La Plume d'Aliocha

24/01/2017

Polanski : Les médias en proie à de nouvelles pressions

Filed under: Comment ça marche ?,Droits et libertés,questions d'avenir — laplumedaliocha @ 13:03

220px-roman_polanski_cannes_2013Souvenons-nous. C’était il y a quelques années. L’apparition du web 2.0 bousculait en profondeur le journalisme. Les sites de presse découvraient les commentaires en ligne. Les journalistes créaient des blogs, invitaient le public à visiter les coulisses de leur métier, commençaient à dire « je »; un peu plus tard ils se sont mis à développer  le personal branding sur les réseaux sociaux.  Une évolution passionnante venait de s’amorcer. Alors que les journalistes jusque là étaient proches des puissants dont ils parlaient dans leurs articles et loin de leurs lecteurs, voici que soudain un lien se tissait enfin entre les médias et les citoyens pour lesquels ils travaillent. Il y avait toutefois un risque qui sautait aux yeux : le danger d’une nouvelle allégeance. A la pression d’en haut (j’entends par là des sources d’information : politiques, monde économique, scientifiques….) s’ajoutait une nouvelle pression d’en bas (les récepteurs de l’information). Comment résister à la tentation de séduire un public qu’on ne se contente plus d’imaginer, mais avec lequel on se trouve en prise directe ? Un public qui peut manifester en temps réel son approbation ou son rejet, étant entendu que les deux sont aussi dangereux pour le journaliste. La tentation de plaire en effet est aussi risquée que la peur de déplaire, en termes d’indépendance. Comment résister donc, si plaire ou déplaire touche l’amour-propre en même temps que le portefeuille ? Hélas, cette crainte se révèle fondée. Il suffit pour s’en convaincre d’observer sur la toile le nombre d’articles racoleurs dont le seul intérêt réside dans le titre incitant à cliquer. Un autre danger plus pernicieux encore se profilait. Celui d’une pression du public sur le contenu d’un article.

Quand une vie, selon certains, se résume à une faute vieille de 40 ans

Il s’est incarné récemment à l’occasion de la nomination de Roman Polanski à la présidence de la cérémonie des César. Dans cet article, le site Arrêt sur Images révèle que plusieurs sites de presse, à commencer par Le Monde, ont modifié leurs titres ou leurs contenus suite aux protestations des féministes sur les réseaux sociaux. Motif ? Il n’était pas suffisamment fait état des accusations  de viol sur mineur portées contre le réalisateur quarante ans plutôt. Voici les documents produits par le site :

La rédaction initiale du Monde :

original-95692

 

 

Puis la version modifiée suite aux protestations :

original-95693

 

 

 

 

 

 

Selon @si d’autres journaux ont modifié leurs titres, passant de « Roman Polanski sera le président de la 42ème cérémonie des César« , à « Polanski président des César 2017 : la polémique enfle » (DNA).

L’autre face de la médaille

Il faut se féliciter de cette interaction public/médias devenue possible grâce à la technologie. En tout cas sur le principe. Après tout, l’intervention du public et, en face, la capacité d’écoute des médias, peuvent mener à corriger des erreurs, nuancer des positions, établir en tout état de cause un dialogue fructueux, forcément plus fructueux qu’un monologue infligé ex-cathedra. Mais il n’est pas de médaille qui ne possède de revers. L’affaire Polanski nous montre qu’il convient de ne pas céder à l’optimisme béat de ceux qui pensent que tout progrès technologique s’accompagne d’un progrès indiscutable et totale de l’humanité. Les faits remontent à quarante ans. Depuis lors, sa victime lui a pardonné et plaide activement en sa faveur. Il ne subsiste au fond qu’un problème juridique qui maintient le dossier en vie envers et contre toutes les règles de prescription et le nécessaire oubli sans lequel il n’est pas de vie en société possible. Sans compter le fait que la vie de cet homme est un tissu d’événements tragiques qui entre forcément en ligne de compte quand il s’agit d’évoquer sa personnalité dans un article. Les journalistes savent tout cela et ont fait un choix de présentation de l’information. Et voici que sous la pression minoritaire – les lobbys sont toujours des minorités actives, souvent des extrémistes – voici que les médias changent leur présentation de l’information en modifiant la proportion accordée aux événements. Accessoirement, c’est encore une affaire judiciaire qui incarne ici une dérive. (Pardon, petit coup de gueule : « Qui sont-ils, ces petits procureurs des tribunaux médiatiques qui instrumentalisent des affaires qui les dépassent pour, au choix, se conférer de la dignité, libérer leurs névroses ou défendre des causes qui souvent méritent mieux que leurs vitupérations ? » Fin du coup de gueule).

L’indépendance, mais laquelle ?

Certes il ne s’agit ici que de la nomination d’un artiste à la tête d’une cérémonie de cinéma, mais comment ne pas redouter que demain un autre groupe de pression ne parvienne aussi facilement à contraindre des journalistes à modifier  le récit d’un événement d’actualité majeur ?

L’indépendance des médias est aujourd’hui uniquement analysée sous l’angle capitalistique. On considère que si les groupes médiatiques français s’émancipaient des mains des grandes fortunes qui les détiennent, un journalisme  enfin libre et objectif pourrait émerger. D’abord c’est caricatural et insultant pour tous les journalistes qui font bien leur métier dans ces groupes de presse dits « à la botte des puissants ». Ensuite, cette critique occulte délibérément les autres risques qui pèsent sur l’indépendance des médias, depuis l’engagement idéologique jusqu’aux liens personnels d’intérêt des uns et des autres, en passant surtout par le manque de moyens qui est sans doute l’une des causes majeures du défaut d’indépendance (et s’aggrave d’heure en heure).   Voici donc que surgit en pleine lumière avec l’affaire Polanski un autre danger : la vulnérabilité du système aux groupes de pressions qui sont capables de mobiliser les réseaux sociaux.

Roman Polanski  a annoncé aujourd’hui par la bouche de son avocat Hervé Témime qu’il renonçait à présider la cérémonie des Cesar.

67 commentaires »

  1. Je partage tout à fait votre sentiment. Les réseaux sociaux ont démultiplié le pouvoir des minorités agissantes…

    Commentaire par chandernagor — 24/01/2017 @ 13:58

  2. Sur quoi veut-on débattre? Sur la véritable affaire Polanski ou sur la pression exercée par certains sur des journalistes? Le plus simple, c’est de parler du dossier dans sa globalité.
    1. Polanski a reconnu avoir eu des relations sexuelles illégales (en Californie) avec une mineure, laquelle avait porté plainte au pénal dans le but d’obtenir réparation du préjudice subi. C’est, en réalité, sa mère qui a déposé plainte pour elle puisque – précisément – la victime était mineure et – donc – « incapable » au sens juridique.
    2. Il a indemnisé sa victime. Il croyait, en agissant ainsi, pouvoir éteindre la procédure pénale. Il l’a en fait prorogée pendant quarante ans car une procédure pénale criminelle ne peut pas être éteinte par la volonté de la victime. L’accusé doit rendre des comptes non pas à la victime mais à la société! IL FAUT QUE JUSTICE PASSE …
    3. Le talent du cinéaste (incontestable) ne l’absout pas d’avoir à rendre des comptes. A ce jour, la procédure pénale, du point de vue de l’accusation (l’Etat de Californie) court toujours. La prescription ne peut donc pas être invoquée car le délai de prescription en matière criminelle ne peut commencer à courir qu’après le dernier acte de procédure, pas après l’acte criminel.
    4. Un journaliste digne de sa carte professionnelle doit dire au moins cela! Il n’est donc pas surprenant que des « groupes » veuillent agir pour que justice soit rendue à l’Etat de Californie.

    Dans la pratique, le dossier devient politique … D’aucuns pensent, en méconnaissance des règles les plus élémentaires du droit pénal habituel, que, puisque la victime a « retiré sa plainte », alors il n’y a pas lieu de poursuivre l’accusé. Beaucoup pensent qu’on ne peut pas poursuivre Polanski qui est un grand cinéaste pour une relation sexuelle illégale. Il y aurait, en quelque sorte, une justice à deux vitesses! Une pour le commun, une autre pour les personnes de renom, lesquelles doivent être absoutes car … on ne peut pas condamner quelqu’un comme Polanski! Ca ne se fait pas!
    MOI, JE PENSE LE CONTRAIRE! Une personne ayant un rôle social important doit, EVIDEMMENT, être condamnée plus lourdement qu’une personne ordinaire! Sinon, cela revient à officialiser une « justice de classe ».

    Commentaire par Jacques Heurtault — 24/01/2017 @ 14:31

  3. La technologie a sa part de responsabilité, mais elle n’est pas si grande que cela, même si elle est très visible.
    Le besoin de désigner un coupable ne date pas d’hier, ni des réseaux sociaux, même si en effet les réseaux sociaux ont ce pouvoir de reconstituer, virtuellement, numériquement, les foules hurlantes de jadis…
    Internet ou pas internet, il n’y a de vie civilisée sans sagesse, sans mesure, sans justice, sans pardon.

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 24/01/2017 @ 14:36

  4. Je trouve ça un peu fallacieux de d’évoquer la prescription des faits alors que cette prescription est due au fait que l’inculpé s’est activement soustrait à la justice…

    Après ça, quand les minorités (« extrémistes », « agissantes ») essayent de se faire entendre, c’est toujours « bruyant ». Il n’est pas possible pour elles de faire plus ou moins subtilement pression derrière des portes fermées ou d’avoir un point de vue tellement majoritaire que les journalistes ne pensent pas à le remettre en question. Il y aura toujours moyen de délégitimer une revendication minoritaire par ces moyens-là (ou de l’ignorer s’ils ne font pas assez de « bruit »), C’est tout simplement une attaque ad hominem.

    Après, il est toujours possible de juger de ces revendications sur leurs mérites propres. Le bruit ne sert, à priori, qu’à empêcher d’ignorer la question. Les journalistes devraient être capable de tenir fasse à la pression d’une campagne sur les réseaux sociaux (il y a des pressions bien plus contraignantes que ça). Ou alors, qu’on arrête de parler d’une quelconque indépendance de la presse ou de prétendre qu’il est possible d’avoir un semblant d’objectivité en tant que journaliste.

    Si les articles ont été modifiés, il est plus probable que les rédactions en questions ont été convaincues par ou éprouvaient de la sympathie pour les arguments des protestataires. (Ou, s’agissant de la presse show-biz, n’ont aucune intégrité et se foute totalement de ce qu’ils mettent dans leur papiers du moment qu’ils évitent toute publicité négative. Ce n’est pas du journalisme si on plie à la moindre brise.)

    Après ça, d’accord avec votre analyse de la grâce de Madame Sauvage. Et il s’agit d’un gros problème pour ce genre de mouvement (le fait de s’attacher à des « causes qui devraient être perdues » en dépit du bon sens) Mais le problème est différent, la pression étant exercée sur les politiques (qui n’ont aucun intéret à y résister). Il faut combler la brèche dans la séparation des pouvoirs que constitue la grâce présidentielle.

    Tango

    Commentaire par tangowithfoxtrot — 24/01/2017 @ 14:42

  5. Ah oui… le problème est avec les « lobbys » pas avec Roman Polonski. Assez d’accord avec Jacques Heurtault. J’ai du réécrire ce commentaire 3 ou 4 fois tellement la colère me conduisait à des… insultes finalement. Au fil de vos posts, on sent bien que vous êtes d’une tolérance extrême, via un angle prétendument « justice et état de droit » à toujours défendre les puissants, les hommes en particulier. Bref. Mais si je suis en colère, c’est aussi parce que ma fille mineure a été pour la 2ème fois agressée sexuellement dans le RER, face à 30 personnes, qui n’ont pas réagi. Qui n’ont pas réagi.
    Ma fille, sans même que je lui suggère quoi que ce soit, est devenue elle aussi un de ces « petits procureurs des tribunaux médiatiques qui instrumentalisent des affaires qui les dépassent pour, au choix, se conférer de la dignité, libérer leurs névroses ou défendre des causes qui souvent méritent mieux que leurs vitupérations ». Ces petits procureurs qui soit dit en passant font partie des milliers de femmes qui ne portent pas plainte pour les viols, les agressions, le harcèlement. Voila pour les « petits procureurs ». Pour le « lobby ».
    Soit dit en passant, si j’avais la chance d’avoir les moyens d’habiter à Gstaad, j’irai lui pourrir la vie. Comme j’irai lancer des oeufs sur Christine Lagarde. et DSK.
    1/ Polanski a drogué puis sodomisé une jeune fille de 13 ans. Comment appelez vous cela ? Ne laissez pas la justice parler à votre place. Ca s’appelle un viol. Une « relation illégale avec une mineure » est un viol.
    2/ Samantha Geitner a pardonné POUR ELLE. Pas pour les autres. Parce qu’elle en avait marre de cette histoire, pas parce qu’elle n’a pas été violée ou qu’elle ne pensait pas ça grave. La justice ne juge pas que pour les victimes, elle juge pour la société. Polanski le paiera jusqu’à la fin, tant qu’il n’admettre pas le viol. Et c’est tant mieux.
    Vous devriez rendre grâce aux prétendus « lobbys » (ce genre de lexique montre bien l’angle d’attaque bien droitard), c’est grâce à leur lobby que vous avez le droit de vote, le droit de disposer d’un compte en banque, un meilleur droit à la retraite, l’accès à la contraception. Les « lobbys » et accessoirement l’université ont magistralement montré qu’avant même d’accéder à la justice, pas mal de mécanismes sociaux et culturels (ah oui, la fameuse et diabolique « théorie du genre » !) bloquent la simple expression des traumatismes, de la violence. Les tribunaux ne suffisent pas. Il faut déjà y accéder. Qui décide alors ? Bonne question… mais ce n’est pas du tout celle que vous posez.

    Commentaire par xenomorf — 24/01/2017 @ 14:57

  6. Aliocha, si j’ai bien compris votre article, l’affaire ne porte pas sur Polanski et son « présumé » viol, mais sur la pression mise par les internautes et les réseaux sociaux sur les journalistes à l’occasion de la nomination du cinéaste polonais à la présidence des Césars 2017. C’est cette pression, non escomptée au départ, qui a incité, pensez-vous, nombre de journaux à changer les titres et le contenu de leurs articles. En fait, il faudrait se poser la question de savoir si les choses auraient été différentes il y a 30 ans quand il n’y avait ni mails, ni réseaux sociaux. Il n’y avait ni mails, ni réseaux sociaux, certes, mais le courrier, la télévision et la radio existaient déjà. On peut donc penser que les protestations des activistes minoritaires auraient été les mêmes sur le fond. Seule différence : les journaux auraient réagi beaucoup plus tardivement.

    Commentaire par Gari — 24/01/2017 @ 15:35

  7. Effectivement, Gari. La presse écrite publiait déjà dans le passé des rétraction/correction/excuses suite à des réaction de lecteurs par courrier ou téléphone. Le papier original restait inchangé, par contre. Ce qui choque dans la situation actuelle, je pense, c’est la vitesse à laquelle cela peut être fait et le fait que le papier « original » a été modifié.

    Il y a effectivement beaucoup à dire du caractère « ahistorique » d’internet et de son influence sur les pratiques du journaliste, de l’historien et du citoyen.

    Tango

    Commentaire par tangowithfoxtrot — 24/01/2017 @ 15:45

  8. La foule (par réseaux sociaux interposés) a eu la peau qu’elle réclamait : Polanski vient de renoncer à présider la soirée des Cesars…

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 24/01/2017 @ 16:08

  9. Excellent article, très juste.

    Commentaire par Philippe Pottier — 24/01/2017 @ 16:57

  10. Bonsoir Aliocha, Pardon de la victime ? Qu’importe ! La matière est criminelle, c’est donc la société entière qui poursuit par un ministère public, et la victime n’est « que » partie civile. Et dans le cas Polanski, il y a en plus l’outrage fait aux juges et à la justice des Etats-Unis avec une fuite bien lâche. Nonobstant son talent de cinéaste, ce n’est pas un exemple de moralité. Que des personnes aux rancoeurs tenaces, outrées par son impunité, fassent du bruit et tentent d’influncer le Landernau médiatique, c’est leur droit le plus absolu. C’est la liberté d’expression que certains voudraient rogner, encadrer, supprimer.
    Quand aux journaux et médias dont l’indépendance est – à juste titre – si décriée, il convient peut-être de rafraichir certaines mémoires : parmi les plus viloent contre l’Eglise lors du lynchage Barbarin figurait un quotidien ayant publié des apologies de la pédophilie. Est-ce à eux de s’ériger en arbitre de l’éthique ?

    Commentaire par Remseeks — 24/01/2017 @ 19:16

  11. @ Remseeke

    Avons-nous vraiment besoin de prendre fait et cause pour la justice américaine ? en quoi est-ce notre affaire ? n’a-t-elle pas déjà que trop tendance, la justice américaine, à considérer qu’elle est chez elle partout dans le monde ?

    Et puis… certes Polanski s’est conduit avec cette toute jeune fille comme un gros dégueulasse, c’est indéniable, il l’a reconnu, mais enfin… comment avait-on pu confier sa fille, une toute jeune fille, pour des photos dénudées, à un séduisant photographe dans la force de l’âge ?… Il n’aurait pas dû, il a cédé à la tentation, c’est éminemment condamnable, est-ce cependant à ce point criminel ? est-ce d’une gravité à ce point imprescriptible ?

    Faut pas exagérer. Sachons raison et mesure garder.

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 24/01/2017 @ 19:33

  12. L’affaire Polanski, kiki, il l’avait seulement sodomisé, il a pris soin d’elle !

    Commentaire par Georges Dubuis — 24/01/2017 @ 20:16

  13. @DMB Ce n’est pas « à ce point criminel », c’est criminel, point.

    Après, vous pouvez parler d’acharnement, dire qu’il serait préférable pour tout le monde de passer cette affaire par pertes et profits, je peux encore comprendre le point de vue.

    Mais essayons d’être clair sur ce qui c’est passé: Un homme de 40 ans qui pénétré sexuellement un enfant de 13 ans (après lui avoir fait consommer de l’alcool et des drogues, de surcroît) c’est un viol, l’enfant ne peut juste pas consentir. Il ne s’agit pas juste de dire qu’il a « cédé à la tentation » comme si c’était une histoire d’adultère entre adultes consentants. A partir d’un moment, être adulte et responsable doit bien signifier quelque chose. Quelqu’un a pris la décision de mettre son pénis dans l’anus d’une jeune fille et ce n’est pas la jeune fille ni sa mère, et ça n’a rien à voir avec le caractère séduisant ou non du propriétaire du pénis.

    Commentaire par tangowithfoxtrot — 24/01/2017 @ 20:31

  14. @ Denis Monod-Broca
    Je ne suis pas un fan inconditionnel de la justice américaine, et loin de là, elle est aussi faillible qu’ailleurs et plus brutale qu’ici. Mais quand un crime est commis aux Etats-Unis, j’estime qu’il est logique que le responsable de ce crime en rende des comptes à la justice des Etats-Unis. Dès lors c’est à la justice des Etats-Unis de se prononcer sur l’éventuelle prescription des faits. Je peux avoir une opinion sur la durée de cette prescription, le moindre américain pourra me dire : mind your own business, et il aura raison. Et oui, la propension des Etats-Unis à se conduire comme un empire mondial m’irrite et me navre. La raison que je garde, c’est de dire que chacun doit être maître chez soi. Ce n’est sans doute pas très intelligent, il y a des exceptions, mais ça présente un aspect pratique que j’aime bien.

    Commentaire par Remseeks — 24/01/2017 @ 20:49

  15. @ Georges Dubuis

    Dieudonné n’est pas drôle du tout dans cette vidéo. Montrer le ridicule des propos de Frederic Mitterrand, Finkelkraut, BHL et quelques autres, c’est amusant, mais sans plus..

    @ tangowithfoxtrot
    « Ce n’est pas « à ce point criminel », c’est criminel, point. »

    Comment ça, « c’est criminel, point » !? Comment ça !? Les crimes seraient tous aussi graves, tous aussi impardonnables !? Ça ne tient pas debout ! Il n’y a pas de justice sans réflexion sur la gravité des crimes jugés, voyons…

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 24/01/2017 @ 21:46

  16. @ Denis Monod-Broca: il est difficile de nier que le viol sur personne mineure soit un acte criminel. Mais, en fait, il ne s’agit pas ici de faire à la place de la justice le procès Polanski. Il s’agit de savoir si Roman Polanski peut ou doit être honoré publiquement par les institutions du cinéma français; si la presse peut ou doit présenter la chose comme discutable, rapportant par la même les faits; et, enfin, si la réaction d’une partie du public peut ou doit conduire un journal à réviser sa rédaction.

    La défense de Polanski n’est donc pas vraiment le sujet (même si Aliocha elle-même l’aborde au passage). La vraie question intéressante est l’interaction entre les journaux et leurs lecteurs. Comme remarqué plus haut par Gari, une réponse furieuse des lecteurs n’est pas une nouveauté, pas plus que la correction de trajectoire de la part du journal. La seule différence apportée par la technologie moderne est que la rédaction peut être modifiée en ligne. Non seulement cela ne me choque pas, mais cette réactivité est plutôt une bonne chose. Par contre, l’honnêteté imposerait de signaler la modification. Cela serait alors assimilable à la rectification dans un numéro ultérieur qu’aurait faite un journal papier.

    Bien sûr, on voit ici un nouvel avatar d’une question brûlante depuis quelques années: que reste-t-il de la légitimité des élites politiques, culturelles, économiques et intellectuelles alors que « le peuple » peut désormais, et pas toujours pour le meilleur, s’exprimer en ligne? (Voir: Brexit, Trump, fake news, etc). À mon avis, la défense inconditionnelle à laquelle s’étaient livrés les influents amis de Roman Polanski quand la question de son extradition s’est posée a beaucoup coûté en crédibilité à nos médias: c’est pour cela qu’ils se sentent aujourd’hui contraints à faire un peu plus attention. Pour ma part, et indépendamment des mérites de cette affaire somme toute mineure, je trouve ce développement positif.

    Commentaire par Gwynfrid — 24/01/2017 @ 22:20

  17. @ Gwynfrid
    Vous avez raison de recentrer le débat sur le sujet du billet de notre hôtesse.
    Toute la question est de savoir si cette réactivité que permet la technique est une bonne chose. Comme vous le dites elle permet le meilleur et le pire.
    Je crois que rien ne remplace la réflexion, que la réflexion demande du temps, et que cette réactivité, en outre le plus souvent anonyme, est plus inquiétante que rassurante. Le cas Polanski en est, en effet, une bonne illustration : ce procès en ligne est à l’opposé de la plus élémentaire justice. Quoi qu’on pense de Polanski, quoi qu’on pense du choix du jury des Césars, cette mise au pilori médiatique, cette soumission des médias à la pression de la « foule », sont hautement critiquables.

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 25/01/2017 @ 11:32

  18. Pour moi, il n’est pas critiquable en soi que le public réagisse à ce qui lui semble une rédaction non neutre ou (in)volontairement trompeuse et que le journaliste corrige s’il pense que la remarque est justifiée. Les questions qu’il faut se poser sont :
    – la correction a-t-elle été faite parce que le demande a convaincue le journaliste ou est-ce que le journaliste a eu des pressions / a voulu se simplifier la vie
    – la correction était-elle légitime ?

    Pour le second point, c’est du cas par cas et la réponse dépend des valeurs de celui qui se la pose.

    Si les journalistes qui ont pris la décision de modifier l’ont fait parce qu’il ont reconnu en conscience que c’était choquant de minimiser un viol sur mineure c’est plutôt une bonne chose que les remarques des lecteurs ait fait prendre conscience de l’impact de ce qui était écrit.
    Si c’est pour avoir la paix / ne pas perdre de recettes publicitaires / par lâcheté / par obligation, oui, c’est problématique.

    J’ose espérer que c’est après réflexion et par conscience professionnelle que les articles ont été modifiés. Peut-être aurait-il mieux fallu qu’un lien vers un article plus développé indiquant les protestation de fond sur la nomination et la protestation de forme sur l’article. Peut-être…

    Pour le « pilori médiatique » : la résistance de la société pour réellement condamner le viol est une telle chape, que je ne vois pas d’autre manière de changer les choses. La loi n’a pas suffi, la formation du personnel de police n’a pas suffi, l’aide aux victimes n’a pas suffi pour que les viols soient dénoncés, jugés, et condamnés. On ne peut faire autrement que chercher à changer les mentalités et la presse joue un rôle non négligeable dans l’évolution des mentalités.

    Commentaire par Alixe — 25/01/2017 @ 12:22

  19. @ Alixe: je suis d’accord avec vous sur la distinction en fonction des motivations des journalistes qui ont fait cette modification; malheureusement, ils l’ont faite sans s’en expliquer. Selon moi, c’est la seule chose vraiment contestable dans cette situation.

    @ Denis Monod-Broca: les médias paient ici leur indulgence ou leur indifférence passée. Cela indique que la société n’accepte pas (ou plus) que le nom de Roman Polanski soit mentionné sans que rappel soit fait de ce crime impuni. Est-ce excessif, 40 ans après les faits? Je ne le crois pas, pour ma part. Toute personne célèbre dont la biographie est marquée d’une tache de cette ampleur ne se voit-elle pas traitée de la même façon? C’est une chose que de demander le droit au pardon et à l’oubli pour un anonyme; on peut aussi concevoir qu’une personne ayant purgé une peine appropriée bénéficie d’un droit similaire. Roman Polanski n’entre dans aucune des deux catégories, et donc je ne vois pas pourquoi il mériterait d’être honoré sans un minimum de réserve.

    Commentaire par Gwynfrid — 25/01/2017 @ 16:13

  20. Si j’ai bien compris, Aliocha s’inquiète de la puissance des réseaux sociaux et sur son possible impact sur l’indépendance journalistique (l’affaire Polanski n’étant alors que le support de sa démonstration plus que le sujet lui-même).

    Il est difficile de réfuter la pertinence de cette inquiétude. Cependant, au lieu de pointer du doigt ces nouveaux moyens d’expression et leur coté forcément « abrupt » puisque sans filtre, moi je pointerais plutôt du doigt les médias institutionnels qui ont la faiblesse de s’y plier par lâcheté, complaisance ou intérêt financier. La solution (si tant est qu’il y ait un problème) n’est pas, à mon humble avis, dans la limitation de l’expression « internet » (sous réserve qu’elle soit respectueuse des lois en vigueur – diffamation, injures, etc…).

    Du coup je trouve que l’article dérape un peu quand il en profite pour prendre indirectement la défense de Polanski. C’est quoi le vrai problème : la puissance des réseaux sociaux ou la puissance des réseaux sociaux quand il s’agit d’un sujet sur lequel on n’est pas d’accord avec eux ?

    Commentaire par mahikeulbody — 25/01/2017 @ 16:19

  21. @ Gwynfrid « C’est une chose que de demander le droit au pardon et à l’oubli pour un anonyme; on peut aussi concevoir qu’une personne ayant purgé une peine appropriée bénéficie d’un droit similaire. Roman Polanski n’entre dans aucune des deux catégories, et donc je ne vois pas pourquoi il mériterait d’être honoré sans un minimum de réserve. Roman Polanski n’entre dans aucune des deux catégories, et donc je ne vois pas pourquoi il mériterait d’être honoré sans un minimum de réserve. »

    Certes, sans prendre la défense d’un fugitif considéré comme tel par la justice américaine, entendons-nous bien, ne croyez-vous pas qu’il y a un paradoxe, à tout le moins, de l’hypocrisie à prétendre symboliquement qu’il ne mérite pas d’être honoré alors même que l’homme et son œuvre l’ont toujours été sans réserves, en tout cas, particulièrement en France, me semble-t-il, et que ça n’a jamais gêné personne ?

    Commentaire par Ardrich — 25/01/2017 @ 16:46

  22. @ Ardrich : Cela n’a jamais gêné personne… dans les médias. Le public, lui, était largement ignorant de cette affaire jusqu’en 2009. C’est justement l’ouverture des médias à une plus grande réactivité vis-à-vis de la population, rendue possible par les réseaux, qui est une cause de ce changement de pied (une autre cause est la plus grande attention portée aux violences envers les femmes ces dernières années).

    Je comprends qu’on puisse trouver la réaction excessive. Il y a peut-être, dans un tel excès, un effet de remords face à l’indifférence passée?

    Commentaire par Gwynfrid — 25/01/2017 @ 18:18

  23. La lecture des commentaires suivants la lecture de l’article révèle bien la nature profonde du problème … Selon Aliocha, certaines personnes ne doivent pas être poursuivies au delà d’un délai qu’elle juge raisonnable. Il y a deux poids et deux mesures. Polanski, parce qu’il est un cinéaste talentueux et de renom, a le droit qu’on lui fiche la paix, quand bien même aurait-il commis un CRIME (selon le droit pénal californien).
    De fait, une très forte proportion de gens pense exactement le contraire! Polanski aurait du se soumettre, depuis longtemps, aux rigueurs de la Justice du pays où il a commis son CRIME. Il ne l’a pas fait car il n’a pas supporté d’être exposé au risque d’être lourdement condamné. Il traine donc son boulet depuis plus de 40 ans …
    Si la justice était rendue conformément aux attentes de bon sens, les gens du Peuple ne se fâcheraient pas comme ils ont tendance à le faire de plus en plus souvent et de plus en plus violemment. Ce qui est en cause, c’est le dysfonctionnement général de la Justice … Les réseaux sociaux s’emparent de ce phénomène!
    La bonne réponse consiste à mettre à plat ce vaste problème …
    Ne peut-on envisager d’interdire aux médias de parler des crimes et délits autrement qu’en termes CONFORMES aux codes pénal et de procédure pénale? Il y a du travail! Les « élites » ont du mouron à se faire! Ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre!

    Commentaire par Jacques Heurtault — 25/01/2017 @ 18:18

  24. Je suis plus ou moins plusieurs blogs.
    Bilger, Mô, Eolas, Robert-Diard et celui-ci.
    Bilger a été viré d’Eolas. Il est stable dans un français magnifique et des propos qui le sont moins ou qui le magnifient trop.
    Mô et Eolas ont d’autres chats à fouetter et ne bloguent plus vraiment mais, bon, quand ils le font, c’est sans surprise, de bon à très bon, sans déroger à leurs âmes.
    Robert-Diard… Ah… Parfaite, émouvante, concise.
    Et Aliocha.
    Eh bien, j’ai l’impression d’assister à une chute.
    Lecteur du Canard et de Charlie, j’ai eu tout un tas de sources d’informations sur Kerviel et j’ai fini par douter (il est bien installé, le doute) des analyses de cette affaire par Aliocha.
    Sauvage, ça allait à peu près (ça se tenait juridiquement).
    Polanski, non.
    Non!
    Ressaisissez-vous: je serais un employeur possible, je commencerais à trop douter de votre objectivité.
    Ressaisissez-vous!

    Commentaire par PSPEC — 25/01/2017 @ 19:52

  25. @ Gwinfrid : j’incline plutôt à penser que l’ère du temps est marquée par un « nouvel ordre moral » et que l’activisme des associations féministes sur toutes ces questions liées notamment aux mœurs aujourd’hui renforce, en effet, une sorte de « pouvoir de nuisance ».

    Commentaire par Ardrich — 25/01/2017 @ 20:48

  26. @DMBrocante
    Ne saviez vous pas que le cinéma est le post religieux…..interprétations éternelles très impressionnantes. Le cinéma juif….le cinéma tout court dit Dieudo,quel festival, vous êtes un habitué du cinéaste Jorion avec sa dernière marotte, abolition de la spéculation sur les prix, cours toujours…..

    Commentaire par Georges Dubuis — 25/01/2017 @ 20:55

  27. @Ardrich (commentaire #28) : qu’entendez-vous par « nouvel ordre moral » ?
    Quand l’ordre moral c’est condamner ce que font ou disent les autres, juste parce que cela ne nous plait pas, sans autre justification, c’est effectivement « pouvoir de nuisance ».

    Si l’ordre moral c’est demander la justice, l’égalité et la pénalisation des violences sexuelles, c’est plutôt un geste citoyen.

    En vous lisant, j’ai l’impression que pour vous tout ce qui est lié au sexe relève des « mœurs », et que cette qualification disqualifie toute revendication. Or ici, le problème n’est pas la moralité sexuelle, mais la violence et les moyens utilisés.

    Il n’y a pas de droits absolu. La liberté sexuelle, toute légitime qu’on puisse l’estimer par ailleurs, doit s’effacer devant le droit d’être protégé de la violence ou de la contrainte.

    Commentaire par Alixe — 26/01/2017 @ 11:35

  28. @alixe
    C’était un viol à moitié consentie déjà, par les parents ( comme chez Michael Jackson dans son ranch de Neverland) qui ont livré leur fille, eux même violés par la notoriété cinématographique de l’impatient, cela fait bcp de cinéma qui s’impressionne et.. s’entube mutuellement, notoriété uber alles très prisée dans les sociétés de + en + anonymes! Salut l’artiste comme ON disait….un jeu d’enfant.

    Commentaire par Georges Dubuis — 26/01/2017 @ 12:02

  29. Hallucinant! Question à Georges Dubuis : Selon vous, y a-t-il des LOIS dans les différents pays?

    Commentaire par Jacques Heurtault — 26/01/2017 @ 12:16

  30. @Georges Dubuis : on ne peut pas consentir à un crime pour quelqu’un d’autre. Le fait que les parents aient consenti pour leur fille :

    => n’exonère pas Polanski de ses actes. il a drogué et fait boire une personne pour avoir avec elle des relations sexuelles sans consentement. C’est la définition juridique du viol.

    => les parents seraient des proxénètes. C’est un délit qui s’ajoute au premier, pas une circonstance atténuante

    => à cela s’ajoute la circonstance aggravante de minorité de la victime (je la traite à part, pour montrer que l’argument « je croyais qu’elle était majeure » n’exonère pas du viol).

    => personnellement, j’ajouterais même la préméditation puisque l’acte a été préparé en droguant la victime.

    Ce que je constate, c’est qu’en matière de viol, il y a toujours ce réflexe de trouver des excuses au criminel et prétendre que c’est la faute de la victime (ou de ses parents, ou de son chien, ou de sa robe, ou de l’endroit et l’heure où elle se trouvait).

    L’idée qu’il est interdit et immoral d’avoir des relations sexuelles contre la volonté du/de la partenaire (et/ou d’annihiler sa volonté en le/la droguant) n’est manifestement pas acquise par tout le monde.

    C’est dans le code pénal, pourtant. Mais il parait qu’insister là dessus, c’est de l’activisme de féministes. Sans doute trop de « ismes » pour être honnête…

    Commentaire par Alixe — 26/01/2017 @ 15:16

  31. @ Alixe : en effet votre contribution m’oblige à préciser ma pensée pour ne pas la déformée voire mal l’interprétée.

    Ce « nouvel ordre moral » (entre guillemets !) c’est une manière elliptique de fustiger notre époque où se mêle dans tous les domaines : injonction morale, justice médiatique, exigence de transparence, tribunal de l’opinion voire fantasme de contrôle absolu etc…

    D’où mon interrogation sur les paradoxes de notre société…

    Maintenant, détendez-vous,quant aux questions liées aux mœurs (dans le sens de leurs répression), ne vous méprenez pas, la violence physique et morale subie par une mineure par un prédateur en est bien évidemment une composante qui doit être pénalement réprimée donc dénoncée.

    Commentaire par Ardrich — 26/01/2017 @ 15:35

  32. Ooops !… la déformer… l’interpréter

    Commentaire par Ardrich — 26/01/2017 @ 15:36

  33. @Ardrich : merci pour la précision. 🙂

    Commentaire par Alixe — 26/01/2017 @ 15:56

  34. Bonjour,
    les commentaires publiés sur cet article sont presque tous de la même eau, et ne s’intéressant qu’à l’aspect « coupable en cavale », et finalement sans analyser ce qui a été écrit dans le message d’origine. Tout d’abord, comme l’ a souligné Aliocha sur le texte original, celui-ci mentionne l’affaire en question. Ce qui est dommageable, c’est effectivement que cela se fasse en une seule phrase, perdue dans paragraphe. On peut donc « comprendre » les protestations, même s’il y a 40 ans la société de l’époque n’avait rien à voir avec celle d’aujourd’hui.

    Maintenant la réécriture qui a été faite de l’article est passée à l’autre extrême. Là, on parle de l’affaire de manière théâtrale, avec un gros titre bien racoleur (« un lourd contexte judiciaire »). Et en plus cela foisonne de détails. On y trouve même le nom de femme mariée de la victime. Sur ce point je suis tout à fait d’accord avec Aliocha, cet article en fait franchement trop.Au final seul l’aspect « closer » de l’article reste dans les mémoires, occultant tout le reste.

    Pour finir, par rapport aux « il faut le juger (et le condamner) » je rappellerai (de mémoire) les propos de sa victime, suite à sa dernière incarcération (il me semble que c’était en Suisse) du fait du mandat d’arrêt international qui existe toujours sur Polanski. Elle exprimait son ras-le-bol de l’affaire, et du fait que cela faisait des dizaines d’années qu’on lui interdisait d’exister en tant qu’être humain. Tous les jours, tout le monde, ne voit en elle que « la victime de Polanski ». De quel, droit, vous, nous, continuons-nous à lui imposer cela? On parle sans cesse du « droit des victimes », celui-ci impose-t-il à une personne de n’être vu QUE comme une victime jusqu’à la fin de sa vie? D’autant que l’article « nouvelle version », comme je le disais, écrit non seulement son nom de jeune fille, mais aussi celui de femme mariée. De de fait, ce « statut de victime » lui est non seulement imposé à elle-même, mais aussi à son mari et à ses enfants. Est-ce cela la « victoire » de ces protestations?

    Commentaire par Alain38 — 26/01/2017 @ 15:56

  35. Cela devient absolument incroyable! Combien de fois va -t-on devoir préciser qu’on se moque du sort de la victime? La victime a porté plainte. cela a eu DEUX conséquences :
    – les pouvoirs publics américains ont eu connaissance qu’un CRIME aurait été commis par un certain Polanski. Donc, enquête … Puis, au final, perspective d’une condamnation de ce Polanski.
    – la victime était fondée à demander des dommages et intérêts pour le préjudice qu’elle prétendait avoir subi. Il se trouve que Polanski, l’auteur du CRIME, a effectivement indemnisé sa victime. Cette indemnisation a eu DEUX conséquences, à savoir la clôture de la demande de réparation civile de la part de la victime d’une part, l’aveu de la réalité de l’existence du CRIME commis par Polanski!
    Il s’ensuit que Polanski DOIT être jugé pour le CRIME qu’il a reconnu avoir commis (il a opté pour la procédure du « plaider coupable »!) et, conformément au droit pénal de l’Etat de Californie, doit être CONDAMNE, quand bien même ladite condamnation aurait lieu 43 ans après les faits et quand bien même l’accusé serait un certain Polanski, cinéaste mondialement connu.
    Mieux même : s’agissant de la notoriété de l’accusé, je ne serais pas choqué d’apprendre qu’il a pris double ration. Une ration pour avoir commis ce CRIME. Une deuxième ration pour être un « personnage » se croyant au dessus des lois!

    Commentaire par Jacques Heurtault — 26/01/2017 @ 17:52

  36. Comment condamner des gens qui ne savent pas ce qu’ils font comme le dit le roi des juifs et M le maudit ? Madoff réussit, même en prison, de prendre le contrôle d’une boisson chocolaté, c »est cela le génie de spéculation innée !

    Commentaire par Georges Dubuis — 26/01/2017 @ 22:33

  37. @ Jacques Heurtault

    A la certitude il faut préférer le DOUTE. Car toutes les certitudes sont erronées ou débouche sur l’erreur. Seul le DOUTE permet d’aller vers l’exactitude et de garder la mesure. Hors le DOUTE point de salut.
    Et, pour remédier a nos erreurs, fautes, crimes… il y le PARDON.

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 27/01/2017 @ 12:55

  38. Le pardon, certes! Mais comme Polanski a préféré FUIR pour éviter la prison, il faut d’abord qu’il se livre à la justice de l’Etat de Californie afin qu’il soit jugé et – éventuellement – condamné. Ensuite, et ensuite seulement, les autorités judiciaires légalement compétentes pourront faire preuve de la clémence nécéssaire en accordant une libération conditionnelle à Polanski.
    Le problème vient du fait – semble-t-il – que Polanski a reconnu un CRIME particulièrement grave puisqu’il aurait drogué sa victime qui était mineure (circonstance aggravante qu’il ne pouvait ignorer). J’ignore ce qu’il en est – au plan pénal – de la sodomie dans l’Etat de Californie. Je sais que, dans certains Etats fédérés, la sodomie est considérée comme un crime (consentie ou pas!).
    Il n’y a pas de Code Pénal universel et pas davantage de Code de Procédure Pénale universel …

    Commentaire par Jacques Heurtault — 27/01/2017 @ 16:17

  39. @ Jacques Heurtault

    « Le pardon, certes! Mais…. il faut d’abord que Polanski se livre… »

    Le pardon n’est pas conditionnel…

    « Il n’y a pas de Code Pénal universel et pas davantage de Code de Procédure Pénale universel »

    ,,, et il est, lui, universel.

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 28/01/2017 @ 09:43

  40. Autrement dit, il faut abandonner le concept d’Etat de Droit au profit d’un autre concept, le pardon? Vaste programme! Un vrai bouleversement, même!

    Commentaire par Jacques Heurtault — 28/01/2017 @ 10:40

  41. Je plebiscite ce proverbe africain :
    « Quand on a un trou au pantalon on ne monte pas au cocotier »
    Ce n’est pas pour rabaisser cette discussion Intéréssante jusqu’à la portée du citoyen de base mais parce qu’actuellement les politiques (comme les stars) et tous ceux qui prétendent à la notoriété et imposer leur loi seraient bien vus de donner l’exemple s’ils veulent recueillir nos suffrages.

    Commentaire par Scaramouche — 28/01/2017 @ 11:01

  42. Je plussoie abondamment aux propos de Scaramouche! A mon avis, les sanctions devraient être plus lourdes quand les auteurs sont des gens exerçant des responsabilités « publiques » (c’est à dire notoirement connues du public), tant il est évident qu’elles ont un devoir d’exemplarité!

    Commentaire par Jacques Heurtault — 28/01/2017 @ 11:35

  43. @ Jacques Heurtault
    « Autrement dit, il faut abandonner le concept d’Etat de Droit au profit d’un autre concept, le pardon »

    Ça vaut pas ! Vous changez de registre…
    L’état de droit n’est en aucune façon remis en cause par la liberté de chacun de condamner ou de pardonner, il est même, jusqu’à un certain point, le garant de cette liberté.

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 28/01/2017 @ 14:53

  44. Il y a eu mauvaise interprétation de ma part … J’avais compris que l’Etat de Californie devait pardonner (en abandonnant les poursuites).

    Commentaire par Jacques Heurtault — 28/01/2017 @ 22:08

  45. @ Jacques Heurtault

    Le sujet en effet n’était la justice de l’état de Californie, le sujet c’était nous, nos réactions, nos réseaux sociaux, nos médias…

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 29/01/2017 @ 15:10

  46. Là, non! Ca, c’est une pirouette! Le débat a été amorcé par la nomination de Polanski a la Présidence de je ne sais même plus quel « jury ». Conformément aux règles démocratiques normales, certains médias (il n’y a pas que les journaux qui en font partie; tous les blogueurs en font AUSSI partie; les journalistes ne sauraient prétendre à aucun monopole ni de droit ni de fait!) ont réagi … en rappelant les faits. Si certains journalistes ne s’estiment pas libres au point de craindre des réactions contributives au débat, c’est leur problème …

    Commentaire par Jacques Heurtault — 29/01/2017 @ 15:36

  47. @ Jacques Heurtault

    « Si certains journalistes ne s’estiment pas libres au point de craindre des réactions contributives au débat, c’est leur problème … »

    Nous y revoilà ! S’agit-il de « réactions contributives » ou de l’expression d’une colère irraisonnée ? Toute la question est là, et les médias doivent-ils cèder devant ces « réactions contributives » qui ressemblent fort à la réaction collective et sacrificielle d’une foule en colère ?

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 30/01/2017 @ 13:50

  48. Ce débat prend un tour particulièrement intéressant …
    Je dirai deux choses :
    – Il ne faut JAMAIS empêcher une colère – fut-elle irraisonnée – de s’exprimer! C’est beaucoup trop dangereux … (Pensez à cet album de Lucky Luke où il est question d’une course sur le Mississipi …). En voulant coincer la soupape, on prend le risque gravissime de faire exploser la chaudière!
    – Les médias (autrement dit une partie des « élites »), précisément parce qu’ils sont des élites, DOIVENT IMPERATIVEMENT se mettre à la portée du public, au meilleur sens du terme, et non pas se croire au dessus des autres au seul motif qu’ils sont les « élites »!
    Pour n’avoir pas compris cela, ils ont reçu, dans les circonstances de l’espèce, un grand coup de tige sur le bec! Je ne vais pas me coucher pour les plaindre …

    Commentaire par Jacques Heurtault — 30/01/2017 @ 14:38

  49. Si je me souviens bien, cette course sur le Mississippi est surtout une illustration de la violence mimétique et des excès auxquels elle conduit.

    Savoir contenir sa colère, n’est-ce pas cela être civilisé ?

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 30/01/2017 @ 22:25

  50. Certes! Cependant, on ne gère pas tout un peuple comme on gère une seule personne voire un petit nombre de personne.
    Un philosophe – controversé – a même dit : « Quand une idée s’empare des masses elle devient une véritable force matérielle ». C’est VRAI! Ca l’est peut-être encore plus quand ce sont de mauvaises idées.

    Commentaire par Jacques Heurtault — 31/01/2017 @ 00:21

  51. Sur « les passions des foules » c’est Gustave Le Bon qui dans son célèbre ouvrage – Psychologie des foules – écrit que les passions simplistes et extrémistes des foules, leur incapacité à penser rationnellement, les rendent dangereuses autant que profitables pour qui sait en tirer parti.

    Ainsi, selon le sociologue : « Les foules ne connaissant que les sentiments simples et extrêmes ; les opinions, idées et croyances qui leur sont suggérées sont acceptées ou rejetées par elles en bloc, et considérées comme des vérités absolues ou des erreurs non moins absolues. Il en est toujours ainsi des croyances déterminées par voie de suggestion, au lieu d’avoir été engendrées par voie de raisonnement… N’ayant aucun doute sur ce qui est vérité ou erreur et ayant d’autre part la notion claire de sa force, la foule est aussi autoritaire qu’intolérante. L’individu peut supporter la contradiction et la discussion, la foule ne les supportent jamais».

    Il ajoute que : « la foule (qui constitue, à ce titre, un être unique, tant qu’elle subsiste en tant que « foule psychologique ») ne pense pas par des mots et des concepts verbaux, mais par des images. Ces images sont généralement moins celles observées que celles qui possèdent une forte puissance passionnelle : ainsi, une foule craintive et anxieuse peut croire qu’une lumière allumée à un étage constitue un signal à destination d’un ennemi, alors même que c’est objectivement impossible10. De là de possibles hallucinations collectives, dues à la suggestibilité, à la déformation et aux passions très fortes qui animent une foule. De là aussi certains phénomènes de foules connus, comme le lynchage. »

    La foule en colère ce n’est pas tout un peuple et à cet égard comme l’exprime peut-être trop bien Victor Hugo : « Souvent la foule trahit le peuple » !

    Commentaire par Ardrich — 31/01/2017 @ 01:57

  52. Victor Hugo a, une fois de plus, raison! Il ne faut surtout pas confondre le peuple et la foule …

    Commentaire par Jacques Heurtault — 31/01/2017 @ 15:06

  53. L’anglais a 2 mots pour foule : « crowd » et « mob ». Dans le premier il y a seulement le nombre, la multitude, dans le second il y a aussi le comportement irraisonné, imprévisible, dangereux…

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 31/01/2017 @ 18:54

  54. Merci pour la leçon d’anglais! Je ne connaissais que le premier « crowd » … Curieusement, dans le second, on reconnait la racine « mobilisation » (en français!). Comment les Anglais expriment-ils le concept de foule au sens de « masse concrète, consciente de sa force et sachant, d’une manière raisonnée, pourquoi elle est là »? Comment traduit-on « foule qui manifeste à l’appel d’une ou plusieurs organisations lesquelles contrôlent le flux de celle-ci?

    Commentaire par Jacques Heurtault — 31/01/2017 @ 19:02

  55. @ PSPEC # 24 :

    Je ne suis pas d’accord avec votre lecture du présent billet. Je suis Aliocha depuis 2008, et je la remercie du fond du cœur pour sa constance : une constante invitation à réfléchir contre soi, à faire le pas de côté afin d’examiner ce qu’elle soumet à notre réflexion sous un autre angle. C’est la raison qui parle, c’est le cœur aussi…

    Concernant sa lecture de la chose, je pense que l’angle capitalistique recoupe de beaucoup celui des « groupes de pression » par l’aspect bad buzz : celui-ci peut être dommageable en termes d’image et avoir des conséquences réelles sur la rentabilité directe ou indirecte (voir comment les annonceurs ont indiqué vouloir fuir la proximité de M. Morandini par exemple).

    Contrairement à vous, je renouvelle mon soutien à notre hôtesse, et l’assure en prime d’une indéfectible affection.

    Commentaire par Zarga — 01/02/2017 @ 17:58

  56. Aliocha : « On considère que si les groupes médiatiques français s’émancipaient des mains des grandes fortunes qui les détiennent, un journalisme enfin libre et objectif pourrait émerger ».
    C’est qui « on » ? Soyez plus précise, SVP. Qui, enfin, parle d’objectivité en ce qui concerne les journalistes ? Je ne connais aucun critique des médias qui réclame que les journalistes soient objectifs. En ce qui me concerne, je préfère parler d’honnêteté. L’objectivité journalistique, ça n’existe pas. Par contre, il importe que l’on sache d’où les journalistes parlent. C’est ça l’honnêteté. Quand on voit un journal « sérieux » qui fut autrefois qualifié comme étant « le journal de référence », se vouloir l’arbitre des élégance avec son Décodex, je rigole doucement. Le Monde classe un journal comme Fakir dans les journaux dont il faut se méfier, car c’est un journal qui a des opinions (de gauche en plus). Par contre, tous les journaux mainstream, dont le Monde et Valeurs actuelles sont des journaux jugés fiables par le Décodex du Monde. Qu’est-ce qu’on rigole. Comme si les journalistes, notamment des services économiques de ces journaux, comme si les éditocrates qui déversent la vulgate néo-libérale à longueur de colonnes, n’étaient pas des militants. Ah, les braves gens !

    Commentaire par Michel Davesnes — 06/02/2017 @ 21:44

  57. Je pense qu’on peut foutre la paix à Polanski. Mais je m’insurge cependant sur l’utilisation répétée de « la victime a pardonné », sachant qu’il est fréquent de s’arranger à l’amiable pour éviter un procès que les deux parties veulent éviter. Polanski avait doublement les moyens de faire retirer sa plainte à la victime. Moyens financiers, tout d’abord, car le cinéaste, après ses succès mérités, a du pognon. Ensuite, comme il a pris la poudre d’escampette, la victime peut se dire : « vu que la possibilité d’un jugement s’éloigne, autant prendre le pognon ».

    Commentaire par Michel Davesnes — 06/02/2017 @ 22:00

  58. L’objectivité existe chez les journalistes quand ils disent ce qu’ils voient et constatent avec honnêteté sans influencer par leur opinion ni vouloir endoctriner lecteur ou auditeur. Ils devraient avoir avant tout une mission didactique et un devoir celui de ne pas faire le jeu des partis comme dit Aliocha « des grandes fortunes qui les détiennent »
    Actuellement la plupart tranforme interprête module l’actualité et prétend influencer le cours des événements ou manipuler l’opinion. Les éditorialistes et les chroniqueurs remplacent les anciens journalistes et on n’achète plus un journal pour être au courant de ce qui se passe ni pour avoir une information mais pour être conforté dans ses convictions personnelles . Nous vivons tous sous la coupe des medias et des messages qu’ils font passer et nous n’avons jamais eu autant de fausses nouvelles et d’élucubrations fantaisistes sur l’avenir au conditionnel. Comme l’instruction de base et la culture ne suivent plus les journalistes sont devenus les nouveaux  » faiseurs ( ou défaiseurs) de rois ».

    Il y a des cas plus intéressants ou pitoyables que celui de monsieur Polanski . Après tout il a reconnu les faits , a été condamné puis en fuite . C’est assez pour être discret et le talent n’absout pas l’homme. Il est permis de détourner les yeux mais de là à lui confier un poste honorifique il y a une marge. Ce serait donner l’exemple que si le crime n’ est pas  » payant « il est à tout le moins « insignifiant » .

    Commentaire par Scaramouche — 07/02/2017 @ 05:18

  59. Je souscris aux propos de Scaramouche sauf sur un point : Polanski n’a, justement, pas été jugé! Tout le problème est là.
    Pour le reste, oui, toute personne occupant des fonctions socialement importantes DOIT, plus que les autres, se montrer digne et exemplaire. Si une telle personne, convaincue de crime ou de délit, est condamnée, il est JUSTE que la condamnation soit plus forte car une condamnation est infligée pour valeur d’exemple … Les petites gens, les gens ordinaires doivent se sentir rassurées par l’exemplarité du comportement des « notables » et, par conséquent, rassurées aussi par l’exemplarité de la sanction des fautes prononcées selon des règles communes. Faute de quoi, c’est tout l’édifice social qui pourrait s’en trouver menacé.

    Commentaire par Jacques Heurtault — 07/02/2017 @ 08:50

  60. @Scaramouche: Autant que je le comprenne, Roman Polanski n’a jamais été condamné au pénal. Il a quitté les Etats-Unis avant que la sentence ne soit prononcée, parce qu’il risquait une longue peine (max. 50 ans). Au civil, il a transigé avec la victime, mais seulement en 1993, soit seize ans après les faits, qui remontent à 1977 (et apparemment pas de bonne grâce ni avec diligence dans le paiement des indemnités). Il a toujours nié le viol, mais a reconnu les relations sexuelles avec une mineure (orales, vaginales, anales) sous l’influence de drogue et d’alcool (il avait 44 ans, était célèbre, sa victime avait 13 ans, c’était une ingénue… pardon une inconnue), dans le cadre d’une procédure de plaider-coupable non éteinte puisqu’il est parti avant le jugement. C’est donc un fugitif qui n’a jamais assumé ses responsabilités devant la loi, et donc la société – dont visiblement il n’apprécie l’intervention que lorsqu’elle lui adresse ses louanges.

    Quels que soient son talent et son passé – dramatique, mais bon, les prisons du monde entier sont pleines de drames humains – abondamment rappelés par ses défenseurs tout au long des multiples épisodes de cette affaire, et par la presse (longtemps complaisante à son endroit grâce à une mémoire sélective, surtout en France), on peut légitimement, sans être automatiquement qualifié de féministe hystérique, s’interroger voire s’offusquer de l’opportunité d’en faire le président de la cérémonie des Césars, un symbole de notre exception et de notre histoire culturelle. Ou un martyr. Rappelons que l’intéressé lui-même – et son entourage – a notamment établi des parallèles entre son cas et celui du capitaine Dreyfus, qui a dû s’en retourner dans la tombe et Emile Zola avec lui.

    PS: Un document intéressant à consulter, le PV d’audition de la petite Samantha (Gailey à l’époque) par la police, disponible en ligne. Il est édifiant.

    Commentaire par Tata — 07/02/2017 @ 09:42

  61. merci à vous deux ( en 59 et 60) d’apporter ces précisions. C’est ce que je cherche et j’aime particulièrement ici : le fait qu’on apprenne quelque chose et je regrette que les journalistes laissent souvent de côté ce travail de pédagogie.
    A ce sujet j´aimerais que les amoureux de la linguistique me dise la différence qu’ils font (ici dans la suite des échanges) entre.  » le peuple  » et « la foule  » car pour moi l’une est formée par l’autre . Elles ne sont séparées que par le « mouvement » , on dit un « mouvement de foule » alors que dans la hiérarchie l’ émeute est « populaire » .. Ce qui donne des lettres de noblesse mais ce sont les mêmes gens car on ne sait jamais comment le peuple va réagir et une assemblée pacifique peut former rapidement une foule agressive. Certains pour parler péjorativement emploieraient même le terme « populace » ….
    Tout dépendrait finalement de la catégorie dans laquelle on se place et du ton qu’on veut donner dans le message à faire passer mais n’a rien à voir avec la réalité.

    Commentaire par Scaramouche — 07/02/2017 @ 13:40

  62. Oops Parmi mes erreurs d’écriture j’oublie le pluriel d’entrée : il faut lire  » disent  » et non « dise » mais ce n’est sans doute pas la seule étourderie !

    Commentaire par Scaramouche — 07/02/2017 @ 13:44

  63. Pour illustrer le pouvoir de l’argent dans les journaux, à côté de quoi on peut bien gloser sur « l’objectivité des journalistes », cette déclaration d’Éric Fottorino, qui fut directeur du Monde, chez Natacha Polony :
    « Quand une échéance présidentielle approche, je peux vous le dire, j’ai été à la tête du Monde j’ai connu ça de façon très très directe, et bien le jour où Nicolas Sarkozy me dit: »vous allez vendre le Monde au groupe Lagardère, et je veux qu’en 2012 le Monde soit vraiment comme il faut, pour la réélection », et bien qu’est-ce qui s’est passé? Bolloré a retiré Direct Matin des imprimeries du Monde, Arnaud Lagardère a rretiré le JDD des imprimeries du Monde, Bernard Arnault a retiré les Echos, ça veut dire deux millions et demi d’euros que vous perdez comme ça en trois semaines. Donc j’ai bien vu ce que c’était que le pouvoir et le pouvoir de l’argent. »

    Commentaire par Gilbert Duroux — 10/02/2017 @ 15:18

  64. Aux USA, il y a très peu de prison « préventive ». Un accusé comparaît libre devant le tribunal. Cela suppose d’être féroce avec ceux qui profitent du système pour s’enfuir avant leur procès. Polanski s’est enfui car il se doutait bien qu’un viol sur mineure droguée ne pouvait se solder par un arrangement financier avec la mère de la victime, mère pour le moins « imprudente » dans le cas d’espèce. La persévérance de la justice américaine est tout à fait justifiée.

    Commentaire par Aristote — 13/02/2017 @ 19:40

  65. Je pense qu’aux US vous êtes présumé innocent , il faut qu’on prouve votre culpabilité.
    En France c’est l’inverse et je crois qu’il est bien plus difficile de prouver son innocence face à des accusations calomnieuses.

    Commentaire par Scaramouche — 14/02/2017 @ 06:46

  66. Aux Etats Unis, la procédure de mise en accusation est prise par un « Grand Jury » A L’UNANIMITE. L’examen est assez sommaire et permet de répondre à la question : « Y a-t-il matière à un procès public? ». A ce stade, le justiciable est évidemment présumé innocent. Vient ensuite le procès et la phase d’instruction qui le précède. La procédure n’est pas la même qu’en France. Ici, on fonctionne selon le mode « inquisitoire » (un juge d’instruction enquête à charge ET à décharge. Là-bas, le ministère public « accuse ». Il ne cherche pas à établir des éléments « à décharge ». C’est la défense qui fait ce travail (si le justiciable n’a pas les moyens de payer un avocat pour conduire à ses frais les enquêtes qui viendront contrer celles conduites par l’accusation, tant pis pour lui!). Ensuite, le Juge en charge du dossier conduit le procès. C’est alors un autre jury (aux délibérations duquel il ne participe pas!) qui, à une certaine majorité (que je ne connais pas, hélas!), décide de condamner ou pas le justiciable.
    Si le justiciable reconnait sa faute avant le procès, il adopte la procédure du « Plaider coupable » qui lui vaut une sanction plus douce mais une sanction tout de même puisqu’il a reconnu à l’avance sa culpabilité! C’est ce qui s’est passé avec Polanski … Il croyait pouvoir s’en tirer avec une condamnation financière sans avoir à faire de la prison. Il a su qu’il avait toutes les chances d’être lourdement condamné. Il a alors décidé de FUIR pour ne pas être jugé afin de ne pas être condamné. S’il remet les pieds aux Etats Unis, il se retrouvera avec les menottes aux poignets, dans le dos et sera FINALEMENT condamné et pourrait bien, vu son âge, mourir en prison…

    Commentaire par Jacques Heurtault — 14/02/2017 @ 12:11

  67. Il parait, j’espère que c’est faux, qu’à présent que tant de gens l’ont soutenu, il lui vient la prétention de forcer les Etats-Unis à lui pardonner. Réclame d’aller là-bas sous garentie pour défendre l’idée qu’il aurait déjà purgé sa peine.

    Non seulement le violeur fuyard triomphe dans les médias, mais il veut, s’arc-boutant sur sa renommée, faire plier la Justice.

    La grâce n’a jamais été un dû. Plus il la réclame, moins il la mérite car il ne comprend pas sa faute celui qui croit forcer la main pour qu’on l’efface.
    Plus les transgresseurs réclament, moins il faut leur céder. Ce serait s’incliner face à la force. Polanski est toujours pareil, il a forcé au rapport sexuel, il veut forcer la Justice.

    A la victime et à la société de faire grâce – ou pas. Toute victime ou société qu’on obligerait à « pardonner » serait deux fois frappée par le transgresseur, d’abord par son crime, ensuite par la grâce volée. Polanski, reçu par l’Amérique, l’en a remercié en violant, à présent, pour retourner dans une terre dont il est déchu, il veut forcer sa grâce.

    L’Amérique a sauvé l’Europe du nazisme, de la misère et du communisme, et en échange, que lui apportons-nous ? Je sais : des leçons de morale immorales. Il y a de quoi provoquer le ressentiment américain, à force… Critiquons Trump sans voir notre contribution à son émergence.

    Nous aurions dû imiter le serieux avec lequel les Américains considèrent la Vérité et la Loi. Maintenant, il est trop tard car s’il reste les livres pour s’inspirer d’eux autrefois  » les exemples vivant ont un autre pouvoir ».

    Commentaire par Noblejoué — 17/02/2017 @ 22:29


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