La Plume d'Aliocha

10/03/2013

Ces avocates qui changent le monde

Filed under: Coup de chapeau !,Droits et libertés — laplumedaliocha @ 13:05
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9782259220170Toujours dans l’esprit de remonter le courant Iacub, (eh non amis lecteurs, je ne lâcherai pas ce combat-là !), il me parait important d’évoquer ici la parution d’un livre signé par le Bâtonnier de Paris Christiane Féral-Schuhl– on dit « le Bâtonnier », en réalité c’est la deuxième femme à diriger le barreau parisien après Dominique de La Garanderie -. A l’attention des geeks, je signale qu’elle est aussi spécialiste de droit informatique.

Dans Ces femmes qui portent la robe, édité chez Plon le 8 mars à l’occasion de la Journée de la Femme, elle dresse le portrait de 20 avocates dans le monde, depuis  Shirin Ebadi, jusqu’à Christina Swarns en passant par Christine Lagarde, Hillary Clinton et Karinna Moskalenko. C’est l’occasion de décrire les parcours exceptionnels de ces figures qui ont su se battre pour s’imposer. Certaines ont accédé aux plus hautes fonctions, d’autre  ont risqué leur vie et continuent de le faire, simplement parce qu’elles sont attachées jusqu’au fond du coeur à la défense des droits et des libertés. J’avoue ma préférence pour les secondes même si le parcours des premières est exemplaire. Le Barreau de Paris a permis à la presse d’en rencontrer certaines  jeudi matin. Un moment d’une rare qualité humaine.

Qu’elles aient la rage au coeur comme Shirin Ebadi ou bien l’humour distancié de Karinna Moskalenko, toutes ont en commun la même énergie pour se battre dans des régimes où le fait d’être avocat et femme constitue une double faute qui peut mener à la prison et parfois à la mort. Peur ? Oui, elles ont peur, c’est normal, mais ça ne les empêche pas d’avancer. L’Obs n’en fera pas sa Une, il n’y a là ni cul, ni politique. Juste des modèles, des vrais, très en-dessous du radar à fric d’une certaine presse. Des femmes pour qui le mot « liberté » a le goût sinistre du sang et non pas celui frelaté du sexe courtisan, des femmes dont les mots ne révèlent pas des secrets d’alcôve, mais sauvent des vies. A chaque société ses combats et ses valeurs…Je n’aime guère l’approche sexuée qui consiste à diviser le monde entre les hommes et les femmes au point d’en oublier notre condition humaine première et commune, mais l’histoire de chacune d’entre elles montre en filigrane qu’il existe bien une approche féminine de l’existence. Et que celle-ci est infiniment précieuse à l’équilibre des choses lorsqu’elle s’exprime en affirmant une vision du destin de l’humanité, plutôt que seins nus pour conquérir une sotte revanche sexuelle sur les hommes.

A lire pour se donner des raisons de croire en l’existence d’un monde plus complexe et infiniment plus intéressant que celui dépeint pas certains médias parisiens. Je le recommande aussi à mes confrères journalistes, car ils y trouveront des similitudes entre le journalisme – le vrai bien sûr – et le métier d’avocat. Et même une étrange fraternité dans la capacité à s’indigner face à l’injustice et l’impérieux besoin de la dénoncer.  Les droits tirés de la vente de l’ouvrage seront entièrement versés à la fondation du barreau de Paris. Quand l’élégance s’allie à l’intelligence de l’essentiel…

23 commentaires »

  1. Dommage qu’on ne cite pas plus ces dizaines d’avocates latinoaméricaines qui risquent leur vie contre les cartels ou la corruption. Digna Ochoa assassinée il y a plus de 10 ans, et Alba Cruz menacée quotidiennement en ce moment… Pas forcément d’approche sexuée dans leur façon d’être, mais c’est dans les dangers encourus que la différence se niche… si elle se font prendre, en plus d’être torturées, mutilées, elles seront très certainement violées. La condition humaine première n’est pas forcément commune d’ailleurs… là, je tique un peu. Mais un livre salutaire certainement, à l’heure où la démagogie populiste dénigre aussi le métier d’avocat.

    Commentaire par eczistenz — 10/03/2013 @ 13:30

  2. @excistenz : ah, la différence des sexes, fascinant sujet….Qu’est ce qui est naturel, qu’est-ce qui est socialement construit, la violence est-elle l’apanage des hommes (testostérone), la douceur celui de la femme ? Existe-t-il une intelligence féminine/masculine, une simple différence d’expression ou pas de différence du tout ? En allant à cette conférence de presse, je songeais que chez les avocats qui embrassent ainsi des causes dangereuses dans des régimes oppressifs, il est difficile d’apercevoir la différence entre un homme et une femme. La condition d’avocat engagé me paraissait première et unisexe. Mais comme vous le soulignez, parmi les travers qui caractérisent ces régimes, il y le sort réservé aux femmes. Donc un niveau de danger supplémentaire. En Iran, le témoignage d’un homme vaut celui de deux femmes…Quand je parle de condition humaine, je ne pense pas au statut mais à notre humanité commune, sur le terrain de l’essence en quelque sorte. En observant les féministes extrémistes, on voit bien qu’il y a une rupture à ce niveau là. Elles sont femmes avant d’être humaines. Et l’homme est leur ennemi. Quelle sottise. Surtout dans des sociétés comme les nôtres.

    Commentaire par laplumedaliocha — 10/03/2013 @ 13:43

  3. @ Aliocha (en #2)
    Vous pensiez à votre collègue Caroline Fourest lorsque vous écriviez « En observant les féministes extrémistes … » ?

    Sinon, sur la différence des sexes, on risque de retomber sur (ou glisser vers) un sujet qui a été très (trop, finalement ?) débattu ici : le « mariage pour tous » !

    Selon moi, soit on considère avant tout les différences « biologiques » (qui sont bien sûr anatomiques, mais vont au-delà à cause des influences hormonales), que l’on pourrait qualifier de « naturelles » (au sens de la nature, et non pas de la norme); soit on considère avant tout les différences « comportementales », qui dérivent parfois de l’anatomie (seule une femme peut porter un bébé dans son ventre), mais qui sont surtout « socialement construites » (avec un bon biberon et du lait, pourquoi la femme serait celle qui doit nourrir l’enfant) …

    Les féministes « extrémistes » se focalisent sur ce second type de différence allant jusqu’à nier le premier.
    Leurs « opposants » font l’inverse, et en viennent à « justifier » les différences de traitement social.

    Or, et ça a été évoqué lors des débats sur le « mariage pour tous », justifier le mariage (construction sociale par excellence) entre seuls « homme et femme » relève de la même démarche.
    D’où les attaques des Femen contre la manif de civitas en janvier dernier …

    Mais bon, on s’éloigne un peu du vrai sujet de ce billet : rendre hommage à ces avocats qui se battent pour des valeurs qu’ils estiment universelles … même si ces avocats en tant que femme viennent juste (dans certains pays) d’obtenir le droit d’exercer ce métier !

    Commentaire par Yves D — 10/03/2013 @ 23:34

  4. @Yves D : je pense à Iacub, aux Femens, à tous les propos absurdes que je peux lire sur Internet, je pense à ce féminisme justement se situant sur le terrain social mais qui a une étrange obsession pour le cul. Elles se battent à poil, comparent la longueur du clitoris et celle du penis, bref je n’aperçois qu’hystérie et incohérence. Je ne pense pas que ce soit le cas de Fourest qui est plus maligne, mais globalement tout ce cirque m’indispose (comme 90% des femmes d’ailleurs). A comparer justement avec un féminisme bien compris comme celui du bâtonnier qui évoque des modèles de femmes pour montrer que c’est possible d’accéder à de hautes fonctions (Clinton, Lagarde) et même d’être tout simplement avocat dans des régimes allergiques aux droits de l’homme et plus encore à ceux de la femme. Voilà un exemple de féminisme qui ne s’embourbe pas dans une guerre d’hormones mal gérées 😉

    Commentaire par laplumedaliocha — 11/03/2013 @ 07:37

  5. @Yves D : au fond, ça nous ramène toujours à la question de l’intelligence. Il est bien évident que des femmes avocat en prise avec des sujets importants (Lagarde) voire tragiques (Shirin Ebadi) ont une autre consistance intellectuelle et humaine que des donzelles décérébrées qui ont décidé de se faire la peau des mecs moitié par ennui, moitié par goût du pouvoir….Mais bon, notre époque est con, il ne faut donc pas s’étonner que les hystériques du cul soient plus entendues que les autres.

    Commentaire par laplumedaliocha — 11/03/2013 @ 07:48

  6. Le Lab offre-t-il le meilleur de la politique ou bien le pire du journalisme ? http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=5678
    j’exprimais mes réserves l’an dernier ici, Antoine Bayet le responsable du site a répondu et sa réponse est reproduite sous le billet :

    Saluons la naissance de l’info LOL

    Commentaire par laplumedaliocha — 11/03/2013 @ 09:48

  7. Ah ! je ne suis donc pas toute seule : http://metrofrance.com/blog/ovidie/2013/03/08/pourquoi-je-nai-plus-foi-en-les-femen/

    Commentaire par laplumedaliocha — 11/03/2013 @ 13:08

  8. Merci de ce billet. Etant très étrangère à ce milieu ce sont, je l’avoue, des noms et des parcours que je ne connaissais pas.

    Il y a peut-être une mise en parallèle intéressante à faire avec la féminisation de la magistrature française où on constate une désaffection des hommes pour ces postes, devenus par cette féminisation-même d’une certaine façon moins prestigieux. Un article que j’avais lu à ce sujet ajoutait que le métier d’avocat plus compétitif et rémunérateur restait très masculin alors que celui de juge, plus stable et moins exposé, semblait davantage approprié aux femmes. C’est un phénomène que l’on voit aussi dans l’enseignement.
    Cette dévalorisation des femmes, insidieuse et révélant des préjugés profondément ancrés, me choque énormément. D’autant que de nombreux métiers tireraient sans nul doute bénéfice d’une plus grande présence féminine, je pense notamment, et je sais que vous serez d’accord avec moi Aliocha, aux trading floors.

    Commentaire par Maelle — 11/03/2013 @ 14:07

  9. Le mouvement Femen a perdu son authenticité et une part de son âme lorsqu’il s’est internationalisé hors de l’Ukraine, son lieu de gestation originel. L’outrance de ses méthodes pouvait être pertinente dans un pays marqué, comme ses grands voisins, par une féroce culture de machisme patriarcal moustachu et un autoritarisme viril encore bien actuel, et en tout cas bien prégnant dans la culture politique. Puisque le post-modernisme télémédiatique a embrigadé les consciences dès l’avènement des nouvelles démocraties post-soviétiques, la voix humble et féconde de la dissidence intellectuelle traditionnelle dans le style Sakharov ne parvient plus à toucher le public, et reste condamnée au silence. Poutine, l’ex Guébiste, a bien compris cette nouvelle donnée, d’où par voie de conséquence d’impayables mises en scène télévisuelles testostéronées, torse nu avec chapeau de cowboy, au commande d’un jet militaire, chassant le tigre, etc. le tout emballé dans discours suintant les mots et expressions habituels aux casernes ou aux vestiaires de club de foot. Dans ses conditions, il y avait quelque chose de pertinent dans la démarche purement théâtral de sortir ses nichons à l’air, et une indéniable preuve de courage lorsqu’il fallut subir dans son corps la répression de la soldatesque policière, connue dans ces contrées tant pour son impéritie que par sa brutalité envers les faibles. Grâce à ces happenings, on associait la forme au fond, et le féminisme portait avec vigueur sa plus immédiate et authentique revendication émancipationniste – un véritable sujet là-bas. On ne voit rien de tout cela, dans les actions de Femen France: leurs cibles faciles, DSK ou l’Eglise Catholique, n’ont besoin de personne pour choir sous l’effet de leur propre poids ou de leurs errements, et en fin de compte, ne reste plus qu’une énième excentricité militante, comme nos pays en connaissent tant.

    Sinon, vous saviez sans doute que le 18ème siècle a été un temps d’affirmation sans conteste de la Russie (yc l’Ukraine à cette époque) au sein du concert des Nations européennes. En fait, le pays fut alors dirigé pratiquement sans discontinuité par des leaders féminins: 3 Tsarines ont occupé le trône pendant ce siècle et poursuivirent avec patience et résolution l’œuvre de Pierre le Grand, quoiqu’il y eût de très courts interrègnes masculins, rapidement avortés par les manigances de ces redoutables mantes religieuses – ces malheureux souverains n’étaient semble-t-il pas très aptes à leur métier, donc on les pleure guère. Les Tsarines Élisabeth et Catherine aimaient cultiver le brouillage des genres, et on les voyait souvent revêtues de l’uniforme des grenadiers, à l’instar de l’impératrice Marie-Thérèse, mère de Marie-Antoinette, conduite à la guerre contre sa volonté, et qui aimait aussi porter la tenue des soldats.

    Commentaire par Switz — 11/03/2013 @ 14:26

  10. Il n’y a bien qu’une seule condition humaine mais il y a, aussi, une condition masculine et une condition féminine distinctes. Vouloir à tout prix les fondre en une seule est une entreprise néfaste.
    Un seul exemple, essentiel à mes yeux : les femmes-soldats. Je n’arrive pas à y voir un progrès. Nous somme tous capables de violences, femmes aussi bien qu’hommes, mais que la guerre, cette violence institutionnalisée, soit réservée aux hommes, me semblait laisser un peu plus de chance à la paix, ou donnait au moins à la paix un avocat potentiel, l’autre moitié de l’humanité…

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 11/03/2013 @ 14:37

  11. @Maelle : le barreau, en tout cas à Paris, compte désormais 60% de femmes. En revanche, les plus grosses rémunérations reviennent encore aux hommes….je n’ai plus les chiffres en tête mais ils sont sans ambiguïté. Cela étant, il y a un effet retard à prendre en compte, les femmes ne sont pas majoritaires depuis longtemps et les hommes ont eu le temps d’accéder aux postes clefs dans les grands cabinets. En fait, il y a tant de métiers où les femmes deviennent majoritaires que je me demande où sont passé les hommes…doivent être pompiers, pilotes et traders 😉

    @switz : j’avais failli oublier la Grande Catherine….sur les Femen, votre mise en perspective est tout à fait intéressante. Elle nous ramène au passage vers les singeries médiatiques censées nous consoler je suppose de n’avoir plus de cause à défendre face à une oppression dure.

    @Denis Monod Broca : ma « condition humaine » semble embarrasser plusieurs commentateurs…C’est étrange, je ne pense pas à une condition sociale mais à la condition d’être humain. Quant aux femmes soldat, il y a bien des enfants soldats, je ne pense pas qu’il s’agisse d’une conquête féministe mais plutôt d’une extension du domaine de la violence. cela étant, je gage que quelque commentateur vous renverra aux amazones et autres exemples de femmes guerrières.

    Commentaire par laplumedaliocha — 11/03/2013 @ 16:57

  12. hors sujet, mais je pense que vous serez interressée Aliocha:
    http://blog.slate.fr/labo-journalisme-sciences-po/2013/03/10/informer-sur-une-tablette-la-lecon-de-south-by-south-west-2013/

    Commentaire par fredo — 11/03/2013 @ 17:09

  13. @fredo : ah, quelle bascule entre l’ancien et discret support papier et nos outils actuels. Le papier était un support, certes présent, de plus ou moins belle qualité, soigné sur « la main » c’est-à-dire la sensation du lecteur en le prenant en main, mais il demeurait discret, secondaire; peut-on encore dire que ceci est un support ? Le contenu apparait tellement second, presque accessoire….

    Commentaire par laplumedaliocha — 11/03/2013 @ 20:48

  14. Bonsoir Aliocha

    Ce n’est pas parce que les entreprises de presse appréhendent mal les nouveaux supports que sont les smartphones, iphones, et autres tablettes qu’il faut en déduire qu’ils ne pourraient pas constituer une alternative, voire une solution à la crise du journalisme. Je suis doté depuis quelques mois d’un smartphone (figurez-vous que nous avons changé nos antiques téléphones mobiles à clapet en même temps, moi c’était parce que la batterie ne tenait plus la charge 😉 ) et je me suis aperçu que la largeur de l’écran était de la même taille qu’une colonne de journal-papier. Et de fil en aiguille, j’en suis venu à me dire que la crise du journalisme était surtout la crise du papier-journal et qu’elle était peut-être plus imputable aux entreprises de presse qui ont dû mal à s’imaginer un avenir en dehors du papier qu’aux lecteurs qui n’auraient plus le temps de lire ou qui ne voudraient plus payer pour de l’information de qualité.

    Je ne suis pas sûr que des revues comme Polka ou la Revue XXI ne desservent pas plus la cause du journalisme qu’elles ne la servent. Non pas qu’elles ne soient pas de grande qualité. Mais on ne peut pas dire que le support se fait oublier. Au contraire. Au point que l’information y apparaît comme un objet de luxe. On est loin de ce que doit être la mission des journalistes dans une démocratie.

    Commentaire par ranide — 11/03/2013 @ 23:28

  15. @Ranide : fichtre, vous me prenez à rebours, j’aime bien…crise du papier, assurément, faute aux éditeurs, c’est indéniable. Polka et XXI desservant la cause de la presse, je vois l’idée, elle est intéressante, mais vous poussez un peu loin 😉 Nos smartphones et tablettes plus adaptés et même plus discrets…..maintenant qu’on s’habitue, au fond, c’est bien possible…m’en vais méditer cela…

    Commentaire par laplumedaliocha — 11/03/2013 @ 23:47

  16. Quand nous évoquions ici le management par la stupidité, certains ne me croyaient pas…http://www.rue89.com/2013/03/12/port-du-bonnet-dane-pour-les-mauvais-salaries-je-manque-dhumour-240474

    Commentaire par laplumedaliocha — 12/03/2013 @ 14:26

  17. Et hop : http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2013-03-12-Femen

    Commentaire par laplumedaliocha — 12/03/2013 @ 18:07

  18. @ Aliocha en # 17 :

    Je profite de votre parenthèse pour céder une fois de plus à mon penchant pour la digression… voici le texte de la chronique de Philippe Lefébure sur France Inter, le matin même (ou presque) où vous postiez sur les process absurdes… il est question d’une certaine réforme sur le secteur bancaire :

    C’est une réforme « utile ». Avec de « bonnes choses » dedans, de « bonnes idées ».
    Ce n’est pas Pierre Moscovici qui parle ainsi de la réforme bancaire, adoptée, hier, à l’Assemblée… Mais c’est un banquier, le patron de BPCE (Banques Populaires Caisses d’Epargne), François Pérol.
    Ses collègues de la BNP, de la Générale sont « vent debout » contre cette réforme, surtout depuis sa réécriture par les députés.
    Lui, François Pérol, à part le volet sur les frais bancaires se dit plutôt satisfait. C’est surprenant, et après une petite enquête, voici pourquoi. Tout se passe autour de l’article 14. Peu commenté, il accorde un pouvoir nouveau à l’ACP, l’Autorité de Contrôle du secteur financier. Il s’agit d’un quasi-droit de veto sur les nominations de tous les dirigeants des banques françaises et de tous les membres de leur Conseil d’administration. Une petite révolution. Le superviseur des banques contrôlera, désormais, « leur compétence, leur honorabilité et leur expérience », et pourra, donc, récuser des candidatures. Pour Bercy, c’est une leçon tirée de la crise financière: la défaillance des patrons de banque et des Conseils d’administration de ces mêmes banques a parfois été à l’origine de faillites retentissantes.
    Un dirigeant de banque doit être assez « solide » pour refuser de fermer les yeux sur certaines pratiques ou sur l’emballement de ses salles de marchés. Un Conseil d’administration doit, lui, être assez sérieux, assez puissant pour dire « stop » aux dérives.
    Voilà le principe.
    Et voilà l’esprit de cet article 14 de la réforme bancaire… qui a beaucoup mobilisé les banquiers. Des « coups de fils très nombreux » confirme un député, y compris, et même surtout de la part des banques mutualistes: Crédit Agricole, Crédit Mutuel, Banques Populaires et Caisses d’Epargne. Ça a payé: elles ont obtenu, au final, un allégement de la procédure pour elles mais François Pérol, lui, a joué une autre carte.
    En poussant un amendement en Commission des Finances, il a obtenu de garder, au sein de sa banque, un droit de regard sur les nominations dans les caisses régionales de ses banques, une manière de renforcer son pouvoir, et de se donner, peut-être, les moyens d’écraser certains « barons » au sein de son groupe, qui lui font des misères.
    Pour un proche du dossier, c’est cet objectif très personnel de François Pérol qui explique pourquoi il est le seul banquier français à trouver cette réforme « plutôt bonne ».

    Puis la sociologue du travail Danièle Linhart intervenait ce matin-là sur France Culture :

    http://www.franceculture.fr/emission-les-matins-la-societe-est-elle-menacee-par-le-%C2%AB-burn-out-%C2%BB-2013-02-20

    Selon elle, nous avons en France une approche particulière du travail : il représente un centre d’intérêt, un lieu de réalisation de soi, un révélateur de soi. On se retrouve sur le marché du travail pour gagner sa vie, bien sûr, mais aussi pour trouver une validation personnelle.
    Je n’ai plus eu le temps de retranscrire son propos plus avant, mais je vous recommande le passage où elle donne son sentiment sur les procédures qui traduisent aussi une certaine méfiance du management français envers les collaborateurs en entreprise… ou comment on institutionnalise la « chaise musicale » en instaurant un système de mutation automatique dès qu’un collaborateur semble installé dans son poste, qu’il maitrise son environnement, qu’il sait sur lesquels de ses collègues il peut s’appuyer, à qui il peut s’adresser s’il est confronté à tel ou tel problème, etc… je vous recommande chaudement l’audition de cette intervenante.

    Commentaire par Zarga — 12/03/2013 @ 20:33

  19. « Quant aux femmes soldat, il y a bien des enfants soldats, je ne pense pas qu’il s’agisse d’une conquête féministe mais plutôt d’une extension du domaine de la violence. Cela étant, je gage que quelque commentateur vous renverra aux amazones et autres exemples de femmes guerrières. »

    Non pas… je pensais plutôt à Sparte en lisant ceci. Sans aller puiser dans les mythes, la société spartiate offrait une condition féminine impressionnante, comparée à ce qu’était la condition des femmes dans les autres cités grecques de l’époque.
    Et puis ça avait l’air de leur réussir un peu : Hélène de Troie, la belle Hélène, était au départ Hélène de Sparte. Bon, je ne suis pas un inconditionnel de la façon d’élever les enfants à Sparte, hein ? Et il me semble bien que Staline et Hitler se déclaraient admiratif de ce système… sans blague !

    Plutôt qu’une extension du domaine de la violence, je pense à une régression, un retour du balancier.

    Commentaire par Zarga — 12/03/2013 @ 20:54

  20. Pardon de diverger sur les femmes soldats, je me permets juste une rapide remarque, en observant que la question du plein accès de tous aux professions militaires constitue surtout un phénomène propre aux États-Unis – d’abord les noirs dans les années 40-50, puis les femmes et les gays-lesbians dans les années 90. Je ne pense pas que ce sujet particulier possède une semblable visibilité dans les débats politiques européens.

    Il s’agit d’une simple conséquence du fait que les forces armées US représentent le premier employeur du pays (1,5 millions de personnel d’active). A ce titre, les militants féministes et homosexuels ont fait du Département de la Défense une cible principale de leurs revendications en expliquant, à juste titre, qu’on ne voyait pas pourquoi la principale organisation américaine pouvait se soustraire aux règles pesant sur tous les autres employeurs en matière de non-discrimination de certaines populations – le compromis bancal dit du « Don’t ask don’t tell », considéré comme vexatoire par la cause gay, a d’ailleurs récemment été aboli.

    Je ne crois pas qu’il faille accorder plus d’importance aux phénomènes actuels de filles-soldats, en Ouganda, Sierra Leone, ou d’autres endroits oubliés par la providence. Pour être précis, et en faisant exception des traditions mythologiques grecques, le seul cas historique de femmes-soldats concernent le Royaume du Dahomey (aujourd’hui le Bénin) qui possédait réellement un régiment de nombreuses Amazones, jusqu’à sa chute à la toute fin du 19ème siècle sous la pression française. Ce royaume était une sorte de Sparte africaine, toujours occupée par des guerres de razzia contre ses voisins – Cet État était fournisseur d’esclaves aux pays européens, dont il obtenait en retour un armement presque moderne. Bien entendu la vision de hordes guerrières féminines avait saisi l’imagination des métropolitains français, et il se trouva au moins un habile self-made-man pour savoir tirer bénéfices de ces passions pour l’exotisme – des femmes africaines ont été exhibées comme au cirque, très vraisemblablement de fausses amazones, les réelles n’ayant sans doute pas survécu à leur dernière confrontation contre la Légion et la Coloniale.

    Commentaire par Switz — 13/03/2013 @ 10:59

  21. Alors juste BRAVO à tous les commentateurs (trices), Aliocha compris !
    Ca faisait un peu longtemps que je n’avais pris autant de plaisir à les lire, et à m’y enrichir !
    Merci aussi pour les liens (je connaissais Ovidie [surtout de nom … car j’ai passé un peu l’age de regarder ses films], mais je ne savais pas qu’elle avait un blog sur Metro, et son billet sur les FEMEN est très bon) …

    Commentaire par Yves D — 13/03/2013 @ 15:12

  22. arł aż do ziemi, spojrzał. Była to zardzewiała, święta mitenka,
    Jacob w której tkwiły nadal wyschnięte palce także
    nadgarstek. Tedy zjawisko ktokolwiek próbował, pomyślał
    dopiero co. Nie pył terminu na roz.

    Commentaire par Jacob — 08/04/2013 @ 18:21


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