La Plume d'Aliocha

22/06/2009

Lettre à Vendredi

Filed under: Coup de griffe — laplumedaliocha @ 10:23

L’Hebdomadaire Vendredi, fondé notamment par Jacques Rosselin qui en est le directeur de la rédaction, vient de sortir un numéro spécial d’été de 92 pages proposant un guide des meilleures sources du web, ainsi qu’un tour de la nouvelle info en 80 billets. Tout cela serait fort intéressant si, à nouveau, on ne venait opposer artificiellement blogging et journalisme, en créant au passage une confusion regrettable entre information et opinion ainsi qu’entre production de l’information et diffusion.

Monsieur le Directeur de la rédaction,

Lorsque Vendredi est sorti, j’étais pleine d’espoir. Songez donc, la création d’un titre papier à l’heure actuelle, ça n’est pas rien. C’est un pari contre la morosité ambiante et contre tous les déclinologues qui nous annoncent la mort de la presse, en particulier de la presse papier. Le plus intéressant dans votre pari, c’est que vous aviez choisi une voie inédite : publier le grand concurrent, j’ai nommé le web. Celui-là même qui, dit-on, nous tue. C’est donc, me disais-je alors,  que le bon vieux papier conserve ses lettres de noblesse, que bon an mal an, la technologie n’a pas effacé le prestige de l’imprimé.

Mais au bout de quelques numéros, j’ai observé que pour séduire ces blogueurs qui vous fournissent  un contenu à peu de frais – les droits d’auteur coûtent moins cher que des journalistes salariés, n’est-ce pas ?-, qui constituent aussi votre coeur de lectorat – « allons bon, j’y suis ou pas dans Vendredi cette semaine ? » – et représentent une multitude d’agents promotionnels gratuits – « hé le copains, Vendredi a reproduit un de mes billets, achetez-le, ce journal est super ! »- pour les séduire donc, vous avez attisé la méchante petite rivalité entre journalistes et blogueurs. Alors, j’ai cessé de lire Vendredi et  j’ai décliné votre proposition de contrat de collaboration, faute d’adhérer à la ligne éditoriale.

J’aurais également tu l’agacement que vous suscitiez chez moi, si je n’avais eu la faiblesse d’acheter votre numéro spécial en me disant, « allons bon, ce n’est pas très grave, voyons donc ce numéro de l’été, il est sûrement intéressant » (toujours aussi doué Rampazzo, n’est-ce pas ?). Et puis vous parliez en Une de la « Nouvelle info » alors forcément, en tant que journaliste,  l’info ça m’intéresse, toute l’info, d’où qu’elle vienne et surtout si elle est nouvelle !

Las ! Dès que je me suis plongée dans votre éditorial, j’ai constaté avec regret que vous n’aviez pas renoncé à opposer « médias traditionnels », je préfère dire « professionnels », et blogs. Vous voici lançant à vos lecteurs qu’ils peuvent bien s’obstiner à retourner vers les « excellents sites » de leurs médias habituels, Le Monde, Le Figaro, Libération, mais qu’ils seront sans doute plus séduits par les nouvelles sources car, soulignez-vous, la défiance vis-à-vis des médias va croissant « tous les sondages le confirment ». Puis vous enfoncez le clou « Et avec un pouvoir qui revendique sans complexe sa proximité avec les patrons des grands médias, cela ne devrait pas s’arranger. Une seule solution donc, se jeter avec des râles de soulagement sur ces blogs et ces sites d’info, nouveau lieu de la liberté de ton et de l’information libérée des connivences et des pressions économiques ». Mazette ! Avez-vous songé un instant que c’était de vous, vous le fondateur de Vendredi mais aussi de Courrier International, que vous parliez de façon si critique ? Il y a un paradoxe vous ne trouvez pas à lancer un journal papier tout en dénigrant avec autant de force  la presse et le journalisme ?

Surtout que vous insistez en répondant par anticipation aux réserves traditionnelles émises par ceux qui ne sont pas (encore) totalement addicts au web. L’info sur le web ne serait pas fiable, bah ! celle du Journal de 20h ou de votre grand quotidien non plus, expliquez-vous. Et puis vous ajoutez « sur le Net une info bidonnée est rapidement montrée du doigt et a beaucoup moins de chance de survie qu’une fausse interview de Fidel Castro ». Dieu quel coup bas ! Voulez-vous vraiment que l’on compare les bidonnages du web et ceux de la presse ? Puis vous ajoutez que certains blogueurs spécialisés en économie sont bien plus calés que Jean-Marc Sylvestre.  Au royaume des aveugles en effet…

On dit qu’il y a beaucoup de bêtises sur le web. Il y en a aussi beaucoup dans la presse, rétorquez-vous. Et voilà le fameux argument du nivellement par le bas. Quelle ambition ! Au passage, si la presse comme vous dites, ne se critiquait pas elle-même, ce qui est évidemment faux,  que faites-vous d’autre dans cette édito que de critiquer la presse et qui êtes-vous si ce n’est un homme de presse, justement ? C’est facile n’est-ce pas de taper sur les journalistes ? Ils ont bon dos, comme les politiques « tous pourris », les fonctionnaires, « ces fainéants », ou les flics  » tous des fachos ». Facile et ô combien vendeur !

Mais venons-en à la suite de votre argumentation. Je vous cite : « D’autres grincheux vous expliqueront que, sur Internet, « on ne trouve que du commentaire » ou de la resucée d’informations déjà publiées. Faites un jour l’exercice de consommer vos infos du matin sur le Net, puis lisez les journaux ou écoutez la radio. Les rédactions de journaux télé ou papier, de plus en plus maigres, n’ont plus les moyens de produire l’info et s’abreuvent aux fils d’agences, reprennent la presse étrangère et commentent. Tout comme les blogueurs auxquels ils finissent par ressembler étrangement ». C’est pourquoi, je suppose, vous avez joyeusement sauté une étape et décidé de publier les blogueurs. Vous avez raison, vous voici de plain-pied dans un futur improbable.  Allons donc, votre test, j’y procède tous les matins pendant une heure. Et je n’aboutis absolument pas à la même conclusion que vous. La plupart du temps, mes blogueurs favoris ne sont pas encore levés, et n’ont pas commenté l’actualité, tandis que mon journal est déjà depuis l’aube en kiosque, et que la radio et la télévision m’informent sans discontinuer. Je ne puis donc sur Internet que me replier sur…l’AFP et les site de presse. Et lorsque les blogueurs commentent enfin l’information que leur ontdélivré les journalistes, ils donnent des opinions, plus ou moins éclairées, pas des faits nouveaux, ceux-là même qu’on nomme information.

Pour finir, vous dressez le portrait d’un monde prochain de l’information où tout le monde sera sur le même plan, journalistes, blogueurs, citoyens lambda car seule la réputation comptera et non pas la carte de presse. Allons, fichons lui la paix à cette carte de presse. On la présente volontiers comme un privilège quand ce n’est qu’une carte d’identité professionnelle (c’est son titre exact) attribuée à tous ceux qui tirent l’essentiel de leurs revenus d’une activité journalistique professionnelle. Eh oui, parce qu’il y a des professionnels de l’information, c’est-à-dire des gens soumis à des règles, encadrés, responsables de leurs écrits, qui ont fait du journalisme leur métier. Et ceux-là ne se confondent pas avec ces gens libres de toutes contraintes, amateurs, que sont les blogueurs.  Je ne m’explique pas cette obsession farouche chez certains de vouloir gommer cette différence. C’est si ennuyeux que cela d’avoir, là comme ailleurs, des professionnels et des amateurs ? Au nom de quel égalitarisme de bas étage faudrait-il supprimer cette différence ? Surtout qu’elle fait particulièrement sens entre blogueurs et journalistes, vu qu’ils ne font pas du tout la même chose. On confond un peu trop vite je trouve la diffusion de l’information, dont nous ne sommes plus en effet les acteurs exclusifs, et la production de l’information qui demeure notre vocation.

Seulement voilà. Il faut porter la double casquette de journaliste et de blogueur, comme je le fais depuis plusieurs mois,  pour saisir à quel point il n’y a rien de commun entre les deux activités. Au demeurant, les lecteurs ne s’y trompent pas. D’ailleurs, je les ennuie avec ce billet, ils m’ont dit à plusieurs reprises que cette querelle était à leur yeux un non-sujet. Ils ont raison. Sauf que, visiblement, il ya encore des gens pour y croire, essentiellement dans la presse, cette presse si excitée d’assister à ses propres funérailles et composant elle-même la partition de son requiem. Il n’y a plus que quelques gens de presse, au fond, pour prétendre qu’Internet va tuer le journalisme et les blogueurs remplacer les journalistes. Normal, ils ont peur et quand on a peur, on est prêt à croire n’importe quoi, surtout le pire. Et le pire ici, est agité par une poignée de blogueurs américains agressifs qui, en effet, veulent la peau de la presse. A chaque pays ses extrémistes, est-il nécessaire d’importer ces théories en France, simplement pour se croire moderne ?

Et si, au lieu de fantasmer le futur, nous construisions l’avenir tout simplement ? Un avenir où les citoyens disposeraient d’une presse de qualité, quelqu’en soit le support, ainsi que de multiples relais pour discuter, critiquer, diffuser cette information ?  A quoi bon opposer ce qui se complète si bien, comme si Internet ne pouvait réellement s’imposer que sur les cendres des médias dits « traditionnels » ? Faut-il nécessairement dénigrer les journalistes pour valoriser les blogueurs ?   Renoncer aux faits pour ne plus vouloir entendre que des opinions ? Nous savons bien au fond que l’information journalistique, si irritante et imparfaite qu’elle soit, conserve une présomption de fiabilité supérieure aux autres informations, excepté aux yeux de quelques contestataires  friands de chemins de traverse. Tous les fantasmes futuristes du monde ne peuvent faire oublier qu’il faudra toujours des professionnels dédiés à l’information sur les faits, des témoins sur le terrain, rompus à l’exercice, soumis à des exigences professionnelles. Ceux-là même sans qui l’exercice du blog et, plus généralement, du débat public serait impossible. Souvenons-nous à ce propos de cette remarquable observation d’Hannah Arendt sur les faits et les opinions :

“Les faits sont la matière des opinions, et les opinions, inspirées par différents intérêts et différentes passions, peuvent différer largement et demeurer légitimes aussi longtemps qu’elles respectent la vérité de fait. La liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l’objet du débat”.

(La Crise de la culture).

22 commentaires »

  1. Bien que je suis, globalement, en accord avec votre phrase « [les lecteurs] m’ont dit à plusieurs reprises que cette querelle était à leur yeux un non-sujet », je vais quand même ajouter un point, qui apparait en filigrane dans votre lettre et dans bien d’autres discussions sur le sujet :

    Le rôle traditionnel du journaliste est à mon avis double, d’une part informer, d’autre part décrypter, analyser, commenter. Bien évidemment, les deux rôles se recoupent, on ne peut pas donner un information complexe sans l’analyser, et une analyse ne vaut rien sans une masse d’informations pour l’étayer. Mais il y a deux rôles quand même.

    Quand des gens parlent du journalisme des bloggueurs, de la fin des journalistes traditionnels, etc., ce qu’ils pensent, c’est que le web permet de ne plus limiter la fonction d’analyse aux seuls personnes qui ont accès à un journal comme moyen d’expression, i.e. les journalistes et les « experts autorisés ». Ce qu’ils ignorent ou font semblant d’ignorer, c’est que la fonction d’information pure, elle, est bien différente.

    Je pense qu’une part de l’incompréhension et du conflit vient du fait que les détracteurs de la presse traditionnelle ne voient pas, ou ne veulent pas voir, cette fonction d’information, qui ne peut être faite efficacement que avec la participation de professionnels (pas forcément exclusivement par eux, mais pas sans eux). Alors que des défenseurs de la presse, comme vous Aliocha, voient au contraire cette fonction comme étant celle qui est primordiale et justifie la presse.

    Enfin, c’est mon avis à la lecture d’un n-ième billet sur ce sujet…

    Aliocha :voilà qui est fort bien résumé. C’est pourquoi j’ai la conviction que les activités et les supports de diffusion sont complémentaires. Mieux, que leur complémentarité est une richesse dont il ne faut surtout pas se priver en les opposant artificiellement. Et désolée pour le énième billet…nous sommes d’accord également sur ce point 😉

    Commentaire par Rémi — 22/06/2009 @ 11:23

  2. Les gens de presse croiraient que les blogs vont tuer le journalisme ?
    Heu… Pour avoir discuter avec Jacques Rosselin en direct de cette question, je crois que vous faites fausse route.
    Vendredi cherche à faire sortir du web des informations ou du contenu (pas nécessairement informatif) différent. Pas nécessairement meilleur ou plus pertinent.

    Le format est bancal, certes, car les documents sont tronqués et recontextualisés par un chapô pas toujours bien trouvé (un de mes billets pour owni a eu la chance de bénéficier d’une illustration assez drôle, d’un titre qui perdait le jeu de mot pourquoi / « y » en anglais, et d’un chapô à contresens total de ce que j’affirmais en commentaire : à savoir ce n’était pas un manifeste et je ne suis le porte-étendard que de moi-même), et l’on perd au passage la richesse des commentaires, qui parfois sont très intéressants et ouvrent de vraies discussions.

    Je ne serai pas si affirmatif sur la « présomption de fiabilité supérieure aux autres informations » du travail journalistique, même si je comprends que l’on s’y attache quand on en vit (et ce n’est pas là une pique).

    Il faudra des témoins, des envoyés spéciaux, des gens capables de dénicher des experts, de mettre en perspective, oui, cela reste vrai. Et les journalistes sont à la fois formés et équipés pour cela (temps, matériel, carnet d’adresse). Du moins il faut l’espérer. C’est là que se situe le vrai débat.

    J’ai longuement réfléchi et consacré quelques billets à la différence journaliste / blogueur. En mathématiques, quand deux ensembles ne se recouvrent pas et ne supposent pas les mêmes prérequis ni les mêmes conditions, une inconnue ne peut remplacer l’autre dans l’équation.

    Alors oui, ce débat est stérile, et ressemble de plus en plus à un dialogue de sourd. Il vaudrait mieux se concentrer que les questions plus essentielles : financement, formation, qualité, indépendance, distribution.

    Aliocha : je ne trouve pas nécessairement que Vendredi soit bancale, je l’aurais préféré plus journalistique, autrement dit plus axé sur l’observation du phénomène des blogs et proposant une lecture critique mettant vraiment en valeur les talents plutôt qu’un digest, mais pour cela, il aurait fallu une rédaction étoffée. Quant au débat, il ne me parait pas stérile, bien au contraire, s’il peut servir à définir et délimiter les activités de blogging et de journalisme. C’est très précisément à mes yeux l’affrontement, la querelle des anciens et des modernes, qui me parait stérile.

    Commentaire par [ Enikao ] — 22/06/2009 @ 12:06

  3. (Grand Soupir)

    Décidément, vous n’aimez pas qu’on s’attaque à votre (notre ?) corporation. Pourquoi faut-il que vous vous sentiez obligée de vous fendre d’un (long) papier chaque fois que vous croyez avoir démasqué un fossoyeur de la presse et du journalisme ?

    Je n’en suis pas un, vous avez dans doute mal lu ou mal compris mon article. Publié dans le Vendredi spécial été (très bon cru par ailleurs, en vente chez les bons marchands de journaux pour 5 euros), il essaie modestement de faire avancer la réflexion sur l’info et le net, rien de plus. Je ne crois ni à la fin des journalistes, ni à celle des journaux (j’en ai créé un récemment). Les blogs sont d’ailleurs beaucoup plus nombreux à disparaître chaque jour… Surtout lorsqu’ils ignorent les conseils de leurs lecteurs et s’obstinent à traiter ce qu’ils considèrent comme des « non-sujets », comme vous l’écrivez si bien.

    Confraternelles salutations,

    JR

    Aliocha : c’est amusant, le seul sujet sur lequel on m’explique systématiquement que j’ai mal lu ou mal compris est toujours celui-ci. Soit la passion pour ma « corporation » – comme vous dites – m’aveugle, mais j’aimerais bien qu’on m’explique ce qu’est en France la corporation des journalistes, soit ceux qui sont imprégnés de cette dialectique finissent par ne plus en avoir conscience. Votre texte, dont je cite ici de larges passages que vous ne me reprochez pas d’avoir inventés, c’est donc qu’ils sont exacts, s’inscrit précisément dans la dialectique journaliste/blogueur, médias traditionnels/Internet, et la comparaison est toujours au désavantage de la presse. Je n’ai donc rien inventé. Le seul fait d’évoquer les blogs, par rapport au journalisme, est déjà la marque d’une tentation de penser l’un par rapport à l’autre. La question est : pourquoi ? Cela fait des siècles que les gens tiennent des journaux intimes, je ne vois pas en quoi le simple fait de les publier transformerait l’exercice en journalisme. Mais admettons. Question suivante : pourquoi cette comparaison de départ glisse-t-elle ensuite si facilement dans un rapport d’opposition ? Et pourquoi ce rapport d’opposition se situe-t-il sur le terrain de la qualité, de l’indépendance, de la crédibilité ? Quitte à évoquer le sujet, autant aller jusqu’au bout.

    Commentaire par Rosselin — 22/06/2009 @ 12:20

  4. Bonjour

    J’aime beaucoup cette phrase : « cette presse si excitée d’assister à ses propres funérailles et composant elle-même la partition de son requiem ».

    Commentaire par Al-Kanz — 22/06/2009 @ 12:30

  5. VIVE LA PRESSE !!!!!!!!!!

    Commentaire par misty — 22/06/2009 @ 14:41

  6. « le pire ici, est agité par une poignée de blogueurs américains agressifs qui, en effet, veulent la peau de la presse »
    Heuh ça vient d’où cette histoire? Des sources des exemples? Désolé de faire le sceptique de service mais c’est la première fois que je lis une telle affirmation et la formulation étant plutôt abrupt j’aimerais bien savoir d’où ça vient.

    Aliocha : de partout, je lis cela depuis des mois.
    Extrait d’un article d’El Pais traduit par courrier international dans son numéro de cette semaine « Mais où va la presse » :
    « Dans les grandes lignes il y a trois principaux courants d’opinion (sur l’avenir de la presse). Ceux que l’on appellera les blogueurs sont convaincus que la presse écrite telle qu enous la connaissons depuis deux cents ans et l’ancien régime du journalisme professionnel sont condamnés à l’exctinction » (…)
    Et le journaliste de citer ces propos d’un blogueur: »Ceux qui s’évertuent à sauver les journaux ressassent inlassablement la même question : si le modèle ancien est cassé, qu’est-ce qui marchera pour le remplacer : rien. Rien ne marchera. Il n’y a aucun modèle pour remplacer celui qu’Internet vient de détruire », note Clay Shirky, l’un des blogueurs le splus prolifiques, qui résume ainsi le mépris que les siens vouent aux réactionnaires du vieux journalisme ». Voilà l’adresse du blog, je n’ai pas eu le temps de lire sa prolifique production pour retrouver le billet cité.

    Commentaire par LordPhoenix — 22/06/2009 @ 17:38

  7. Dame Aliocha, juste pour copier-coller le court interview de Bruno Frappat dans le Monde et comme pour alimenter la réflexion, voici :

    http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2009/06/22/bruno-frappat-les-journalistes-ne-sont-ni-des-flics-ni-des-juges_1209836_3236.html

    Commentaire par WebOL — 22/06/2009 @ 18:20

  8. @Aliocha Le modèle de Vendredi n’est en effet qu’au digest, pas à l’analyse. Ce magazine-là n’aurait probablement pas sa place en kiosque. Il existe en ligne dans différents blogs. Et dans quelques (rares) chroniques / rubriques.
    Pour ma part, j’ai fait le tour de la question journaliste / blogueur, et la délimitation me semble assez claire désormais. Ce qui ne signifie pasqu’elle n’est pas complexe ni qu’il n’existe pas de porosités. Mais peut-être suis-je péremptoire, et mon raisonnement n’est-il valable qu’à un instant T, et donc susceptible d’évoluer prochainement.

    Commentaire par [ Enikao ] — 22/06/2009 @ 18:44

  9. Je tombe par hasard et par lien depuis Seb Musset sue ce blog, et je m’amuse à lire cet article et ses commentaires.
    Pour la lectrice de base que je suis, de journaux et de blogs, cela fait belle lurette que j’ai constaté que lorsque je cherche une info (source, pas des analyses) sur un événement un peu particulier, dérangeant, pas dans la ligne du consensus global actuel, c’est bien sur le net que je vais la trouver, avec vidéos, souvent d’amateurs à l’appui… Vous êtes au courant sans doute…Plus que pour les analyses et les commentaires, voilà pourquoi j’aime Internet. Voilà pourquoi le gouvernement veut contrôler ce qui se diffuse sur le net, Belle Plume d’Aliocha! Je n’ai rien contre les journalistes, mais comme vous le dites, ils ont d’autres contraintes, c’est bien là que le bas blesse!!!

    Commentaire par Neige — 22/06/2009 @ 20:20

  10. Ouaiis ben moi, Vendredi, j’ai pas aimé leur démarche lorsqu’ils ont pris un de mes textes de blog, sans m’en demander permission ni même simplement m’en avertir, pour le publier.
    A mes protestations par mail -quand une amie m’a informée de la chose, mr rosselin m’a répondu en arguant de l’erreur unique et de leur grand soin à contacter les auteur-e-s.
    Bernique, prenez moi donc pour une ahurie, je n’avais pas été la seule dans ce cas, pour cette édition là, au moins.
    Oui la blogo peut être petite, on se cause et on s’informe….
    Donc si Vendredi se veut journal (journal des blogs…) au moins qu’il respecte la déontologie minimale de la presse.

    Commentaire par mebahel — 22/06/2009 @ 22:53

  11. A propos d’article nul: ce titre du monde Recherche du vol Rio-Paris : interrogations sur les signaux captés.

    Je sais que la pression pour avoir des infos est énorme sur cette affaire, mais de là à publier un article sur le moindre début de commencement de possible détection d’un signal… Je pense qu’il faut savoir résister: rien que d’attendre 1 journée de plus permettrait de savoir si oui ou non il s’agit bien du signal des balises de AF447, sans parler de pouvoir effectivement récupérer la boite noire autour de la balise.

    Je note par ailleurs que la brève de départ (ce matin, qui a disparu depuis), affirmait carrément avoir retrouvé les boites.

    Bref, cet type d’info ne mérite pas de figurer dans un journal papier (ou son site web), car ça utilise des ressources humaines et matérielles pour courir derrière une info instantanée qui sera de toute façon démentie ou mieux traitée par Reuters/AFP & co. La niche écologique d’un journal type le monde n’est pas l’info instantanée, ce sont les articles longs et documentés. Sur le AF447, soit le monde dispose d’un contact embarqué sur un navire de recherche, et c’est intéressant, soit il n’a rien à dire de plus que l’AFP, et ce n’est pas la peine d’en tirer des brèves. JE n’ai rien contre le fait de faire figurer la liste des dépêches dans un coin du site, mais ça ne vaut pas le coup d’y consacrer du temps de journaliste pour en tirer un article. Il faut savoir ATTENDRE.

    Commentaire par javi — 23/06/2009 @ 13:25

  12. « Puis vous ajoutez que certains blogueurs spécialisés en économie sont bien plus calés que Jean-Marc Sylvestre. Au royaume des aveugles en effet… »
    J’ai bien ri en lisant cette phrase. Parce qu’elle est juste, évidemment, c’est précisément ce que J.-E. (de mafeco) et moi étions en train de nous dire quelques minutes avant que je tombe sur ce billet.

    Du coup, je me permets un léger hors-sujet, en vous demandant votre avis sur cet article :
    http://www.theatlantic.com/doc/200907/news-magazines
    Contrairement à ce que son titre laisse entendre, son objet est d’expliquer pourquoi, au milieu de la débâcle générale de la presse anglo-saxonne, c’est *the Economist* qui s’en tire le mieux, malgré sa charte graphique pour le moins conservatrice (à 29 ans, je suis assez âgé pour me souvenir de l’éditorial annonçant le passage à la couleur…).

    Commentaire par Mathieu P. — 23/06/2009 @ 17:53

  13. @Neige,

    Le problème, avec Aliocha, c’est qu’elle nie farouchement les contraintes et les diverses sujétions des journalistes. Comme si ce n’était pas celui qui paie les violons qui choisit la musique. Elle croit au mythe du journaliste objectif et indépendant alors que tout montre le contraire.
    Qu’elle m’explique pourquoi la presse nationale n’évoque pas, par exemple (exemple entre mille), les casseroles judiciaires de Baylet, le baron des radicaux de gauche, roitelet toulousain et par ailleurs (et surtout) patron de La Dépêche du Midi.
    Si on veut des infos sur le sujet, c’est bien évidemment sur le net qu’on les trouvera.

    Commentaire par Gilbert — 24/06/2009 @ 16:22

  14. Autre exemple, tout frais, qui montre qu’il est stupide d’opposer les journalistes pros et les blogueurs. Reuters vient de publier un article selon lequel les sans-papiers qui occupaient la Bourse du travail Charlot à Paris ont été évacués par les forces de l’ordre. C’est tout simplement faux, ils ont été évacués par les gros bras de la CGT et non par les forces de l’ordre.
    Dans pareil cas, les conséquences sont autrement plus graves que si c’était un blogueur qui avait publié une fausse information. Là, ce sont tous les journaux qui reproduisent la connerie.

    Aliocha : la dépêche AFP qui tempère vos propos. Il y avait la police et la CGT.

    Commentaire par Gilbert — 24/06/2009 @ 23:08

  15. J’étais sur place. Je peux donc affirmer que c’est bien le service d’ordre de la CGT qui a viré les sans-papiers. Les flics sont intervenus après, dans la rue. Il n’y avait pas de journaliste à ce moment là. Le correspondant de l’AFP est venu bien après l’évacuation. Celui de Reuters, je ne sais même pas s’il s’est déplacé.
    C’est plus fort que vous, vous défendez la corporation même quand vous ne savez pas.

    Aliocha : d’abord, vous ne me parlez pas sur ce ton. Ensuite, je livre une dépêche AFP proche de votre explication qui montre que si reuters s’est planté et encore, je n’ai pas trouvé la dépêche, l’AFP évoque les mêmes faits que vous. Je n’ai jamais dit que la presse était infaillible, simplement les erreurs sont généralement corrigés, par les auteurs eux-mêmes ou les concurrents.

    Commentaire par Gilbert — 25/06/2009 @ 01:40

  16. Quel ton ? Le même plein de certitudes que vous ? Seulement, moi, j’évite de raconter n’importe quoi quand je ne sais pas. Le titre de l’article de l’AFP, non seulement est grotesque (parler de « pression » pour une opération commando et ultra-violente) mais il est tout aussi mensonger, même si l’article raconte autre chose.
    Je ne vois pas que Reuters a fait un réctificatif. Ce sont donc des conneries qui ont été répandues dans toute la presse. Des conneries racontées par un blogueur font moins de dégâts.
    Je ne dis pas non plus que la presse tradiutionnelle, c’est tout mal et que la vérité se trouve sur le net.
    Je constate que vous ne répondez pas aux vraies questions, qui concernent la censure et l’autocensure. la constitution de monopoles de fait (l’exemple que je vous ai donné, les casseroles de Baylet, on ne risque pas d’en parler là où ça se passe vu que Baylet possède la Dépêche, qui rachète tous les journaux qui peuvent lui faire de l’ombre). Bref, il faudrait faire des 2tats généraux de la presse, avec tous les concernés, et non des États généraux des patrons de presse sous l’égide de Sarkozy.

    Aliocha : si vous me supçonnez de ne pas appartenir à la gauche révolutionnaire, vous avez raison. C’est bien le seul point d’ailleurs où nous sommes d’accord. Bon début non ?

    Commentaire par Gilbert — 25/06/2009 @ 12:16

  17. Qu’est-ce que la gauche révolutionnaire vient foutre là dedans ? J’ai cité des faits précis, vous répondez n’importe quoi.

    Aliocha : pire, je ne réponds pas du tout, ce qui est généralement le cas quand on m’agresse.

    Commentaire par Gilbert — 25/06/2009 @ 15:03

  18. C’est surtout le cas quand vous ne trouvez rien à répondre.

    Aliocha : Mon Cher, je vais vous expliquer une chose que visiblement vous peinez à comprendre. J’entends que ce blog soit un lieu de débat apaisé. On peut tout y dire à partir du moment où on le dit calmement. Par ailleurs, ce n’est pas un bureau des pleurs sur les fautes de la presse. J’ai eu souvent l’occasion de confirmer à des lecteurs qui me donnaient le même genre d’info que vous, qu’en effet, il y avait erreur, faute ou tout ce que vous voulez. Et ensuite ? Quel ets l’intérêt exactement ? Vous n’avez pas besoin de moi pour vous faire une opinion que je sache ? D’ailleurs, ce n’était pas mon avis que vous réclamiez, vous vouliez vous faire des journalistes. C’est fait. Et vous n’êtes pas encore content. Il faudrait en plus que je jette aussi ma pierre contre mes confrères. J’ai franchement autre chose à faire.

    Commentaire par Gilbert — 26/06/2009 @ 14:14

  19. Je crois que vous n’avez pas tout à fait compris qu’il ne s’agissait pas de « se faire des journalistes », mais de faire la part des choses entre une défense quasi-inconditionnelle de la corporation (ou avez-vous vu que la presse se critique elle-même ? Que je sache, les manquements que je souligne, ce n’est pas la presse qui les explique) et le déni qu’il pourrait y avoir sur le web du journalisme autrement plus sérieux que ce que l’on trouve dans les médias mainstream (je n’ai jamais dit que c’était systématiquement le cas).
    Bref, vous devriez essayer de voir les nuances au lieu de renvoyer vos contradicteurs à je ne sais quel gauchisme.

    Commentaire par Gilbert — 27/06/2009 @ 19:04

  20. Aliocha, vous êtes l’Olympe de Gouges de la presse écrite. Ce qui dans ma bouche est un compliment très très très flatteur puisque j’en suis fan, n’étant pas sexiste (comme vous l’insinuez susurrez perfidement suavement) mais un misogyne à femmes tout comme je suis un misanthrope humaniste 😉

    Aliocha : vous m’en voyez flattée. J’espère seulement ne pas finir comme elle 😉

    Commentaire par Ferdydurke — 28/06/2009 @ 16:28

  21. @ Aliocha

    La guillotine étant hors service, vous garderez votre tête.
    Ceci étant, si j’étais Fouquier-Tinville, j’opterais pour d’autres « supplices », choisis en rime, mon imaginaire aidant… 😉

    Commentaire par Ferdydurke — 30/06/2009 @ 05:35

  22. BiBi fait la grande différence dans le Champ journalistique entre les Journaleux, toutous à Lagardère et à Dassault ( grandes plumes au Figaro et au JDD, d’Olivier Jay à Yann Moix) et les journalistes, ceux qui enragent, qu’on encage, qui passent leur rage dans la bibine, qui sont mangés par la Censure ( et l’auto-Censure), ceux qui voient les dégats considérables de la Mise au pas de la Presse par nos Grandes Fortunes de l’Armement, ceux qui voient avec désespoir qu’un mort (MJackson) vaut plus que 12 morts à Karachi etc.., ceux qui protestent, qui ont défilé avec honneur le 19 mai etc…

    Grande différence dans le Champ : entre Charles de Villeneuve, Claude Askolovitch et ceux qui, courageux, ont protesté contre l’orientation ehontée pro-sarkozyste du journal du Frere Lagardère.

    BiBi est bloggeur et ne se prend pas pour un journaliste. Il n’a que ce seul mouvement éthique : être responsable de chaque mot qu’il aligne, parler de ce qu’il connaît et sur lequel il peut répondre dans un débat apaisé mais tranchant.

    BiBi aime les journaux, élevé dès son plus jeune âge par ces grands journalistes qui furent, qui sont (Morvan Lebesque du Canard Enchaîné, Serge Daney pour Libé, Christian Montaignac pour l’Equipe et bien d’autres).
    Les critiques de BiBi ne vont pas tant aux journaux ( il lit assidument Le Figaro où il apprend beaucoup de choses sur ses adversaires, il lit Challenges, Le Monde, Libé, Le Monde Diplomatique, la Tribune de Geneve, le Temps, Politis, Paris-Match, les Inrocks) qu’à la hierarchie des infos ( qui est un problème politique)

    Sachez encore que BiBi lit (et écrit) dans Vendredi. Les Flèches de BiBi, c’est lui !
    Enfin, dernière chose à propos des bloggeurs, votre généralisation sur LES bloggeurs est bien hâtive. Venez lire les deux articles que BiBi a pondu sur les Left-Blogs (ou Left Blaggeurs) et vous verrez que Diversité et Contradictions existent aussi dans ce Champ.

    A bibientôt ici ou sur mon blog.

    Commentaire par BiBi — 03/07/2009 @ 01:11


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