La Plume d'Aliocha

05/10/2009

Extension du domaine de la censure

Filed under: Eclairage — laplumedaliocha @ 17:08

A la suite de l’affaire concernant la photo de Brooke Shields à Londres, j’ai relu ce week-end « Le livre noir de la censure ». Il s’agit d’un ouvrage collectif rédigé par des juristes, des essayistes et des philosophes, sous la direction de l’avocat Emmanuel Pierrat (Seuil, 2008). Les auteurs y montrent que, contrairement à une idée généralement répandue, la censure est toujours bien présente en France. A tel point que chez les juristes, on a l’habitude de dire que ce qui est publié en France pourra l’être ensuite partout. Certes, ce ne sont plus ni l’Etat ni les autorités religieuses qui classent à l’index. Nous assistons en réalité à l’émergence de nouvelles censures, souvent privées,  tout aussi préjudiciables à la liberté d’expression et qui ont en outre le défaut de créer un climat général d’autocensure. Les avocats spécialisés, les éditeurs, les artistes, les organes de presse connaissent parfaitement ce contexte et le dénoncent. Le public en revanche, assailli d’informations plus ou moins dérangeantes,  semble avoir la perception inverse. Un malentendu qui nécessite quelques petites mises en perspective.

Insulte et gastronomie

Evidemment, la première idée qui vient à l’esprit, c’est la menace qui pèse sur auteurs et journalistes liée à l’injure et à la diffamation. Sachez que désormais, même la critique gastronomique n’est plus épargnée. Un mot trop dur sur un restaurant particulièrement mauvais peut valoir à son auteur les joies du tribunal. En deuxième ligne, on trouve le domaine en perpétuelle extension de la vie privée, du droit à l’image et du droit au nom. Vous pensez par exemple que vos souvenirs vous appartiennent et que vous pouvez les livrer au public ? Erreur, les personnes dont vous allez nécessairement parler pourront vous reprocher d’avoir évoqué un épisode de leur vie sans autorisation. Nous savons tous que nous ne pouvons pas photographier une personne à son insu, mais savez-vous que les bâtiments, publics ou pas, ont aussi leur droit à l’image ? Photographier un monument par exemple suppose de respecter les droits de l’architecte mais aussi de l’organisme qui l’exploite et pose souvent des règles très strictes sur les représentations photographiques de l’édifice. Vous vous tournez alors vers les bâtiments privés, mais là encore leurs propriétaires peuvent vous demander des comptes. Et si vous préférez vous replier sur les personnes, sachez que photographier un ami ne vous met pas à l’abri des difficultés. D’abord il faut que l’exploitation de l’image ne lui cause pas de préjudice. Ensuite, si vous avez eu la mauvaise idée de le faire poser avec le chien du voisin, ledit voisin pourra vous demander des comptes….pour l’image du chien !

Gare à la provocation

Oublions donc la photo et voyons l’écrit, songerez-vous un peu embarrassé par toutes ces entraves. Malheureux ! Il vous faudra encore prendre garde à ne pas faire de provocation au vol, au pillage, à l’incendie, aux crimes et délits contre la sûreté de l’Etat, à l’usage de stupéfiants, au refus collectif de paiement de l’impôt, au terrorisme, à l’usage de denrées falsifiées…j’en passe et des meilleurs. Gare également aux discriminations ainsi qu’à tout ce qui peut choquer les mineurs, y compris dans les ouvrages qui ne leur sont pas destinés. Et si, paralysé dans votre volonté d’écrire une fiction qui pourrait être mal interprétée, (l’éditeur de Sade a eu des ennuis en France jusque dans les années 70, eh oui), vous vous lancez dans un récit historique, sachez qu’une erreur sur un personnage par exemple peut vous être reprochée en justice par les ayants-droits de celui dont vous aurez parlé. Sans compter le droit de courte citation qui vous met en risque dès que les citations prennent plus de place que vos propres écrits.

Quand la santé censure

Ceci, sans compter les nouvelles considérations de santé publique sur les drogues, le suicide, le tabac ou l’alcool. Tout le monde a en tête la fameuse pipe de Tati, mais il y a aussi la cigarette de Delon sur une publicité récente de parfum ou encore celle de Chirac dans son livre de mémoire. On croyait les moeurs libérés et voilà que la fameuse Origine du monde de Courbet a  suscité en 1994 des ennuis à un éditeur qui l’avait choisie pour illustrer la couverture d’un livre.  La religion elle-même continue de se faire entendre sur le terrain de la censure. Voir à ce sujet l’affiche du film Amen, ou encore la célèbre affaire des caricatures de Mahomet. Tintin au Congo, choque une partie de la communauté noire, Houellebecq a bien falli avoir des ennuis avec Plateforme car on l’accusait d’islamophobie etc. Evidemment, les juges tempèrent  les demandes qui leur sont soumises. Et quand ce n’est pas le cas, la Cour européenne des droits de l’homme vient parfois au secours d’une liberté d’expression malmenée (arrêt du 18 mai 2004 dans l’affaire Gubler, voir à partir du considérant 42).

Un sentiment de censure généralisée

Toutes ces affaires mises bout à bout témoignent néanmoins d’une censure toujours très vivace. On peut discuter de la pertinence du terme censure dans certains cas dès lors qu’il ne s’agit pas d’une intervention de l’Etat, mais d’actions en justice menées par des personnes privées, de simple pression financière ou de contraintes bureaucratiques. Vous pouvez lire à ce sujet l’excellent billet de Philarête ici. S’il corrige avec raison l’usage contestable que l’on fait aujourd’hui du mot « censure », toujours est-il que l’évolution actuelle limite en pratique l’exercice de la liberté d’expression.  Et c’est bien une censure que ressentent tous ceux qui, comme les journalistes, sont confrontés à ces limites. Sans compter les effets néfastes du prolongement ultime de la censure qui est l’auto-censure. On s’abstient, comme ça on ne risque rien.

Bien sûr que Tintin au Congo présente une image erronée de l’Afrique. Qui pourrait nier que la photo de Brooke Shields est dérangeante  alors que l’on met au jour depuis quelques années les ravages de la pédophilie. De même, ce n’est pas moi qui critiquerais la volonté de lutter contre le tabagisme ou de préserver l’innocence de l’enfance. Le problème, c’est qu’au centre de tous ces combats légitimes il y a une liberté précieuse, la liberté d’expression. C’est elle qui donne accès à l’information, qui permet à l’art de s’épanouir, qui nous donne à voir, à entendre, à débattre et à réfléchir. Elle mérite, je crois de s’arrêter un instant pour peser les intérêts en présence avant de revendiquer la disparition de ce qui dérange…

Pour en savoir plus, je vous renvoie à l’excellent livre cité en début de billet qui dresse un panorama très complet de l’état de la censure en France. Voyez également cette courte interview de l’auteur, Emmanuel Pierrat.

28 commentaires »

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    Ping par Twitted by mosieurj — 05/10/2009 @ 17:27

  2. Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789:
    —————–
    Article 10
    Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi.
    —————–
    Article malheureusement de moins en moins respecté.

    Commentaire par Arnaud — 05/10/2009 @ 18:10

  3. Et celui-là évidemment…

    Article 11
    La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme: tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.

    Commentaire par Arnaud — 05/10/2009 @ 18:10

  4. […] Extension du domaine de la censure « La Plume d’Aliocha laplumedaliocha.wordpress.com/2009/10/05/extension-du-domaine-de-la-censure – view page – cached A la suite de l’affaire concernant la photo de Brooke Shields à Londres, j’ai relu ce week-end “Le livre noir de la censure”. Il s’agit d’un ouvrage collectif rédigé par des juristes,… (Read more)A la suite de l’affaire concernant la photo de Brooke Shields à Londres, j’ai relu ce week-end “Le livre noir de la censure”. Il s’agit d’un ouvrage collectif rédigé par des juristes, des essayistes et des philosophes, sous la direction de l’avocat Emmanuel Pierrat (Seuil, 2008). Les auteurs y montrent que, contrairement à une idée généralement répandue, la censure est toujours bien présente en France. A tel point que chez les juristes, on a l’habitude de dire que ce qui est publié en France pourra l’être ensuite partout. Certes, ce ne sont plus ni l’Etat ni les autorités religieuses qui classent à l’index. Nous assistons en réalité à l’émergence de nouvelles censures, souvent privées, tout aussi préjudiciables à la liberté d’expression et qui ont en outre le défaut de créer un climat général d’autocensure. Les avocats spécialisés, les éditeurs, les artistes, les organes de presse connaissent parfaitement ce contexte et le dénoncent. (Read less) — From the page […]

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    Ping par Twitted by analienfeed_ — 05/10/2009 @ 18:47

  6. Sur l’histoire du chien, je crois que les comptes que quelqu’un peut vous demander pour l’image d’un bien (et les animaux sont considérés comme des biens en droit français, non ?) ont largement été réduits ces dernières années. il me semble (mais je n’ai pas sous la main les éléments capables d’étayer mes propos) que les gens ne peuvent plus rien réclamer sur l’image d’un bien si la jouissance normale de celui-ci n’est pas affectée par la photo (je ne garanti pas non plus l’exactitude des termes).

    Commentaire par gwynplaine — 05/10/2009 @ 19:09

  7. Je crois que, au centre de tout ça, on trouve une constante de notre société : parmi les droits de l’Homme que la société se donne pour charge de protéger, celui qui semble devoir prendre le pas sur tous les autres est la sécurité, l’absence de mise en danger, et son corollaire, le fait que chaque danger doit avoir une source, un responsable. À ce titre, on accepte (ou du moins, on voit…) de plus en plus de limitations de notre droit d’aller et venir, de notre droit d’expression, etc.

    Ça n’est pas forcément un mal, mais j’ai le sentiment que l’équilibre entre les différentes libertés est actuellement très différent de ce qu’il a pu être il y a 50 ou 100 ans. Je ne saurais trop dire pourquoi, peut-être parce que rien ne vient frontalement mettre en danger ces premières libertés, plus concrètes (la guerre et la censure politique sont bien loin…) ?

    Commentaire par Rémi — 05/10/2009 @ 19:41

  8. Le tableau est effectivement édifiant, on aurait pu penser que le net et la multiplication des sources aurait amoindrit l’impact d’une parole individuelle au point d’abolir de fait la censure.

    A vous lire il semble en être tout autrement mais cette censure était elle tant le fait d’une volonté d’empêcher l’expression ou s’inscrit-elle dans une judiciarisation plus globale dûe aux compensations des « préjudices » dont les censeurs s’estiment victimes et à l’aseptisation de notre société dans laquelle de moins en moins de formes de risques sont tolérées ?

    J’aimerais quand même encore que l’on me laisse être choqué outré voir même de temps en temps scandalisé; que l’on m’autorise à rire et me moquer quelques fois; et de manière générale que l’on me laisse me faire mon propre avis sur un certain nombre de sujet; sans qu’un juge ne m’offre le verdict, que j’aurais pu me faire moi-même, sur un plateau.

    Commentaire par Karam — 05/10/2009 @ 20:29

  9. Oui mais bon quand même.

    Parfois, je me dis que la censure se justifie. Particulièrement dans le cas de ces insidieuses images qui dissimulent de perverses intentions dans une vision tout ce qu’il y a de plus charmant et anodin.

    Comment peut-on accepter cet étalage de chair maquillé afin de l’érotiser au maximum? Il y a des limites tout de même!

    Bon, je vais retourner jouer au panzer chez Eolas avant qu’un commentateur commence à chanter « Nous irons pendre notre ligne sur la ligne Siegfried » 😉

    Commentaire par Ferdydurke — 05/10/2009 @ 22:05

  10. Je disais à peu près ça, très sommairement, en commentaire de votre précédent billet : il y a censure de fait, même s’il n’y a plus de censure institutionnaliée en tant que telle. Ce n’est vraiment pas un progrès, surtout quand cette censure de fait s’exerce, comme vous le faites remarquer, au bénéfice d’intérêts particulers privés. Une société évoluée, démocratique, raisonnable autant que rationnelle, ne devrait-elle pas être capable d’établir, de se donner à elle-même, en fonction du bien commun, des limites à ne pas franchir en matière de parole, d’écrit, d’image… La liberté d’expression ne pourrait qu’y gagner, je pense.
    Mais je conçois qu’établir de telles limites est mission quasi-impossible. Et c’est bien là le problème. Nous ne savons plus, collectivement, ce que nous voulons. Alors chacun pour soi…

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 05/10/2009 @ 23:01

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    Ping par Twitted by twitfle — 06/10/2009 @ 06:21

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    Ping par Twitted by monolecte — 06/10/2009 @ 07:51

  13. Bonjour,

    Oui, il y a censure, et de plus en plus. Mais il ne faut pas se leurer, même si la censure n’est pas étatique (i.e. dirigée par un service d’état, des fonctionnaires), elle reste de la même manière, en très forte proportion l’arme (larmes?) réservée à un certain milieux. Il est plus simple pour « ouh la menteuse » de se faire faire justice que pour un simple passant se faisant traiter de « pauvre con ».

    Effectivement, il n’y a pas un complot mondial, mais il y a une multitude d’intérêts qui convergent dans la même direction, transformant ces petits ruissellement en grande rivière.

    On peut même se demander d’ailleurs si ce n’est pas la vague venue d’en haut (attaquant à tout va toute personne faisant par trop d’ombre) qui n’a pas mis le pied à l’étrier de tout le monde. Maintenant, malheureusement, celui qui est puissant à infinement plus de chance de parvenir à ses fins en matière judiciaire. La vague de censure privée est, de ce point de vue, moins égalitaire encore que la censure d’état, car en plus des intérêts d’états, on y ajoute les intérêts de la classe dominante qui sont mieux traités et mieux préservés.

    PS : c’est désagréable ces ping twitted by.. cela n’amène pas grand chose au débat. Peut-être pourraient-il être censurés ? 😉

    Commentaire par herve_02 — 06/10/2009 @ 10:22

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    Ping par raffa's status on Tuesday, 06-Oct-09 08:39:01 UTC - Identi.ca — 06/10/2009 @ 10:39

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    Ping par Twitted by raffa_gm — 06/10/2009 @ 10:43

  16. Le gars qui a inventé le trackback twitter mérite la mort.

    Commentaire par QIAH — 06/10/2009 @ 11:29

  17. >Le gars qui a inventé le trackback twitter mérite la mort.

    oui mais dans beaucoup de souffrance 🙂

    Commentaire par herve_02 — 06/10/2009 @ 12:27

  18. […] This post was Twitted by jppastor […]

    Ping par Twitted by jppastor — 06/10/2009 @ 13:54

  19. @ Aliocha

    Cela fait-il mal de se faire twitter? 😉

    Aliocha : euh non, ça donne juste un drôle de sentiment virtuel, d’intéresser virtuellement des êtres virtuels. Et comme je n’ai pas de compte sur twitter, je me dis qu’on s’amuse sans moi quelque part sur la toile. Enfin, il parait que s’exprimer en 140 signes est devenu le summum de la communication moderne…Bavarde comme je suis, je sens que je vais avoir du mal 😉 Je les laisse d’abord parce que je me vois mal censurer sous un billet anti-censure et ensuite parce que j’observe la chose – et les réactions des fidèles commentateurs – avec le plus grand intérêt !

    Commentaire par Ferdydurke — 06/10/2009 @ 16:34

  20. @herve_02

    Et l’apologide de la torture malheureux !!!
    Ca existe l’excuse de provocation dans ce cas ? 🙂

    Commentaire par Ferdi — 06/10/2009 @ 18:35

  21. Y inclus l’humour subtil de son chapeau, fort intéressant billet, qui vient judicieusement compléter celui qui précède et celui qui suit sur ce blog. Sans même viser le stratosphérique billet ultérieurement référencé de Philarète, parfaitement exaspérant pour le commentateur lambda par la capacité de recul dont son auteur (Confucius réincarné ?) s’avère capable.

    En défense de l’auto-censure, rappelons tout de même que cette dernière n’est pas totalement dénuée de vertus.

    La première d’entre elles, de nature créonienne et que nous pratiquons tous à des degrés divers et quotidiennement, se dénomme « courtoisie diplomatique », et participe de longue date à la survie de l’Homme sur la planète Terre, notamment lors des assemblées générales de copropriétaires.

    Pour le reste, il me semble que l’argument, jusqu’alors parfaitement défendable, selon lequel la liberté d’expression est, dans les pays démocratiques, le principe, sous réserve pour les offensés potentiels de faire valoir leurs récriminations par devant les juridictions nationales au visa des dispositions codifiées en vigueur, aussi nombreuses soient-elles, se heurte à une considération de réalité: trop évanescent, trop compliqué, trop cher, trop incertain lorsque cette liberté d’expression, qui peut véritablement détruire un individu, est exprimée par diffusion sur un web à effet géométriquement amplificateur.

    Internet a vraiment changé la donne en la matière. Il est utile d’y réfléchir, avant qu’un projet de loi bricolé sous l’effet d’une tragédie quelconque ne vienne imposer une solution in fine détestable.

    Commentaire par Goloubchik — 07/10/2009 @ 02:39

  22. Lorsque « La mauvaise vie » est parue, il n’y eut nulle censure. « Mieux » que ça : il y eut « anti-censure ». Aucun critique en effet, par peur d’être assimilé aux partisan de la censure, n’osa dire ce que ce livre avait de choquant, de censurable.

    Et quand l’auteur de « La mauvaise vie » fut nommé ministre de la Culture, ce fut le même silence, la même « anti-censure »

    Résultat ?

    Le front national s’en donne aujourd’hui à coeur joie…

    Pour ma part, encore une fois, je préfère une censure visible à cette anti-censure invisible.

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 08/10/2009 @ 11:39

  23. « Extension du domaine de la censure » : c’est bien vrai !

    D’ailleurs, Aliocha, dans votre liste non exhaustive des situations à risques liées à la censure, vous avez oublié celle du bloggueur qui réfléchit maintenant à deux fois avant de poster un commentaire, même anodin, à la suite d’un billet qui traite d’un sujet sensible ou qui évoque un personnage « puissant »… et c’est d’ailleurs peut-être la pire des censures !

    Aliocha : l’auto-censure est en effet un grand danger. Toutefois, et sans vouloir jouer les trolls, que les blogueurs et leurs commentateurs modèrent leurs propos ne serait pas un mal dans certais cas extrêmes. Pour l’instant, et sauf cas graves, la méconnaissance de la toile limite les dégats judiciaires, mais ça ne sera pas toujours ainsi. J’ajoute que l’auto-censure est souvent le fait de l’ignorance de ses droits. Je ne saurais trop recommander du coup la lecture du bouquin que je cite dans le billet. Son parti résolumment favorable à la liberté d’expression plaira aux blogueurs tout en les sensibilisant aux risques divers et variés liés à l’expression publique. Ce n’est pas un manuel juridique, mais c’est un bon début de culture générale en la matière.

    Commentaire par "Hou la menteuse" — 09/10/2009 @ 15:27

  24. Qu’a dit Polanski dans sa fameuse entrevue après sa fuite (et avoir traîné au pénal) : pas vraiment de remords ni de scrupule, une brève allusion à une « erreur », ça ne mange pas de pain, mais surtout une formule, prononcée avec une expression complice, en direction de l’intervieweur : « j’aime les très jeunes filles comme tous les hommes ».

    D’un côté, on revendique son oeuvre et son discours unique, et quand on est mal, on revendique sa ressemblance avec la masse.

    C’est la manoeuvre.

    Alors, évoquer la censure dans ce domaine me semble être du bavardage. Imaginez plutôt la censure qui s’abattrait implacablement sur les écrivains, journalistes ou essayistes qui s’aviseraient de décrire réellement les moeurs de l’élite ou d’aller fouiner dans les secrets militaires ou économiques.

    Ces plaisanteries ont franchement trop duré.
    Le paradoxe, c’est justement que les artistes, dans une démocratie parlementaire, ont souvent un rapport ambigu avec le pouvoir et l’élite économique, qui leur permet de faire oeuvre. Sous une démocratie capitaliste, les artistes sont nombreux à s’embourgeoiser. Le thème de la censure cesse de s’appliquer à eux. D’ailleurs tous affirment qu’ils disent et font ce qu’ils veulent, comme les journalistes.

    Commentaire par BOF — 11/10/2009 @ 03:56

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    Ping par Filons de S.I.Lex #9 : le relevé des fouilles de la semaine « :: S.I.Lex :: — 11/10/2009 @ 18:17

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    Ping par vxl's status on Sunday, 11-Oct-09 17:15:20 UTC - Identi.ca — 11/10/2009 @ 19:15

  27. […] qui délaisse le lieu pour aller cultiver son pré carré à coup de griffes, à la lumière de multiples éclairages, tout en se laissant aller aux réflexions libres que lui inspirent tour à tour les […]

    Ping par L’hommage de la BD à la littérature « La Plume d'Aliocha — 31/07/2010 @ 08:55


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