets des informations que je ne détiens pas.

    Aliocha : on peut aussi imaginer que le lecteur creuse et recoupe l’information qui l’intéresse en lisant plusieurs organes de presse et puis même des livres, tiens, pourquoi pas ?

    Les arguments de l’urgence et de « la tyrannie du nombre de signes »– que vous invoquez souvent- me paraissent faiblards des pattes de derrière, sauf à établir que la virtuelle noblesse du métier le cède le plus souvent, pour le journaliste, à une triste obligation alimentaire. Dire le faux –en le sachant ou l’ignorant- mais manger. Funeste destin.

    Sincèrement, chère ALIOCHA, quelle information présente un caractère d’urgence tel que l’on s’abstienne du temps utile pour la recouper, tant concernant l’exactitude des faits que l’interprétation qu’un journaliste s’estime valable d’en délivrer? Quel type de lecteur préfère vraiment être vite informé mais mal? Il existe ce gonze ?

    Aliocha : ce n’est pas le lecteur qui nous tyrannise, c’est l’actualité, elle bouge, un sujet chasse l’autre, la valeur de l’information réside avant tout dans sa nouveauté, plus elle est diffusée, connue, plus elle perd de sa valeur. Ce n’est pas moi qui le dit mais une amie économiste qui me l’a expliqué. L’urgence est intrinsèque au métier

    La recherche forcenée de l’exclusivité pouvait par ailleurs se comprendre à l’époque des crieurs de journaux manchettant sur les turpitudes de la bande à Bonnot, mais maintenant, vu l’abondance des moyens d’information, quel type d’exclusivité (à l’exception de Voici et Closer, et encore) justifie-t-elle, même commercialement pour la « presse sérieuse », d’une impression dans l’urgence?

    Pour autant, les journalistes restent absolument indispensables: par la méfiance systématique que leurs articles m’inspirent, ils me maintiennent en état de veille critique. De cela, je leur serai toujours reconnaissant.

    Un véritable espoir est par ailleurs né. Telles les torchères du phare d’Alexandrie se révélant fort opportunément à la vigie transie du boutre égaré, vous êtes apparue dans mon univers. Soyez-en remerciée.

    Commentaire par Goloubchik — 25/03/2009 @ 20:17

  42. Aliocha: une question qui me turlupine.
    Quand une personnalité fait une déclaration, à partir de quel moment cela devient-il, selon vous, une « information », c’est à dire digne d’intérêt au point de l’imprimer et le diffuser.

    Petit cas pratique (toujours sur le Pape) :
    – un ministre commente les propos du Pape : est-ce une info ?
    – un syndicaliste commente les propos du Pape : est-ce une info ?
    – un quidam commente les propos du Pape (en micro trottoir) : est-ce une info ?
    – Marine le Pen se dit choquée des attaques contre le Pape : est-ce une info ?

    Je précise ma pensée : à partir de quel moment le fait est-il significatif per se, et à partir de quand est-ce la médiatisation qui crée la significativité ?
    Est-ce que le fait de rapporter les propos de Marine le Pen apporte plus d’informations : sur les propos du Pape ? sur Marine le Pen ? sur le fait que le journaliste est super content que le Pape soit amalgamé avec Marine le Pen ?

    Aliocha : Toutes ces réactions sont des infos, ensuite la valeur de l’info va dépendre de l’importance de la personne qui émet l’opinion. La réaction du ministre est importante, celle de l’homme de la rue l’est moins sauf s’il s’agit d’un sondage. Effectivement, Marine Le Pen présente de l’intérêt à un double titre : d’abord elle est pour le pape quand tous les autres sont contre (si tout le monde était pour son opinion compterait pour presque rien), ensuite, elle accrédite malheureusement la vision d’un Pape réactionnaire. En revanche, j’ai vu qu’une actrice avait réagi, ça n’a fait guère de bruit, les ministres comptent plus.

    Commentaire par Paul — 25/03/2009 @ 21:21

  43. Merci Aliocha du temps consacré à apporter quelques commentaires à ma contribution.

    Sur votre contre-argumentaire :

    1) « tout ce que vous produisez quotidiennement dans votre métier pourrait donc être soumis au regard public sans risquer la moindre critique ? Pas une faute d’orthographe, pas une erreur de raisonnement, vous êtes sûr ? »

    Vous me semblez sur ce point faire la bête et cela concorde mal avec l’honnêteté intellectuelle dont je vous crédite au fil de la lecture de vos billets : je ne requiers pas des journalistes une impossible et absolue perfection, pas plus que je ne m’en glorifie personnellement dans mon job.

    Au-delà de la seule satisfaction d’amour-propre que procure un travail honnêtement réalisé, permettez–moi un parallèle, si je me suis mal fait comprendre :

    Vous avez été avocate et probablement un peu tâté du droit social. Le Code du Travail et la jurisprudence définissent assez précisément un « seuil de négligence » (plutôt élevé) autorisant une sanction de l’employeur allant jusqu’au licenciement. En d’autres termes, dans mon activité professionnelle, je dispose, sans conséquence vraiment dommageable, d’un certain « droit de tirage » au contresens et à la fôte d’hortaugraffe.

    Au-delà de ce droit, largement soutenu par l’enthousiasme familial, je vais causer reclassement avec l’ami Pôle Emploi.

    Ce seuil minimal d’exigence me semble largement outrepassé concernant les journalistes. Dans les entreprises de presse, il est possible que cette situation soit générée par le système lui-même, dès lors que l’essentiel ne serait pas pour l’employeur de produire bien mais, à titre essentiel, de produire vite. L’être humain étant ce qu’il est, imparfait et donc pénétrable à la notion de moindre effort, il est légitimement envisageable que le journaliste s’accommode, insensiblement ou non, d’une certaine paresse intellectuelle.

    2) « on peut aussi imaginer que le lecteur creuse et recoupe l’information qui l’intéresse en lisant plusieurs organes de presse et puis même des livres, tiens, pourquoi pas ? »

    Votre insinuation me blesse : bien qu’ayant récemment revendu sur e-bay la totalité de mes mangas, j’ai conservé dans ma bibliothèque l’intégralité de l’œuvre de Gotlib.

    3) « ce n’est pas le lecteur qui nous tyrannise, c’est l’actualité, elle bouge, un sujet chasse l’autre, la valeur de l’information réside avant tout dans sa nouveauté, plus elle est diffusée, connue, plus elle perd de sa valeur. Ce n’est pas moi qui le dit mais une amie économiste qui me l’a expliqué. L’urgence est intrinsèque au métier ».

    Je ne peux que vous encourager à garder votre affection à votre amie économiste. En ces temps légèrement troublés de crise majeure, les économistes ont humainement besoin de confortement de soi et d’être rassurés sur leur capacité de jugement.

    Plus sérieusement, le théorème de base de votre amie, qui justifierait l’hystérie de l’urgence fondant le système économique de la presse et excuserait la dérive généralisée du système, repose sur « ce qui est nouveau est cher ».

    En littéraire obtus, j’en reste pour ma part au bon vieux basique « ce qui est rare est cher » et ne peux que constater qu’en matière d’information la nouveauté, est, par essence, tout sauf rare puisque renouvelable à l’infini.

    Un des nœuds de la problématique se situe apparemment là. Les entreprises de presse et les journalistes, dans le mouvement, n’arrivent pas à intégrer que toute nouveauté n’est pas chère en soi.

    Pour moi, et dans un monde chaque jour plus complexe à appréhender, la vraie valeur d’une information journalistique réside, sauf rare exception, non dans sa nouveauté mais dans son niveau élevé d’exactitude et de décryptage.

    Ne le répétez pas au conseil de surveillance de votre journal mais si je trouvais satisfaction sur ce point, je serais même disposé à acheter mon quotidien national deux fois son prix…

    Commentaire par Goloubchik — 26/03/2009 @ 02:28

  44. Pour BiBi, l’exemple du journaliste, c’est le journaliste Denis Robert qui a pris son temps pour ecrire des articles et des livres sur la Chambre de compensation Clearstream. Denis Robert a eu le soutien de plus de 700 journalistes qui ont photocopié leurs cartes de presse pour soutenir son travail d’investigation. Denis Robert s’est attaqué à la Haute Finance, dessinant bien avant les incalculables conséquences du Capitalisme délirant. Aujourd’hui, il est encore poursuivi par Clearstream.
    Bien entendu, votre métier est paradoxal : il est aussi et surtout un enjeu de luttes dans le Champ journalistique. Il semble pour BiBi que vous manquiez de confiance en vous car à la lecture de votre article, vous êtes une journaliste… intelligente.
    A bibientôt.

    Commentaire par BiBi — 26/03/2009 @ 14:47

  45. « Le journaliste doit saisir souvent en quelques minutes le sens d’un événement ou d’un discours, distinguer l’essentiel au sens de son métier, c’est-à-dire l’information, de tout le reste. Je crois qu’une partie de l’irritation que nous suscitons se situe à cet endroit précis. »

    Je le crois aussi:
    « en quelques minutes »: vous laissez croire que le métier de journaliste est structurellement contraint par l’urgence. Il va sans dire que l’urgence favorise le recours aux raccourcis, approximations, imprécisions, etc… qui, parce qu’ils sont immanquablement relevés par les fins analystes, participent à la décrédibilisation de votre métier. Cette contrainte est considérée comme structurelle si l’on considère comme acquis et invariable la course au scoop et la nécessité d’avoir l’information la plus fraiche. Pour ma part, il me semble que cela relève plutôt d’un choix éditorial de plus en plus risqué.

    Aliocha : Dont acte. La prochaine grève vous sera donc annoncée 3 jours après et débriefée le mois suivant. Vous avez parfaitement raison, l’actualité est un leurre. Aux prochaines présidentielles, vous voulez qu’on vous annonce les résultats selon quel timing ? Personellement, je pense que pour vraiment creuser le sujet, il nous faudra 6 mois, ça vous ira ?

    « distinguer l’essentiel au sens de son métier, c’est-à-dire l’information, de tout le reste »: un autre risque du journalisme est de dépouiller à outrance le contexte d’un évènement pour en distiller… une information brute, qui sera non seulement imprécise, mais surtout stérile si elle n’est pas accompagnée d’analyse et d’argumentation. Les journaux télévisés sont passés experts dans ce genre de travers. Ils laissent à d’autres le soin d’analyser et laissent au téléspectateur la fausse impression d’être au fait de ce qui se passe dans le monde. Cruel malentendu.

    Aliocha : désolée, je ne suis pas journaliste TV.

    « le journaliste ne sera jamais ou très rarement un grand esprit. Il suffit pour vous en convaincre de comparer mes billets avec ceux d’Eolas « . Eolas réagit avec la même rapidité qu’un journaliste, mais lui a l’humilité de se cantonner à son domaine d’expertise.

    Aliocha : et en effet son métier c’est avocat, pas journaliste. D’ailleurs il ne fait pas de journalisme, il livre son analyse d’avocat sur l’actualité, ce qui n’a strictement rien à voir. Allez donc consulter ma page bibilothèque sur la presse, vous en avez besooin.

    « Voyez comme leurs raisonnements sont tout à la fois profonds, solidement charpentés, parfaitement cohérents et référencés. La différence est évidente. » J’aimerais bien qu’on m’explique quelle utilité peut avoir un article qui n’a pas ne serait-ce que la prétention de correspondre à cette description.

    Aliocha : ils raisonnent, nous racontons, ce n’est pas la même démarche intellectuelle.

    « en donnant la priorité aux faits »: là encore réside le malentendu entre le journaliste et son lecteur. Car, je le répète, une information sans analyse ne sert à rien.

    Aliocha : “Les faits sont la matière des opinions, et les opinions, inspirées par différents intérêts et différentes passions, peuvent différer largement et demeurer légitimes aussi longtemps qu’elles respectent la vérité de fait. La liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l’objet du débat”. Hannanh Arendt in “La Crise de la culture, vérité et politique”.

    « Le plus paradoxal, c’est que dans un mois, un an, dix ans, ce même article qui était parti à la poubelle sera devenu une référence sur ce qui s’est passé le jour dit. » Comme dirait Bonaparte:  » L’ histoire n’est qu’un tissu de mensonge sur lequel tout le monde est tombé d’accord »

    Commentaire par Pinouille — 26/03/2009 @ 17:17

  46. Bonjour Aliocha, bonjour à tous

    D’abord félicitations Aliocha pour ce débat.

    « Et malgré tout le public y revient toujours, »
    Oui certes mais de moins en moins d’où le problème de la presse. Alors il faudrait éviter de décevoir le public. Le journalisme peut donc se développer car il y a une réelle demande qui n’est pas satisfaite actuellement.

    « Mais même alors nous continuerons d’être critiqués car je crois que ce qu’on attend de nous est inaccessible, contraire à notre nature, incompatible avec notre métier et qu’ainsi, le grand malentendu entre le public et le journaliste a encore de beaux jours devant lui. »

    dans le commentaire 41
    « L’urgence est intrinsèque au métier »

    dans le commentaire 45
    « Personnellement, je pense que pour vraiment creuser le sujet, il nous faudra 6 mois, ça vous ira ? »

    Il n’est pas demandé de choisir entre vite et bien quoique le trimestriel XXI ait réussi à être bénéficiaire au bout d’un an d’existence, sans contenir de publicité et en plus en période de crise. Il faut faire vite et bien. Je sais bien que pour cela il faut des moyens humains adaptés. J’ai bien conscience que les journalistes de la presse sont entre le marteau (la direction) et l’enclume (le lectorat). Par expérience je sais qu’une direction peut évoluer sans pour autant qu’il y ait grève. Grève qui peut faire fuir les clients. Il suffit de démontrer à la direction qu’elle est dans l’erreur

    Les lecteurs attendent des écrits journalistiques de qualité. Bien sûr il faut s’entendre sur ce qu’est un écrit journalistique. J’essaye d’en définir les principales caractéristiques à http://www.orvinfait.fr/qu_est-ce_qu_un_ecrit_journalistique.html

    Je sais que la qualité a un coût mais comme il semble y avoir une réelle attente du lectorat, s’orienter vers plus de qualité pourrait être payant. Si XXI est rentable au bout d’un an malgré la crise c’est bien que le marché du journalisme est loin d’être saturé.

    Commentaire par Serge Cheminade — 28/03/2009 @ 07:41

  47. « malgré tout, le public y revient toujours »(la presse)
    C’est simplement parce que l’ on a pas trop le choix. Il y a le poids des habitudes, le Net n’a pas encore tout remplacé.
    Cela fait penser au dernier bouquin de Joffrin, qui s’étonne de cette désaffection : comment passer de Sartre à Rothschild….
    Les financiers, les actionnaires, le formatage dans les rédactions,le copinage, ect…..
    La première qualité à mon sens, c’est la vérité des faits relatés, et là, on constate un certain décalage, grace au net justement: voire par exemple les lunettes de Libé ou de l’Obs pour le conflit en Géorgie ou « l’offensive » à Gaza .
    C’est peut être bien le symptôme de la vacuité politique de l’époque. Politique au sens large,sociétal aussi.

    Commentaire par tener — 28/03/2009 @ 09:18

  48. « Le journalisme est un métier pétri de paradoxes » dites-vous… Si seulement il n’y avait que ce métier !
    Aujourd’hui c’est toute la société qui est pétrie de paradoxes.
    Avant, c’était plus simple : les patrons étaient riches et de droite, les ouvriers étaient pauvres et de gauche,… Maintenant, il y a des milliardaires de gauches, des pauvres à droite, des patrons pauvres, des ouvriers riches, et bientôt des riches pauvres et inversement.

    …et c’est aux journalistes de nous raconter tout ça. Pas simple comme métier. 😉

    Commentaire par OeilduSage — 28/03/2009 @ 23:19

  49. Euh… C’est pas le cas de tous les journalistes. Je ne supporte pas Courrier international, par exemple, à cause de leur parti pris anticatho, mais je dois reconnaitre qu’ils font bien leur travail.
    Cela ne me semble pas être le cas des jouraux du type « vingt minutes ou métro… »

    Commentaire par panouf — 02/04/2009 @ 15:45

  50. « bien loin de l’intelligence d’un scientifique ou d’un philosophe dont la réflexion a besoin de temps pour s’épanouir. »

    Une petite observation. Une bonne partie du travail de scientifique, de nos jours, consiste à « se vendre » dans des conférences. Vous avez un temps d’exposé limité (allant de 5 à 25 minutes – ok on est loin du sujet au JT, mais on est très loin des péroraisons des sciences humaines), un public qui en est à sa énième présentation de la journée, qui lit son mail via le WiFi, et il faut le convaincre que vous et vos idées sont super géniaux.

    C’est un métier.

    Une erreur courante est de vouloir trop expliquer et de noyer les grandes idées dans des points techniques qui de toute façon gagnent à être laissés dans la publication papier. Il ne faut pas cependant tomber dans l’excès inverse, avec des présentations totalement creuses (qui, parfois, essayent de masquer l’absence d’idée ou les « trous » dans celles-ci).

    Commentaire par DM — 14/04/2009 @ 15:30


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