La Plume d'Aliocha

26/12/2011

Petite leçon médiatique de spiritualité contemporaine

Filed under: Réflexions libres — laplumedaliocha @ 13:34

Alors comme ça, il parait que revendre ses cadeaux de Noël devient de plus en plus « tendance ». Dixit Le Figaro, au hasard, car en réalité tous les médias ont embrayé comme un seul homme. Poussés au cul par les sites de vente en ligne (en particulier par le frère d’une de nos ministres, c’est dire si la caution morale est forte !) et soucieux de ne rater aucune nouvelle habitude de consommation, ils nous décomplexent : puisqu’on vous dit que vous êtes de plus en plus nombreux à revendre vos cadeaux de Noël, allez-y ! Ce n’est plus choquant, on vous l’assure. Au contraire, en période de crise, c’est un sain réflexe.  Tenez, ça me rappelle un article paru il y a quelques mois sur un site de presse féminine. Il m’apprenait que la mode du vintage n’était pas réservée aux fringues, mais pouvait aussi s’appliquer aux hommes. Recycler ses vieux partenaires amoureux devenait tendance. Crise du couple oblige…C’est fou ce que l’on reçoit comme précieux conseils de vie en lisant la presse. D’ailleurs, j’ai laissé tomber les ouvrages philosophiques. Trop arides, affreusement poussiéreux. Je préfère me plonger dans les tendances de consommation et les articles sur l’Art de vivre, ça c’est du concret, du solide.

Mais revenons à la magie de Noël. Pour être dans le coup, j’ai décidé de me débarrasser d’un vieux truc que j’avais trouvé sous le sapin il y a quelques années et dont je n’ai plus l’usage. D’ailleurs, je ne me souviens même plus qui me l’avait offert : « Vend nourrisson dans son berceau rempli de paille dénommé Jésus pour cause d’emménagement définitif au royaume de la consommation ».  J’espère en tirer suffisamment d’argent pour m’acheter la dernière tablette tactile à la mode, à moins que je ne craque pour l’IPhone 4S.

38 commentaires »

  1. Et pourquoi y a-t-il un petit ange au sommet du sapin de Noël?

    Il y a bien longtemps de ça un soir de Noël, le père Noël se préparait pour sa tournée annuelle.
    Quatre de ses petits lutins tombèrent malades et les stagiaires lutins ne produisaient pas les jouets aussi vite que les titularisés. Du coup le Père Noël commençait à sentir les désagréments du retard sur planning.
    De plus, Mère Noël dit à Père Noël que sa mère venait leur rendre visite pour les fêtes ce qui énerva un peu plus le père Noël.
    Il se rendit ensuite à l’étable et découvrit que deux rennes étaient enceintes et que deux autres s’étaient enfuis de l’étable.
    En plus quand il commença à remplir sa hotte, celle-ci se cassa et tous les jouets se répandirent sur le sol.
    Résolument très en colère, le père Noël décida de se boire une petite goutte de liqueur. En allant la prendre, il vit que les lutins avaient déjà tout bu, alors fou de rage il jeta la bouteille à terre qui éclata en mille morceaux.
    Pour éviter un scandale de mère Noël, il décida de prendre le balai pour nettoyer le sol, mais celui-ci avait été croqué par les souris affamées.
    Juste à ce moment-là, la porte sonne, père Noël très en colère va ouvrir, il tombe sur un petit ange qui transporte un arbre de Noël. L’ange lui dit d’une voix mièvre :
    – Joyeux Noël, père Noël, n’est-ce pas un jour merveilleux aujourd’hui, j’ai un joli sapin pour vous, où voulez-vous que je le mette ?
    C’est ainsi que la tradition du petit ange au sommet de l’arbre de Noël commença…

    Commentaire par araok — 26/12/2011 @ 13:54

  2. Je propose une autre fin à l’histoire d’araok :
    – Joyeux Noël, père Noël, n’est-ce pas un jour merveilleux aujourd’hui, j’ai un joli sapin pour vous, où voulez-vous que je le mette ?
    … et le père Noël répondit :
    « Tu veux que je te dise ? »
    Et c’est ainsi que la tradition du petit ange au sourire un peu figé au sommet de l’arbre de Noël commença…

    Joyeux Noël

    Commentaire par Ginkgo — 26/12/2011 @ 16:55

  3. URGENT – A VENDRE dans le cadre opération vide grenier et séparation des bijoux de famille :
    – 2 A (cause triple emploi)
    Pour décoration intérieure mais pouvant éventuellement servir de caution pour emprunt auprès de pigeon.
    Bon état général, très peu servi mais devenu inutile suite prochain dépôt de bilan et saisie.
    Avant fin premier trimestre 2012
    Contacter Valérie@M_du_Bud.fr code zzz
    – Grec, Espagnol, Portugais, Italien, s’abstenir
    – Turc aussi !

    – Immeuble classé (cause occupation squatter)
    Ancien palais XVIème siècle rue de Vaugirard Paris 6, toutes commodités, proche jardin du Luxembourg, à rénover ou à raser (1).
    Disponible de suite (2)
    Contacter MonsieurMAM@M_rel_parl.fr code nococo
    (1) parking ou supermarché possible : consulter simplet@M_de_culture&confiture.fr pour déclassement
    (2) pour assistance expulsion : consulter cloclo-damour@jécoute.com

    – Immeuble classé (cause prochain déménagement)
    Rue du faubourg Saint-Honoré, Paris 8 : palais + jardin (barbecue et garden party possible) + nursery (neuve).
    Service gardiennage inclus
    Libre mai 2012
    Contacter rolex@blingbling.fr code nofutur

    Tout règlement au comptant en or (-10%) ou en espèce (toute devise sauf euro).
    Discrétion assurée.

    Commentaire par Memepasmort — 26/12/2011 @ 18:02

  4. Bah, les cadeaux de Noël relèvent de la société de consommation, comme si pour témoigner de son amitié ou de son amour il fallait offrir des… objets. L’étape suivante est de revendre les cadeaux inutiles.

    Tolkien décrit d’ailleurs dans la société hobbite un système où l’on se refile les cadeaux, ce qui a des vertus écologiques certaines (peu de gaspillage).

    Je vous conseille plutôt d’écouter attentivement _Ugly guys with beautiful girls_ des Sparks. THINGS.

    Commentaire par DM — 26/12/2011 @ 19:06

  5. Moi je connais une histoire un peu dans le même genre mais au lieu du père Noël de l’ange et du sapin, les héros sont respectivement un immigré, un ministre de l’intérieur et un balai. Même que depuis, le ministre a un sourire un peu figé !
    Mais à ma connaissance ça n’a donné lieu à aucune commémoration. De toutes façons ce n’est pas un conte de Noël, l’immigré est en centre de rétention en attendant son expulsion c’est lui qui a les boules.

    De toutes façons qui irait mettre des cadeaux aux pieds d’un ministre de l’intérieur avec ou sans balai ?

    Ouais, n’importe quoi…

    Commentaire par Memepasmort — 26/12/2011 @ 19:38

  6. Bien vue cette petite leçon de spiritualité !
    Et notamment ceci : la différence entre le bien et le mal comme résultat des sondages…

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 26/12/2011 @ 21:45

  7. A titre anecdotique, dans les cartes de vœux, si l’on cherche une carte « religieuse », il faut beaucoup chercher.
    Bref, pour la Nativité, c’est le père Noël rouge (de type « boisson gazeuse ») ou les décors diverses, enneigées qui tiennent le pompon.

    Commentaire par fultrix — 26/12/2011 @ 22:20

  8. C’est curieux que le Cadeau-de-Noël de seconde main ne soit pas encore devenu un sujet de spéculation coté en bourse… C’est pourtant un marché en pleine expansion, un des rares d’ailleurs de nos jours !

    Commentaire par Oeil-du-sage — 26/12/2011 @ 22:26

  9. @Denis Monod-Broca : il y aurait une étude assez passionnante à réaliser sur le discours « émancipateur » des médias. Ici on voit bien que la source est de nature commerciale. Ce serait dommage que les sites de ventes en ligne traversent un trou d’air après Noël, donc hop, on relance le business juste après. De la même façon qu’un site de rencontre pour personnes mariées vous explique qu’il vous propose des rencontres discrètes et de qualité, parce que hein, bon…on a quand même le droit de se faire plaisir. Dans la presse féminine, on pousse à la dépense, à prendre un amant, à essayer tout un tas de trucs sexuels bizarres, et là on est plutôt dans l’effet mode, mâtiné de psycho à deux balles, mais on aperçoit bien que le sous-jacent, comme disent les financiers, c’est encore et toujours la société de consommation. Et effectivement, ce que vous soulevez est intéressant, la loi de la majorité ou de la minorité qui monte en puissance, est citée en référence. Ici du bien et du mal.

    @fultrix : voilà 30 ans que j’entends mon père dénoncer le fait que Noël est une fête de commerçants 😉 et pourtant il est athée, ou plutôt se revendique comme tel. Vous ne voudriez quand même pas qu’on casse l’ambiance en sortant des figures religieuses tout de même ! Surtout qu’on aurait alors droit aux hurlements des laïcs militants…

    @Oeil du Sage : Imaginez qu’un jour on parvienne à coter l’intelligence. Sûre qu’un polytechnicien aura l’idée de titriser les cons et là on fera sauter la planète 😉

    Commentaire par laplumedaliocha — 26/12/2011 @ 23:10

  10. « Titriser les cons » c’est beau comme du Audiard ! Et voilà une bulle qui pourrait enfler à l’infini…

    Commentaire par Memepasmort — 27/12/2011 @ 02:28

  11. @laplumedaliocha à propos de « la loi de la majorité ou de la minorité qui monte en puissance »

    « Vox populi, vox dei », ce n’est pas nouveau. La voix de la foule, comme celle de dieu, a forcément raison. Ici, modernité technologique oblige, la foule existe à travers média et sondages. Puisque beaucoup le font, les sondages le disent, faites-le vous aussi, ne vous gênez pas, comment pourrait-on vous en vouloir ou vous le reprocher ? L’ennui, c’est que les foules, on le sait bien, sont ignorantes, aveugles, stupides.

    Soyons justes : hier soir sur RTL, interview de la représentante d’Oxfam France invitant à donner (et non pas à vendre) les objets et cadeaux dont on ne veut plus.

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 27/12/2011 @ 09:02

  12. @Denis Monod-Broca : je ne suis pas sûre que les foules soient stupides, en revanche, elles sont sûrement manipulables…Sinon, donner, en période de crise, me parait en effet beaucoup plus pertinent.

    Commentaire par laplumedaliocha — 27/12/2011 @ 10:37

  13. @laplumedaliocha
    La foule, quand elle se comporte en foule, est stupide et éventuellemnt violente, pour ne pas dire folle, si, je le crois.
    Les anglais ont 2 mots pour foule, « crowd » qui n’exprime qu’une quantité, et « mob » qui exprime cette nature propre de la foule.
    La foule en tant que « crowd » n’est pas stupide même si elle est, comme vous le dites, manipulable. Elle n’est que la somme de ses éléments.
    La foule en tant que « mob », c’est différent, elle a son comportement, échappant à tout contrôle, elle est capable de tout, et elle n’est plus manipulable. C’est à celle foule-là que je pensais.

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 27/12/2011 @ 12:12

  14. En lien avec notre sujet : http://www.philippebilger.com/blog/2011/12/le-conformisme-du-blasphème.html
    à ceci près que je n’ai pas vu la pièce, s’il s’agit de déconstruire ce que la religion peut avoir de superficiel pour en toucher l’essence, c’est intéressant. Un peu comme le fameux Piss Christ ou encore comme le film La dernière tentation du Christ, que pour ma part j’ai beaucoup aimé. Personnellement, je redoute davantage les ravages de la société de consommation que les provocations des artistes et assimilés…

    Commentaire par laplumedaliocha — 27/12/2011 @ 12:16

  15. Connaissez vous le Tigre? Ils cherchent des abonnés, pour faire un journal sans pub, mais avec des lecteurs…
    http://www.le-tigre.net/Appel-aux-lecteurs-du-Tigre-et-aux.html

    Commentaire par javi — 27/12/2011 @ 14:05

  16. @Aliocha en #14
    Si vous avez aimé le film « La dernière tentation du Christ » un conseil, si ce n’est déjà fait : ruez-vous à lire le merveilleux « roman » éponyme de Nikos Kazantzaki.

    Commentaire par Ginkgo — 27/12/2011 @ 14:38

  17. @Javi : merci de le signaler !
    @Gingko : je sais, Kazantzaki est depuis bien trop longtemps coincé dans ma liste de lectures 😉 Notez, j’an ai trouvé un exemplaire sur les quais, et à voir les rayons des libraires je me demande si Alexis Zorba n’est pas le seul titre réédité….

    Commentaire par laplumedaliocha — 27/12/2011 @ 15:09

  18. Le coup de gueule d’Elisabeth Levy contre les hystériques de la laïcité : http://www.causeur.fr/noel-a-paris-c’est-pas-un-cadeau,14289

    Commentaire par laplumedaliocha — 27/12/2011 @ 15:24

  19. Je plussoie : http://www.marianne2.fr/hervenathan/Une-bonne-action-pour-2012-Pensez-a-Finance-Watch_a157.html
    Finance Watch fait un boulot remarquable. Pour les abonnés d’@si qui ne l’auraient pas encore vue, je recommande l’excellente émission sur les agences de notation où intervient précisément le fondateur de Finance Watch, Pascal Canfin, député vert européen.

    Commentaire par laplumedaliocha — 27/12/2011 @ 15:28

  20. Tiens, encore une idée géniale de business, Hugues Serraf a raison, il vaut mieux se hâter d’en rire : http://www.com-vat.com/commvat/2011/12/cyrano-20-parce-que-draguer-en-ligne-na-pas-besoin-dêtre-épuisant.html

    Commentaire par laplumedaliocha — 27/12/2011 @ 15:33

  21. Et hop, on continue à se décomplexer puisque c’est Noël : http://www.rue89lyon.fr/2011/12/27/ces-hotels-lyonnais-qui-abritent-l’infidelite/

    Commentaire par laplumedaliocha — 27/12/2011 @ 17:48

  22. Quel dommage qu’on ne puisse agir de même avec certain président de la République…

    Commentaire par Domitille — 28/12/2011 @ 00:23

  23. Merci du lien sur Finance Watch en #19; je ne connaissais pas cette organisation. Le bonheur de constater que certains s’attaquent réellement au coeur des problèmes. Mais bon dieu, quelle affliction de constater la médiocrité de nos politiques à la botte des lobbies financiers…

    Commentaire par Ginkgo — 28/12/2011 @ 14:41

  24. J’ai fait une petite chronique en réaction à l’hystérie développée pour les baskets de Jordan. Les ressorts de la consommation et du commerce fonctionnent à plein, pour Noël. Dans ce cas-là, certains ont même joué la rareté (et ils ont obtenu les émeutes). On vous dira qu’il ne faut pas se formaliser : ainsi va le monde, et l’on n’empêche personne d’ajouter du sens dans sa vie. Si ce n’est que les discours commerciaux et consuméristes ont droit à de pleines plages d’audience, tandis que les propos spirituels sont écartés, pour cause de laïcité (même mal comprise).

    Commentaire par koztoujours — 28/12/2011 @ 18:54

  25. @Koztoujours : oui, mais où ? Je ne vois que des femmes nues chez toi 😉 On veut le lien ! Du coup, j’ai découvert l’affaire en cherchant ton billet. Elle me rappelle les dernières soldes aux US où il y a eu un mort de mémoire, et une femme qui était venue avec une bombe lacrymo pour écarter les autres clients et pouvoir s’emparer de l’OBJET. Sur la laïcité, je ne sais même pas si elle est le principal moteur de la mise au ban du discours spirituel, il me semble juste que l’église chrétienne n’est pas « tendance ». Trop ancienne (les médias aiment la nouveauté), discours trop sophistiqué (on aime le simple), trop éthéré (il faut des faits, ou des petites phrases), trop « chargée » historiquement, avec un chef presque aussi embarrassant que Marine Le Pen (pardon pour la comparaison, je caricature, mais à peine…). Et pourtant, Benoit XVI a précisément mis en garde contre la société de consommation qui dissimulait le vrai miracle de Noël. Sans compter que sur fond de crise économique majeure, son discours est au moins aussi intéressant que celui des indignés, seulement il est moins marketté…

    Commentaire par laplumedaliocha — 28/12/2011 @ 19:29

  26. […] Kosciusko-Morizet, inamovible « marronnier » de Noël (Arrêt sur images), Petite leçon médiatique de spiritualité contemporaine (La Plume d’Aliocha), Revendre ou donner (Les Nouvelles News). Les organes malades […]

    Ping par Les meilleurs best-of de 2011 | Clumsybaby, blog musical — 28/12/2011 @ 23:17

  27. « Sans compter que sur fond de crise économique majeure, son discours est au moins aussi intéressant que celui des indignés, seulement il est moins marketté… »

    Sauf qu’il est pas crédible, le discours papal. C’est un discours de circonstance, au moment de Nowel. Et puis faut pas oublier que l’Église, tout au long de l’Histoire, s’est plutôt rangée du côtés des dictatures que du populo qui essayait d’y résister.

    Commentaire par Gilbert — 29/12/2011 @ 02:10

  28. @Gilbert : du point de vue de la cohérence, si, le Pape est plus crédible lorsqu’il s’exprime sur Noël que les marchands. Incontestablement.

    Commentaire par laplumedaliocha — 29/12/2011 @ 11:04

  29. Bonjour Aliocha,

    Quitte à sourire, je préfère encore la vision des Monty Python: http://www.dailymotion.com/video/x8tew4_monty-python-la-vie-de-brian-bande_shortfilms ou encore celle-ci http://www.dailymotion.com/video/x3fm1a_jesus-la-video-la-plus-vue-sur-inte_fun. Sinon le billet de Philarête devrait vous plaire: http://lescalier.wordpress.com/2011/12/26/un-conte-de-noel-credo-quia-absurdum/

    Bonnes fêtes à tous.

    Commentaire par H. — 29/12/2011 @ 11:15

  30. Un conte de Noël : Credo quia absurdum. Cet article n’est pas du bon journalisme, car il est interminable. Un bon journaliste aurait synthétisé en dix lignes.

    Ce n’est pas la quantité qui compte, c’est l’intelligence d’une chose (les trois règles du théâtre classique). Ce n’est pas l’argent qui compte, c’est le plaisir : la pub, le prix au numéro se justifient dans le sentiment d’être devenu un autre (comme après un bon film : un avant et un après qui transcendent toute autre considération). Le bon journaliste doit plaire et instruire en quelques mots (c’est un artiste et un technicien).

    Le journaliste au quotidien :
    – peut se contenter de raconter ce qui s’est passé au coin de la rue de la Gare (un fait divers qui intéresse deux ou trois personnes et les historiens dans 50 ans).
    – peut nous intéresser s’il tire de ce fait divers une « compréhension » de notre monde (pas plus de dix lignes, sur un aspect précis, pas sur cinquante à la fois, sinon on s’endort : nous sommes des impressionnistes pas des académiciens).

    C’est la simplicité (small is beautiful), la compréhension qui compte (que vous la mettiez sur le compte de la culture, de l’intuition, du bon sens ou de quoi que ce soit d’où elles émergent : si le journaliste n’a pas ce « feeling », ce rapport à l’instant alors il est condamné au style maniéré, à l’anecdotique dérisoire, à la technicité élitiste ou à la quantité soporifique —-et à nous faire fuir à toutes jambes)

    Le journaliste d’investigation, à l’opposé, n’est pas un poète mais plutôt un technicien de la démocratie:
    – il est le seul qui puisse lutter contre l’expansion du pouvoir (la recherche universitaire et le système judiciaire sont institutionnalisés, assujettis au pouvoir).
    – il démonte pièce par pièce les machiavélismes des pouvoirs (économique, politique, médiatique).
    – il intéresse tout le monde parce qu’il révèle la vérité que les pouvoirs cachent et qui rendent la vie impossible, incompréhensible, fausse (chape de plomb comme en dictature). Si ce type de journalisme est absent, c’est le signe, non que les gens sont devenus des bœufs qu’on mène à la charrue ou à l’abattoir, mais c’est le signe que le pouvoir est dictatorial ou mafieux.

    Le bon journaliste est a mi-chemin entre le poète qui « sent » et « entend » et « voit » et le technicien qui démonte et remonte un objet.

    Commentaire par Bray-Dunes — 29/12/2011 @ 12:18

  31. @Bray-Dunes : mesurer l’intérêt d’un texte au nombre de lignes ?
    Bien sûr la lecture est une perte de temps… Que dis-je ? Une activité dangereuse qui pourrait nous inciter à rêver, voire pire : subversive, si elle nous entraîne sur la pente glissante de la réflexion.
    Vive les brèves d’information, bien brutes et bien sèches !
    Votre texte fait 17 lignes, encore un effort, vous posséderez bientôt la qualité essentielle du parfait journaliste. Mais permettez moi de le lui préférer l’interminable conte de Noël de Philarête. La lecture de ce poncif m’a plu et je me tape de le voir synthétisé en dix lignes ! D’ailleurs pourquoi dix lignes quand sept mots suffisent : « Marcion est un con et Tertulien a raison »

    En fait si j’ai bien tout lu Aliocha, dans un précédent billet, elle regrette justement de devoir se débattre dans un carcan qui (entre autres) impose au journaliste une limitation draconienne de la taille des articles.

    Commentaire par Memepasmort — 29/12/2011 @ 14:08

  32. Au sujet de cet article :
    http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20111228.OBS7696/saint-brieuc-une-femme-verbalisee-pour-port-du-niqab-au-volant.html
    Que signifie pour vous la dernière phrase ?
    Qu’on se demande ce que venait faire cette femme dans cette région protégée de l’intégrisme musulman ? Ne devrait-on pas, par hygiène journalistique, simplement supprimer de cet article cette information insignifiante ?

    Commentaire par kuk — 29/12/2011 @ 15:09

  33. @Kuk : Tsssssss, pour moi la phrase apporte une info utile. Les flics identifient la fille parce qu’elle hésite au volant, et attribuent cette hésitation au port du Niqab. Le journaliste vous précise qu’elle rendait visite à de la famille dans la région, donc elle n’habite pas là, ce qui explique potentiellement ses hésitations, au moins autant que le port du Niqab… J’imagine mal les confrères de l’Obs sous-entendre ce que vous dites.

    Commentaire par laplumedaliocha — 29/12/2011 @ 15:36

  34. Suis-je bête ! Merci Aliocha, vous me rassurez. Mais alors, on ne saura pas si elle était déjà venue, si elle habite effectivement loin, si c’est la raison pour laquelle elle hésitait. Bref, soit on passe lamentablement à côté comme moi, soit on a une demi-information qui ne permet quasiment pas plus de savoir si c’est vraiment son vêtement qui l’entravait, on peut bien hésiter pour de multiples autres raisons. Admettons.

    Commentaire par kuk — 29/12/2011 @ 16:19

  35. @laplumedaliocha:
    Je ne comprend vraiment pas votre degout pour la « societe de consomation ». Personnelement, j’apprecie beaucoup que tant de personnes a travers le monde s’acharnnent a produire des trucs qui me satisferont autant que possible. Qu’ils y trouvent leur compte ne me gene aucumenent. Qu’ils cherchent ensuite a rendre la chose attractive est tout aussi aggreable.

    @DM:
    « Bah, les cadeaux de Noël relèvent de la société de consommation, comme si pour témoigner de son amitié ou de son amour il fallait offrir des… objets. L’étape suivante est de revendre les cadeaux inutiles. »

    Les cadeaux sont depuis longtemps une facette importante de la vie en societe et cela dans beaucoup de societes. C’est une maniere de demontrer non-pas son amour ou son amitier mais sa volonte de faire un sacrifice materiel pour maintenir un lien social. C’est une maniere de montrer que quand l’autre aura besoin de vous, vous serez pret a sacrifier materiellement pour lui filer un coup de main. Tres util.

    Commentaire par PrometheeFeu (@PrometheeFeu) — 29/12/2011 @ 16:48

  36. @PrometheeFeu : tout est toujours question de mesure….je vous rejoins en partie sur la fabrication de jolis objets susceptibles de plaire aux consommateurs et je ne nie pas, par ailleurs, que le commerce, de tout temps ait été un vecteur de relations humaines, d’expansion etc. Mais vous ne pensez pas qu’on est un peu au bout du truc ?

    Commentaire par laplumedaliocha — 29/12/2011 @ 19:34

  37. @laplumedaliocha:

    « Mais vous ne pensez pas qu’on est un peu au bout du truc ? »

    Si vous parlez du fait que certains journalistes (beaucoup) sont en train de se transformer en machine a marketing, je suis d’accords. C’est pour moi l’une des raisons principales du declin des ventes de journaux. Mais sinon, je ne pense pas qu’on soit au bout des avantages que peuvent nous apporter la creation d’objets.

    Commentaire par PrometheeFeu (@PrometheeFeu) — 30/12/2011 @ 03:59

  38. Bonjour Mêmepasmort,
    Vous semblez vous intéresser à Tertullien. Je ne le connais que de très loin mais j’ai trouvé sur le web ses traductions : http://www.tertullian.org/french/french.htm
    J’en ai lu un peu et j’ai un doute : vous dites qu’il a raison contre Marcion ; pouvez-vous alors m’expliquer comment quelqu’un qui prêche la foi contre la raison peut avoir la raison avec lui ?

    Commentaire par Bray-Dunes — 30/12/2011 @ 21:31


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