La Plume d'Aliocha

19/09/2012

Hugues Serraf, casseur de com’

Hugues Serraf, glouleyant auteur du blog Commentaires et vaticinations et journaliste dans la vraie vie, vient de nous donner une leçon de journalisme contemporain. C’est tellement bon qu’on l’embrasserait ! D’ailleurs, et hop, Hugues je t’embrasse (oui, on se connait un peu, je le précise car je sais les lecteurs de ce blog avides de transparence, à juste titre).

Intrigué par l’annonce selon laquelle Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, aurait déjà sauvé 91 entreprises de la noyade, soit 11 250 emplois, Hugues Serraf décide d’appeler Bercy pour en savoir plus. Hélas, voilà bien longtemps que les journalistes n’ont plus accès aux ministres, ni même à leurs chefs de cabinet ou à leurs collaborateurs en charge des dossiers techniques. Non, depuis quelques années, c’est la com’ qui est devenue sans complexe l’interlocutrice privilégiée et souvent exclusive de la presse. Je vous en parlais en ce qui concerne la Chancellerie ici. C’est ainsi qu’Hugues se retrouve à discuter joyeusement avec la responsable de communication du ministre. Et notre reporter de lui demander des précisions sur ces fameuses 91 entreprises plutôt que de s’en tenir, comme c’est devenu malheureusement l’usage, à annoncer la bonne nouvelle aux lecteurs sans plus de vérifications. Honte sur lui ! Depuis quand les journalistes doutent-ils de la parole des communicants, non mais des fois ?! La conversation tourne rapidement au vinaigre, de sorte que mon confrère – qualifié de goguenard harceleur par la dame – raccroche sans avoir obtenu les précisions qu’il souhaitait, et en particulier la liste des entreprises concernées qui aurait pu lui permettre de comprendre ce qu’il en était exactement. Jusque là, rien que de très classique.

La nouveauté, c’est qu’au lieu de signer un papier creux répétant bêtement les maigres informations glanées auprès de la communicante du ministère, notre envoyé spécial sur les roses a préféré retranscrire la conversation. C’est ici et c’est savoureux. Inutile de vous préciser, amis lecteurs, que ce genre de choses n’entre pas dans les moeurs journalistiques françaises, vous l’aurez deviné puisque vous n’avez pas du lire beaucoup d’articles de ce type dans vos journaux. Et pourtant croyez-moi, de la langue de bois, on nous en sert à tous les repas.

A la lecture du papier sur Slate, ni une, ni deux : la dame rappelle et propose à Hugues Serraf de consulter la fameuse liste des 91 entreprises sauvées, lui offrant au passage une occasion en or de récidiver en écrivant le récit de ce deuxième entretien avec la communication du ministère.

Je vous laisse déguster la chose, c’est .

Un grand coup de chapeau à Hugues Serraf. Il a deux mérites dans cette histoire. Le premier, c’est d’avoir refusé de croire le ministère sur parole et voulu vérifier de quoi on parlait concrètement. Le deuxième est d’avoir eu l’audace de relater le déroulement de l’affaire, au lieu de bricoler un mauvais article. Belle leçon de journalisme, c’est-à-dire de résistance au bourrage de crâne du marketing politique ! J’espère que nous serons de plus en plus nombreux à imiter son exemple, car il est grand temps que la communication cesse de nous prendre pour des imbéciles, nous amenant par ricochet à traiter nos lecteurs comme des crétins. Mon petit doigt me dit que c’est là précisément que se situe l’amorce d’une réconciliation entre la presse et le public. Ah, j’oubliais : la dame reproche à mon confrère d’avoir violé le « off ». Mais le « off » de quoi exactement ? Que lui a-t-elle dit de si sensible et confidentiel qu’il aurait été de l’intérêt supérieur de je-ne-sais-trop-quoi de se taire ? Elle seule le sait.

25 commentaires »

  1. Ouffff !!!!!! Ha oui alors, je me joins volontiers au coup de chapeau. Il était tant qu’un journaliste recommence à faire son boulot et arrête d’être un relai de communication des politiques.

    Le plus drôle (si j’ose dire) c’est que cette madame Marianne Zalc-Muller, soit une ancienne communicante de Delanoë… J’ai, moi-même fait quelques articles pour démonter les communiqués triomphants de cette Mairie qui a mis en place un tel système de propagande mensonger que je n’ai jamais compris qu’ils soient béatement relayés par tous les « grands » médias ; que cela soit sur les Vélib’s, la pollution, le tramway et autres « choix politiques » qui sont la honte de cette Ville… que nous n’avons pas finis de payer.

    Pour information le « Ciri », la « CCSF » et le « Codefi » existent depuis plus de 30 ans (de mémoire il existe 3 ou 4 autres organismes qui s’occupent tout également des problèmes des entreprises), et si ces gens-là avaient déjà « sauvé » une entreprise, je le saurais.
    En réalité, ces organismes permettent de différer les problèmes en bloquant les créanciers et en gros, c’est tout ! Ceci sans passer par une procédure de mise en redressement judiciaire.
    Alors effectivement, on peut être plus que sceptique sur le fait que Super-Montebourg ait sauvé quoi que ce soit, même avec ces supers-commissaires… il s’attribue juste le résultat de mécanismes de régulation qui existaient avant lui…

    Commentaire par Incognitototo — 19/09/2012 @ 00:57

  2. « – C’est bien ça, vous dites que je mens ! »

    Puisque Serraf parle au ministère du redressement productif, cette citation de Lénine aurait été appréciée à sa juste valeur :  » La confiance n’exclut pas le contrôle « 

    Commentaire par kuk — 19/09/2012 @ 07:05

  3. Montebourg n’a pas pour le moins la modestie chevillée au corps. On ne traite pas l’industrie comme dans une cour de « justice ». Le fait de gagner beaucoup d’argent avec les voyous déforme le jugement, les pauvres ne pouvant pas payer… n’est ce pas ?
    remarque: 1 cognito ergo sum a raison

    Commentaire par zelectron — 19/09/2012 @ 07:21

  4. Le commentaire de Ren sous le blog de Serraf est un rappel salutaire de la vraie vie. Comme quoi, même le gentil journaliste n’a pas forcément toujours raison. (C’est d’ailleurs un des trucs qui me gêne chez Serraf: il donne souvent le sentiment de ne pas avoir suffisamment de recul sur lui-même pour savoir quand il est influencé par ses opinions plus que par des faits).

    Ceci dit, il a bien raison d’aller titiller la dir’com’ de Montebourg.

    Commentaire par Javi — 19/09/2012 @ 07:47

  5. Par curiosité, chère Aliocha, cela vous arrive-t-il de jouer à la loi du 17 juillet 1978 (loi « CADA »)?

    Commentaire par DM — 19/09/2012 @ 08:42

  6. Je trouve ça très bien, de la part de notre confrère, de ne pas répéter aveuglément les chiffres brandis par les ministères, en effet. Toutefois, après lecture de ces deux articles, j’ai plus l’impression de l’avoir vu « régler ses comptes » avec une chargée de comm’ que de s’être vraiment intéressé à son sujet. À tout le moins, je pense que c’est ce qu’un lecteur lambda retiendra, avec le traditionnel « ah là là, ces politiques »…

    Dites, Aliocha, vous écrivez « voilà bien longtemps que les journalistes n’ont plus accès aux ministres ». Deux questions là-dessus: à quand remonte le temps où c’était possible, d’après vous ? Et est-ce que ça changerait vraiment quelque chose, au final ?

    Bonne journée et merci de nous faire réfléchir à notre pratique professionnelle.

    Commentaire par Martin K — 19/09/2012 @ 10:24

  7. Bon, mon précédent commentaire a dû se perdre dans les méandres du net.

    Globalement, je ne vous suis pas. Hugues Serraf est sarcastique et ça honnêtement pour moi ça ne passe pas. Tout comme Javi, je trouve le commentaire de Ren bienvenu. L’interlocutrice d’Hugues Serraf argumente et s’énerve avec raison.

    Qu’il veuille faire son travail, oui, mais un minimum de respect pour son interlocutrice ne serait pas un mal.

    Par ailleurs, je trouve cette histoire assez amusante car ce qui est reproché à la comm peut tout autant l’être au journalisme d’investigation. Quand un journaliste lance toutes sortes d’affirmations, il se planque généralement derrière le secret des sources à qui les lui demande. Pour un historien, c’est simplement impensable. J’affirme détenir des informations de source sûre sans avoir à prouver mes dires. Mais le journaliste doit se conformer à un code déontologique me direz-vous ? Quand je vois comment l’essentiel de la profession s’essuie allègrement les pieds dessus.

    Commentaire par episteme83 — 19/09/2012 @ 11:26

  8. Une bien belle fellation que voilà.

    Commentaire par Grennz — 19/09/2012 @ 11:55

  9. Les mots utilisés, nous pour dire des choses justes, vraies, conformes à la réalité… mais comme une arme, pour tromper, ruser, assurer sa domination… : autre symptôme de ce mal mortel évoqué dans mon commentaire sous billet précédent, la perte de foi en la parole.
    Malheureusement, le changement ce n’est pas maintenant…

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 19/09/2012 @ 12:20

  10. @episteme83: Sur ce blog même, Aliocha m’a reproché de proférer des accusations « invérifiables ». Comme vous dites, le journaliste suppose attend du lecteur qu’il lui fasse confiance (les sources ne sont quasi jamais proprement citées, même quand elles sont publiques et n’ont aucun besoin de protection), mais ne fait pas confiance à ses interlocuteurs.

    Commentaire par DM — 19/09/2012 @ 13:16

  11. et puis il n’y a pas que les politiques, pourquoi pas la société civile?

    Tiens au hasard. depuis des décennies le contribuable distribuent des sommes à 3 chiffres et dont l’unité est le milliard dans les banques ou l’industrie.
    Pourquoi ne voit t’on pas ces messieurs dames venir nous expliquer pourquoi du haut de nos 1653 euros de salaire médian le contribuable devrait les aider à financer leurs bonus, retraite chapeau et autres golden hello?

    D’ailleurs vous êtes nombreux ici à avoir quitté une entreprise avec un mégabonus en aillant foiré toutes vos missions ou reçu une prime pour avoir réussi brillament à signer votre contrat de travail?

    Si c’est non mes pouvoir super-psychiques me disent que vos revenus font pas plus de 5 chiffres (l’unité est l’euro cette fois!).
    Trop fort le Frédo!

    Commentaire par fredo — 19/09/2012 @ 13:29

  12. […] une leçon de journalisme contemporain. C’est tellement bon qu&#82…See on laplumedaliocha.wordpress.com Évaluez ceci :Share this:ShareFacebookTwitterEmailJ'aime ceci:J'aimeSoyez le premier à aimer […]

    Ping par Hugues Serraf, casseur de com’ « stitb — 19/09/2012 @ 13:34

  13. @ episteme83
    Votre réponse est contenue dans la loi du 17 juillet 1978 (dite loi “CADA”) citée plus haut et l’accès aux données peut (ou bien doit?) l’être au citoyen (non étranger) et même au dernier des derniers pisse-copies ce que Hugues n’est certainement pas, même si parfois il se trompe, ce qui n’est pas le cas dans l’article qui nous (pré)occupe (rappel: http://www.slate.fr/story/61791/redressement-productif-91-entreprises-11250-emplois-arnaud-montebourg )
    En résumé c’est à l’élu, au fonctionnaire de l’état ou à son représentant qu’incombent la mise à disposition des données concernant le débat publique et non l’inverse. Je me demande si vous n’êtes pas du côté de ceux qui pratiquent la rétention d’information à grande échelle, je plaisante, bien sûr.

    Commentaire par zelectron — 19/09/2012 @ 14:52

  14. @Javi et episteme 83 : voyez l’article où il relate sa visite à Bercy suit à ce premier papier. La dir com lui dit qu’elle donnera la liste à son confrère de Libé mais pas à lui. J’ai d’abord pensé comme vous que la confidentialité était de mise, pour une raison très simple, c’est que la diffusion des difficultés d’une entreprise peut avoir des conséquences dramatiques. Ce n’est pas le cas puisque visiblement elle donne la liste. Quant au ton d’Hugues, je n’ai pas assisté à la conversation, en revanche, je fais le même métier et je me heurte toute la journée à ce type de difficultés. Son récit est crédible. Par ailleurs, je l’ai rencontré une foiss, il ne m’a pas donné le sentiment d’une personnalité agressive. J’admets qu’il y a des journalistes crispants, je ne pense pas que ce soit son cas.

    @DM : non, jamais recouru à cette loi, mais souvent rappelé mes interlocuteurs à la raison quand ils prétendaient m’opposer une confidentialité de pacotille.

    @Martin K : pour évoquer ce que je connais, c’est avec Rachida Dati que le glissement s’est opéré à la Chancellerie. Nous n’avions plus affaire qu’à son excellent dir com Guillaume Didier. Elle n’a donné quasiment aucune conférence de presse, en revanche elle se déplaçait beaucoup de sorte qu’on la voyait souvent à la télévision. De l’art d’apparaitre dans les médias en évitant l’exercice délicat qui consiste à répondre en live à une cinquantaine de journalistes sur un sujet d’actualité…Maintenant, je me suis laissée dire que c’était comme ça depuis longtemps à l’Elysée. Ce que ça change, de parler au dir com et non pas au ministre ? Tout. Cela veut dire qu’on n’accède plus qu’à une version officielle et soigneusement maquillée de la réalité. Le grand pénaliste Thierry Levy dit dans un de ses livres qu’une fois que la police a fini une enquête et identifié un coupable, le dossier est définitivement influencé par cette version de l’affaire. C’est un peu pareil avec la com’, c’est un outil d’une puissance phénoménale et trop sous estimé chez nous. Une fois qu’elle a présenté une version des choses, allez donc la détricotter ! Surtout qu’elle joue avec le manque de moyens et de temps des journalistes, de sorte qu’elle impose assez facilement son storytelling. A mon avis, c’est notre grand combat des années à venir, d’où mon coup de chapeau à Hugues. Il y a évidemment d’autres méthodes que la sienne, à commencer par l’enquête. Mais dans la série du papier vite fait, je préfère son récit à un silence faute d’info ou à un papier bancal qui tairait les failles qu’il dénonce. Son attitude a en plus le mérite de renverser le rapport de force.

    Commentaire par laplumedaliocha — 19/09/2012 @ 16:10

  15. @Grennz : par Magritte, ceci n’est pas une pipe !

    @Denis Monod-Broca : je lis tous les soirs quelques pages de Philippe Muray, il me rassure, il me console, et il me fait très souvent hurler de rire 😉

    Commentaire par laplumedaliocha — 19/09/2012 @ 16:41

  16. Merci pour votre réponse, Aliocha. Je vous cite: « Ce que ça change, de parler au dir com et non pas au ministre ? Tout. Cela veut dire qu’on n’accède plus qu’à une version officielle et soigneusement maquillée de la réalité ». Personnellement, je me dis que, même s’il ne passait pas par un intermédiaire, le ministre aurait tout loisir de ne livrer qu’une version officielle des faits et de maquiller la réalité. Même s’ils sont plus forts en langue de bois cachés derrière leurs chargés de comm’, les hommes et femmes de pouvoir me paraissent suffisamment rompus aux techniques de la comm’ pour louvoyer à l’envi avec les faits. Non ? Je précise aussi que je ne fais pas de généralisation.

    Pour ce qui est des articles d’Hugues Serraf, j’apprécie le côté « coup de pied dans la fourmilière ». Cela dit, ayant constaté que beaucoup ignorent les difficultés des journalistes et s’en moquent un peu, je me dis que, sur le plan « dénonciation de la comm' », leur impact est réel, mais reste limité. Et je trouve ça dommage, car ce vrai bon sujet mérite effectivement qu’on y voit clair une bonne fois pour toutes.

    Commentaire par Martin K — 19/09/2012 @ 16:50

  17. @Martin K : bien sûr que le politique fait de la langue de bois, mais quand en plus il s’exprime à travers son chargé de com’, vous ne trouvez pas qu’on se retrouve avec une langue de bois au carré ? On est en train de nous faire gober dans l’indifférence générale que l’interlocuteur naturel du journaliste c’est désormais le fabricant professionnel d’information maquillée, formatée, prémachée pour plumitif à la bourre en quête de message simple. ça ne vous chatouille pas quelque part ? 😉

    Ce que fait Hugues, c’est casser cette mécanique, ce qui a pour première vertu de renverser le rapport de force. En faisant cela, il reprend la main. Pour le lecteur, l’intérêt n’est pas de découvrir nos difficultés profondes, (quoique, c’est une manière de former à la consommation des médias qui est intéressante je trouve) mais d’avoir l’information et la source de celle-ci et de pouvoir ainsi se faire une idée. J’ose espérer en outre que cette transparence pourra favoriser un nouveau lien de confiance. Car au final, Hugues se place ainsi en situation de complicité avec son lecteur et non pas avec la com’ du ministre. Or, c’est pour les lecteurs qu’on bosse, non ?

    Commentaire par laplumedaliocha — 19/09/2012 @ 18:13

  18. Bête question : pourquoi utiliser toujours ce terme de « storytelling » à la place d’ « histoire » ? « De sorte qu’elle impose assez facilement son histoire », ce n’est pas assez parlant ?
    (Et zut, je n’ai rien contre le « franglais », mais franchement, pourquoi imposer à tout bout de champ dans la presse des mots « nouveaux » qui ne veulent changent rien ? C’est aussi une forme de « com' », non ?

    Commentaire par lambertine — 19/09/2012 @ 21:13

  19. Tiens, ce blog a remporté le concours de rapidité sur @si : http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=14473
    20 heures d’avance !

    @lambertine : vous avez raison, disons que j’aime bien le mot, et puis c’est toujours utile de parler la langue de l’adversaire 😉

    Commentaire par laplumedaliocha — 19/09/2012 @ 21:59

  20. @ laplumedaliocha
    Je suis flatté que mon commentaire vous fasse penser à Philippe Muray

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 19/09/2012 @ 23:27

  21. @Aliocha: sincèrement, non, dans les situations qu’il m’a été donné de vivre, je n’ai pas trouvé que les chargés de comm’ avaient « une langue de bois au carré ». J’en connais même quelques-un(e)s qui relativisent un peu la parole de leur patron. Si j’apprécie la démarche d’Hugues Sattaf, c’est qu’elle vient rappeler aux communicants qu’à défaut d’information, on peut toujours écrire un papier. Et, sincèrement, je crois qu’on peut très bien « détricoter » la comm’ en enquêtant en profondeur. C’est moins rapide, c’est vrai, et donc pas nécessairement possible pour chacun de nos confrères, les rythmes de telle ou telle publication pouvant difficilement supporter l’attente…

    Vraiment, Aliocha, peut-être suis-je trop pessimiste, mais je ne crois pas que les gens s’intéressent aux difficultés des journalistes. Pas sûr non plus qu’ils demandent à être « formés à la consommation des médias » (pour reprendre votre expression). Je crois toutefois comme vous aux vertus de la transparence, mais pas forcément ainsi. Bien sûr qu’on travaille d’abord pour les lecteurs, mais je crois que ce que les lecteurs attendent de nous, c’est d’abord de l’information claire, précise et variée. Le récit de nos aléas professionnels a sans doute la vertu de les mettre « en situation de complicité », mais je ne suis pas sûr que cela fonctionne longtemps.

    Je me répète toutefois: Hugues Sarraf a toute ma sympathie pour être allé chercher plus loin que la moyenne des journaleux de base dont je fais sans doute partie 😉

    Commentaire par Martin K — 20/09/2012 @ 09:09

  22. […] Hugues Serraf, glouleyant auteur du blog Commentaires et vaticinations et journaliste dans la vraie vie, vient de nous donner une leçon de journalisme contemporain. C’est tellement bon qu&#82…  […]

    Ping par Hugues Serraf, casseur de com’ | Communication, médias & collectivités locales | Scoop.it — 20/09/2012 @ 15:54

  23. @Martin K : c’est un lieu de débat ici, vous avez le droit de ne pas être d’accord 😉 Cela étant, je ne jète pas l’anathème sur toute la communication. Tant que les communicants restent des facilitateurs, ça me va. Il arrive parfois qu’ils soient très intelligents et même plus intéressant à interroger que leurs mandants, j’ai des amis de ce calibre dans la com’ et je trouve que ce sont d’excellents professionnels (d’ailleurs c’est pour ça qu’on est devenus potes). Mais je n’oublie pas que leur métier et le nôtre sont frères ennemis, qu’ils doivent dire ce qu’ils ont envie et nous leur demander ce qu’on veut savoir. Parfois, il n’y a pas de gap, parfois, le gap est immense. Par ailleurs, je trouve qu’on s’habitue trop facilement à ce que l’interlocuteur naturel du journaliste devienne le communicant, c’est-à-dire un média, moi j’aime aller à la source. Plus généralement, je raisonne macro ici, et d’un point de vue macro, nous devons être vigilants à mon avis sur la com’ car elle, elle est très vigilante en ce qui nous concerne et passe son temps à chercher des moyens de nous utiliser. C’est un rapport de force, courtois, souriant, mais un rapport de force.

    Sur les lecteurs et les ficelles du métier, je pense que le niveau intellectuel et donc critique ne cesse de s’élever, et qu’il faut nous adapter. Bien sûr que les lecteurs veulent de l’info et pas des récits de querelles de soute, il n’empêche, la com’ la pub et le marketing dirigent nos vies. C’est en ce sens que je pense que les journalistes doivent avoir pour vocation d’être des casseurs de com’ aujourd’hui. Le mieux, c’est l’enquête, mais quand c’est impossible, je préfère la réaction de Hugues à un papier mal torché, précisément parce qu’il y a plus di’nfo dans son papier que dans un recopiage idiot de communiqué de presse. Pour avoir suivi de loin le médiateur du crédit de Sarko il y a quelques années, je connais un peu le sujet, et je vous dis qu’il a fait un bon papier 😉 en plus, ça nous change de l’exercice classique, bref, ça me plait !

    Commentaire par laplumedaliocha — 20/09/2012 @ 20:26

  24. @ Lambertine

    La traduction littérale est trompeuse : « raconter une histoire », « narration d’une histoire » « communication narrative » donne l’impression que cela concerne l’expression orale et écrite, la prise de parole.

    Or, comme dénonciation d’un procédé narratif, l’utilisation de l’expression storytelling se prête mieux et est, bien souvent, implicitement, prise dans un sens dépréciatif pour dénoncer, précisément, l’histoire qui nous est racontée c’est-à-dire dans sa forme qui est celle d’une « mise en récit ».

    Commentaire par Le Chevalier Bayard — 21/09/2012 @ 17:41

  25. C’est bien d’avoir montré que le dispositif qui a sauvé des emplois pré existait à l’action du ministre

    Mais on pourrait aller plus loin

    D’abord en se demandant quel est le périmètre des actions comptabilisées. celles commencées avec le nouveau ministre, ou plus probablement celles qui se sont finies avec lui?
    Comme les interventions du CIRI durent environ 8 ou 9 mois, on peut penser que la plupart des actions comptabilisées ont démarré avant l’élection de François Hollande…

    On peut ensuite remarquer que les 11 000 emplois sauvés sur une période de quelques mois ne sont qu’un goutte d’eau face aux 500 000 entrées mensuelles à Pôle emploi ou aux 8 millions de sorties annuelles de l’entreprise …

    Le bon journalisme, c’est certes poser des questions iconoclaste, mais c’est aussi piocher son sujet….

    Commentaire par Verel — 20/10/2012 @ 19:56


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