La Plume d'Aliocha

19/03/2012

Twitter ou l’ivresse de soi

Filed under: Coup de griffe — laplumedaliocha @ 12:13
Tags: , ,

Il y a quelques mois, j’avais raconté ici avec enthousiasme mes premiers pas sur le site de microblogging Twitter. Je ne renie pas une ligne de ce que j’écrivais alors. On s’y échange en temps réel le meilleur de l’information, on y débat, on y joue avec les mots. Hélas, je n’avais pas aperçu à l’époque un travers majeur dans l’utilisation de la chose.

L’ego.

Cette maladie française que les étrangers nous reprochent en choeur où que nous allions, et qui a trouvé avec Twitter un lieu d’expansion formidable.  J’aurais remis à plus tard ou à jamais l’idée d’en dire quelques mots, si je n’avais lu ce matin la gouleyante chronique de Daniel Schneidermann qui aborde justement cette question. Le patron d’Arrêt sur Image raconte dans son billet du jour comment il s’endort avec Audrey Pulvar pour se réveiller avec Cécile Duflot. Grâce à Twitter bien entendu. N’allez pas vous imaginer que le journaliste porte atteinte à l’honneur d’Arnaud Montebourg !

Ah ! Twitter. Il faut voir comment chacun s’y fait le reporter inspiré des petits riens de son existence ! On s’y brosse les dents en public, on y étale ses petits bobos mais surtout ses grandes joies, histoire de se faire rutiler le nombril. On y est aussi l’éditorialiste attentif de ses humeurs, l’attaché de presse infatigable de son oeuvre réelle ou imaginaire, le VRP à temps complet de soi-même. Chaque tweet (message) est un flyer conviant celui qui le lit à la représentation permanente que donne son auteur de sa vie. Oubliez le théâtre et le cinéma, sur Twitter, le spectacle se joue en continu et en plus il est gratuit. Vous y trouverez des humoristes, des clowns, des acrobates, des intellos, des tragédiens, et mille autres distractions encore. Le One man show est la discipline maîtresse, mais on peut aussi assister à quelques pièces jouées à plusieurs, autrement appelées discussions. Andy Warhol avait prédit qu’un jour chacun aurait son quart d’heure de célébrité. Il n’imaginait sans doute pas à quel point l’avenir  allait lui donner raison. Et puisque chaque Twittos (utilisateur) désormais dispose de son propre public sur la toile, il est logique – à défaut d’être légitime-  d’imaginer que ledit public s’intéressera avec passion aux menus détails de sa vie quotidienne, de la même façon que les lecteurs de Voici traquent avec gourmandise les petits riens de la vie des stars.

Vu sous un autre angle, Twitter s’insinue avec la bénédiction de ses utilisateurs dans le rapport que chacun entretient avec lui-même, provoquant involontairement une sorte de gigantesque psychanalyse collective. Le moi s’y étale sans pudeur, dans une ivresse de soi qui souvent frise le ridicule, pour ne pas dire l’obscénité. Car il faut se vendre, à tout prix. Avoir le plus grand nombre de followers (abonnés), sortir le meilleur trait d’esprit, attirer l’attention d’une célébrité, bref, sortir du lot, sous les applaudissements muets d’une foule de lecteurs en délire. Pour reprendre la très jolie formule de Dominique Wolton, communiquer revient toujours à poser cette question fondamentale : est-ce que quelqu’un m’aime quelque part ? En l’espèce, on est tenté de se demander si la vraie question ne serait pas plutôt : est-ce que quelqu’un m’admire en ces lieux ?  A bien y réfléchir, on est très loin du charmant gazouillis de l’oiseau culte qui symbolise l’outil. Le canapé rouge de Freud conviendrait mieux à l’utilisation qui en est faite. Cela étant dit, il reste des utilisateurs sérieux qui en font un usage informatif, un lieu d’exploration virtuelle du monde, un espace d’échange et de curiosité. Espérons qu’ils ne se retrouvent pas noyés sous le flot de nombrils hyptertrophiés qui tentent plus ou moins adroitement de décrocher les fragments plaqués or d’une renommée de pacotille.

40 commentaires »

  1. J’ai lu cette gazette de Daniel Schneidermann de ce matin et pour ma part son contenu, ou plutôt l’usage qu’il fait de Twitter, m’a un peu laissé pantois. Si je peux comprendre que certaines personnes diffusent beaucoup de « bruit » sur Twitter, je suis étonné qu’on puisse y trouver le moindre intérêt, à plus forte raison dans le cas d’un journaliste (qui cherche à mes yeux empreints de naïveté avant tout à chercher de l’information utile, pertinente, et la plus récente possible).
    Personnellement c’est tout ce blabla sur Twitter qui m’a toujours empêché de vraiment m’en servir, trier le bon grain de l’ivraie sur Twitter prends du temps, et même sur certains fils « sérieux » (dans mon cas, des tweets sur des sujets techniques) il y a parfois du bruit autour qui gêne la lecture (facile dès lors de passer à côté de l’info’ pertinente).

    Pour moi bien sûr le tri serait à faire en amont : les journalistes, politiciens, etc., devraient tous avoir 2 fils de tweet, tous deux publics, mais un où il n’y a que les informations (supposées) pertinentes / importantes, l’autre où il y a le blabla de la vie de tous les jours. Que ceux qui veulent suivre l’un ou les deux puissent faire comme ils veulent.

    Commentaire par sergesimon — 19/03/2012 @ 12:39

  2. les perles du genre étant répertoriées sur http://personalbranling.tumblr.com/

    (sport national, en effet)

    Commentaire par erhbd — 19/03/2012 @ 13:47

  3. Si vous ne connaissez pas jetez un œil sur personabranling (http://personalbranling.tumblr.com/) qui met justement en exergue ces petits moments d’egotrip.
    Assez amusant malgré les limites de l’exercice.

    Commentaire par Laurent — 19/03/2012 @ 13:54

  4. @sergesimon : vous êtes dur avec Daniel, il ne cherche pas les infos qu’il évoque, il dénonce le fait qu’on les lui inflige. Et je suis d’accord avec lui…

    Commentaire par laplumedaliocha — 19/03/2012 @ 14:00

  5. Souvent, en croisant des gens dans la rue, un couple, un père avec ses enfants, deux amis, un groupe de collègues, et piquant au passage une réplique, je me dis  » j’aurais pu dire exactement la même chose » ou bien « tiens ! l’autre jour, j’ai dis la même chose, sur le même ton »… Je suppose que si je pratiquais twitter ce serait pareil, je me dirais que ce qu’untel ou untel raconte sur son nombril ne diffère en rien de ce que je pourrais raconter sur le mien. Car, en twittant, cherche-t-on à mettre en avant son ego ou à vérifier qu’au fond autrui n’est pas si différent de soi que ça ?

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 19/03/2012 @ 18:33

  6. Hors évènement « révolutionaire » à répercuter dans l’instant, à quoi peut être utile Twitter ?
    Faute de réponse, je n’y suis pas.

    Commentaire par fultrix — 19/03/2012 @ 19:00

  7. @Laurent et erhbd : merci, je ne connaissais pas, c’est amusant !

    @Denis Monod-Broca : pour info, ce n’est pas de ce billet que je parlais quand je vous annonçais quelque chose susceptible de vous intéresser. Et j’ai lu Camus, merci pour l’info. Il faut que je le médite. Sur Twitter, on y va pour mille raisons, j’en pointe une, qui m’est apparue à titre personnel rédhibitoire, et je ne suis pas la seule. Maintenant, pour nuancer, tout le monde a plus ou moins besoin de cette reconnaissance. Au sens d’être reconnu ou de se reconnaître entre soi comme vous l’évoquez. Ce qui m’ennuie, c’est que ce type de démarche consistant à faire en permanence son auto-promotion se généralise et va finir, pour des métiers comme le mien, par devenir un passage obligé. Or, je ne me sens pas équipée pour faire cela. Je ne twitte désormais mes billets qu’exceptionnellement, quand j’ai envie de faire savoir non pas ce que j’ai écris, mais d’interpeler sur un sujet qui me tient à coeur. Celui-ci par exemple ne mérite pas à mes yeux d’être twitté. Je suis heureuse s’il intéresse et peut susciter une discussion, mais je n’irais pas jusqu’à alerter mes followers sur le fait que j’ai « livré » une opinion personnelle. En revanche, si je parle de quelqu’un que j’admire, là, twitter me parait un relais utile.

    @Fultrix : pour les journalistes, c’est une vraie source d’information, un peu incontournable pour plein de raisons, parce qu’il s’y passe beaucoup de choses, parce que les confrères et les politiques y sont, parce que c’est un univers en soi et un réseau potentiel. Pour les passionnés d’info, c’est une source inépuisable de nouveautés. Et quand il y a un événement genre itw de Sarko en prime time, c’est un lieu pour discuter, commenter, etc. Après, on aime ou pas. C’est chronophage et éphémère…

    Commentaire par laplumedaliocha — 19/03/2012 @ 21:01

  8. @ laplumedaliocha

    Ah ! Ce n’est pas le billet tellement susceptible de m’intéresser… je me disais aussi… Mais celui-ci donne tout de même lieu à discussion et c’est tant mieux.

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 19/03/2012 @ 22:03

  9. Chère Aliocha,

    Ne parle-t-on pas plus de soi sur wordpress, overblog ou autre pate-forme de journal en ligne (web log) qu’en 140 caractères sur twitter ?

    Que l’ego tienne une place importante sur twitter, c’est indiscutable, mais pourquoi d’une part serait-ce définitif ? Le boom du réseau est encore assez récent en effet, et d’autre part pourquoi serait-ce a priori négatif ?
    Chaque personne, anonyme, gagnant un peu de reconnaissance d’autrui lorsqu’elle en ressent le besoin ?

    Combien de personnes sur cette planète peuvent prétendre avoir surpasser les questions d’ego et ne jamais rechercher une marque de reconnaissance de l’autre ?

    Il me semble qu’une nouvelle fois on « attaque » le symptôme sans chercher à connaître la maladie.

    Commentaire par niodayoda — 20/03/2012 @ 03:10

  10. Traduction souhaitée pour le mot « flyer ». Merci.

    Commentaire par XC — 20/03/2012 @ 07:11

  11. Beau coup de crayon ! Je crois que nous sommes de mauvais communiquants et qu’à défaut on cherche un moyen de s’en sortir !

    Commentaire par Ilyapaklipad — 20/03/2012 @ 08:20

  12. C’est quoi, Twitter?
    😉

    Commentaire par gabbrielle — 20/03/2012 @ 08:33

  13. Reblogged this on Things I grab, motley collection .

    Commentaire par plerudulier — 20/03/2012 @ 09:00

  14. Quand le marketing déconne tellement qu’on finit par s’en apercevoir : http://www.com-vat.com/commvat/2012/03/les-sdf-transformés-en-bornes-wifi.html

    Commentaire par laplumedaliocha — 20/03/2012 @ 10:06

  15. En 140 signes, on est rarement brillant, mais on peut assez vite devenir très con : http://www.atlantico.fr/decryptage/toulouse-remugles-twitter-313557.html

    Commentaire par laplumedaliocha — 20/03/2012 @ 10:14

  16. @laplumedaliocha (#15)

    Ultime preuve s’il en est que les Français deviennent complètement fous dès lors qu’une affaire implique des juifs ou des Israéliens ou bien des Français d’origine maghrébine (comme il est convenu des les dénommer depuis 2007) – Et en l’occurrence, le récent massacre mêle le sang et la douleur des deux communautés dans un même bain.

    Maintenant il ne faut pas exagérer la portée de certains surplus inévitables de conneries sur Twitter. Je trouve personnellement qu’une forme de décence générale reste relativement bien observée sur ce réseau. Je craignais que la tragédie qui a frappé la famille de Luc Chatel puisse susciter des réactions de mauvais aloi parmi les professionnels de l’antisarkozysme twittérien, rien de tel, les quelques exceptions rapportées ici et là ne démentent pas ce tableau général.

    Commentaire par Switz — 20/03/2012 @ 11:21

  17. @Switz : ne vous inquiétez pas, mon intention n’est pas de dézinguer twitter, mais juste de dire qu’il y a du bon et du moins bon. D’ailleurs, on retrouve à peu près les mêmes problématiques qu’avec les blogs, Facebook et autres…limite privé/public, responsabilité lorsqu’on s’exprime sur un média, etc. Des questions que la presse connait par coeur depuis plus d’un siècle mais qui se posent désormais à chacun puisque nous sommes tous devenus des médias.

    Commentaire par laplumedaliocha — 20/03/2012 @ 11:33

  18. 1° temps du chapitre manipulation des media : les mises en scène de Sarkozy et ses déclarations fracassantes à contenu scandaleux (racistes et d’extrême-droite : ça choque) répercutées à n’en plus finir par tous les media, ainsi on ne parle que de lui

    2° temps du chapitre manipulation des media : pendant que les uns « tweetent » et s' »expriment » en qq signes ce qui implique simplisme et sens de la formule,
    beurk !
    pendant ce temps là, beaucoup plus grave, il se passe des choses

    pendant ce temps là, et 2° temps du chapitre manipulation des media, j’insiste : d’autres organisent des attentats qui pourraient faire basculer la campagne dans le sens de Sarko -pour le faire réélire-
    : autre forme de peur qui fait apparaître notre grand manipulateur comme protecteur et garant de l’autorité

    L ‘avenir est au fascisme -propagande et manipulation- un fascisme mediatique à n’en pas douter.

    L’histoire ne se répète jamais à l’identique ; le fascisme nouveau n’arrivera pas avec les bruits de bottes,

    Il arrivera avec les méthodes softs des media, des moyens de communications décervelés et qui décervellent. Cela va de l’usage de twitter abrutissant et hyper-immédiat interdisant toute réflexion, toute distance, obéissant à une logique d’action-réaction , jusqu’au fait que tous le media s’engouffrent dans la propagande du facho nouveau, comme le beaujolais, celui qui laisse un mauvais goût dans la bouche et qui fait passer MLP pour ringarde,
    Tous les media s’engouffrent jusqu’au cou dans la propagande du facho nouveau pour la répercuter, l’amplifier, s’en faire la chambre d’écho. Innocent amusement, soi-disant, que de s’attacher à l’aspect inédit, peu conventionnel et fait divers des derniers exploits et sarkonneries du maître en mensonges et manipulations briefés par ses conseillers fachos.

    Cela va aussi de la presse en ligne qui répercute dans l’immédiat les événements chocs, un chaque jour, créés par l’individu, à Wikipedia mastodonte du conformisme qui répète tout ça en lui donnant la forme d’une soi-disant base de connaissances : tout le champ mediatique est devenu un vaste forum, une chasse au images choc, un vaste Paris Match en somme pris dans l’immédiateté, piégé par l’absence de recul, sans pensée et manipulé-manipulable-manipulateur sans le savoir, jusqu’à l’écoeurement.

    Pour finir les attentats de la peur, ça sent vraiment mauvais tout ça.

    Commentaire par Salomé — 20/03/2012 @ 12:41

  19. @laplumedaliocha

    Je ne m’inquiète point du tout. Du reste, les micro-sociétés humaines savent bien s’organiser pour préserver la concorde à la façon des Chimpanzés. Lorsque l’un des leurs ne filent pas droit, il est exclu par les mâles dominants. On a tous eu l’expérience d’un lourdingue qui fait le mariole en boîte de nuit, s’il ne parvient lui-même à comprendre que « la danse des canards » c’est pas trop le trip, lorsqu’on le lui dit gentiment, le gars en question finit par gicler en subissant l’ostracisme de tous. Cette violence de l’ostracisme possède à mon sens la faculté d’inviter chaque twittos à un minimum de discernement du fait de la crainte de l’unfollow. Le mécanisme marche bien pour des sous-groupe, beaucoup moins lorsqu’il s’agit de la grande société humaine – il faut écarter les criminels pendant un temps quand il le faut, mais aussi préparer leur réintégration dans le même temps.

    Commentaire par Switz — 20/03/2012 @ 12:48

  20. Vous avez raison, Aliocha, Hugues Serraf est vraiment très con. Et malheureusement il s’étale en plus de 140 signes. Y-a vraiment qu’un cornichon dans son genre pour défendre Laure Manaudou justement remise en place après les âneries qu’elle croit bon de partager. Elle est vraiment pas finie, cette pauvre fille pour écrire des trucs du genre « en plus ils s’en prennent à des juifs ». Ça veut dire quoi ? Si c’est des Arabes, c’est moins grave ? Le tri parmi les victimes, ça me fait penser à Balladur, après un attentat visant la communauté juive et qui avait déploré que « des Français innocents » avaient été touchés.

    Commentaire par Gilbert — 20/03/2012 @ 17:07

  21. @Gilbert : euh, vous fâchez pas mais j’aime beaucoup Hugues, et quand je disais qu’on pouvait être con en 140 signes, ce n’est pas lui que je visais, je renvoyais à ce qu’il dénonce dans son papier. Sur Manaudou, c’est une sportive, pas une intello, est-ce utile de la dézinguer sur Twitter pour une phrase à l’interprétation sujette à caution ? Vous connaissez ma vieille haine des mouvements de foule contre un individu…

    Commentaire par laplumedaliocha — 20/03/2012 @ 17:28

  22. « C’est une sportive, pas une intello ».
    Les sportifs apprécieront.

    Commentaire par kuk — 20/03/2012 @ 19:05

  23. @ Gilbert : Rendons à Raymond ce qui est à Raymond, le coup des « français innocents » ce n’est pas de Balladur mais d’un autre grand tout mou, Raymond Barre.

    Commentaire par Mussipont — 20/03/2012 @ 22:03

  24. @ Mussipont
    Oups. Comment au-je pu les confondre. Balladur, c’est le type qui a financé sa campagne présidentielle en vendant massivement des tee shirts à sa gloire et dont, bizarrement, on n’arrive pas à retrouver un seul exemplaire aujourd’hui.

    Commentaire par Gilbert — 21/03/2012 @ 11:42

  25. J’avais lu le papier de vos premiers pas sur twitter avec intérêt d’autant que sa publication correspondait avec mon initiation personnelle, et autant dire que je me retrouvais dans votre analyse. Aujourd’hui encore, je ne remarque que considérations proches dans vos analyses que les mêmes questionnements qui m’ont effleuré à posteriori. Mais j’en retiens des points plus positifs que les dangers pointés de l’émergence de l’Ego. D’abord parce que du haut de mon âge, que je considère encore jeune, 22 ans, Twitter n’est que la continuation d’un phénomène que ma génération murît depuis bien longtemps : de la mode des tchats instantanés (caramel), à la messagerie instantanée (msn), en passant par les blogs (skyrock) et le roi du networking (Facebook)… le miccrobloging à la twitter encourage finalement bien plus les nouvelles générations à l’engagement d’opinion que la simple mise en scène de leur quotidien ou la recherche de complaisance virtuelle. Pour autant, il semble que pour des générations plus âgés, il soit bien plus simple de ne constater que les symptômes qui émerge de cette lecture, sans observer les chances inédites pour nos sociétés contemporaines. En effet, Les vielles générations qui ont résisté au phénomène facebook sans pour autant être hermétique à l’émergence de l’égo et de la dramaturgie individuelle qui travail le monde relationnel de leur enfant ont une relation profondément différente à l’outils numérique. Mais cet outil que représente internet, twitter n’en étant qu’une option et extension du champ des possibles, est désormais partie intégrante à la sauce transhumaine de la représentation du monde dans nos jeunes générations. Au delà de potentiellement touché et mettre en relation n’importes quels individus à travers la planètes, cela les rends aussi autonome du système d’information télévisuel principal jusqu’à présent (dépendant soit de la puissance publique, soit de la puissance du capital). Les égos hypertrophiés ne sont ainsi que la conséquence inattendue du XXIème siècle de consacrer l’autonomie de la société civile dans l’organisation du débat démocratique, et d’opposer dans la politique globale le citoyen sur un plan d’égalité aux Etats et aux Firmes transnationales. Il n’y a rien de négatif à cela, à moins de ne pas en tirer les conséquences d’abandon de la réal politics, pour permettre, par exemple de tuer dans l’oeuf par le consensus, l’intégrisme qui pousse à des agissements tels récemment observés à Toulouse…

    Commentaire par Toinoult — 21/03/2012 @ 12:07

  26. @Toinoult : j’ai 20 ans de plus que vous 😉 mais je ne pense pas qu’il faille positionner le débat sur le terrain exclusivement générationnel. Ne serait-ce que parce que je me méfie de toutes les formes d’enclavement. Parfois j’ai 5 ans, d’autres 80 et il m’arrive même d’en avoir souvent 20. Bref, ce billet est un mouvement d’humeur, mais au-delà, il traduit le ressenti de plusieurs personnes de mon entourage sur un « petit travers » de Twitter. Cela étant, il n’est pas redhibitoire à mes yeux et ne diminue en rien ses mérites. Tout le monde sur un plan d’égalité, c’est bien, émancipé du système médiatique, c’est encore mieux. Après tout, on a agité toutes ces réflexions il y a 10 ans déjà sur les blogs, ce qu’on peut dire de Twitter relève du réchauffé, j’en suis bien consciente. Mais il faut bien avouer que ces innovations sont ambivalentes. D’un côté, on développe une conscience du monde élargie, de l’autre, un ego surdimensionné, une mise en scène de soi. Qu’une génération y soit plus habituée qu’une autre ne change au fond pas grand chose au fait qu’il puisse être intéressant de s’interroger sur le caractère souhaitable ou pas de certaines utilisations de ces outils. Histoire d’en corriger les travers pour n’en garder que le meilleur, non ? Sur Facebook, je n’y suis pas, ce n’est pas générationnel, c’est juridique. Quand on travaille avec la CNIL, on mesure les dangers de la surexposition de sa vie privée et de ses données personnelles. D’ailleurs, sauf erreur de ma part, les geek rejoignent les juristes sur ce type de problématique.

    Commentaire par laplumedaliocha — 21/03/2012 @ 15:03

  27. L’avis d’Anne Nivat, reporter de guerre spécialiste de l’Afghanistan, sur les événements du jour :http://www.huffingtonpost.fr/anne-nivat/toulouse-afghanistan_b_1369228.html?ref=france

    Commentaire par laplumedaliocha — 21/03/2012 @ 15:04

  28. Anne Nivat a raison, évidemment.

    Qui sont les plus fous, nous qui menons cette absurde guerre en Afghanistan ou ceux qui protestent contre elle ?…

    « S’écarter de la raison, sans le savoir, parce qu’on est privé d’idées, c’est être imbécille; s’écarter de la raison le sachant, mais à regret, parce qu’on est esclave d’une passion violente, c’est être faible: mais s’en écarter avec confiance, & dans la ferme persuasion qu’on la suit, voilà, ce me semble, ce qu’on appelle être fou. Tels sont du moins ces malheureux qu’on enferme, & qui peut – être ne différent du reste des hommes, que parce que leurs folies sont d’une espèce moins commune, & qu’elles n’entrent pas dans l’ordre de la société ». Voilà ce que dit la Grande Encyclopdie au mot « Folie »

    Sommes-nous tous fous ? En tous cas, nous sommes tous enfants de Caïn.

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 21/03/2012 @ 16:02

  29. @Denis Monod-Broca : en réalité, je trouve personnellement que nous vivons dans une société d’une grande violence, simplement elle a changé de visage : http://www.20minutes.fr/ledirect/902109/suicide-chez-france-telecom-mis-compte-conditions-travail

    Commentaire par laplumedaliocha — 21/03/2012 @ 16:45

  30. Oui, la société est violente. Ces suicides dans certaines entreprises le montrent amplement.
    En même temps nous sommes très protégés, nous Français, nous Occidentaux, très largement épargnés (étant du côté de la force). Tant de parties du monde sont à feu et à sang ! et bien souvent de notre fait…

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 21/03/2012 @ 17:34

  31. @Denis Monod-Broca

    Néanmoins si l’on adopte une focale large, la dernière décennie offre le spectacle global d’une moindre violence en regard des décennies précédentes – libre à vous de critiquer une forme d’optimisme leibnizien, j’essaie juste de dessiner des proportions, des éléments de comparaison. Lors de mon enfance heureuse pendant les années 80, ma curiosité me poussait à saisir quelques échos de la fureur du monde – en France: action directe, Carlos, le KGB, Khaddafi (déjà). A cette époque, on ne mêlait pas les gamins aux affaires des adultes, à l’instar d’aujourd’hui où on les fait participer à nos pleurs dès le plus jeune âge avec une pédagogie déplacée (« vous auriez pu être vous-mêmes des victimes du tueur de Toulouse » dixit notre candidat). Comme beaucoup j’étais privé de la grand messe du 20h, pour m’épargner les images inévitables de la guerre Iran-Irak, des troubles en Irlande du Nord ou autres. Lorsque M. Assad le père a massacré une insurrection sunnite avec la même poigne que son fils, personne n’en a parlé. Dans la maison de campagne de mon grand-père, je jouais avec mes soldats, et des fois grand-père me rappelait qu’à la guerre les soldats mouraient vraiment. Un jour les programmes de télévision cessèrent pour montrer le dernier hommage rendu par Mitterrand aux 55 parachutistes tués à Beyrouth – un homme d’Etat seul face à 55 cercueils couverts du drapeau, il me semblait bien seul; la force de l’image m’est restée à l’esprit.

    Commentaire par Switz — 21/03/2012 @ 20:05

  32. @ Switz

    Oui, sans doute la violence était-elle, à l’époque dont vous parlez, moins étalée qu’elle ne l’est aujourd’hui. Etait-elle plus grande pour autant ? La comparaison me semble difficile.
    Je crois que nous sommes de nos jours, sous nos latitudes, à la fois très protégés de la violence d’autrui et très violents nous-mêmes tant par nos canons que par nos capitaux.

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 22/03/2012 @ 08:44

  33. De notre correspondant permanent derrière son écran : http://www.arretsurimages.net/vite-dit.php#13452
    où l’on voit que le twittos est plus malin que le raid, tout comme le supporter de football sur son canapé est nettement plus doué que les joueurs sur le terrain…

    Commentaire par laplumedaliocha — 22/03/2012 @ 14:44

  34. @ Aliocha : certains de vos confrères télé se sont eux aussi bien couvert de ridicule en nous annonçant la reddition, puis le suicide, puis la fin des opérations en pleine nuit, etc, etc… BFM TV ayant semble t il remporté la palme de l’incompétence.

    Commentaire par Mussipont — 22/03/2012 @ 21:19

  35. @Mussipont : ce ne sont pas les confrères, c’est le système dans lequel ils s’inscrivent. Et il me semble qu’un twittos est particulièrement bien placé pour comprendre cet effet de système…j’en parle dans mon dernier commentaire sous le billet suivant 😉

    Commentaire par laplumedaliocha — 22/03/2012 @ 21:22

  36. @ Aliocha
    Et le système, c’est qui ? Le « système » a bon dos. C’est tout de même pas quelque chose d’immanent, décidé par Dieu. Ce sont bien des humains qui participent au système, à quelque niveau qu’on se situe. C’est comme « la crise ». C’est la crise de quoi ? Ainsi donc, il n’y aurait pas de responsables de la crise ? Ni responsable, ni coupable, celle qui avait inventé ça était plutôt futée dans son genre. Pour ma part, je crois à la responsabilité individuelle ET collective. Dont je ne m’exonère pas.
    Pour revenir à « l’affaire », ce n’est pas se situer en tant que commentateur de match de foot dans son fauteuil que de faire le constat qu’il y a eu des dysfonctionnements. Et que les dysfonctionnements ont commencé dès le premier meurtre. Pour ma part, je ne parlerais jamais de complot, mais rien ne m’empêchera de penser qu’il y a eu un certain aveuglement des services de renseignements et/ou policiers. Claude Guéant justifie que Mohamed Merah n’ait pas été placé sous surveillance, malgré ses voyages et malgré qu’il se soit transformé en prosélyte salafiste au nom de « la liberté d’expression ». Dans sa bouche, c’est rigolo, non ?
    Un article de Médiapart du 24 mars (payant), signé Louise Fessard, fait la comparaison avec ceux de Tarnac :
     »
    En novembre 2008, huit d’entre eux, soupçonnés d’avoir posé des fers à béton sur les caténaires des lignes TGV, avaient été interpellés et mis en examen pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise de terrorisme ». Julien Coupat, considéré comme le chef de la bande, ne sera libéré que six mois plus tard.
    Mais il faut rappeler que, bien avant ces sabotages (donc avant qu’un quelconque fait matériel leur soit reproché), ces jeunes gens, leurs amis et familles avaient été écoutés, filmés, filochés et, pour certains, fichés sur la base d’un rapport des RG pointant une menace anarcho-autonome en France.
    La nuit même du sabotage, du 7 au 8 novembre 2008, ce ne sont pas moins d’une vingtaine de policiers de la sous-direction antiterroriste (Sdat) et de la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) qui filaient la voiture de Julien Coupat. Qu’était-ce sinon une surveillance pour « flagrant délit d’opinion » ? »
    L’article de Médiapart évoque un autre cas, d’un mec qui s’est retrouvé au ballon pendant deux ans et demi, sans procès, à la suite d’échanges de mails.

    Alors qu’on ne me dise pas, au moment où les adresses correspondant aux IP de ceux qui ont visité l’annonce de vente du scooter ont été épluchées par les flics, qu’on n’aurait pas dû tilter en voyant que parmi elles il y avait le nom de la mère de Merah. Les autres adresses n’étaient tout de même pas toutes des adresses de gens fichés ? Ou alors on est tous fichés partout et les fichiers n’ont plus aucun sens.

    Commentaire par Gilbert — 24/03/2012 @ 15:38

  37. Comparaison instructive Gilbert. Comme d’habitude, vos paroles tranchantes sont pleines de sagesse.

    Commentaire par kuk — 24/03/2012 @ 16:25

  38. L’élève: Madame, est-ce que je peux vous dire tout ?
    La maitresse: oui, monsieur, vous pouvez tout me dire
    L’élève: l’Autre me gêne
    La maitresse: quel autre ?
    L’élève: l’autre c’est l’autre… je n’en dirais pas plus
    La maitresse: pas la peine, donc de te demander en quoi il te gêne?
    L’élève: pas la peine
    La maitresse: tu veux quoi? Un diagnostic?
    L’élève: par exemple
    La maitresse: c’est une idée noire
    L’élève: et c’est grave ?
    La maitresse: oui plutôt
    L’élève: je le hais… j’ai de la haine
    La maitresse: c’est logique : une idée noire qui engendre une passion triste
    L’élève: une passion triste?
    La maitresse: oui, la haine est une passion triste… pas joyeuse… comme l’amour
    L’élève: on aime ce qu’on peut
    La maitresse: tu ne crois pas si bien dire, on aime ce qu’on peut et on déteste ce qu’on veut
    L’élève: j’y suis pour quelque chose ?
    La maitresse: même si tu n’y étais pour rien, je continuerais de te dire que tu y es pour quelque chose
    L’élève: c’est votre rôle de maitresse?
    La maitresse: non. C’est mon désir d’avoir une petite portion de sagesse
    L’élève: je le hais et je ne peux pas m’en empêcher
    La maitresse: c’est parce que tu crois qu’il te gêne
    L’élève: idée noire implique passion triste, merci … j’ai tout compris
    La maitresse: tout est bien qui finit bien
    L’élève: je voudrais l’éliminer
    La maitresse: idée noire implique passion triste implique réaction négative
    L’élève: je n’ai pas réagi encore
    La maitresse: mais tu voudrais le faire, donc, c’est comme si c’était fait
    L’élève: c’est vrai, je voudrais l’éliminer
    La maitresse: dans ta tête ou dans les faits ?
    L’élève: partout où il est
    La maitresse: maintenant je sais qui c’est … cet autre que tu voudrais supprimer
    L’élève: ça m’étonnerait !
    La maitresse: il s’appelle « PARASITE ». Il te gêne parce qu’il a pris le contrôle sur ton esprit.
    L’élève: je ne vois pas ce que vous voyez.
    La maitresse: parce que le parasite est un vivant qui se nourrit de ta vie, te suces ton énergie et te vide de toi-même petit à petit
    L’élève: je ne suis pas au courant
    La maitresse: mais lui si. Il a déjà pris le contrôle sur ton corps et ton esprit. Il t’a assiégé, aliéné et jeté sur le bas-côté.
    L’élève: désolé mais celui qui me gêne est un être en chair et en os
    La maitresse: c’est ce que tu crois, mais ce n’est pas ce qui est…
    L’élève: il habite juste en face
    La maitresse: Non, il te fait face mais n’habite pas en face. Le parasite habite à l’intérieur de toi. C’est une force étrangère qui te rend étranger à toi-même.
    L’élève: en somme, il y en a deux
    La maitresse: le parasite s’immisce entre toi et toi-même et te donne l’illusion de cette dualité… tu n’es plus un… mais deux. Et comme tu as du mal à le supporter de l’intérieur, tu l’as projeté à l’extérieur.
    L’élève: celui qui me gêne, c’est donc moi, pas l’autre?
    La maitresse: je sais que ça peut te surprendre : mais voilà quelqu’un qui vit ta vie, exprime ton avis en se faisant passer pour toi.
    L’élève: et c’est moi… donc je suis malade !
    La maitresse: tu te tiens mal…
    L’élève: il y a un remède?
    La maitresse: le diagnostic, c’est le remède
    L’élève: le remède c’est de croire que mon pire ennemi, c’est moi ?
    La maitresse: tout à fait. C’est toi qui te parasite
    L’élève: je suis le parasite
    La maitresse: oui tu es ton mauvais voisin, ton clandestin, ton immigré, ton adversaire n°1
    L’élève: que dois-je faire ?
    La maitresse: faire la guerre et ne plus se laisser faire
    L’élève: comment ?
    La maitresse: en t’arrachant à ton ego qui se croit au-dessus du lot…
    L’élève: plus d’idées noires, plus de passions tristes, plus de réactions négatives
    La maitresse: plus d’égo… c’est le seul et unique démago
    L’élève: et qu’est-ce que je dis à celui qui ma gêne? Marche-moi dessus
    La maitresse: Non… Marchons ensemble… pour mettre à mort tous les parasites

    http://www.lejournaldepersonne.com/2012/03/eleve-toi/

    Commentaire par lejournaldepersonne — 28/03/2012 @ 01:20

  39. […] => Twitter ou l’ivresse de soi . 19/03/2012. «Il y a quelques mois, j’avais raconté ici avec enthousiasme mes premiers pas sur le site de microblogging Twitter. Je ne renie pas une ligne de ce que j’écrivais alors. On s’y échange en temps réel le meilleur de l’information, on y débat, on y joue avec les mots. Hélas, je n’avais pas aperçu à l’époque un travers majeur dans l’utilisation de la chose (…).» Source : laplumedaliocha.wordpress.com/2012/03/19/twitter-ou-livresse-de-soi/ […]

    Ping par Réseaux sociaux et communautaires 2012 S14 | La Mare du Gof — 09/04/2012 @ 20:50

  40. […] mon avis, on retrouve ici le danger que je pointais dans un précédent billet (je ne suis évidemment ni la première ni la seule à l’évoquer) :  l’ego, le risque […]

    Ping par Peut-on tout tweeter ? « La Plume d'Aliocha — 30/11/2012 @ 22:47


RSS feed for comments on this post. TrackBack URI

Laisser un commentaire

Propulsé par WordPress.com.