La Plume d'Aliocha

15/06/2012

Et soudain la défense s’éveilla

Filed under: Affaire Kerviel — laplumedaliocha @ 10:00
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Palais de justice, jeudi 14 juin, sixième jour du procès Kerviel 10h : C’est l’affluence médiatique des grands jours au palais de justice. Et pour cause : on attend le témoin de la défense, ce mystérieux salarié d’une filiale de la Société Générale qui a le courage de témoigner pour Jérôme Kerviel et dont on espère bien qu’il sera l’événement de la journée.  Les bancs de la presse, désertés ces derniers temps, aujourd’hui sont  pleins à craquer. Les mines des nouveaux venus sont attentives. Las ! L’audition de Maxime Kahn, le trader qui a débouclé les positions de Kerviel a compter du 21 janvier s’éternise. L’homme qui avoue toucher des millions de bonus n’a l’air de rien dans son petit costume sombre qui ne ressemble même pas à celui d’un trader. Son témoignage est inaudible, le vocabulaire qu’il utilise incompréhensible. Les chroniqueurs judiciaires attendent patiemment, ils ont pris l’habitude de ces longueurs qu’un cinéaste de talent s’empresserait de couper. D’ailleurs il y en a un dans la salle, Christophe Barratier, l’auteur des choristes. Il fait preuve d’une assiduité qui suscite la curiosité. Aurait-il un projet de film sur l’affaire, sur les traders ? La presse de son et d’image s’impatiente : elle réclame son événement, celui qu’on lui a promis ! Un confrère de France Télévision me lance un regard de détresse auquel je réponds dans un murmure « bienvenue dans le monde de la finance ! ».

Lorsque le témoin parait

11h30, le fameux témoin entre enfin.  Grand, chatain, de grosses lunettes cerclées de noir, voici donc Philippe Houbé. Il appartient au back office de Newedge, Fimat à l’époque des faits, une filiale de la banque. Celle qui voyait passer les ordres de Kerviel puisqu’elle les exécutait. S’il est venu témoigner, c’est qu’il a horreur des injustices car lui-même en a été victime. Laquelle ? Interroge la présidente. Ce n’est pas le sujet, élude le témoin. Il est ici pour réparer l’injustice faite à Jérôme Kerviel, et aussi aux milliers de salariés anonymes de la Société Générale qui font leur travail avec compétence et qui, depuis 4 ans, sont choqués de voir les dirigeants raconter n’importe quoi pour sauver leur postes et leurs privilèges, quitte à ternir l’image de la banque.

A l’évidence, cet homme qui gagne 2 000 euros mensuels au bout de 20 ans d’ancienneté aime son entreprise. Il y a même quelque chose d’émouvant dans le caractère surané de son attachement à la Société Générale. On songe à ces ouvriers de l’industrie qui ont voué leur vie à leur usine, à moins que ce soit elle qui la leur ait volée…La presse télé et radio salive, il y a de l’humain. Prudents, les chroniqueurs habituels attendent de voir. Pas longtemps. Déjà, la discussion s’engage sur le terrain technique. Les visages dans le public s’affaissent, de nouveau on n’y comprend rien. On retiendra que le salarié du back office de Fimat, fidèle et dévoué au groupe, mais ulcéré par ceux qui le dirigent, vient mettre de l’eau au moulin de tous ceux qui pensent que la banque ne pouvait pas ignorer ce que faisait son trader. Les manipulations de Kerviel ? Des bidouillages d’amateurs qui ne tromperaient pas un aveugle. Or Philippe Houbé, lui, avec ses grosses lunettes, il voit clair, comme tous les autres salariés du back office d’ailleurs. Les milliards volent dans la salle et voici que les convictions chancèlent. Le témoin est également convaincu qu’on a chargé Kerviel lors du débouclage. Il énonce des numéros de compte, évoque des incohérences, nourrit là encore le doute. La présidente appelle Claire Dumas à la barre, elle rectifie le tir, engage la bataille de chiffres, cherche avec le témoin un terrain d’entente susceptible d’éclaircir les mystères qu’il évoque.

« Madame la présidente, j’aimerais bien qu’on arrête de se disperser ! »

Lui, le modeste comptable aurait vu ce que les grands chefs, tous anciens traders ne voyaient pas ? Allons donc ! Il s’accroche, secoue la tête, s’irrite, échange des regards ulcérés avec Jérôme Kerviel et David Koubbi, pousse des exclamations tandis que la banque parle, au point que la présidente le rappelle à l’ordre. Jusqu’à ce que les avocats commencent eux-mêmes à se chamailler sur un problème de date en français ou en anglais, ce qui modifie la donne puisque les jours et les mois n’occupent pas la même place selon le système utilisé. Jean Veil finit par admettre qu’il a confondu. David Koubbi lève les bras au ciel et s’écrie avec une insolence victorieuse : « Jean Veil s’est trompé ! ». Toujours à la barre, Philippe Houbé rappelle tout le monde à l’ordre : « Madame la présidente, j’aimerais bien qu’on arrête de se disperser ! » Mireille Filippini, qui exerce habituellement son rôle de police d’audience avec une autorité sans faille, s’était elle-même laissé déborder. Elle félicite le témoin de son intervention. On songe que l’homme appartient bien à la Société Générale. Dans cette enceinte qui devrait l’impressionner, il a certes les mains qui tremblent un peu, mais il explique, tranche, analyse, conteste. Pour un peu, il dirigerait les débats.

La lettre anonyme produite par la défense laissait planer un doute sur la santé mentale de ce témoin sorti de nulle part. Ses fautes d’orthographe inquiétaient, sa théorie de la manipulation ne plaidait guère en sa faveur.  Apparemment, tout le monde s’est trompé, cet homme-là a toute sa tête et de vrais arguments à développer. Hélas, il n’a justement que des arguments, des calculs qu’il a fait lui-même, des certitudes issues de son expérience…Son témoignage sent la vieille rancoeur des humbles à l’égard des puissants. L’attention méticuleuse qu’il porte aux chiffres et sa foi dans la performance des systèmes incitent à penser que, peut-être, il a une mauvaise vue d’ensemble à regarder les choses de trop près. De fait, son témoignage aurait pu faire basculer le procès, il ne l’a fait que légèrement chanceler. Pour la défense,  c’est déjà ça de gagné. La partie civile la met en veilleuse, promet d’apporter des pièces, danse d’un pied sur l’autre. Ses avocats ont adopté la posture des ramasseurs de balles à Roland Garros. Ils sont prêt à bondir, mais aucune ne tombe. Avec ce témoin, David Koubbi est parvenu à occuper l’espace et à ranimer le doute fondateur : comment la banque a-t-elle pu ignorer que son trader a investi durant plus en moins d’un an 110 milliards ?

Un risque mortel

16H : L’audition de Philippe Houbé s’achève. J’interroge mes confrères, il ne s’est rien passé d’extraordinaire à part une altercation entre avocats qui a failli déraper et que je regrette d’avoir manquée. Entre deux témoignages techniques inaudibles et jargonneux, on se prend à guetter les turbulences des hommes en robe. Leurs chamailleries sont distrayantes. On griffonne ou l’on tweete avec gourmandises les vacheries ciselées qu’ils se lancent en permanence, tandis que la présidente tente de ramener un peu d’ordre. « On se croirait en maternelle inférieure ! » s’agace-t-elle, non sans prendre parfois un certain plaisir à tenir le rôle de maitresse d’école que les avocats, tous des hommes, lui ont spontanément dévolu. Jean-François Le Petit fait son entrée. C’est un témoin cité par l’avocat général. Retraité, l’homme collectionne titres et fonctions. Ancien trader, ancien banquier, ancien président du gendarme de la bourse, du conseil national de la comptabilité et d’un tas d’autre chose. A croire qu’il en a fait un jeu. Aujourd’hui, il est administrateur de BNP Paribas, l’ennemie jurée de Socgen. C’est un homme compétent et respecté. Le risque, c’est le coeur de l’activité de banquier, explique-t-il. Mais qui dit risque, dit limite. Il s’agit de prendre des risques mesurés, car l’exercice consiste à gagner de l’argent. Le témoin valide la réaction de la banque : un risque pareil, c’est mortel, il ne faut pas attendre une seconde pour dénouer une telle position. Et il faut le faire dans le secret absolu. « Si les hedge funds apprennent que vous avez une énorme position à dénouer, ils jouent contre vous et c’est la mort assurée ». On apprend qu’il a été l’un des premiers à embaucher des diplômés de grandes écoles dans sa salle de marché, précisément par souci de sécurité. Lui ne voulait pas de gens issus des fonctions support parmi ses traders. Il n’a sans doute pas tort, on imagine mal un polytechnicien faire sauter le système…Jean-François Lepetit a lu le livre de Jérôme Kerviel, mais il confie n’avoir toujours pas compris comment un homme seul pouvait supporter l’idée d’avoir gagné 1,4 milliard. « Il faut être somnanbule, c’est considérable car cela n’a plus rien à voir avec le résultat d’un trader »…David Koubbi arrive à lui faire admettre qu’il n’existe pas de rogue trader gagnant. En clair, quand un trader rapporte, on lui pardonne volontiers ses dépassements, éventuellement on le licencie, c’est quand il perd qu’on l’envoie en prison. L’argument vient nourrir la théorie de la défense : on reproche à Jérôme Kerviel le délit de très grande vitesse, sa faute n’est pas d’avoir enfreint les règles, mais d’avoir joué trop gros et d’avoir perdu.

Des enregistrements trafiqués ?

Entre le dernier témoin de la journée, un expert cité par la Société Générale pour répondre aux accusations de la défense concernant les enregistrements trafiqués. Lorsque les activités du trader ont été découvertes, il a été interrogé pendant plusieurs heures dans les locaux de la banque. Des entretiens qui ont été enregistrés et versés au dossier. La défense soutient, rapport d’expert à l’appui, qu’ils ont été amputés de certains passages gênants pour la banque. Ainsi, la phrase de Kerviel disant à Martial Rouyère « tu savais ce que je faisais », ne figure pas sur les enregistrements. L’expert explique que ses confrères qui ont signé ce rapport ne connaissaient sans doute pas les spécificités du système NICE utilisé dans toutes les banques du monde. Pour simplifier, celui-ci se déclenche au bruit et s’interrompt au bout de neuf secondes de silence afin de pouvoir garder le maximum d’informations dans un minimum d’espace. Donc les enregistrements, qu’il décrit comme inviolables, n’ont pas été coupés. S’ils sont fragmentés, c’est un effet du système. De fait, la bande ne comporte pas un seul enregistrement, mais 366 morceaux. David Koubbi a beau pousser l’expert dans ses retranchements et même franchement le brutaliser, il ne parvient pas à remettre en cause la crédibilité de son témoignage.  « La cour a été heureuse Monsieur l’expert de vous revoir, elle se souvient vous avoir souvent désigné en raison de vos compétences » déclare Mireille Filippini avant de libérer le témoin. L’ombre d’un nuage s’attarde sur le banc de la défense…Qu’importe ! Plus fringants qu’à l’habitude, Jérôme Kerviel et son avocat quittent la salle avec le sentiment d’avoir marqué des points. Tout n’est peut-être pas perdu.

95 commentaires »

  1. Sur le mode d’un passage du post, « Ça sent la plume qui maîtrise mal son sujet » et qui préfère peindre des a priori que détailler les faits objectivement. Bienvenu dans le monde de la finance…

    Commentaire par insulaire — 15/06/2012 @ 10:19

  2. @Insulaire : bon sang, j’ai encore mal fait ! La prochaine fois, envoyez-moi un canevas de ce qu’il faut penser et écrire, ça m’aidera peut-être, qui sait ?

    Commentaire par laplumedaliocha — 15/06/2012 @ 10:25

  3. Très bien écrit. Bravo.

    Commentaire par rejannf — 15/06/2012 @ 10:55

  4. Quelque chose m’échappe. Il s’est passé quoi entre « Avec ce témoin, David Koubbi est parvenu à occuper l’espace et à ranimer le doute fondateur : comment la banque a-t-elle pu ignorer que son trader a investi durant plus d’un an 110 milliards ? » et « 16H : L’audition de Philippe Houbé s’achève. J’interroge mes confrères, il ne s’est rien passé d’extraordinaire » ? Vous avez quitté la salle ?
    J’aime bien le côté humain de votre compte-rendu, par contre. Même si j’ai du mal à le croire aussi objectif que vous semblez le penser (« quelque chose d’émouvant », « Son témoignage sent la vieille rancoeur », pour moi, c’est subjectif). Ce qui ne me gène pas, d’ailleurs, j’en parle juste en réaction au commentaire d’Insulaire.

    Commentaire par Chicxulub — 15/06/2012 @ 11:09

  5. @Chicxulub : il s’est passé que j’ai du quitter la salle pour boucler un article sur un autre dossier. D’où les indications horaires, mais je peux aussi faire une note pour le préciser si c’est plus clair. Pour un compte-rendu intégral, voyez le site de La Tribune. Où ai-je prétendu être objective ? Cela étant, vous avez raison de croire que c’est mon objectif. La question à ce stade, c’est objective par rapport à quoi ? Une conviction personnelle ? J’en ai une, à 60%, mais je la laisse évoluer au fil des débats, précisément parce qu’elle n’est pas radicale, c’est une inclinaison, plus qu’une conviction. Une thèse à défendre, une idéologie à démontrer (genre la finance pourrie) ? Aucune. Une animosité envers l’une des parties ? Pas davantage. Maintenant, j’observe avec mes sens, j’analyse avec ma raison, j’utilise même mon intuition, toutes choses qui, en effet, sont empreintes de subjectivité.

    Commentaire par laplumedaliocha — 15/06/2012 @ 11:57

  6. Surtout, ne ratez pas le conflit à fleurets mouchetés entre Stéphane Durant-Soufflant du Figaro et David Koubbi. Pour comprendre, il faut savoir qu’il y a quelques jours, mécontents d’un article du chroniqueur jugé trop pro-Socgen, l’avocat a qualifié dans un tweet la presse de PIF, c’est-à-dire Presse indépendante des faits. Depuis lors, SDS glisse régulièrement dans ses papiers des piques savoureuses à l’encontre de l’avocat. Voici l’épisode du jour : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/06/14/01016-20120614ARTFIG00785-proces-kerviel-un-temoin-accuse-la-banque.php
    Au crédit de Koubbi, celui-ci semble passer outre les flèches du chroniqueurs pour saluer ce qu’il considère comme un compte-renu objectif de l’audience d’hier (toujours dans un tweet)

    Commentaire par laplumedaliocha — 15/06/2012 @ 13:31

  7. Bonjour,
    ce que je ne comprends pas c’est comment on peut déclarer un système d’enregistrement inviolable si les enregistrements sont restés entre les mains d’une partie. Tout ne doit être qu’une question de moyens et de coût et vu les sommes en jeux… Si c’est les mêmes experts que ceux qui prétendent faire de l’identification vocale de manière certaine il ne faut pas trop s’étonner.

    Commentaire par paul — 15/06/2012 @ 15:33

  8. @Paul : d’après ce que j’ai compris, NICE est utilisé par toutes les banques du monde pour enregistrer les conversations. Ces enregistrements sont d’autant plus sensibles qu’ils portent potentiellement sur des opérations importantes et servent d’outils de preuve. Donc, ça ne me surprendrait pas que ce soit fiable. L’expert a expliqué qu’il y avait en réalité deux bandes qui ne pouvaient être lues que sur le disque dur ayant lui-même enregistré car elles sont cryptées. Bref, tout ceci a l’air quand même assez fiable. Mais bon, je ne suis pas expert, je me contente de dire que les explications de l’expert semblaient tenir la route.

    Commentaire par laplumedaliocha — 15/06/2012 @ 15:38

  9. @Paul: infalsifiable, dans l’absolu, ça n’existe pas. Mais très difficilement falsifiable (possible en théorie, mais en pratique personne ne sait faire…) oui, ça existe. Il y a quelques années, un banquier (encore la finance!) brésilien a été arrêté pour fraude. Son disque dur saisi, ni les autorités brésiliennes ni leur collègues américains ne sont parvenus à le « cracker » en y passant 6 mois d’effort (détails ici http://news.techworld.com/security/3228701/fbi-hackers-fail-to-crack-truecrypt/).
    Pour info, ce soft de cryptage est gratuit 🙂
    Donc non, on ne peut pas déduire du seul fait que la banque soit restée seule en possession de l’enregistrement lui permettait techniquement de le falsifier. Il faudrait faire une analyse ‘fine’ de ce système pour évaluer son niveau de sécurité réel.

    Commentaire par Kaeldric — 15/06/2012 @ 16:09

  10. Résumé très intéressant, merci !

    Commentaire par luk — 15/06/2012 @ 16:54

  11. @Aliocha

    Vous écrivez, à propos de Philippe Houbé, qu’il gagne 2000 euros par mois…

    Compte-rendu de la Tribune :

    Me K. : Quelle est votre rémunération et depuis quand êtes-vous dans l’entreprise ?
    PH : Depuis 1993 et je gagne 41000 euros bruts annuels, payés sur 13 mois.

    Vous écrivez aussi :

    « L’attention méticuleuse qu’il porte aux chiffres et sa foi dans la performance des systèmes incitent à penser que, peut-être, il a une mauvaise vue d’ensemble à regarder les choses de trop près. »

    SocGen, depuis le début, nous explique qu’elle n’a rien vu… Sans doute regardait-elle les choses de trop loin ?

    Commentaire par ramses — 15/06/2012 @ 17:33

  12. @Ramses : je n’ai pas mes notes sous les yeux, mais il a dit de mémoire : 40 000 sur 13 mois, soit environ 2000 par mois. Vous verrez que SDS du Figaro a retenu comme moi le chiffre mensuel. Je veux bien vous recopier ici tout ce que je prends en note, mais je vous promets que vous allez fatiguer.
    Ce n’est pas « sans doute », Socgen regardait clairement les choses de trop loin, voire ne les regardait pas du tout. Mais je sais aussi pour l’avoir observé dans les entreprises, que si la direction est aveugle à force de regarder les choses de trop haut, la base peut l’être aussi en les regardant de trop bas.
    Je n’y peux rien, je butte sur les incohérences du discours de JK. C’est peut-être juste parce qu’il s’explique mal, mais désolée, je ne suis pas voyante extra-lucide, donc je raconte seulement ce que je vois et ce que je comprends. Et je butte aussi sur la théorie de la manipulation lorsqu’elle se porte sur des éléments incontestables quand on connait un peu la réglementation. Par exemple, la défense créé le soupçon sur la nécessité de couper la pose, de le faire en trois jours, et de le faire de manière secrète. Or, s’il y a quelque chose de certain dans ce dossier, c’est qu’il fallait faire vite et discret. Pour des raisons de sécurité de la banque (les hedge funds évoqués par Lepetit) et des raisons réglementaires. Ils ne pouvaient pas garder une pose illégale dans son ampleur, ils ne pouvaient pas retarder indéfiniment le profit warning, et ils ne pouvaient pas laisser fuiter l’info sur le profit warning compte-tenu des exigences du RGAMF sur les informations privilégiées. D’après mes informations, Bouton aurait demandé 8 jours à Rameix (ex secrétaire général de l’amf) pour déboucler et annoncer la nouvelle au marché (pour faire une profit warning, il faut savoir ce qu’on perd exactement). Rameix n’en aurait accordé que 3. C’est cohérent avec les moeurs de l’amf qui déteste taire une information au marché. Et c’est encore plus cohérent si l’on songe qu’on ne la taisait pas seulement au marché mais à Bercy et à l’Elysée. Koubbi distille même le doute sur le fait que le gouverneur de la banque de france et l’amf aient bien été prévenus. En soi, il n’a pas tort, c’est son job de dynamiter les certitudes. Mais tirons le fil : donc la BdF, l’AMF, Bercy et l’Elysée seraient complices du mensonge de Socgen puisqu’ils n’ont pas démenti ? Allons donc, il ne manque plus qu’Obama dans le complot 😉

    Commentaire par laplumedaliocha — 15/06/2012 @ 17:56

  13. @laplume

    Je veux bien comprendre que la direction regarde de trop loin et koubé de trop près. MAIS le N+1 et N+2 regardent de trop loin ou de trop près ? et le N+3 et le +4 ? parce qu’entre le N qui est trop près et le N+25 qui est trop loin, fatalement, physiquement je dirais, il y a un moment ou la netteté est parfaite.

    En clair personne ne regarde vraiment bien, et les limites sont très floues, personne ne sait trop bien qui fait quoi mais ce que TOUT le monde sait en revanche, c’est que kerviel est coupable et coupable seul. WTK ?

    Pourquoi pas, après tout, mais ce qui me gène dans la démonstration c’est comment on passe de personne ne sait rien à tout le monde sait que kerviel est coupable. Bon je suis pas un crack en physique optique mais je crois pouvoir être sur que, quelque soit la focale, il y a un point entre 0 et l’infini ou c’est parfaitement net, toujours. Ou alors, il faut faire comme hamilton et enduire la lentille de vaseline (pas pour rentrer dans des endroits étroits, mais pour rendre flou volontairement à toutes les profondeurs), mais c’est pas kerviel qui pose la vaseline, lui il subit le traitement après la pose de la vaseline (qui n’est d’ailleurs pas forcement recommandée, sauf pour l’objectif photographique)

    Commentaire par herve_02 — 15/06/2012 @ 20:33

  14. Alliocha,
    J’ai du plaisir à vous lire…..votre sensibilité me touche la plupart du temps, mais sur l’histoire du complot …..généralisé ! il me semble que vous n’avez pas assez creusé !!

    Et pourquoi pas une manigance mondiale ?

    Le pouvoir financier, les grands de ce monde sont capables de se fairent des crocs en jambe entre eux (Et-Unis- Europe…et autre ex..croustillants….des guerres sous -couvert…), mais aussi de s’allier quand sont en jeu des sommes collos-sales, la perte d’image de leur vitrine, le discrédit, l’oseille-pouvoir, l’argent-sexe qui sent mauvais,  » l’argent -roi en Fait  » qui gouverne les 99 % dont fait maintenant parti Kerviel (il nous a rejoint;;;sans le vouloir sûrement), puisqu’il a été lâché par cette banque tellement clean qu’elle ne fait que s’offusquer !!!

    UNE SUPERCHERIE TELLEMENT HUMAINE DE L’EGO MONDIAL !

    Comme notre personalité égotique nous pouvons jouer à être royal quand en fait, on magouille sec pour parler franc !

    Allez ! Quand est-ce qu’on VOIT VRAIMENT que çà joue de  » partout » à la même chose ?

    D’Autres Rapports doivent advenir pour Nous -l’humain ! N’est-ce pas ?
    Sinon nous-plus -rien, zéro….la fin !
    SOYONS SOLIDAIRE !

    Voici un lien réjouissant, trouvé hier sur le Web au hasard ! ou non-hasard ! (les leçons sont parfois très bénéfiques ! je ne dis pas çà pour vous ! je ne vous connais pas assez !mais ça m’a fait tilt !)

    De drôles d’oiseux espagnols dansent et chantent en coeurs ! dans une banque ! c’est trop chouette ! bravo à eux ! : http://www.rue89.com/zapnet/2012/06/06/espagne-la-protestation-contre-les-banques-prend-des-allures-de-flamenco-232766

    Commentaire par Ali Hue — 15/06/2012 @ 20:57

  15. @Hervé_02 : vous avez mis le doigt dedans, comme dirait un de mes copains ancien trader avec qui j’en discutais cet après-midi. Il pense que tout est dans la définition de « voir » et c’est pas idiot, à mon avis.

    Personnellement, je pense qu’il s’agit d’un accident, ce qui suppose une conjonction malheureuse de plusieurs éléments qui n’auraient jamais dû entrer en collision :
    – un trader issu du middle office, fragile aux addictions, avide de reconnaissance,
    – dans un petit département jugé peu risqué, sur une activité modeste
    – chapeauté à partir de mars 2007 par un chef qui ne sait rien du trading mais à qui on a dit : repose toi sur JK, il va t’expliquer
    – en pleine crise des subprimes, ce qui a un double effet pervers : attirer l’attention de la banque ailleurs que sur Delta One, exciter le trader à la perspective d’un grand choc sur les marchés et donc de gains mirifiques,
    – un contrôle interne insuffisant, débordé, épuisé,
    – un trader gentil qui apporte des solutions rapides aux problèmes de contrôle….
    Vous mettez le tout dans un shaker, vous secouez, et vous avez l’affaire Kerviel.

    Maintenant, revenons à la question du « voir ». Mon copain me disait tout le problème de la défense est là : c’est la zone grise, on devait savoir un peu, mais pas vouloir voir. Il me faisait observer aussi une chose à laquelle je n’avais pas pensé : le dîner en ville. Comment se fait-il, dans ce tout petit monde, que personne n’ait dit à aucun des n+1 à n+7 qu’un trader de Socgen prenait des positions aberrantes. D’après lui, il y a 10 mecs sur la planète qui jouent des sommes pareilles. Je trouve qu’il soulève une bonne question. En l’état, les débats s’orientent sur : à l’extérieur on voyait puisque les artifices de JK ne jouaient pas, mais en interne, les fausses couvertures dissimulaient les vrais enjeux. En dehors de l’alerte Eurex, comment se fait-il que personne n’ait parlé de ça ? Bizarre.

    Maintenant, l’hypothèse de l’incompétence professionnelle, vu tout ce que j’observe au quotidien, j’y crois. Quant à l’absurdité des systèmes de contrôle, j’y crois aussi. S’il y a un biais, une subjectivité dans le regard que je porte sur l’affaire, il se situe précisément là.

    Commentaire par laplumedaliocha — 15/06/2012 @ 21:01

  16. @laplume

    ouais….

    le ligne de défense, 3 km en arrière du front : on est des mauvais et on n’a pas vu venir. il était trop bon pour nous, dans un coin de la pièce qu’on a pas vraiment regardé, et comme il était un petit, on a pas verrouillé le clavier autour de lui, il a pu jouer 50 000 000 000 koubé parle de 110 000 000 000 (et personne dit rien) sans qu’on s’en rende compte, ma brave lucette.Hé heureusement qu’il a pas joué 500 000 000 000 milliards.

    Moi j’y crois pas une seule seconde, juste parce qu’il avait déjà fait le coup en 2005(?) et qu’il s’était fait prendre. C’est évident que les gens savaient. Et « cacher les gain » ca fait partie du « jeu », je pense même que ca doit être un « matelas », une cagnote pour lisser les gains et pertes.

    Mais bon… c’est kerviel le grand méchant…. hein ?

    Commentaire par herve_02 — 15/06/2012 @ 21:28

  17. @Herve_02 : il s’était fait prendre par Alain Declerck, un trader expériementé qui est parti en janvier 2007 et a été remplacé en mars 2007. Curieusement, c’est à ce moment précis que JK commence à construire sa première pose de 30 milliards.
    Quant à 110 milliards, c’est moi qui le dis, pas Koubé à ma connaissance, mais justement, mon pote trader me corrige, n’empêche : deux fois 30 milliards en 2007 et 50 milliards en 2008, ça fait 110. Et puisque décidément vous tenez plus à défendre votre idée qu’à discuter, voilà de quoi vous occuper : http://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/industrie-financiere/20120615trib000704133/kerviel-coupable-forcement-coupable.html
    c’est dingue le nombre de documents qui tombent des camions en ce moment 😉

    Commentaire par laplumedaliocha — 15/06/2012 @ 21:40

  18. @Herve_02 : donc pour les amateurs du complot, socgen, sous-capitalisée et embourbée dans les subprimes, repère JK en mars 2007, le pousse/fait semblant de ne pas voir/le laisse investir 30 milliards et se frotte les mains. Non seulement en janvier 2008 elle lui fera porter le chapeau de subprimes, mais hop! elle profitera du bordel pour lui attribuer la responsabilité d’une augmentation de capital qui était de toute façon inéluctable. Je ne sais pas qui a conçu ce truc, mais il faut l’envoyer d’urgence à Hollywood, il parait qu’on manque de scénaristes de talent.

    Plus sérieusement, à supposer même qu’on lui ait collé plus de pertes qu’il n’en avait provoqué et qu’on ai profité de l’affaire pour ne pas tout perdre en termes de fiscalité et de réputation, la réalité reste obtuse (c’est sa principale caractéristique) : un trader de socgen a engagé des milliards et a dissimulé ses positions. On peut retourner le truc dans tous les sens, ce fait là demeure incontestable, et incontesté, même par l’intéressé.

    Attention de ne pas confondre la défense judiciaire qui se situe sur le terrain très précis de l’imputabilité d’une infraction à un individu, ce qui est un tout petit aspect du sujet, et la réalité de la situation. Le droit pénal est dit d’interprétation stricte, en clair, on ne peut pas lui faire dire ce qu’il ne dit pas pour des raisons évidentes de libertés publiques. C’est ainsi par exemple qu’à une époque, un petit malin déjeunait au restaurant sans payer. Et quand on lui mettait la main au collet, il répondait : je me suis assis, on m’a proposé de la nourriture, j’ai accepté, j’ignorais que c’était payant. On aurait pu le traiter de voleur, hélas, le vol c’est la soustraction frauduleuse de la chose d’autrui. Or notre homme n’avait rien soustrait frauduleusement, il avait accepté qu’on lui serve à manger. On a du créer le délit de grivèlerie. Le travail du pénaliste consiste à démontrer qu’un ou plusieurs des trois éléments d’une infraction n’est pas rempli (l’existence d’un texte réprimant un comportement, le comportement, et l’intention criminelle).

    Commentaire par laplumedaliocha — 15/06/2012 @ 21:54

  19. non je cherche pas à défendre l’un ou l’autre mais j’ai un peu de mal avec les lignes de défenses qui reculent au fur et à mesure. La vérité est une et entière.

    Lorsque le discours de la défense change, lorsqu’elle lâche du lest au fur et à mesure, j’ai un peu de mal à croire que le dernier laché de lest est le dernier « promis juré là c’est vrais, c’est la vérité ».

    Et je SAIS que la justice n’est pas la vérité mais le plus vraisemblable entre deux discours et sais que les moyens de la genérale sont de plusieurs ordres de grandeur au dessus de kerviel, donc qu’il y a un biais :
    – un biais de moyen
    – un biais de « moralité » (c’est la générale tout de même)
    – un biais de « relationnel » : il est plus simple pour la générale de faire dire un truc « pas faux mais pas vrai » pour que kerviel plonge (puisqu’il doit prouver son innocence : j’ai rien fait en dehors de ce qu’on me laissait faire/demandait.)
    – un biais de « realpolitik » : il vaut mieux laisser crever un mec seul que d’ébranler XXXX mille emplois et tout ce que ça implique.

    C’est la même chose que pour le politique : la position « au dessus de la masse » implique d’être encore plus irréprochable….

    je viens de lire votre lien …. c’est le biais « relationnel et realpolitik »

    Et si bercy accorde un rabais de 1,7 millairds pourquoi la « peine » kerviel c’est pas 5.5 (« sa » perte, enfin le débouclage car sa erte lattente était de 4,5 millairds) – 1.4 (ses gaines cachés) – 1.7(le rabais bercy) soit 2.4 milliards ???

    juste au passage, le rabais « Lagarde » (tiens elle avait déjà fait avec tapie ce truc) c’est avec vos impôts (et les miens)

    Commentaire par herve_02 — 15/06/2012 @ 22:08

  20. @Herve_02 : j’ai lu je ne sais plus où une analyse juridique très savante disant en substance que le juge pénal n’est pas le juge fiscal. Il ne doit donc considérer que le préjudice et non pas son traitement fiscal pour une question très bête de compétence. Donc, même si la banque n’avait pas droit à cette déduction, (et à mon avis pas le droit non plus d’imputer la perte survenue en 2008 sur l’exercice 2007, ce qui est à la base de tout le reste) je crains que cela ne change pas grand chose pour JK. Cela sert juste à corriger l’image d’une victime un peu trop belle. David Koubbi devrait se souvenir que même une prostituée a le droit de porter plainte pour viol 😉 en clair que Socgen ne soit pas blanc-bleu, tout le monde s’en doute, mais ça ne change rien au fait qu’un trader….je vous épargne la suite, vous la connaissez !
    Ah ! j’ai retrouvé mon analyse savante : http://www.leclubdesjuristes.com/nos-actualites/le-club-dans-les-echos/affaire-kerviel
    A tempérer par le fait que le cercle des juristes n’est pas précisément composé de mélenchonistes…

    Commentaire par laplumedaliocha — 15/06/2012 @ 22:19

  21. oui sauf que ….. le juge devrait tenir compte des biais et y faire très attention.

    Oui la pute peut porter plainte pour viol, mais la justice ne traite pas la plainte de la même manière si c’est contre un sdf ou contre le ministre de l’intérieur. Ils en pensent quoi les analyses juridiques très savantes ?

    Commentaire par herve_02 — 15/06/2012 @ 22:29

  22. @Herve_02 : elles en pensent que le droit est censé protéger le faible contre le fort. La question à ce stade est de savoir si la gentille banque a été violée par le vilain trader ou si la méchante banque a manipulé le gentil trader ? Pour défendre le faible, encore faut-il savoir où il se trouve 😉 c’est tout le problème en l’espèce…

    Commentaire par laplumedaliocha — 15/06/2012 @ 22:31

  23. @laplume

    pour répondre aux jusristes, il suffit que les versements-remboursements de kerviel soit imposables aux taux du « rabais Lagarde » et c’est juste.

    Commentaire par herve_02 — 15/06/2012 @ 22:33

  24. @laplume…

    donc la justice se jette sur le maichant ministre contre la pauvre pute… oh wait…. contre la grosse maichante pute contre le gentil petit ministre ?

    il y a vraiment qqchose de pourri au royaume …

    Commentaire par herve_02 — 15/06/2012 @ 22:35

  25. @laplume

    le faible contre le fort …..

    Données financières soc gen en millions d’euros
    Années 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
    Produit net bancaire 14 573 15 637 16 390 19 170 22 417 21 923 21 866 21 730
    Résultat brut d’exploitation 4 000 5 069 5 328 7 014 8 714 7 618 6 338 5 964
    Résultat net part groupe 1 397 2 492 3 281 4 446 5 221 947 2 010 678

    kerviel : salaire 50 000 euros + prime 300 000 euros… c’est lui le fort…. y a pas… oh wait… la générale les chiffres sont en millions

    Commentaire par herve_02 — 15/06/2012 @ 22:39

  26. Bonsoir Aliocha,
    Premier post’ ici (après nos échanges eolas’iens 😉 ) juste pour dire que j’ai pu passer 10 minutes à l’audience hier jeudi, et j’ai vu un bout de l’audition de l’expert (le seul qui aurait remarqué que tout s’explique grâce au système NICE…)
    Tout est peut être vrai mais j’avoue que j’ai trouvé assez étonnant que la Présidente se satisfasse d’une réponse du type « oui c’est sur et infalsifiable comme système » ( ou réponse dans le genre) à la question de savoir si on pouvait manipuler ce système…
    Un peu comme si on disait, avant un accident : non il ne peut pas y avoir d’accident (et après coup on dit … Ah bah si donc on va voir comment on peut améliorer)
    À mon avis, si tout est basé la dessus, faut surtout pas ne croire qu’à ce type de système et donc de preuves…
    Enfin en même temps, je dis ça je dis rien …

    Commentaire par Villiv — 15/06/2012 @ 23:19

  27. @hervé_02

    Entièrement d’accord avec vous, vous m’avez beaucoup amusé avec votre histoire de vaseline !

    Je pense que la solution pour SocGen est de s’équiper de verres progressifs.

    @Aliocha

    Je ne partage pas l’avis du Club des juristes sur la non-imputation aux « dommages subis » des 1,7 Md€ restitués par le fisc, car ils ne peuvent l’être qu’en cas de responsabilité exclusive de Kerviel. Si la co-responsabilité est reconnue, SocGen devra rendre cet argent au fisc.

    En ce qui concerne cette co-responsabilité, elle me semble d’ores et déjà établie, si l’on s’en tient aux recommandations de l’AMF, que j’ai déjà relevées 2 fois, mais j’en remets une 3ème couche :

    « Seuls des agissements conscients et volontaires peuvent faire l’objet de poursuites.
    Pourtant, tout n’est pas forcément si simple. En droit français, la preuve pénale est
    constituée de tout élément de nature à fonder la conviction du juge.
    Pour apprécier si, oui ou non, l’intermédiaire a agi en connaissance de cause, le juge n’a
    d’autre ressource que d’examiner des éléments extérieurs à l’opération et pouvant traduire
    une adhésion au processus frauduleux : témoignages, rémunérations anormalement
    élevées… et bien sûr, tout manquement aux obligations légales et réglementaires, toutes
    défaillances dans le respect des procédures de vigilance et de contrôle, ou toute lacune
    grave dans le dispositif de prévention.
    De plus, un professionnel agréé est supposé s’en acquitter avec rigueur.
    Si tel n’est pas le cas, ses défaillances sont susceptibles d’être analysées comme une prise
    de risque délibérée. »

    Ce document date de 2001, 7 ans avant les faits… Pourtant, on dirait qu’il a été rédigé après l’affaire, tant il « colle » aux défaillances de SocGen !

    La CB a condamné SocGen a payer une amende de 4M€ pour défaut de contrôle.

    Le témoignage de Philippe Houdé démontre que la Banque « ne pouvait pas ne pas savoir »…

    Pour moi, la Messe est dite… SocGen est co-responsable et perd son statut de « victime ». Kerviel sera donc acquitté.

    Par contre, si comme le laisse entendre le dernier article de La Tribune, SocGen a travesti la réalité avec l’appui de Bercy, elle risque d’en payer le prix fort… N’oublions pas que sur un plan purement politique, les choses ont changé depuis le 6 mai… Ceci explique sûrement le fait que les langues se délient !

    Commentaire par ramses — 16/06/2012 @ 00:05

  28. Sur la sanction de la CB, j’ai trouvé cet article intéressant :

    http://olivierfluke.canalblog.com/archives/2008/07/04/9816213.html

    Sur la contrepartie de la perte de 6,5 Md€ :

    http://olivierfluke.canalblog.com/archives/2008/07/09/index.html

    Et aussi sur le livre d’Olivia Dufour :

    http://olivierfluke.canalblog.com/archives/2012/06/01/24393895.html

    En fait, tout ce blog est consacré à l’affaire Kerviel depuis 2008…

    Petite piqûre de rappel avant le début du procès en appel de Jérôme Kerviel :

    http://olivierfluke.canalblog.com/archives/2012/06/01/24393374.html

    Bonne lecture !

    Commentaire par ramses — 16/06/2012 @ 01:24

  29. @ Bonjour Aliocha,

    « et à mon avis pas le droit non plus d’imputer la perte survenue en 2008 sur l’exercice 2007, ce qui est à la base de tout le reste »

    Dans une pure analyse juridique stricte c’est parfaitement exacte : en vertu des principes fondamentaux de la comptabilité d’engagement et du rattachement des créances et des dettes il y a alignement de la fiscalité sur le comptable.

    En effet, le principe de l’indépendance des exercices comptables impose de rattacher à chaque exercice tout ce qui lui revient et rien d’autre.

    Sauf qu’en droit, et je ne vous apprendrai rien, il y a des principes mais aussi des exceptions !

    C’est d’ailleurs une discussion que nous avions eu en 2010 à propos de l’article 123-14 du Code de commerce qui précise en son alinéa 2 que : « lorsque l’application d’une prescription comptable ne suffit pas pour donner l’image fidèle mentionnée au présent article, des informations complémentaires doivent être fournies dans l’annexe. »

    Ce même texte, dans son alinéa 3, ajoute alors que « si, dans un cas exceptionnel, l’application d’une prescription comptable se révèle impropre à donner une image fidèle du patrimoine, de la situation financière ou du résultat, il doit y être dérogé.
    Cette dérogation est mentionnée à l’annexe et dûment motivée, avec l’indication de son influence sur le patrimoine, la situation financière et le résultat de l’entreprise ».

    Ainsi, dans le document de référence 2008 présenté à l’AMF le choix du traitement comptable a été justifié de la manière suivante :

    « Pour l’information de ses actionnaires et du public, Société Générale a cependant estimé que cette présentation se révélait impropre à donner une image fidèle de sa situation financière au 31 décembre 2007 et a considéré qu’il était plus approprié de constater dans le résultat exceptionnel de l’exercice 2007 l’intégralité des conséquences financières des opérations conclues dans le cadre de ces activités non autorisées. À cet effet, et conformément aux dispositions de l’article L. 123-14 du Code de commerce, Société Générale a décidé de déroger aux dispositions du règlement n° 2000-06 du Comité de la réglementation comptable relatif aux passifs, en comptabilisant en charge exceptionnelle dans le résultat de l’exercice 2007 une provision pour le coût total d’arrêt des activités non autorisées ».

    Autrement dit, à affaire exceptionnelle, dans un contexte de crise exceptionnelle, un traitement comptable exceptionnel.

    Mais, la SocGen avait-elle le droit de recourir à ce traitement comptable exceptionnel ?

    Oui car il convient de rappeler les objectifs de l’information financière : « L’information financière n’est pas une fin en soi, elle a pour but de fournir une information qui facilite la prise des décisions économiques et financières » (travaux du FASB 1978).

    Il eut été, en effet, difficilement compréhensible de voir une présentation des comptes enregistrant, au titre de ces opérations, un profit de 1,5 Mds € sur l’exercice 2007 et une perte de 6,4 Mds € sur l’exercice 2008.

    S’agissant de la déduction fiscale des DI elle pose effectivement le problème du traitement de l’acte anormal de gestion qui est un concept de droit fiscal.

    La question est donc de savoir si une mauvaise gestion peut être constitutive d’un acte anormal de gestion réduisant la marge de manœuvre fiscale de l’entreprise ?

    L’étude d’Ethique et Finance n’est pas surprenante elle est même discutable sur le terrain du droit fiscal s’agissant de la carence manifeste du contrôle interne relevée par la Commission Bancaire.

    En effet, à la différence de la théorie de l’abus de droit qui trouve sa source dans la loi, la théorie de l’acte anormal de gestion est une pure construction prétorienne forgée par la jurisprudence au fil du temps (V. Les Grands arrêts de jurisprudence fiscale – O. Fouquet – Ed. Dalloz)

    On sait que la référence en la matière c’est la célèbre décision dite Alcatel du 05/10/2007 qui penche plutôt en faveur de la SocGen.

    En effet, dans cette jurisprudence du Conseil d’Etat, le juge fiscal a conclu que bien que les détournements aient été rendus possibles par les conditions de réorganisation du département au sein duquel travaillaient les salariés, malgré l’opacité de fonctionnement du département, malgré les défaillances du contrôle interne, ces circonstances ne révélaient pas un comportement délibéré ou une carence manifeste des dirigeants dans l’organisation dudit département.

    Autrement dit, la déductibilité n’est admise que lorsque les détournements se font à l’insu de l’entreprise, ce qui vise les situations dans lesquelles les dirigeants n’ont pas eu effectivement connaissance des détournements commis ou n’y ont pas concouru, par leur comportement délibéré ou par leur carence manifeste dans l’organisation de l’entreprise.

    A la lecture de la note EFI d’Olivier Fouquet, éminent Président et membre de section au Conseil d’Etat, force est de constater que l’enjeu fiscal peut parfois être écarté au profit de (l’intérêt supérieur ?) de la puissance économique d’un grand groupe bancaire mondial : http://www.etudes-fiscales-internationales.com/media/02/02/393451024.pdf

    Où l’on voit que les voies du droit fiscal ne sont pas nécessairement impénétrables.

    A cet égard, dans le cas d’espèce, n’oublions pas qu’il s’agit d’un contentieux d’octobre 2007 qui met fin à un redressement datant des années 1990 à 1993 !

    Commentaire par Le Chevalier Bayard — 16/06/2012 @ 12:29

  30. @Ramses : en fait, il y a deux manières d’aborder ce dossier. La première, c’est le coupage de poil de c… technique en petits morceaux. C’est la technique JK, Fluke, Cori de Libé, et même Houbé. Une simple faute d’orthographe dans le jugement finit par être observée à la loupe et soupçonnée de traduire au choix une incompréhension de la part des juges, ou une participation active au complot contre JK. La deuxième, pratiquée par une grande partie des journalistes et à laquelle je me rallie, c’est celle de l’observation des débats et d’une sorte de contrôle de cohérence des déclarations au regard des pièces, du contexte, des autres déclarations, des données psychologiques de base, des moeurs de la finance, des réactions des politiques et des régulateurs etc…La première est à tendance complotiste, la deuxième se contente d’observer et d’essayer de comprendre. Si j’ai choisi la seconde, finalement, c’est que la première donne lieu à des interprétations le plus souvent absurdes, traduisant, sur les sujets que je connais, des erreurs d’analyse majeures. Mais bon, bien malin qui pourrait prétendre à ce stade détenir la vérité. Pas moi en tout cas. Contrairement aux complotistes, j’ai le sentiment de vivre dans un monde plus bête et imparfait que peuplé de pervers passant leur temps dans des réunions occultes à décider de l’organisation du monde…

    @Le Chevalier Bayard : fichtre, là il va falloir me laisser le temps d’infuser 😉 En tout cas merci pour cet éclairage technique !

    Commentaire par laplumedaliocha — 16/06/2012 @ 13:54

  31. @laplume …

    autant je peux vous suivre sur la presque totalité de votre raisonnement, mais là : « , j’ai le sentiment de vivre dans un monde plus bête et imparfait que peuplé de pervers …… »

    Moi j’ai tout de même l’impression que nous ne vivons pas dans un monde « bête », trouver un moyen de gagner de l’argent dans la différence entre le cours d’un futur et son sous-jacent témoigne d’une capacité intellectuelle et technique poussée qui va à l’encontre même de votre vision des choses. Ensuite pas besoin de pervers et de réunions occultes pour financer un parti politique, vendre des sous marin à l’étranger et gagner un peu de fraiche, faire passer de l’argent de débit à crédit dans les comptes, gagner ou perdre des milliards sur le marché, jouer contre l’euro et/ou les pays à coup de CDS….

    J’aurais presque l’impression que vous avez une vision angélique de notre monde. Mais pour une blonde …. (référence à la marquise des anges, angélique, blonde, toussa)

    Commentaire par herve_02 — 16/06/2012 @ 14:14

  32. @Herve_02 : tssss, ce n’est pas le monde d’Angélique, c’est celui d’Audiard et de sa liste presque infinie de géniales boutades contre les cons 😉 Il se trouve que dans le boulot, je suis assez psychorigide et donc souvent frappée par la désinvolture professionnelle de mes contemporains. J’ai aussi la conviction profonde que l’accession à des postes à responsabilité est, dans le meilleur des cas, indépendante de la compétence mais le plus souvent inversement proportionnelle. Alors vous comprendrez que ce n’est pas la marquise des anges qui pense que le trader est certes séduisant, mais terriblement voyou, c’est la Lino Ventura en jupon qui croit dur comme fer à la faillite des systèmes de contrôle et à l’aveuglement de la hiérarchie. Jusqu’à preuve du contraire…. 😉

    Commentaire par laplumedaliocha — 16/06/2012 @ 14:22

  33. sinon ce serait vraiment trop gros ? c’est ca ?

    Vous voulez dire qu’on a mis mario monti en italie, luis de guindos en espagne, lucas papademos en grèce, juste par hasard, à cause de la faillite de la banque ils étaient libres c’est ca ? Ou alors ils ont menti sur leur cv, ou alors ils participaient tous aux partie fine de l’ancien président du fmi ?

    Comme dirait l’autre : « 3 barbus, c’est des barbouzes »

    Commentaire par herve_02 — 16/06/2012 @ 14:46

  34. @herve_02 : oui, c’est précisément ce que je décris, un monde de copains, à l’opposé d’un monde de compétences. Vous pensez qu’ils gagnent, je crois que nous perdons. En réalité nous sommes d’accord vous et moi. Ceux-là se mettent au chaud tandis que le système court à la faillite…

    Commentaire par laplumedaliocha — 16/06/2012 @ 15:20

  35. @laplume

    Comment faire la différence entre la logique du système qui veut que tout le monde cherche à gagner et le « complot » où, d’un coup de fil à un copain, on influence la totalité du système « d’en haut » et qu’on en vicie les bases même : des acteurs qui tirent chacun de leur coté pour faire une sorte d’équilibre cosmique, en en faisant « un groupe d’acteurs qui tirent tous ensemble du même coté pour optimiser chacun leur gains et qui peuvent le faire car ils sont « copains » et ont les même intérêts.

    Je ne suis pas persuadé qu’il faille une cave sombre, une bougie, et des pervers pour faire un complot, pour ma part : le fouquets, des technocrates, et des lustres cristal ça marche aussi.

    Commentaire par herve_02 — 16/06/2012 @ 15:31

  36. @Herve_02 : tenez, hier, j’ai tenté d’acheter un portable, je vous renvoie au dernier billet, c’était Waterloo. Aujourd’hui, je découvre que mon livre est en rupture de stock à la FNAC Ternes et au Virgin Champs Elysées depuis deux semaines. On est en pleine vague d’intérêt et mon éditeur ne voit pas visiblement l’intérêt de livrer les grandes enseignes. Il y a une demie-heure, j’ai tenté d’acheter un smartphone sur le site de de mon opérateur, ça ne marche pas non plus. Et vous me dites que vous ne croyez pas à l’incompétence ? Mais mon cher, moi j’ai au minimum un exemple par jour d’incompétence, et c’est vraiment dans les périodes où ça va bien. Donc je crois à l’équation : systèmes complexes + bêtise crasse + surmenage + incompétence + j’men foutisme = Affaire Kerviel.

    Commentaire par laplumedaliocha — 16/06/2012 @ 17:14

  37. admettons, mais dans l’équation kerviel, il n’y a rien de répréhensible civilement ou pénalement, alors pourquoi il a été condamné ?

    attendez, ouiiii parce que kerviel est un maichant qu’il a fait un truc répréhensible, mais de l’autre coté de la balance il y a juste incompétence et donc que c’est de sa seule faute, j’avais oublié…..

    sauf que …. lisez chomsky et milgram, vous verrez, à aucun moment ils ne parlent de système qui part à vau-l’eau, mais de force « coordonnées ».

    Alors, oui à la marge il y a plein d’incompétences, mais ce sont des épiphénomènes, ca n’explique pas que aucun journal national n’a enquêté sérieusement sur clearstream ou karachy par exemple. AUCUN journal, c’est impossible dans un monde d’incompétence que tout le monde décide de ne parler que de la neige en hiver.
    C’est impossible que dans un monde d’incompétence toutes les forces économiques tendent à mettre en place un monde ultra-libéral aux mains de quelques-un en piétinant la démocratie s’il le faut. Il faut un « plan » à long terme, avec des paliers, et des gens qui s’entendent pour ne pas se déchirer et des politiques qui laissent faire sciemment.

    mais bon, je suis un complotiste paranoïaque malade alors….

    Commentaire par herve_02 — 16/06/2012 @ 17:36

  38. @Herve_02 : je ne vous ai jamais traité de complotiste paranoïaque malade, je pense juste que vous surestimez l’élément diabolique et que vous sousestimez le facteur connerie. Mais ce sont deux visions du monde, la vôtre et la mienne, qui se défendent…Ce que je vois personnellement, puisque je suis amenée professionnellement à cotoyer « l’élite », c’est qu’il y a clairement des petits arrangements entre amis, beaucoup de malhonnêteté, énormément de médiocrité, et que cette somme de travers humains, dont les effets sont démutipliés par l’exercice du pouvoir peut donner l’image d’un plan concerté. A tort à mon avis. C’est juste la somme des égoismes individuels.

    Commentaire par laplumedaliocha — 16/06/2012 @ 17:42

  39. @laplume

    oui probablement, bien que je crois que l’élément « diabolique » soit bien au dessus des gens que vous fréquentez. lorsque je parle des élites, disons que je pense à un groupe de 2000 personnes dans le monde, le top 2000.

    Ensuite effectivement ca fait comme une fourmillière : chaque fourmis (avec un tout petit cerveau) fait une seule chose et c’est le fait que toutes font ce qu’on attend d’elles qui crée la « société ». Là ca fait un peu pareil, en moins « organisé », sauf pour un petit groupe de politiques (fmi, bce, ocde, ….) qui eux ont un plan qu’ils mettent en place : libéralisme et dérégulation avec des acteurs énormes qui écrasent les petits et les populations. par exemple les multinationales et les dictateurs, une love story….

    Commentaire par herve_02 — 16/06/2012 @ 21:22

  40. en fait, j’aurais même l’idée diffuse que chacun essaye de maximiser son profit, or comme on ne peut pas croître à l’infini, maintenant que nous sommes sur un « plateau », il faut faire sauter les règles qui les limitent pour protéger la société civile et le « groupe des puissants d’entre les puissants » veulent dynamiter la société civile, non pour des raisons politiques, mais juste pour continuer à gagner plus encore, comme le trader qui double ses mises pour gagner plus que l’année d’avant.

    Et c’est cette volonté de dynamiter le corpus de protection de la société civile pour des intérêts économiques qui serait le « complot » : la fin des états qui protègent les plus faibles mais qui favorisent les groupes industriels, qui, par ruissellement blablabla les mensonges habituels….

    Commentaire par herve_02 — 16/06/2012 @ 21:30

  41. @Aliocha

    J’ai découvert hier soir par hasard, en faisant des recherches sur Google, le blog d’Olivier Fluke.

    Effectivement, il s’agit d’analyses très techniques sur « l’affaire Kerviel-SocGen », mais elles m’apparaissent objectives et en tous les cas non complotistes. C’est pourquoi je me suis permis de les citer ici en quelques liens.

    Vous avez raison, on peut aborder cette affaire sous plusieurs angles, mais la « matière » de ce procès est avant tout technique et les actes des uns et des autres doivent être jugés avant tout sur ces aspects techniques.

    Ces aspects techniques doivent conduire la Justice à une simple conclusion :

    « JK a t-il agi entièrement seul, à l’insu de toute sa hiérarchie et de tous les systèmes de contrôle ? »

    Si la réponse est oui, il doit être condamné. Si la réponse est non, il doit être relaxé…

    C’est aussi binaire que cela.

    Personnellement, après avoir énormément lu sur le sujet (j’y passe actuellement plus de 6 heures par jour), je suis convaincu par un certain nombre d’éléments du dossier et de plusieurs témoignages, que les positions de JK étaient connues de ses supérieurs directs et qu’ils n’ont réagi qu’in-extremis, alors que le retournement du Marché était devenu inéluctable.

    L’avenir dira si la Présidente partage ce sentiment. Elle semble en tous cas décidée à ne rien laisser dans l’ombre et je suis persuadé que son Jugement sera solidement argumenté.

    Commentaire par ramses — 16/06/2012 @ 21:33

  42. @Ramses : au fond je crois que l’affaire est claire depuis le départ, il a caché, ils n’ont rien vu. Sinon, à quoi bon dissimuler ce que tout le monde sait ? Admettons que ses chefs lui aient dit : vas-y coco, mais te fais pas choper par les systèmes de contrôle ! Dans ce cas, la dissimulation s’explique à la rigueur sur les poses et les pertes, pas sur les gains. Si on l’encourageait à gagner de l’argent du moment que personne ne voit que pour cela il doit franchir les limites, alors quand il gagne, il faut empocher et faire sauter les bouchons, non ? Pourquoi dissimuler le gain ? Et en plus à des gens qui savent et qui justement le poussent ? Ah, dit-il mais parce qu’il avait trop gagné. Mais encore ? Parce que ça montrait qu’il avait trop investi….mais alors, c’est qu’à la limite on savait qu’il flirtait avec les règles, que ça rapportait, mais on ne savait pas qu’il était allé jusqu’à 30 milliards…logique. Et si on l’a manipulé, c’était donc pour perdre 6,3 milliards et faire passer la pilule des 2,2 milliards sur les subprimes ? Absurde. Pas la peine de se bidouiller les neurones jusqu’à l’épuisement sur les détails techniques, psychologiquement, ses explications ne tiennent pas la route. Le facteur perturbant dans ce dossier, c’est la sincérité avec laquelle il pense vraiment qu’il n’a rient fait de mal en tout cas pas au point d’aller en taule, parce que hein, bon, tout le monde dans la banque est vérolé. Entre nous, je crois qu’il fantasme un peu et qu’il embarque dans ses fantasmes tous ceux qui depuis 2008 ont une dent contre la finance.

    La seule marge de manoeuvre à mon avis, c’est sur le niveau de responsabilité de la banque dans la survenance de son préjudice, en tout cas d’un point de vue judiciaire. Ensuite, hors justice pénale, on peut en effet considérer qu’il n’est qu’une victime d’un système dingue, mais c’est un autre problème. La justice pénale doit s’occuper de savoir s’il a franchi les limites ou pas, s’il a fait des faux ou pas, s’il a introduit de fausses données dans les systèmes de la banque. La réponse aux deux dernières questions, SA réponse, est oui. Avec une petite réserve juridique sur le point de savoir si un faux qui ne crée pas de droits (il a fait des faux mails a posteriori pour dissimuler une opération réalisée) peut être réprimé ou non. Sur le premier point, la question de de savoir s’il avait un mandat clair et précis. Or, on s’aperçoit que tout ceci était peut-être un peu flou et pas très bien respecté. Il a une ouverture de quelques millimètres pour s’en sortir sur ce point.

    Commentaire par laplumedaliocha — 17/06/2012 @ 10:33

  43. Bonjour Aliocha,

    Comme vous je crois que la « vérité » est souvent plus prosaïque !

    Les DI à la limite on s’en fout ! Mais trois ans fermes c’est pas rien ! Je ne sais pas si « Acquitator » (Dupont-Moretti) ou Metzner auraient fait mieux en appel mais c’est dommage, à mon sens, que Jérôme Kerviel se soit privé de l’expérience reconnus de ces pénalistes.

    Commentaire par Le Chevalier Bayard — 17/06/2012 @ 11:33

  44. @Le Chevalier Bayard : pour certains chroniqueurs judiciaires aguerris, ce n’est plus 3 ans qu’il risque mais 5 ans au vu de l’orientation que prend le procès (l’observation date d’avant le témoignage d’Houbé, on n’en a pas reparlé depuis). Ce n’est pas une certitude, vu qu’il ne me l’a pas dit lui-même, mais mon analyse c’est qu’il a refusé depuis le départ de faire profil bas et de s’en tenir à : j’ai déconné, je me suis laissé embarquer. Trop orgueilleux, trop blessé, trop en colère, trop coincé dans son monde. Il a toujours soutenu qu’on ne pouvait pas ne pas savoir, toujours voulu en fait embarquer la banque dans sa chute car il est persuadé qu’elle est responsable de celle-ci. L’argument est pertinent face à l’opinion publique, mais beaucoup moins en termes de stratégie judiciaire. Il ignore que le juge pénal n’est pas là pour juger un système. Il fait fi de l’expérience qui a façonné la psychologie du juge face aux dénégations du prévenu sur l’étendue de sa faute. Il ne se rend pas compte que, contrairement au peuple, le juge n’a aucune tendresse a priori pour le fauteur de trouble, que JK n’est pas David terrassant Goliath à ses yeux, mais un salarié dont il convient de déterminer s’il a ou non abusé de la confiance de son employeur…

    Commentaire par laplumedaliocha — 17/06/2012 @ 14:29

  45. @Le Chevalier Bayard : de fait, je ne serais pas surprise que Metzner ait refusé de le suivre dans la stratégie encore plus offensive qu’il a visiblement décidé de mener en appel et que ce soit la raison de la séparation. L’avocat a dû considérer à la lecture du jugement qu’il n’était plus question de continuer à attaquer la victime. JK a dû penser de son côté qu’il était au contraire impératif d’aller au bout du combat. Nous verrons bien à l’issue de l’appel qui avait raison…Sur Dupont-Moretti, il l’a plaqué en février 2009. Aurait-il pu le tirer de là, ça restera un mystère…Personnellement, je regrette de n’avoir pas vu cette brute (ce n’est pas péjoratif) empoigner Socgen, il en serait peut-être sorti quelque chose 😉

    Commentaire par laplumedaliocha — 17/06/2012 @ 14:40

  46. @laplume

    Ce qui restera, ce sera le martyr kerviel contre la générale qui écrase les siens.
    Ce qui « confirme » ce qui se passe à la générale en ce moment en interne.

    Dans le même cas de figure chez JP Morgan, on n’a pas la même réponse… ce sont des choix.

    La générale restera écorchée pour des décennies, ca lui coutera bien plus en terme d’image que les 1.7 milliards de kdo de christine. Elle est dans le regard du peuple la justice et là, elle a perdu.

    Soit ce sont des enfoirés de première, soit des bon à rien pour avoir laisser engager 50 milliards, ou peut être même les deux.

    Et bouton le responsable pas coupable :

    Retraites
    Le 29 avril 2009, à l’âge de 59 ans, il annonce qu’il quitte la présidence de la Société générale. Il ne touche pas d’indemnités de départ. À partir d’avril 2010, date de son soixantième anniversaire, il pourra percevoir sa retraite annuelle, qui est de 730 000 euros, soit environ 2 000 euros par jour (régime surcomplémentaire de retraite des cadres de direction de la Société générale). Comme son contrat de travail le prévoit, il a acquis des droits à pension représentant 58,2 % de sa rémunération 2007 (1,25 million d’euros), exerçables « lorsqu’il fera valoir ses droits à retraite de la Sécurité sociale »[28]. Le montant de la retraite qu’il devrait percevoir en tant qu’ancien agent public de l’État est encore inconnu.

    Mandats sociaux
    * Président d’honneur de la Société générale
    * Administrateur de Véolia Environnement
    * Administrateur de Total SA

    Commentaire par herve_02 — 17/06/2012 @ 14:55

  47. @Herve_02 : je trouve aussi paradoxal qu’intéressant le fait que vous voyiez dans un trader la figure d’un martyre…

    Commentaire par laplumedaliocha — 17/06/2012 @ 15:41

  48. @ Aliocha,

    C’est vrai que « l’avocat des patrons » face à « l’avocat des voyous » ça aurait eu de la gueule !

    Pour un portrait de Me Veil : http://www.lenouveleconomiste.fr/les-portraits/pdf/Jean-Veil.pdf

    Commentaire par Le Chevalier Bayard — 17/06/2012 @ 15:49

  49. @laplume

    je crois que l’on ne se comprends pas, in fine. Mais c’est un peu normal puisqu’on ne se connaît pas et le net est un bien piètre moyen pour connaître l’autre.

    Il y a une sorte d’échelle de valeur dans la société et chaque échelon regarde celui d’au dessus comme étant supérieur. Maintenant je regarde plutôt la société comme un ensemble d’escalier et ce n’est pas se hisser à la marche du dessus qui change grand chose à sa position sociale. Ce qui change c’est de changer d’étage. Et sans vouloir faire du communisme un peu primaire, je crois que le kerviel est dans la même volée de marche que nous, probablement de nombreuses marches au dessus, mais il peut se faire lourder aussi facilement que vous ou moi. C’est un « prolétaire » comme un autre (bons d’accord, pas tout à fait comme un autre) qui ne fait que vendre sa force de travail. Il ne vend ni sa position sociale, ni son carnet d’adresse.

    Dans le même ordre d’idée, regardez comme a été traité JMM et ses différences de « fautes », nous ne sommes plus dans le même ordre de grandeur, et pourtant….

    Alors, je ne pleure pas sur kerviel, mais avouez que 3 ans de prison ferme, c’est presque aussi grave que télécharger un morceaux de chantal goya avec hadopi….. alors qu’il n’avait même pas l’intention de nuire….

    Commentaire par herve_02 — 17/06/2012 @ 16:04

  50. @herve_02

    Je partage votre avis sur l’image désastreuse que SocGen renverrait sur sa clientèle privée, dans la mesure où sa responsabilité serait totalement exonérée dans cette affaire.

    Je suis personnellement client de SocGen depuis 40 ans et je n’hésiterai pas à changer de banque, si sa co-responsabilité n’est pas retenue et je ne serai pas le seul !

    Vous avez raison de souligner la responsabilité autrement plus importante de Messier chez Vivendi, qui a ruiné des milliers d’actionnaires et pourtant il n’a pas fait un jour de prison.

    La différence d’approche de JP Morgan dans une fraude similaire récente est également saisissante… Son PDG assume la faute et protège ses traders, tandis que Bouton se comporte comme le Commandant du Concordia…

    @Aliocha

    Vous reprochez à Kerviel de ne pas faire profil bas, mais on peut en dire autant de SocGen, condamnée à 4M€ par la CB pour défaut de contrôle et qui continue à clamer son innocence…

    Kerviel ne s’est pas enrichi personnellement dans cette affaire, qui ne relève pas du Pénal, mais du Droit du Travail… « Licenciement pour faute », point barre.

    Commentaire par ramses — 17/06/2012 @ 22:57

  51. Bonjour,

    Vraiment très bien écris, le sujet devait être incompréhensible et vous avez réussis à nous faire vivre l’ambiance dans la salle.

    Bonne continuation. 🙂

    Commentaire par cabusar — 18/06/2012 @ 09:24

  52. Départ live 7ème journée La Tribune, c’est là http://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/industrie-financiere/20120617trib000704299/proces-kerviel-suivez-en-direct-le-septieme-jour-d-audience.html

    Cà commence fort! Le N+1 «  »On m’a dit de m’appuyer sur Jérôme pour apprendre le métier » !

    Commentaire par gabbrielle — 18/06/2012 @ 10:20

  53. et aussi https://twitter.com/#!/search/realtime/%23kerviel

    où l’on retrouve quelques journalistes Les Echos/Senneville, Le NO/Hojlo, Libé/Cori

    Si j’ai tout compris, Aliocha ne se disperse pas en gazouillant et prend le max de notes pour nous régaler de ses billets de fin de journée 😉

    Commentaire par gabbrielle — 18/06/2012 @ 10:26

  54. Même P.R-D/Monde qui a fait l’audience buissonnière la semaine passée, s’est mise à tweetter!

    Commentaire par gabbrielle — 18/06/2012 @ 10:46

  55. Mardi, tchat sur Challenges avec DK, l’avocat de JK http://www.challenges.fr/finance-et-marche/20120618.CHA7627/tchat-l-avocat-de-jerome-kerviel-vous-repond-en-direct.html

    Et Mirèio, elle en pense quoi?

    Commentaire par gabbrielle — 18/06/2012 @ 13:32

  56. en 46 Hervé_02

    Je ne comprends pas pourquoi toujours introduire l’idée qu’il puisse y avoir complots et conspirations pour soi-disant expliquer, comme si l’économie ne formait pas système et comme s’il n’existait pas un système de la finance, dont la logique suffit pour comprendre qu’en son sein puissent se loger les folies de Kerviel. La question est seulement de savoir s’il a agi seul en toute ignorance de la SG ou si celle-ci ne pouvait pas ignorer ses actions ete en ce cas, responsabilité partagée. La réalité du monde de la finance me semble assez faire système pour ne pas avoir besoin de chercher des complots .

    A mon avis, il n’y a nul complot. Il faut « juste » ariver à démontrer que le système permet ce genre d’excès. ce que l’absence de contrôle de la banque tend à prouver. reste à savoir si c’est en connaissance de cause de la part de la banque. on ne peut s’empêcher de penser que c’est le cas, en incluant bien sûr la donnée de l’incompétence, présente à tous les niveaux, forcément, ainsi que celle de l’erreur et du jeu boursier qui relève du casino.

    Mais quand vous dites ce que vous rappelez en 46 Hervé_02, cela montre qu’il y a des règles. incroyables, scandaleuses, on peut les apprécier, mais ce sont bien les règles d’un système.

    Nul besoin d’inventer des complots. Les règles du système, fondées sur l’excès, permettent de comprendre l’excès.

    Dès qu’on introduit l’idée de complot on déraille.

    Hervé je vous ai laissé quelques explications sur le thème à la fin des posts précédents.

    Commentaire par Schmilblick — 18/06/2012 @ 20:28

  57. sur les alea des défaillances humaines, compte rendu dans Le Monde http://prdchroniques.blog.lemonde.fr/2012/06/18/au-proces-kerviel-la-trajectoire-brisee-dun-polytechnicien/

    Un système a sa logique. Il fonctionne aussi avec des hommes, et donc les alea sont nombreux.

    Commentaire par Schmilblick — 18/06/2012 @ 21:49

  58. @ Gabbrielle 52

    Ca continue très fort ! Le n+2 Martial Rouyère reconnaît qu’il a touché 750.000 € pour garder le silence !

    Les échanges de Tweet de la journée… C’est très édifiant !

    https://twitter.com/#!/Soutien_Kerviel

    Commentaire par ramses — 18/06/2012 @ 22:55

  59. @ramses 58

    Ils se sont bien amusés sur l’autre fil twitter, comm 53, aujourd’hui, certains intervenants vraiment sont très drôles! Les divers CR de la journée donnent l’impression que le vent est plus favorable à JK, j’attends impatiemment de lire ce qu’a vu, entendu et ressenti Aliocha.

    Demain relâche, la cour a fait nocturne jusqu’à 21h, mais tchat avec DK sur Challenges.fr, voir ma comm 55. Vous qui passez tant de temps à décortiquer les documents, avez-vous posé une question? (Je ne me souviens plus, si je l’ai su un jour, si votre domaine d’activité est le droit, l’expertise-comptable ou autre). Moi, je n’ai pas osé..

    N.B pour Aliocha: je viens de voir que mon adresse mail commence par un a arrivé je ne sais comment et que je n’arrive pas à supprimer pour retrouver l’adresse exacte

    Commentaire par gabbrielle — 19/06/2012 @ 05:01

  60. @gabbrielle

    Oui, j’ai posé la question qui tue… « L’amende infligée par la CB à SocGen de 4M€ pour défaut de contrôle n’entraine t-elle pas ipso-facto la co-responsabilité de la Banque, l’abandon de son statut de « victime » et in fine la relaxe de Kerviel ? » Le document de l’AMF de 2001, que j’ai cité 3 fois sans être contredit, me semble aller dans ce sens.

    A part ça, on a appris aujourd’hui que le N+1, Polytechnicien, ne comprenait rien au trading et que le N+2 (Martial Rouyère) a touché 750.000€ pour prix de son silence !

    Celui-ci a monté sa petite Entreprise, « Euresia », dont le site vaut le détour…

    http://euresia.fr/fr/our-partners-fr

    « EURESIA est une société de conseil indépendante qui combine une connaissance approfondie des marchés de capitaux et un savoir-faire spécialisé dans la gestion des risques, le business development, les systèmes, l’organisation et la formation. Notre objectif est d’aider nos clients à développer leur efficacité sur le plan opérationnel, mieux contrôler leurs risques, améliorer leurs systèmes et former leurs équipes pour optimiser leur profil de risque et saisir de nouvelles opportunités dans un environnement fortement concurrentiel et en évolution rapide. »…

    Pour répondre à votre question, je suis retraité, ex-cadre supérieur dans l’industrie informatique. J’ai travaillé pour plusieurs multinationales, notamment américaines. C’est vous dire si je connais bien le fonctionnement de ces mastodontes, dont le point commun est de faire porter le chapeau à un lampiste en cas de coup dur… Mais les Entreprises américaines sont les plus fair-play… Quand on est sur un siège éjectable, on part toujours avec un gros chèque et on lave son linge sale en famille.

    Commentaire par ramses — 19/06/2012 @ 06:02

  61. @ramses 60

    Merci de votre réponse, j’avais peur d’être très indiscrète.

    Je vais suivre le tchat tout en surveillant mon petit portefeuille sur Buggorama ;-), (la veuve de Carpentras, c’est moi, chut 😉 ), ce qui m’a amené à suivre ce procès avec passion. Et depuis des années, je lis les CR de SDS/Le Fig et PRD/Le Monde qui nous ont passionnés lors du procès chez nous de JMBissonnet. C’est à lire là http://prdchroniques.blog.lemonde.fr/category/proces-bissonnet/, d’autant plus « savoureux » quand on connait les différents milieux amicaux et socio-professionnels où évoluaient les acteurs de ce drame.

    Commentaire par gabbrielle — 19/06/2012 @ 06:18

  62. @ramses (60) : c’est parce que les libéraux français ont mieux compris que les autres l’intérêt qu’ils pouvaient tirer d’un surplus d’Etat dans le principe directeur de privatisation des profits et socialisation des coûts

    Commentaire par kuk — 19/06/2012 @ 07:07

  63. Je reviens sur l’insupportable accusation de conspirationniste balancée à celui avec qui on est en désaccord, si courante aujourd’hui , because j’ai mis ce message 3 jours après quand tout le monde était parti et parce que ça me semble important de pouvoir distinguer le décryptage de la logique d’un système, de la tendance à voir des complots et des conspirations partout. Les deux manières de raisonner étant aux antipodes et incompatibles entre elles.

    Balancer du « conspirationniste » à celui qui s’efforce voir une logique dans les choses, c’est interdire l’idée de chercher une logique dans les choses.

    @hervé, Kuk, Gilbert et les autres,

    Je trouve remarquable que, pour certains, évoquer seulement l’idée qu’il puisse exister un système économique pourvu de sa logique propre, le capitalisme, au sein duquel se déploie une logique financière, celle du capital financier, qui elle aussi manifeste une logique interne, celle du toujours plus, qui elle-même s’explique parfaitement par ses causes qui peuvent être analysées et nommées, [je les ai nommées précédemment] il est remarquable que ce type de raisonnement soit balayé d’un revers de main grâce à une injure : conspirationnisme.

    Outre que ce terme disqualifiant évite toute analyse en guise de réfutation, c’est un contre-sens total.
    Car parler de la logique d’un système c’est dire qu’elle lui est intrinsèque et s’explique par ses composantes dans leurs rapports et inter-actions, de manière objective, nécessaire. C’est chercher à dégager cette logique de manière objective.

    Et cela est aussi bien vrai pour un organisme qu’est un être vivant, qu’un système électrique, économique ou financier. La logique d’un système s’explique par les constantes de son fonctionnement y compris ses contradictions et son dérèglement qui font apparaître en négatif le fonctionnement nécessaire du système et sa logique interne. Les dysfonctionnements pour un organisme c’est la maladie, pour un système économique, ce sont ses crises et effondrements de la production de plus-value, pour un système financier son emballement qui le mène à la faillite. La prise en compte des contradictions internes au système peut du reste aller jusqu’à mettre à jour des impasses que le système est incapable de résoudre par lui-même, voire une logique d’auto-destruction interne. Exactement comme pour un organisme.

    Expliquer les choses en ces termes tend à une compréhension objective qui fait apparaître le pourquoi et le comment du fonctionnement et permet de comprendre pourquoi on en est arrivé là, et à partir de là, éventuellement envisager la sortie ou la solution, si elle existe.

    Tout au contraire, aux antipodes de l’idée qu’il y a des règles de fonctionnement de l’objet étudié dont la réalité fait système de sorte que l’on comprend que telles causes engendrent tels effet, faire appel à des hypothèses conspirationnistes suppose de manière fantastique une/ des intentions, malignes bien sûr, mais surtout aléatoires et sorties de nulle part qui suggèrent des explications subjectives, puisque les phénomènes en question dépendent de décisions d’individus, réunis en secret pour contrer la logique normale du cours des choses. Décisions aléatoires bien sûr, ce sont les volontés des individus substituées à une logique systémique. par exemple non aps crise de surproduction mais complot juif , ou:et maçonnique mondial. Ces individus sont les mauvais objets, qui à eux seuls incarnent le mal, comme un microbe infestant un corps sain et qu’il convient d’éradiquer. On a là une explication simple et la solution à portée de main : débarrassons-nous de ces individus et le monde reprendra son cours normal, recouvrera la santé. Epuration.

    C’est exactement la logique de l’antisémitisme, celle des Protocoles des sages de Sion, qui permet d’être totalement aveugle à l’histoire, de n’y rien comprendre, de tourner le dos à toute recherche de rationalité et de manipuler à l’aide de ce qui relève du fantastique le plus extraordinaire.

    Au rebours de l’idée de nécessité qui permet de retracer l’engendrement des phénomènes, et des les comprendre, ou au moins tenter de ce faire, les thèses conspirationnistes renvoient au hasard de l’intention maligne et de la volonté de quelques individus qui aurait pu évidemment ne pas avoir lieu. On est en plein subjectivisme et relativisme : l’histoire n’a ni causes ni rationalité, elle dérive au hasard des caprices, appétits et folies des individus. Idem pour la vie politique, l’économie, la finance. Bref on est dans la magie et dans l’irrationnel : ce sont les volontés subjectives qui font l’histoire et parmi celles-ci les maléfiques ont un rôle déterminants.

    Ce qui relève du délire. Autant le dire clairement.

    C’est un contre-sens complet de taxer une explication qui recherche les causes des phénomènes afin d’en dégager la nécessité, ou au minimum l’enchaînement logique, et qui s’inscrit sous le signe de l’objectivisme, de taxer cette recherche de rationalité de conspirationniste. Sachant que l’appel aux explications par des conspirations est un mode de pensée subjectiviste et magique, irrationnel, faisant dépendre l’entière réalité du hasard, soit la volonté de quelques individus qui tireraient les ficelles dans l’ombre sans qu’aucune logique objective ne permette d’appréhender la systématicité de la réalité..

    Non pas crise de surproduction, non pas crise des subprimes et dérèglement du système financier, non pas crise de la dette et des Etats soumis aux logiques financières, mais mauvaises intentions et complots d’individus possédant un pouvoir quasi surnaturel susceptible d’influer sur la marche du monde !

    Il donc parfaitement malhonnête de nier la rationalité des explications rationnelles en termes de systèmes qui font ressortir la nécessité au coeur du réel pour leur attribuer d’être l’exact inverse de ce qu’elles sont , de la magie conspirationniste relevant des aleas de volontés subjectives.

    hervé_02, Kuk, Gilbert, ramses et les autres, ne vous laissez pas impressionner par cette espèce de terrorisme intellectuel qui consiste à épingler celui avec qui on est en désaccord en lui attribuant les tares adverses qu’il combat, en l’occurrence la tendance à voir des complots partout -pour ne pas mettre en lumière la logique d’un système, ou d’une situation politique.

    Fut un temps dans les débats contradictoires on introduisait la comparaison à Hitler pour discréditer l’adversaire. Comme un tic, un réflexe conditionné. Maintenant c’est conspirationniste la suprême injure. Pas mieux. Le procédé est le même.

    Un exemple de fantasmes supposés explications conspirationniste est en train de naître, à propos de l’affaire Merah. on a là tous les ingrédients et le mode de fonctionnement de la constitution d’une thèse conspirationniste

    http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/06/19/affaire-merah-voyage-au-pays-des-conspirationnistes_1717409_3224.html#ens_id=1720866&xtor=RSS-3208

    J’avais écrit sur https://laplumedaliocha.wordpress.com/2012/06/08/la-cour-exige-des-preuves-du-complot-contre-jerome-kerviel/ , au comm 74

    « essayer de décrypter et décrire la réalité en termes de logiques systémiques est l’exact contraire de l’hypothèse complotiste ou conspirationniste. »

    Si on pouvait dégager un peu ce point….
    et alors on pourrait juste se demander ce qui, dans le système, permet des Kerviel, soit la logique du système, y compris ce qui fait marcher les hommes qui le font marcher, l’avidité, la concurrence effrénée, la passion du jeu jusqu’à ne plus pouvoir s’arrêter, la logique du système, y compris ses failles qui portent le nom d’incompétence, à tous les étages.

    Alors l’excès Kerviel n’est qu’une pathologie, mais pathologie d’un système, non un événement tombé de nulle part.

    Car ce qui est gênant c’est que l’affaire soit portée en justice car cela revient à éclipser ce qui relève du système, c’est à dire de ses contradictions internes (telle le toujours plus) et de ses failles diverses (défaut de contrôle) et faire porter l’entière responsabilité à un individu, qui est certes acteur, mais dans le cadre d’un système.

    Gênant car par définition la justice ne juge que de la responsabilité des individus, sujets de droit, et non de la logique d’un système.

    D’où cette mauvaise / difficile défense de Kerviel, qui, à la responsabilité d’un individu, cherche à opposer la responsabilité d’autres individus, ses chefs, car il ne peut mettre devant le tribunal la logique bancaire en soi et en général. C’est cela qui est gênant, l’idée du lampiste qui paye seul, pour des fautes qu’une banque a laissé faire comme si elle n’avait aucune responsabilité…

    Enfin, c’est mon impression.

    Commentaire par Schmilblick — 19/06/2012 @ 12:14

  64. Rappel: le tchat sur Challenges avec DK, l’avocat de JK, commence dans 5 minutes http://www.challenges.fr/finance-et-marche/20120618.CHA7627/tchat-l-avocat-de-jerome-kerviel-vous-repond-en-direct.html

    Commentaire par gabbrielle — 19/06/2012 @ 12:28

  65. Le tchat avec David Koubbi retranscrit là http://www.challenges.fr/finance-et-marche/20120619.CHA7662/l-avocat-de-kerviel-repond-aux-internautes-de-challenges.html

    Il me semble qu’il manque quelques questions et réponses, à vérifier avec le live, lien en bas d’article

    Commentaire par gabbrielle — 19/06/2012 @ 17:05

  66. @Gabbrielle : Je l’aime bien David Koubbi….Hélas, pour l’instant, Socgen est beaucoup plus convaincante.
    @Ramses : Rouyere n’a jamais dit que les 750 000 euros étaient le prix du silence, c’est DK qui lui a posé cette question, lui a répondu que non. Alors après, on le croit ou pas, mais il y a une nette différence entre oui et non. Me semble-t-il…

    Commentaire par laplumedaliocha — 19/06/2012 @ 17:29

  67. @Aliocha

    Voici la retranscription de « La Tribune » du passage de Rouyère sur les 750.000€ qu’il a touchés à son départ de SocGen :

    DK : Comment ça se fait qu’avec un cataclysme comme ça, vous perceviez 7 ans de salaire fixe, 750 000 euros, alors que vous êtes un insuffisant professionnel ?
    MR : J’ai dit à la Société Générale la chose suivante : Je comprends, je ne demande rien, si ce n’est les différés de bonus qui m’auraient été dus si j’étais resté, liés aux années antérieures. Et il y avait les indemnités légales. Pour 2007, je n’ai rien touché.
    Claire Dumas, représentante de la banque, est appelée pour préciser ce procédé : Les montants différés sont conditionnels. L’étalement se fait sur trois ans.
    La présidente : Et en cas de licenciement, qu’est-ce qui se passe ?
    CD : Ca dépend des conditions et du motif du licenciement.
    Me Koubbi reprend la main : Si vous aviez voulu aider votre ancien subordonné, vous auriez pu ? Ce n’est pas le prix du silence au moins ?
    Martial Rouyère : Le protocole de licenciement a été négocié avec les avocats en droit social de la banque, qui ne sont pas là. Je n’ai reçu aucune directive de la part de la Société Générale.
    La présidente insiste : Est-ce que c’est le prix du silence ?
    MR : Le fait de signer un accord comme celui-là ne vous lie que si vous ne voulez pas subir les conséquences.
    DK : Qu’est-ce qui se passe si vous parlez ?
    MR : Je dois rendre l’argent.
    DK : Dire ce que vous savez sur J. Kerviel, est-ce que ça vaut 750 000 euros, c’est la question.

    Quand on a peur de devoir rendre l’argent pour dire la vérité, ça s’appelle le prix du silence… Ce n’est pas parce qu’il refuse de répondre à la Présidente et à David Koubbi que cela justifie ce règlement… « Qui ne dit mot consent », selon un vieil adage judiciaire.

    Commentaire par ramses — 19/06/2012 @ 17:51

  68. @ ramses

    Ce viel adage n’a rien de judiciaire ? En droit le silence ne vaut jamais acceptation !

    Quant au 750 K€ le protocole transactionnel prévoit souvent une clause de confidentialité classique rédigée de la manière suivante :

    « Les parties s’engagent à ne pas révéler le contenu du présent accord, sauf à y être légalement tenues. Chacune d’entre elles s’interdit plus généralement de faire tout commentaire public relatif à ce départ, de nature à porter atteinte à la réputation ou à l’image de l’autre partie ».

    Accord, en l’espèce, négocié avec les avocats respectifs des deux parties.

    Enfin, la question relève plutôt de la morale et même appuyée par la Présidente (simple curiosité ?) elle a la valeur que l’on veut bien lui donner… c’est-à-dire sans intérêt !

    Commentaire par Le Chevalier Bayard — 19/06/2012 @ 19:39

  69. En français simple et sans faire intervenir toutes les complexités techniques voici les arguments de Koubi
    – Kerviel a juste fait ce qui se pratiquait dans son étrange milieu mais en plus gros…
    – Il n’est pas poursuivi pour « abus de marché » il est condamné pour abus de confiance ce qui supposerait que la banque ne savait pas. Or elle savait.

    Les deux arguments semblent difficilement contestables : aussi bien sur le milieu (ce qu’on appellera la logique du système) que le chef d’accusation. Si Kerviel est condamné / poursuivi pour abus de confiance, on comprend que la SG plaide qu’elle ne savait pas. C’est le coeur de l’affaire.

    Koubi dit : elle savait forcément.
    On aurait tendance à le penser aussi car c’est logique.

    Le seul problème, c’est la preuve.
    La preuve selon Koubi est triple : la banque a d’excellents contrôleurs, d’autres l’ont vu bien qu’ils aient été complètement extérieurs à la banque, et la banque elle-même procédait de la même manière : donc logique du système encore.

    Son argument est de dire que cela ne peut pas ne pas se voir dans un milieu qui est coutumier des mêmes pratiques.
    Cela est en effet totalement logique.

    Problèmes :
    – La justice peut-elle considérer la logique d’un fonctionnement comme une preuve ?
    – Est-il établi que la banque pratiquait le même genre d’opérations ?
    – Koubi peut-il établir que les contrôleurs l’ont vu ou est-ce juste logique ?
    – Et si les contrôleurs l’ont vu pourquoi cela n’a pas abouti ? complicité de la banque ? c’est sa thèse .

    – La défense de la banque c’est l’incompétence incommensurable, pour éviter d’être vue comme complice. Peut-on admettre un tel niveau d’incompétence ?
    – Apporte-t-elle des preuves de son absence de complicité et de son ignorance due à son incompétence ?
    – Le témoin polytechnicien et contrôleur dit qu’il n’a rien vu
    – Si la banque procédait à l’identique de ce qu’elle reproche à Kerviel, peut-elle accuser Kerviel d’avoir usé des mêmes procédés ?
    – Peut-on admettre que Kerviel ait enfumé les contrôleurs avec ses faux rapports ? Lui prétend que personne ne pouvait être dupe puisque cela se pratiquait, les faux rapports visaient à se protéger vis à vis de l’extérieur
    Ne travaillant pas dans le secteur je n’ai aucune idée sur ce point. Si quelqu’un sait…

    Koubi annonce des témoins à venir qui ont vu les opérations et les montages de Kerviel, et un qui va expliquer comment les preuves ont disparu. On attend.

    La défense de la banque passe par un argument : l’incompétence totale, et des actes en guise de précaution : destruction des preuves contraires (ce qui reste à prouver du moins).

    Conclusion en forme de questions :
    L’argument d’incompétence a du mal à passer. Est-il acceptable ? L’ignorance de la banque ne demande-t-elle pas à être prouvée ?
    Suffit-il qu’elle porte plainte pour être innocente ?
    Peut-on prouver la destruction de preuves ?
    Koubi a-t-il des preuves ou seulement des arguments logiques ?

    Un procès peut-il conclure à la culpabilité d’un prévenu, contre la logique du système dont il participe, faute de preuves (des deux côtés) ? et éventuellement parce que celles-ci ont été dissimulées voire détruites ou les témoins achetés ?

    Un vrai polar sur les limites de la banque et peut-être aussi sur celles de la Justice ?
    La Justice a-t-elle les moyens de juger ce genre d’affaires qui mettent en lumière le fonctionnement des banques ?

    Commentaire par Schmilblick — 19/06/2012 @ 20:01

  70. @Ramses : pardon d’être brusque mais je suis surmenée : on branle le mammouth là, non ? Martial Rouyère a nié qu’on ai payé son silence, vous êtes libre de le croire ou non, mais pas d’écrire qu’il a dit oui et de tordre les mots et les phrases pour le démontrer. Maintenant à ce stade les chroniqueurs judiciaires sont unanimes, la défense n’est pas convaincante. Je suis désolée, c’est désagréable, mais c’est l’avis de pros de la justice. Accessoirement, c’est aussi le mien. Tout le monde se focalise sur la banque, mais si on s’interrogeait un peu sur le discours de JK. Tout le monde savait, mais il cache. On l’encourageait à gagner du fric, il cache encore alors qu’il fait ce qu’on sait avec les résultats que l’on souhaite. Il passe de « ils ne pouvaient pas ne pas savoir » à « ils savaient » pour en arriver finalement à « ils m’ont manipulé ». Et ils l’ont manipulé pourquoi d’après vous ? Parce que la banque rêvait de paumer 4,9 milliards pour dissimuler au marché qu’elle en avait perdu 2 de plus sur les supbrimes. Si ça vous botte comme discours, libre à vous. Moi je crois plus, en l’état, à des cadres désinvoltes, des systèmes de contrôles harassés, un supérieur incompétent et un type un peu malin qui navigue dans tout cela aspiré par la passion du jeu. A ce stade, je vous assure que la position de la banque, aussi dingue soit-elle, est nettement plus cohérente que celle de JK.

    @Schmilbilck : vous ne croyez pas à l’incompétence ? OK. Comme personne ne croit que le pilote du volair france qui s’est crashé au Brésil ait pu avoir l’idée démente de cabrer son appareil alors que la première chose qu’apprend un pilote débutant c’est à ne pas cabrer sous peine de décrochage. Pas plus qu’on ne peut imaginer qu’un navire de 300 mètres de long comme le Costa Concordia puisse se fracasser sur un rocher au large de l’Italie et le capitaine sauter à l’eau au lieu de rester sur son bateau. Deux illustrations parmi des millions d’autres de l’erreur humaine et des failles des systèmes apparemment infaillibles. Je ne vois pas en quoi les banques y échapperaient. Par contre je m’explique beaucoup plus mal qu’un trader dissimule qu’il a gagné 1,4 milliards alors que dans le même temps il affirme qu’on l’encourageait à faire du fric. Là, voyez-vous, je n’ai pas d’exemple en tête venant cautionner ce type de réflexe, du coup je bloque.

    @Le Chevalier Bayard : on est d’accord 😉

    Commentaire par laplumedaliocha — 19/06/2012 @ 20:50

  71. @Aliocha et Le Chevalier Bayard

    J’ai un peu de mal à suivre votre objectivité…

    D’abord, vous prétendez que Rouyère a déménti le fait que les 750.000 € étaient le prix du silence… Ensuite, vous essayez de me convaincre que le silence ne vaut jamais acceptation… Dois-je vous rappeler que le témoin a juré de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité ? La Présidente appréciera.

    Ce procès est aussi la déclinaison des verbes « savoir » et « voir »…

    Si l’on penche pour la thèse de la Banque, elle aurait pu voir mais n’a rien vu… Selon Kerviel, elle ne pouvait pas ne pas savoir…

    Etonnant quand même que l’on soit aveugle lorsque Kerviel gagne et clairvoyant lorsqu’il perd… Lorsque Rouyère encaisse 750.000 € d’arriérés de bonus, puisque c’est sa thèse et celle de la Banque, j’imagine que ces bonus se rapportent au temps où Kerviel faisait fonctionner la Banque tout seul !

    En ce qui me concerne, je vais me retirer de ce blog sur la pointe des pieds…

    Commentaire par ramses — 19/06/2012 @ 22:01

  72. @Ramses : non, non et non, en juin et une partie de juillet, il perd 2 milliards, la banque ne voit rien, puis il gagne 500 millions fin juillet, elle ne voit rien, puis il réinvestit 30 milliards et gagne 900 millions, et on ne voit toujours rien. En janvier, il paume, on ne voit encore rien. Koubbi peut dire que c’est le 18 janvier à midi qu’on le découvre et faire semblant de croire que c’est parce qu’il vient d’effacer ses gains de 1,4 milliards, en réalité, ça fait une semaine que les alarmes sonnent et qu’il ne parvient plus à les éteindre.
    Quant au silence en droit, il ne vaut en effet jamais acceptation, ce n’est donc pas un adage juridique comme vous dites mais un adage populaire, inspiré semble-t-il d’une phrase de Boniface VIII : http://fr.wiktionary.org/wiki/qui_ne_dit_mot_consent
    Pour le reste, la cour en effet appréciera, c’est son rôle. La justice, ça fonctionne comme cela, chacun livre sa vérité et le juge tranche. Si tout le monde était d’accord, il n’y aurait pas de procès. Maintenant, ce n’est parce qu’on discute vos arguments que vous devez partir 😉

    Commentaire par laplumedaliocha — 19/06/2012 @ 22:18

  73. @Aliocha

    Un petit cours de droit, pour la route…

    http://www.paperblog.fr/2106866/la-cour-de-cassation-applique-l-adage-qui-ne-dit-mot-consent/

    En ce qui concerne la boîte de Rouyère, il aurait dû l’appeler AMNESIA et pas EURESIA, quoique… une recherche sur Wiki vous apprendra que c’est le nom d’une larve…

    Sur ce, bonne chance pour la suite !

    Commentaire par ramses — 19/06/2012 @ 22:26

  74. @Ramses : évidemment, si vous prenez l’exception pour la règle, je comprends mieux votre analyse de l’affaire Kerviel.

    Commentaire par laplumedaliocha — 19/06/2012 @ 22:28

  75. @ rames

    Tenter de vous convaincre ? Non ! Modestement, vous dire le droit certainement !

    Et, là où je vous donne raison c’est que le juge apprécie toujours, souverainement, la force probante de la vérité qui lui est soumise.

    Sur ce terrain même, la vérité n’a pas nécessairement le même sens selon l’angle sous lequel on l’envisage. Un auteur – un philosophe – devrais-je dire (A. Etchegoyen, Vérité ou libertés, La justice expliquée aux adultes, Ed. Fayard, p. 61 et s.) a ainsi opposé, en droit pénal, la « vérité à découvrir », qui serait celle des magistrats, et « la vérité judiciaire à construire », qui serait celle des avocats.

    Sans se prononcer sur cette thèse, on peut retenir l’idée, difficilement contestable, que la vérité, même de la preuve, ne se laisse pas facilement appréhender, qu’elle n’est pas nécessairement la même pour tous, selon l’éclairage différent sous lequel chacun la voit.

    Et, de ce seul point de vue, si vous aimez les pointes…dansez parmi nous : en droit nous sommes Aliocha et moi assez pointilleux !

    Mais de grâce évitez-nous les cours pour la route… !

    Commentaire par Le Chevalier Bayard — 20/06/2012 @ 00:06

  76. Aliocha, mais si bien sûr je crois à l’incompétence et à l’irresponsabilité, à la folie aussi, à la mégalomanie également et plein d’autres possibilités encore. L’incompétence est partout. Le plus improbable peut se produire de ce fait. Je ne crois pas non plus aux complots. Hypothèse inutile. La logique des choses et les engrenages, plus l’incompétence et les passions diverses suffisent largement à expliquer ce qui arrive en principe.
    Effectivement, dissimuler des gains, je ne comprends pas très bien la raison ni le but. Pourquoi a-t-il fait cela ? Quelqu’un aurait-il une raison à suggérer, du point de vue de Kerviel ? Il voulait les réinvestir ?

    Commentaire par Schmilblick — 20/06/2012 @ 00:22

  77. Il a écrit un livre qui s’intitule « L’ engrenage » qui est sa part de vérité et où il explique très bien les raisons qui l’on conduit là où il est aujourd’hui.

    C’est une grille de lecture, à mon avis, dont il aurait dû faire l’économie pour ne pas indisposer ses juges !

    Commentaire par Le Chevalier Bayard — 20/06/2012 @ 09:02

  78. @ Schmilblick, du point de vue de Kerviel, ou du moins du point de vue de sa ligne de défense, cela peut se comprendre ; la hiérarchie l’encourageait à prendre des risques pour obtenir des gains, à condition que cela ne soit pas détecté par la compliance. Donc, de même qu’il devait trouver des contreparties fictives pour masquer à la compliance ses positions directionnelles, il devait masquer ses gains pour éviter d’attirer l’attention de cette même compliance, un gain trop élevé étant évidemment suspect.

    A propos, je vous ai répondu sur l’autre billet. Peace…

    Commentaire par tocquevil — 20/06/2012 @ 09:28

  79. @ tocquevil

    En effet, et pour le dire trivialement : « Pas vu pas pri(x) » : c’est la devise des traders, complétée d’une petite chute : vu, viré. Ou plutôt sacrifié, étranglé, dépecé (c’est en vogue en ce moment), éviscéré même au nom de la sacro-sainte réputation de La Banque !

    Savez-vous pourquoi on accorde aux traders une confiance qu’aucun grand magasin n’accorderait à un client qui désire offrir un bijou à sa petite amie (présentation de la carte d’identité, appel de la banque, etc…) ?

    Tout simplement, parce que les contrôles sont souvent jugés comme non rentables dans ce domaine. On considère que la meilleure sécurité c’est la rémunération des traders. On pense qu’avec de tels salaires et de tels bonus ils ne vont pas être tentés de frauder puisqu’ils seraient immédiatement virés !

    La règle d’or, c’est que le jeu n’en vaut pas la chandelle. Manifestement, pas pour Kerviel et le paradoxe c’est qu’il a perdu parce qu’il a trop gagné : l’accumulation de gains l’a conduit à se dévoiler et il a donc fallu qu’il s’expose pour qu’on puisse le prendre !

    Commentaire par Le Chevalier Bayard — 20/06/2012 @ 10:01

  80. @tocquevil ok, vous avez lu (fini par lire sans doute) que sur le billet « La cour exige des preuves…  » j e ne cesse d’opposer à hervé_02 l’irrecevabilité des arguments invoquant un complot ( comm entre 64 et 74)

    Je ne sais si hervé_02 (ainsi que kuk, ramses et d’autres ….) a lu mes explications mais je crois qu’il n’y a pas d’équivoque sur ma position

    = Parler de logique d’un système évite de renvoyer à une intention et une volonté conspirationnistes.

    = ces excès sont un nécessaire produit d’un système. Ils appartiennent à sa logique et il est inévitable qu’ils se produisent.
    Ce pourquoi il n’y a pas de complot ni conspiration. Jamais. Mais que des logiques systémiques.

    = essayer de décrypter et décrire la réalité en termes de logiques systémiques est l’exact contraire de l’hypothèse complotiste ou conspirationniste.

    Mon refus de recourir à l’hypothèse de complots et conspirations secrètes d’individus mal intentionnés, agissant en secret contre toutes les règles d’un système et au rebours de la logique de la réalité, est un refus général et qui vaut également dans le cas Kerviel.

    Pour revenir au procès Kerviel, l’incompétence des contrôleurs et leur aveuglement semblent de plus en plus avérés, pour diverses raisons qui se cumulent (faiblesse du système de contrôle, soit responsabilité de la banque qui a déjà été condamnée pour cela au préalable ; défaillance des individus, incompétence, trop occupés ailleurs pour suivre véritablement Kerviel, montages suffisamment complexes pour permettre de jeter un voile sur des initiatives non autorisées d’autant plus qu’est avérée l’existence de faux fabriqués par Kerviel propres à se couvrir et enfumer les contrôleurs etc.)

    Au début de l’histoire la défaillance du contrôle des procédures, plausible a priori mais cependant tout à fait incertaine, et à prouver, semble se confirmer factuellement plus on avance dans les enquêtes et procès.
    Kerviel a de plus en plus de mal à prouver que la banque avait connaissance de ses initiatives. Il invente soudainement en appel un complot ourdi par les autorités supérieures. Très mauvais argument. Outre que toute idée de complot discrédite celui qui en use comme argument (à mes yeux, c’est net et sans appel) Kerviel montre là sa faiblesse, càd l’absence de preuves de ce qu’il avance.

    On verra si les témoins annoncés par Koubi apportent de l’eau à son moulin et surtout des preuves. Ces preuves que la Justice exige et jusqu’à présent attend.

    Mais au lieu de se présenter comme victime du système qui fonctionne au « toujours plus » et sécrète un emballement qui peut atteindre des proportions au-delà de toute mesure, il invente des complots. Il fut pris dans un système, comme au casino où s’offre la tentation de miser toujours plus, ce à quoi certains ne résistent pas, tel lui Kerviel, pris dans une folie du jeu. Il devint ainsi complètement hors contrôle y compris par rapport à lui-même, de sorte qu’il se lance dans une multiplication de faux.
    Victime du système cela eut été sa seule défense rationnelle et plausible . La thèse de l’engrenage qui fait de lui une victime.
    C’est la thèse de son livre ? que je n’ai pas lu . Si c’est ainsi, pourquoi ne s’y tient-il pas et pourquoi change-t-il complètement sa défense en appel, en recourant au -mauvais- argument du complot ?

    Grave erreur qui le perdra si les témoins cités par lui n’apportent pas de preuves qu’il a effectivement été trompé par ses employeurs qui l’auraient utilisé et manipulé.

    Double ou même triple erreur, car au lieu de se présenter en victime, il attaque la banque, rejetant sur elle toutes les causes de ses erreurs et de ses fautes. Et au lieu de se présenter en victime repentie, de plus, pour avoir compris après-coup la folie de ses excès, il ne montre aucun remords ni regrets, assume la production de faux comme normale du point de vue du fonctionnement de la banque… !

    En fait ne montre-t-il pas ainsi une sorte de folie, à tout le moins de mégalomanie sévère, révélatrice de ce milieu tellement spécial ? Folie ou délire, qu’on l’appelle comme on veut, puisqu’il invoque des complots -argument incluant toujours une part de délire- , puisqu’il présente des arguments sans preuves (montrant là la faiblesse de sa position), attaque au lieu de reconnaître ses fautes, manifeste une absence totale de repentir et de prise de conscience (très mauvais en Justice).

    Commentaire par Schmilblick — 20/06/2012 @ 12:49

  81. @ Le Chevalier Bayard 78

    Pourquoi aurait-il dû faire l’économie de cette explication ? Je ne comprends pas très bien. Cette explication par l’engrenage n’est-elle pas incomparablement plus rationnelle que l’argument du complot invoqué tardivement, en appel ?
    (je n’ai pas lu le livre)

    Commentaire par Schmilblick — 20/06/2012 @ 13:01

  82. On vous lit Schmilblick. Les logiques systémiques entraînent des conspirations à grande échelle, c’est bien ça ?

    Commentaire par kuk — 20/06/2012 @ 17:05

  83. very funny, kuk !

    Commentaire par Schmilblick — 20/06/2012 @ 17:27

  84. @ Schmilblick

    Une stratégie de communication comme celle de Jérôme Kerviel comportait différentes phases.

    Le temps de l’instruction, par exemple, devait être une période de silence médiatique mais qui pouvait très bien s’accommoder de rendez-vous « off » avec les journalistes de façon à expliquer techniquement le dossier et pourquoi, en l’espèce, la banque « ne pouvait pas ne pas savoir » : c’était la défense Metznérienne.

    Puis une certaine montée en puissance médiatique pouvait permettre de mieux cerner sa psychologie où il s’est révélé extrêmement prolixe sur les plateaux télé en renvoyant une image positive dans l’opinion publique en pleine crise bancaire.

    Cette stratégie de communication lui a été favorable.

    Sauf que, quand en plus vous mettez tout dans un livre publié juste avant le procès, avec une instrumentalisation outrancière, le risque c’est de parasiter l’institution judiciaire.

    Pire vous finissez par saturer et à rendre votre défense inaudible en laissant à la partie adverse être dans le camp de la nouveauté.

    Comme dit la chanson : « Il faut savoir s’étendre sans se répandre… » (Gainsbarre)

    Au surplus, en première instance, Jérôme Kerviel s’est muré dans son silence pendant les audiences, ce qui tranchait avec sa stratégie de défense où il avait ce besoin de se raconter.

    Si bien que, force est de constater que c’est la première fois qu’un magistrat parle de communication dans un attendu de jugement !

    Voilà pourquoi, il me semble, qu’il aurait mieux valu faire l’économie de la publication de ce bouquin, à tout le moins, avant le procès et donc réserver en priorité aux juges ses explications.

    Comme l’a rappelé son stratège de l’époque qui était en total désaccord avec la sortie de son livre : « Il faut laisser justice se faire et ne pas essayer de l’influencer. Il ne faut pas confondre stratégie de défense et stratégie de communication, arène médiatique et arène judiciaire ».

    Quant à savoir, en appel, si la meilleure défense c’est l’attaque (autopersuasion ou déni de réalité ?), à lire l’ensemble des chroniques judiciaires, pour le moment, rien ne semble démontrer de manière pertinente que la SocGen savait même si indéniablement des carences de toutes parts sont manifestes.

    Commentaire par Le Chevalier Bayard — 20/06/2012 @ 17:36

  85. @Schmilblick : bon, trêve de mauvaise plaisanterie. Votre argument est de dire que la raison la plus simple est souvent la plus probable. Conspiration : nécessite une planification, un secret, compliqué donc peu plausible, quand une explication plus simple tient : l’accident industriel dont l’histoire nous donne de nombreux exemples : le Titanic, le vol Rio-Paris, Fukushima, etc… avec des responsabilités à toutes les échelles. La similarité avec le Vol Rio-Paris est d’ailleurs surprenante : l’instrument de contrôle défectueux; le pilote en chef qui n’était pas aux manettes, (mais au moins le copilote était venu le réveiller) et le fonçage dans la mauvaise direction jusqu’à la dernière seconde, la bataille judiciaire pour faire porter le chapeau au pilote.

    Votre argument est celui utilisé dans le domaine scientifique par tous les chercheurs : entre deux théories rendant compte des mêmes faits, on préfèrera, toutes choses égales par ailleurs, la plus simple. Néanmoins, c’est un argument statistique, voire métaphysique. Même s’il y a une très faible probabilité de conspiration, on ne peut pas l’écarter en se basant sur de simples considérations de satisfaction intellectuelle. Après, restent les preuves. Dans un cas on en a, dans un autre, non. Reste que dans les deux cas on nous propose une théorie improbable : une somme de défaillances individuelles en chaîne de personnes hautement qualifiées, une conspiration de l’autre.

    Commentaire par kuk — 20/06/2012 @ 18:04

  86. merci pour l’explication Chevalier Bayard. Cela montre un Kerviel qui ne doute pas de lui.

    kuk l’explication par les défaillances humaines est hautement plus probable, car simplement banale, que celle par le complot, imaginaire, sans fondement autre que la suspicion. Je préfèrerai toujours une explication rationnelle car réaliste, à celle qui fait appel à la fiction ne reposant sur aucun élément factuel. Comme on sait la réalité dépasse toujours la fiction. Pas besoin d’inventer quand on a la réalité sous les yeux, si on veut bien la voir. Et il est difficile d’inventer des fictions crédibles qui sont en dehors de la réalité. Voir pour preuve les romans de politique-fiction, tel Farenheit 451, ou ceux de science-fiction, qui se fondent toujours sur une réalité qu’ils amplifient ou décrivent de manière décalée mais dont ils ne se détachent jamais . Et plus ils sont fondés sur celle-ci, meilleurs ils sont. Et inversement.

    Pour l’instant en tout cas la Cour a pu entendre un nombre important de témoins, employés de la SG, battant leur coulpe et avouant leurs carences, au sein d’un système de contrôle dont on a vu l’insuffisance, certes, mais ce qui s’est dit repose sur une certaine logique : les règles imposant des limites aux traders, l’intérêt de ces derniers à ne pas (trop) les dépasser vu leurs salaires et leurs bonus, pour ne pas risquer de se faire virer, la confiance accordée aux traders et à Kerviel de ce fait, et au vu de sa bonne réputation.
    Aucune trace de complot.

    En revanche ce qui a été sous-estimé, et qui a laissé la place à un Kerviel c’est le fait que le système puisse fonctionner comme un casino et que l’appât du gain puisse pousser à des prises de risques inconsidérées sur des échelles telles que le sens commun des banquiers ne l’anticipe pas, d’une part, et d’autre part, qu’un trader ainsi entraîné dans sa course puisse être aussi mégalo.
    Ou si vous préférez le fait que tous ces agents sont aveugles à la folie du système constamment exposé à l’excès et donc tendanciellement coupé de la réalité, et la folie de Kerviel qui a fini, lui, totalement détaché de la réalité.
    La folie du système suffit à justifier toutes les critiques sans avoir besoin d’inventer de complots.
    Celle de Kerviel aussi du reste et le fait que le système ne prévoie aps de garde-fous. .

    Si l’incompétence est une des données humaines, avérée du côté de la banque, incapable d’anticiper un possible emballement d’un système qui le secrète pourtant, la mégalomanie en est une autre, avérée du côté de Kerviel. La lecture des compte rendus d’audiences m’a donné l’impression d’un type passablement mégalo. Mégalomanie qui colle bien du reste avec son idée folle d’invoquer un complot et transparaît là aussi, dans le choix d’une telle défense, irrationnelle.

    Kerviel mégalo et martyr, pas forcément sublime.

    Commentaire par Schmilblick — 20/06/2012 @ 19:17

  87. @Schmilbick : c’est marrant, la discussion liée à votre dernière phrase, je l’ai eue avec une de mes éminentes consoeur. Je lui disais que pour moi Kerviel était un mythe moderne, et comme elle est très cultivée, elle contestait l’aspect tragique considéré comme une grandeur, du personnage. Je crains, comme Houellebecq, que notre époque n’engendre pas d’autres héros que ceux-là. Et je suis profondément convaincue que c’est un mythe moderne. C’est même la raison essentielle pour laquelle j’ai écrit le livre, je e voulais pas qu’on passe à côté de ce dossier, qu’il sombre dans l’oubli après s’être enferré dans une soi-disant technique financière inaccessible au commun des mortels. Ce dossier, ce n’est que de l’humain. D’un côté les rêves d’un gamin qui a fait trader comme il aurait été à la Star Ac’, parce qu’on n’a plus grand chose à offrir depuis qu’on a tué Dieu d’abord, les idéologies ensuite, et que la société de consommation a fait le reste. De l’autre, des salariés et des cadres débordés, zappeurs, envahis de mails et de sollicitations, confiants dans leurs systèmes…Bref, cette affaire est un concentré de nos travers contemporains.

    @Le Chevalier Bayard : Dominique Ledouble, pour qui j’ai beaucoup d’estime depuis fort longtemps, a fait cet après-midi un remarquable exposé sur le problème fiscal. Pour lui, même si on conteste la déductibilité de la perte de trading, Socgen ayant 10 milliards de déficit, l’exonération fiscale pouvait porter sur le reste. Par ailleurs, la JP du CE exige une défaillance manifeste du CI, or, en l’espèce, le système était conforme aux règles bancaires. Je résume, voyez le live de la tribune, si ce n’est déjà fait 😉 Koubbi lui a demandé s’il n’avait pas rédigé par hasard de le doc de ref de Socgen, ce qui témoigne d’une méconnaissance absolue du milieu, des us et coutumes….pauvre défense.

    Commentaire par laplumedaliocha — 20/06/2012 @ 22:06

  88. @ Bonjour Aliocha,

    Dans l’intérêt de son client Me Koubbi se devait de soutenir ce moyen tiré de l’avis de Michel Tudel membre du H3C (Haut Conseil du Commissariat aux Comptes).

    En effet, il y a divergence d’interprétation sur la jurisprudence du Conseil d’Etat même si en apparence elle semble bien fixée et que l’articulation de règles simples du droit comptable avec des principes jurisprudentiels de fiscalité clairs ne suscitent aucune ambiguïté.

    Vous connaissez le dicton populaire : « Un expert c’est une opinion. Deux experts, c’est la contradiction. Trois c’est la confusion ».

    Surtout lorsque l’on sait qu’en droit la qualification est le lieu des principales déviations !

    L’avis de Dominique Ledouble, précisément, en pure orthodoxie fiscale est pertinent contrairement à ce qui est allégué par Me Koubbi.

    En effet, dans la mesure où non seulement la position de la Cour de cassation est claire et constante : « Les dispositions fiscales frappant les revenus sont sans incidence sur les obligations des personnes responsables de dommage et le calcul de l’indemnisation des victimes » mais encore et, surtout, comme le relève judicieusement cet expert comptable, lorsqu’il y a absence de carence manifeste du système de gouvernance : le débouclage ne saurait être qualifié d’acte anormal de gestion !

    Au surplus, selon le Conseil d’Etat, la carence manifeste du contrôle interne est détachable de la connaissance effective par les dirigeants des fraudes organisées par leurs salariés.

    Je doute fort dans ces conditions que, l’argument selon lequel avant de déduire il aurait fallu attendre de savoir si la hiérarchie soit impliquée ne résiste à l’analyse d’autant que son client a reconnu les fraudes qu’il a commises.

    Commentaire par Le Chevalier Bayard — 21/06/2012 @ 10:13

  89. @Le Chevalier Bayard : le défense depuis le départ agite des fantasmes, c’est de plus ne plus affligeant…

    Commentaire par laplumedaliocha — 21/06/2012 @ 10:16

  90. @ Aliocha,

    Oui ! C’est de l’enfumage car prétendre enregistrer un profit d’ 1,4 Md € en 2007 sur l’activité d’opérations non autorisées et dissimulées puis l’année suivante une perte de 6,3 Mds € sur cette même activité d’opérations non autorisées et dissimulées comptablement n’a aucun sens et donc ne reposerait sur aucune logique d’information financière !

    Commentaire par Le Chevalier Bayard — 21/06/2012 @ 11:00

  91. @Le Chevalier Bayard : joli, je n’y avais pas pensé, vous auriez dû assister les conseils de socgen …. 😉 Cet après-midi, Bouton a été ennuyeux mais pertinent. Kerviel appelé à la barre à 20h10, après ses deux témoins de moralité, dans une salle au 3/4 vide, au terme de 11 heures de débats, et là, l’instant de grâce, l’homme qui se livre, sans s’excuser, mais qui se livre. L’instant de vérité.

    Commentaire par laplumedaliocha — 21/06/2012 @ 23:24

  92. @ Aliocha : c’est un peu mon métier maintenant ! Kerviel se livre mais dans quel état d’esprit ? Est-ce que vous avez le sentiment qu’il a fini par croire se qu’il défend et que sa le rend invulnérable psychologiquement ? Car quand vous dites qu’il ne s’excuse pas (Bouton l’a fait à l’égard des petits actionnaires comme les gros d’après la Tribune et l’Express) il n’a aucune émotion, des regrets ?

    Commentaire par Le Chevalier Bayard — 22/06/2012 @ 00:22

  93. ce qu’il défend, et ça le rend…oups !

    Commentaire par Le Chevalier Bayard — 22/06/2012 @ 00:24

  94. […] entendus auparavant ». Et si. Ils ont été entendus en 2012. J’en parle ici et là. Ils n’ont rien dit de plus cette fois-ci. Ils n’ont fait que redévelopper des […]

    Ping par La mécanique perverse de l’affaire Kerviel | La Plume d'Aliocha — 19/06/2016 @ 15:44


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