La Plume d'Aliocha

03/09/2011

Nous sommes tous devenus des médias

Filed under: Réflexions libres — laplumedaliocha @ 10:44

Comme souvent, c’est un commentateur de ce blog qui m’a forcée à réfléchir. Il se trouve que j’ai « unfollowé » en juillet dernier un fidèle de ces lieux sur Twitter et qu’il m’en a voulu. Pour ceux qui ne sont pas familiers de l’outil, une petite explication s’impose. Twitter, c’est comme un blog, sauf que l’auteur ne dispose que de 140 signes pour s’exprimer (d’où l’appellation de « microblogging »), disons en clair une longue phrase. Sur la partie gauche de l’écran, vous voyez défiler la liste des tweets (messages ) des personnes auxquelles vous êtes abonné, un peu comme dans une boite mail, sur la partie droite, vous disposez de plusieurs informations dont deux chiffres auxquels les « twittos » (abonnés à Twitter) accordent beaucoup d’importance. Le premier vous renseigne sur le nombre d’abonnements que vous avez souscrits (comptes followés), le deuxième sur le nombre de personnes qui se sont abonnées à vous (followers), votre audimat en quelque sorte. Ainsi, « unfollower » signifie se désabonner d’un compte. En ce qui me concerne, je regarde mon nombre de followers avec une indifférence absolue. Sans doute parce que, en professionnelle des médias, voilà bien longtemps que le notion de « public » ne me fait plus ni chaud ni froid.

Audimat, mon amour !

Mais j’ai découvert chemin faisant avec d’autres camarades sur Twitter, cela alimente d’ailleurs beaucoup nos conversations, que certaines personnes surveillent avec attention leur nombre d’abonnés (on en a rapidement plusieurs centaines), au point de s’apercevoir quand quelqu’un se désabonne et de lui en vouloir, voire de se mettre en colère et de le clamer haut et fort. Il n’est pas rare alors de recevoir des messages qui vont de la triste interrogation à l’invective, en passant par le lourd reproche. S’il y a colère, c’est qu’il y a blessure. Mais où exactement, et pourquoi  ? C’est en me posant cette question que j’ai songé que certaines personnes plaçaient sans doute de l’affect à cet endroit là, et peut-être aussi de l’ego.

Ce phénomène, je l’avais déjà observé avec amusement sur les blogs. Chacun compte son nombre de visiteur, s’enquiert de sa visibilité, guette sa place dans les classements bref, recherche une forme de célébrité et d’approbation, un audimat. Je crois que c’est le chercheur au CNRS Dominique Wolton qui résume assez bien l’éternel problème de la communication et en particulier sur Internet par cette question : est-ce que quelqu’un m’aime quelque part ?

Racolage, course à la vitesse et à l’audience

Il est assez intéressant de découvrir que les travers que l’on reproche depuis l’origine aux médias dits aujourd’hui « traditionnels », racolage, course à la vitesse, obsession de l’audience, se retrouvent de façon aussi prononcée chez les internautes qui bloguent, twittent, voire même chez les commentateurs. Tous partagent la jouissance de communiquer en direction d’un public et l’espoir d’être lus, compris, approuvés et même félicités. On dit que la force du web 2.0, c’est l’interactivité, sans doute, mais n’est-ce pas aussi d’avoir élargi le champ des personnes éligibles à la visibilité publique, fut-elle réduite à l’exercice modeste de commenter sur un blog ou un site d’information ?  L’envie de se faire remarquer pousse aux prouesses en tout genre, et notamment à diffuser des informations non vérifiées, histoire d’être le premier à annoncer un événement. J’en veux pour preuve le flot d’absurdités concernant Kadhafi diffusées sur Twitter dans la nuit du 21 au 22 août dernier. Il était au choix capturé, mort ou en fuite. Au même moment. J’étais sur Twitter cette nuit-là, et j’ai vu avec quel empressement journalistes, internautes et même politiques relayaient de concert les mêmes informations non vérifiées dans un emballement partagé et aveugle.

Quart d’heure de célébrité

Si nous rapprochons ces observations de la critique des médias, on s’aperçoit alors que ces « travers » ne sont pas liés à un secteur industriel, ou à une catégorie professionnelle, mais à la nature d’un exercice. Cela parait évident, et je vous accorde que ça l’est, mais il y a des évidences qui méritent d’être soulignées. Peut-être faut-il y voir la recherche du quart d’heure de célébrité qu’évoquait Andy Warhol. Allez savoir. En tout cas je trouve piquant que le public des médias, devenu média à son tour, se livre aux mêmes exactions qu’il reprochait et qu’il reproche encore, au médias professionnels.

Il y a une autre chose intéressante à relever, c’est que le phénomène est apparemment déconnecté de tout souci de rentabilité économique. Blogueurs, twittos, commentateurs n’ont en général rien à gagner financièrement. Voilà qui remet en cause une partie de la critique des médias sur l’obsession des ventes ou de l’audimat qu’exprime par exemple ce commentateur chez mon ami Koztoujours (que je remercie au passage pour sa sympathique citation) :

« J’éprouverais beaucoup plus de sympathie pour Le Monde en particulier et les journalistes en général s’il ne violaient pas très souvent et sans vergogne une autre loi, celle sur le secret de l’instruction. Quelle est leur justification ? Le droit à l’information. C’est en effet une bien belle chose que l’information. Elle nourrit l’intérêt des lecteurs et le débat; mais il se trouve qu’elle nourrit aussi les journalistes. C’est leur business en somme. Je peux comprendre qu’ils préfèrent l’intérêt de leur business au strict respect de la loi, mais il y a là un conflit d’intérêts patent, qu’ils résolvent à leur manière sans faire honneur à leur sens de la retenue ni de l’autocritique. Et qui nous dira ce que ces journalistes promettent à leurs sources, pour qu’elles violent leur secret professionnel ou celui de l’instruction ? Simplement le scintillement de la reconnaissance médiatique ? Ou encore quelques avantages plus sonnants et trébuchants ? »

Pensée dominante ?

Je gage en outre que si l’on observait de près la nature de l’information diffusée par tous ces internautes, on s’apercevrait qu’elle reflète « la pensée dominante », tout comme les médias professionnels, et sans que l’on puisse soupçonner de préoccupations mercantiles ou d’asservissement à un quelconque pouvoir.

Quand j’ai ouvert ce blog il y aura bientôt trois ans, je lisais partout sur la toile que le journalisme professionnel était mort dès lors que chacun pouvait devenir journaliste, au sens de diffuseur d’informations. Ce mirage à mon sens tend à disparaître, à mesure que se dessine enfin sur la toile la différence entre faits et opinions, travail professionnel et amateur (sans jugement de valeur aucun), capacité à aller chercher l’information et simple possibilité technique de la diffuser. Tout le monde n’est pas devenu journaliste avec Internet, en revanche, nous sommes de plus en plus nombreux à accéder au statut de maillons actifs du système médiatique. Ce qui nous renvoie aux interrogations sur la « bulle médiatique » que j’évoquais dans mon précédent billet. Je crois qu’on gagne toujours à découvrir l’universel humain au-delà de ce qui apparemment nous sépare ou nous divise. En devenant un maillon du système médiatique, le public est à même aujourd’hui d’en observer le fonctionnement de l’intérieur.

De fait, il me semble que la critique des médias est en passe de sortir du registre du « ils », pour s’inscrire désormais dans celui du « nous ».

54 commentaires »

  1. Mais tout à fait !
    Et je dirai même plus (comme un certain Dupont/d) :
    Certe les Blogueurs et les µbloguers ont forcément une part d’égo dans leur activité : personne ne les oblige à écrire des choses que tout Internaute peut lire après tout, donc s’ils le font, c’est (très) souvent une question d’égo … et donc de savoir si ce qu’on dit (écrit) intéresse qqn … et en ricoché, une façon d’exister, et de chercher à savoir, comme l’écrit Wolton, si qqn vous aime qq part …

    Mais c’est aussi valable pour ceux qui écrivent des commentaires !

    Pour eux, pas de compteur d’audience …
    Mais le simple fait de voir d’autres rebondir sur leur commentaire et (consécration suprême) encore mieux une réponse du rédacteur du Blog les rempli d’une joie égocentrique … non ?
    J’avoue, ça fait plaisir lorsqu’on rebondi sur un de mes commentaires.

    Ceci dit, je ne suis pas accro au point d’avoir mon propre blog (question de sujet à aborder, d’égo peut-être pas encore assez gros, et surtout de priorité dans mon emploi du temps), et surtout, j’essaie de lire aussi les autres commentaires, et lorsqu’un me semble pertinent, n’hésite jamais à le citer !

    Bonne lecture 🙂

    Commentaire par Yves D — 03/09/2011 @ 11:59

  2. Vous avez raison, chaque fois que nous disons « ils », nous devrions nous demander si « nous » ne serait pas plus approprié.

    Pas seulement en matière de médias mais tout particulièrement dans ce cas-là.

    Les médias, dans un pays comme le nôtre, sont notre parole collective. Et quand je parle, je dis bien « je », pas « il », même quand j’ai à me plaindre de moi… De même, quand collectivement nous parlons, disons « nous », pas « ils »…

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 03/09/2011 @ 12:02

  3. @Yves D : eh bien si ça fait plaisir, alors je rebondis ! Je m’en doutais un peu, de sorte que je culpabilise quand je ne discute pas avec chacun. En même temps, on retrouve ici le problème de la vitesse, de la réactivité. Il m’arrive d’avoir envie de répondre sans trouver le temps, et ensuite l’impulsion est passée. Sur l’ego, je crois qu’en communication il est indissociable de l’affect, simplement les proportions varient selon chacun. Et puis il y a une troisième composante, que j’avais évoquée dans une version précédente du billet mais qui allongeait trop le schmilblick, c’est même la composante dominante chez le journaliste, le besoin d’observer/comprendre/raconter. Mais cela méritera un autre billet.

    Commentaire par laplumedaliocha — 03/09/2011 @ 12:56

  4. @Denis Monod-Brocas : je crois que vous et moi partageons la même vision d’une humanité conçue comme une grande famille, donc je ne puis qu’être d’accord avec vous sur l’usage du « nous », c’est le point de départ de principe, que j’ai décliné ici sur un sujet particulier.

    Commentaire par laplumedaliocha — 03/09/2011 @ 12:58

  5. @ Yves D: je vais vous faire plaisir non seulement en rebondissant sur votre commentaire, mais en avouant que je m’y reconnais tout à fait !

    Aliocha, je commente rarement chez vous, car je ne trouve pas souvent quelque chose d’intelligent à ajouter. Mais votre éclairage me semble toujours très intéressant. Le présent billet ne fait pas exception. Merci.

    Commentaire par Gwynfrid — 03/09/2011 @ 13:08

  6. Belle synthèse en effet !
    Nous sommes tous des médias et nous devons apprendre à nous comporter toujours mieux face à ces nouveaux outils empiriques que sont les réseaux sociaux, les blogs… En voulant ou croyant soigner notre e-reputation nous faisons toutes et tous des écarts de conduite… le temps fera (espérons-le) son affaire pour se comporter avec éthique et surtout bon sens.

    Très bon billet !
    Au plaisir donc.
    w

    Commentaire par wize — 03/09/2011 @ 13:23

  7. @laplumedaliocha

    D’accord bien sûr, à ceci près que si « je » c’est moi, « nous » peut être « nous l’humanité » ou « nous la France » (par exemple) et qu’il y a là une terrible difficulté.

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 03/09/2011 @ 14:30

  8. Tout à fait, il est évident que les twittos ne sont pas meilleurs que les journalistes. Par contre, la plupart ne cache pas leur orientation politique, et l’endroit d’où ils parlent. Qu’ils ne soient pas meilleurs que les journalistes est une évidence, mais ils ont au moins le mérite d’afficher plus ou moins clairement ce qu’ils pensent. En outre, oui, ces opinions représentent le champ des idées politiques dominantes que l’on retrouve dans le système médiatique. Mais pour cela, nul besoin d’expliquer un asservissement à un quelconque pouvoir. Une analyse girardienne sur le mimétisme des masses suffit. La pression sociale à une certaine conformité existe, et ceux qui sortent de cette conformité sont sanctionnés socialement par une certaine forme de bannissement intellectuel ou médiatique. Rien que du très classique.

    Commentaire par Polydamas — 03/09/2011 @ 14:49

  9. A ne pas manquer, l’émission d’Arrêt sur Images sur le livre « Sarko m’a tuer ». Les deux auteurs s’expliquent sur le plateau, de même que deux « victimes » de Sarkozy citées dans le livre. http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=4274

    Commentaire par laplumedaliocha — 03/09/2011 @ 16:20

  10. « Nous sommes tous devenus des médias » : pour ma part je n’ai pas du tout l’impression d’être devenu un media. Je commente assez rarement, je twitte avec parcimonie et je n’ai pas la prétention de produire ni même de relayer des informations utiles à qui que ce soit.
    Je ne comprends pas très bien le sens de ce billet. Est-ce qu’il s’agit d’établir que les critiques qui sont habituellement adressées aux journalistes et aux medias peuvent l’être à tout un chacun au motif que les journalistes en tant qu’être humains n’ont que des défauts humains (narcissisme et paresse pour n’en citer que deux) ?

    Commentaire par monsieurprudhomme — 03/09/2011 @ 19:54

  11. @Monsieurprudhomme : comment vous dire…Oh et puis zut, j’ai pas envie de vous dire.

    Commentaire par laplumedaliocha — 03/09/2011 @ 20:23

  12. « Et qui nous dira ce que ces journalistes promettent à leurs sources, pour qu’elles violent leur secret professionnel ou celui de l’instruction ? Simplement le scintillement de la reconnaissance médiatique ? Ou encore quelques avantages plus sonnants et trébuchants ? »

    Je rêve… Je rêve… Je rêve.

    Y’en a marre de ces commentaires ou de ces insinuations à la con. Ben voyons, oui, « nous », les journalistes, promettons des « avantages plus sonnants et trébuchants » à nos sources. Oui, et même s’il le faut, « nous », les journalistes de sexe féminin, couchons avec elles si nous sommes assurées d’avoir de bons tuyaux.

    Commentaire par BABs — 03/09/2011 @ 20:55

  13. @ Aliocha
    et @ Gwynfrid

    Merci ! J’ajouterai que, comme Gwynfrid l’a fort justement écrit, le manque de temps ne me permets pas de lire (et éventuellement de commenter) ici autant que j’aimerai, car si je viens qd même régulièrement sur ce Blog c’est, tout comme l’achat de certains magazines, pour le plaisir d’y lire des billets et des commentaires que je trouve pertinents et qui font avancer le schmilblick (même s’ils sont parfois un peu long).

    @ Polydamas

    pas complétement d’accord avec vous sur le « ceux qui sortent de cette conformité sont sanctionnés socialement par une certaine forme de bannissement intellectuel ou médiatique. »
    Sinon, comment font les « lanceurs de tendance » ? Quand les Sex Pistols ont débarqué, ils ont provoqué parfois un certain rejet, mais ont finalement connu un succès médiatique !
    Idem pour Nirvana, ou Madonna ou … plein d’autre, que ce soit en musique ou en peinture, voire cinéma et, en fait, toute forme d’art, y compris la mode !!

    @ BABs

    J’ai un très bon tuyau … Si si, sutout si vous êtes blonde et à forte poitrine 😉
    Bon d’accord, je vais coucouche à la niche …

    Commentaire par Yves D — 03/09/2011 @ 23:36

  14. La situation du blogueur et du journaliste diffère dans bien des cas. Le premier, parfois anonyme, paye la non-fiabilité de ses infos par des moqueries sur sa page ou une perte de popularité. Le journaliste, rétribué pour ses écrits, écrit en son nom ou celui du journal, engage sa crédibilité, et peut être amené à en répondre devant un tribunal. Il prend donc un risque plus grand que le blogueur à chaque article. En conséquence, on attend de sa part des lignes plus fiables et sereines que celle du blogueur moyen. Donc, même si je succombe aux travers que vous dénoncez, je ne suis personne, je n’ai pas grand chose à perdre ni à gagner et ne suis pas payé pour ce que j’écris. Mon contre- pouvoir en tant que micro-media est quasi nul. Les critiques portent donc infiniment moins que quand on les fait à l’encontre d’un vrai journal / journaliste. Je pense donc qu’il n’est pas pertinent de sortir du registre du « ils ». Je rejoins pleinement la remarque de monsieurprudhomme. Oui, le blogueur a la liberté de s’autoriser des tas de vices, il est normal de ne pas les accepter et de les dénoncer chez le journaliste.

    Commentaire par kuk — 04/09/2011 @ 00:07

  15. Nous sommes tous des média ? Je tiens un blog, c’est vrai, et je vérifie ses statistiques de fréquentation, c’est vrai aussi (quand on écrit, c’est pour être lu, non ?), mais je n’ai pas la prétention d’être un « média », et rarement celle d’informer, encore moins celle d’informer rapidement, de faire, comme on dit, un « scoop ». D’ailleurs, je n’aime pas les scoops. Et si j’ai un reproche à faire à la presse, c’est celui d’être trop rapide, d’ « informer » trop vite, le nez sur l’évènement. Quand je dis la presse, je ne me limite pas à la presse papier, ni même à la presse professionnelle. Mais je suis certainement plus sévère avec celle-là parce qu’elle est, précisément, professionnelle. Parce qu’elle a les moyens de recouper ses informations, de protéger ses sources, alors qu’un blogueur de base ne les a pas. Et, pardonnez-moi, mais mieux vaut un bon article paru trois jours, voire un mois, après l’évènement, que des microinformations disant tout et son contraire comme on a pu en lire et en entendre dans les affaires DSK ou Bettencourt (par exemple).

    Et j »‘avoue aussi, pardon, avoir du mal avec les entorses au secret de l’instruction. Mon « droit à l’information » (quelle information, d’ailleurs, sinon parcellaire, puisque l’affaire est à l’instruction, justement) est bien moins important que celui de tout inculpé à voir son affaire instruite, puis jugée, dans la sérénité et l’indépendance.

    Commentaire par lambertine — 04/09/2011 @ 07:25

  16. @kuk: Un blogueur (amateur donc) et un journaliste (professionnel) n’ocuppent pas des positions comparables. On est légitimement en droit d’attendre un meilleur travail du second. Sur ce point je vous rejoint complètement.
    Mais le fait d’être un amateur, un blogueur, si on ne publie pas qu’au premier degré, que l’on s’interroge sur sa pratique, peut permettre de comprendre, de percevoir, même à échelle restreinte, les mécanismes humains qui affectent aussi les journalistes. Comprendre, ce n’est pas obligatoirement accepter, approuver ou pardonner. Un journaliste n’est pas une créature déshumanisée, un archétype flottant, une idéal. C’est un métier pratiqué par des hommes et des femmes. Comme pour tous les autres métiers.
    Bien entendu, leur statut de professionnel les oblige à une plus grande rigueur, à un plus grand recul. Mais nier l’humain et croire à l’objectivité absolue, à l’analyse parfaite, c’est poursuivre une chimère, un leurre. Ils n’ont pas à être parfaits, pas plus que nous, lecteurs, ne pouvons prétendre l’être.
    C’est une faiblesse humaine que de toujours attendre de l’autre une perfection que nous sommes nous même bien en peine d’atteindre. Et c’est dangereux. Car à condamner toute personne imparfaite, on sombrera très vite dans le ‘tous pourris’.
    Je ne défends ni ne protège les petits arrangements, la faiblesse, que l’on constate parfois. Simplement s’il est du devoir du journaliste de tendre vers cette parfaite incarnation de son rôle, il est du notre de comprendre qu’elle ne sera jamais atteinte.
    La justice, cette vieille institution, fait montre de beaucoup de sagesse en ne condamnant pas des groupes, mais toujours et uniquement des individus. Si tel journaliste, tel jour, a commis telle faute, il doit lui être poursuivi et donc condamné ou blanchit des faits reprochés, dans le contexte donné. L’homme, et pas toute sa profession. Pas plus qu’on ne condamne tous les médecins pour une erreur médicale, tous les automobilistes pour un accident.

    Commentaire par kaeldric — 04/09/2011 @ 07:52

  17. @ laplumedaliocha : « Nous sommes tous devenus des médias », mais nous avons des sensibilités très différentes (comment vous dire…)

    Commentaire par monsieurprudhomme — 04/09/2011 @ 10:07

  18. @Kuk : Kaeldric, qui lit dans mes pensées visiblement, a répondu en grande partie à ma place. Il n’est pas dans mes intentions d’exonérer la presse de ses responsabilités, tout au contraire. Je suis entièrement d’accord avec vous sur le niveau d’exigence qui pèse sur les professionnels et qui est sans commune mesure avec celle d’un amateur. A ceci près que les internautes ont souvent tendance à sous estimer la responsabilité que l’on prend à écrire en direction d’un public, estimant à tort qu’ils ne s’adressent qu’à une micro-audience. Hélas, n’importe qui peut débarquer chez eux, la toile est publique et d’ailleurs les délits de presse s’y appliquent (injure, diffamation, incitation à la haine raciale etc) qu’on soit journaliste ou non, mais à des degrés différents, c’est exact. Il est normal d’exiger plus de qualité d’un professionnel que d’un amateur. Là où nous divergeons, c’est que je pense qu’Internet a ouvert les médias à de nouveaux acteurs qui en constituent un maillon, il n’y a qu’à voir le poids d’un blogueur influent comme Eolas. Mon objectif ici est juste d’essayer d’aider à la compréhension du système. Steinbeck écrit très justement « on ne comprend bien que ce que l’on sent en soi ». Voilà pourquoi je préfère essayer de faire « sentir » aux lecteurs plutôt que de m’engager dans des grands exposés théoriques, dont au demeurant je ne serais pas capable. En tant que littéraire, j’accède plus facilement à la compréhension des choses par l’émotion, l’expérience intime, que par la raison. Je trouve en l’espèce que toute personne ayant fait l’expérience d’une écriture en direction d’un public se retrouve en position de comprendre de l’intérieur les ressorts du système médiatique. C’est tout. Et pour le reste, je pense que les internautes deviennent des acteurs à part entière, même s’ils sont d’une nature différente que les pros, du système médiatique. Mais sur ce point, je vous accorde que c’est discutable. Je lance l’idée, vous en faites ce que vous voulez. Discuter c’est admettre qu’on pourrait avoir tort. C’est une autre de mes convictions et c’est toujours dans cet esprit que j’écris ici.

    Commentaire par laplumedaliocha — 04/09/2011 @ 10:20

  19. @Lambertine : les relations presse/justice sont un vrai sujet. J’avoue ne pas avoir de position tranchée, et même pas de position du tout. Ce qui me choque particulièrement, c’est l’instrumentalisation des journalistes que l’on observe dans certaines affaires, où la presse devient une arme entre les mains des uns et des autres. La violation du secret en revanche peut parfois être justifiée pour éviter d’enterrer les affaires politiques. A ce sujet, l’existence même des médias constitue une pression démocratique pour empêcher en principe la tentation d’enterrer un dossier. C’est pourquoi le problème est très complexe et ne peut être jugé qu’au cas par cas, à mon avis.

    Commentaire par laplumedaliocha — 04/09/2011 @ 10:25

  20. @Kaeldric : figurez-vous que ce billet a failli être plus long, mais j’ai coupé au dernier moment la distinction que je voulais opérer entre médias et journalistes. Si j’évoque les médias plutôt que les journalistes, c’est parce que il est indéniable que l’entreprise de médias (journal/tv/radio) fonctionne sur la course à l’audience. Pour le journaliste, c’est plus compliqué et d’une nature légèrement différente. L’audience, c’est le problème de nos employeurs. Pour mémoire, une entreprise de presse est divisée en deux parties distinctes et en principe étanches. D’un côté la diffusion, la publicité, le marketing, de l’autre la rédaction avec à sa tête un directeur de rédaction censé protéger ses troupes de toute influence susceptible de peser sur les choix rédactionnels. Avant l’arrivée d’internet, nous étions totalement coupés des problèmes d’audience. Ce qui n’empêchait pas de se soucier d’écrire pour être lu, mais sans savoir au final si c’était le cas ou non. Et d’ailleurs, nos employeurs nous reprochent assez cette indifférence aux exigences économiques. Cela provoque même parfois des clashs entre ce que nous jugeons intéressant et ce qu’ils estiment vendables. Encore une fois, le ressort psychologique du journaliste n’est pas ou peu la célébrité. Le ressort c’est observer pour comprendre et raconter. Alors bien sûr ensuite il y a des egos surdimensionnés qui veulent se faire remarquer, mais ce n’est pas la majorité. Là où le souci de l’audience nous saisit, c’est en cas de scoop, il y a une polémique à ce sujet chez Mediapart qui tente de faire buzzer ses scoops, en veut à ses confrères de ne pas les reprendre et irrite une partie de la toile à tenter de faire du buzz. On se retrouve alors confronté au syndrôme que Daniel Schneidermann appelle « l’opinion publique, ce mammouth à cul de plomb », en clair, il s’agit de la difficulté à mobiliser le public sur un sujet qu’on juge important. C’est encore plus vrai pour les grands reporters qui racontent une guerre ou une catastrophe naturelle et ne rencontrent qu’une relative indifférence.

    Commentaire par laplumedaliocha — 04/09/2011 @ 10:38

  21. @gwynfrid : c’est dommage de ne pas commenter plus souvent, rien que pour le plaisir de discuter 😉

    Commentaire par laplumedaliocha — 04/09/2011 @ 10:41

  22. […] Nous sommes tous devenus des médias […]

    Ping par Nous sommes tous devenus des médias | Chronique des Droits de l'Homme | Scoop.it — 04/09/2011 @ 10:59

  23. J’estime pour ma part qu’un certain nombre de blogueurs écrivent moins pour être aimés (même si cette dimension existe assurément. Être estimé d’autrui est toujours bon pour l’image qu’on a de soi)) que parce qu’ils jugent qu’on n’est jamais aussi bien servi que par soi même. Prenons un exemple facile : je suis avocat, je constate que la profession que j’exerce est mal vue et subie le feu de critiques souvent injustes car issues d’une mauvaise appréhension des réalités du métier. J’ouvre alors un blog pour donner l’envers du décor : j’explique, j’éduque le jugement, je partage via les commentaires et peut ainsi également évoluer et voir ce qui peut être amélioré au sein de ma profession. Cela fonctionne aussi pour les journalistes, les croyants, etc. Les blogs qui marchent bien comme celui d’Eolas ou de Koz, outre que beaucoup leurs reconnaissent justement d’enrichir le débat est qu’ils apportent leur expertise sur un sujet qui leur tient à coeur (être avocat pour l’un et catholique pour l’autre, son blog d’avocat ayant me semble t-il beaucoup moins de succès).

    Derrière, le blog peut avoir une dimension affective, mais c’est à mon sens secondaire. J’ai eu quelquefois des velléités d’ouvrir un blog, pour écrire sur des sujets dont j’estimais que je ne lisais pas grand chose d’intéressant sur le net. Ces velléités sont vites retombées car je n’ai jamais eu le courage de faire connaitre le machin et ce d’autant qu’il faut que la sauce prenne. Je me retrouve plus dans le rôle du commentateur, moins glorieux diront ceux à la recherche de l’estime des autres.

    Par ailleurs, je trouve qu’il existe pour ces outils des usages très différents selon les personnes. Pour qui travaille dans la communication et plus généralement exerce une activité tel que journaliste, un blog lu et reconnu, ça pète quand même bien sur un CV (hein Aliocha ;)). N’y voyez pas une flèche du Parthe, juste une réalité qui me semble pertinente dans votre cas. Assurément, votre blog est un lieu d’expression plus personnel, mais également une dimension de votre activité de journaliste qui entre dans un projet professionnel.

    Dernier point, dites, c’est quoi la pensée dominante ? L’usage des guillemets n’enlève rien au fait que je ne sais absolument pas ce que signifie cette expression mais que je vois souvent utilisée pour dénoncer une position qu’une personne jugera, de son point de vue, trop présente ou inattaquable car relevant du dogme, ou de l’axiome selon que vous êtes croyant ou scientifique.

    Commentaire par episteme — 04/09/2011 @ 11:39

  24. @Kaeldric (#16) : Rien de ce que vous écrivez ne me paraît contradictoire avec mon com #14, ni avec la remarque plus provocante de monsieur prudhomme en #10. Pour rebondir, on doit être d’autant plus sévère avec journaliste que celui-ci connaît les dérives possibles de son activité, ce qui n’est pas nécessairement le cas du néo-blogueur. Sévère, mais juste 😉

    @Aliocha (#18) : »les internautes ont souvent tendance à sous estimer la responsabilité que l’on prend à écrire en direction d’un public, estimant à tort qu’ils ne s’adressent qu’à une micro-audience ».
    Tout à fait d’accord. Mais allez surfer sur les pages de commentaires des sites sportifs, par exemple yahoo!sport, vous y verrez entre autres un déversement quasi-libre et régulier de haine raciale, modéré uniquement par les pouces baissés d’autres commentateurs. (D’accord, comm différent de post).

    « il n’y a qu’à voir le poids d’un blogueur influent comme Eolas »
    C’est pour ça que j’ai pris la précaution de personnaliser en parlant d’influence quasi-nulle. Je vous rejoins encore sur ce point. Mais combien de blogueurs pour quelques Eolas ? Ou alors, est-ce uniquement de ces derniers que vous parlez ? Dans ce cas, j’ai encore du mal à me reconnaître dans le « nous ». Eolas succombe aux caresses de ses courtisans, il le reconnaît et le revendique, surtout les courtisanes. Mais on voit fréquemment certains de ses lecteurs lui réclamer un post sur tel sujet « brûlant » et Eolas de répondre, ça vient (en fait, ça ne vient jamais), pas le temps etc… Ce qui frappe dans ses billets, c’est justement le travail, la construction et le recul. Rarement on y lit une réaction à chaud sur des bribes d’information, voire une erreur factuelle. Regarder par exemple comment il a traité l’affaire DSK. Des journalistes narcissiques qui nous pondraient régulièrement des articles de la qualité de ceux d’Eolas, ça ne me dérangerait pas.

    Là où je diverge, et où je rejoins monsieurprudhomme, c’est qu’il me semble comprendre les ressorts que vous évoquez, narcissisme, égo, ou désir d’être considéré, sans être acteur du système. Peut-être que je ne le comprendrais vraiment que si j’étais réellement acteur, mais je ne suis pas sûr que j’aurais plus d’indulgence. Il me semble qu’il faut garder à tout prix cette distinction entre amateurs et professionnels de l’information, que les journalistes ont tout à y gagner, et que la contrepartie, c’est la dénonciation de tout manquement à la déontologie. Sur ce dernier point, on est surement d’accord.

    Commentaire par kuk — 04/09/2011 @ 11:48

  25. @episteme : nous sommes d’accord, l’objectif de départ consiste à transmettre un message, c’est lorsque se dessine l’amorce d’un public qu’il y a à mon sens dépendance à l’égard de ce public, dans le cadre d’un mélange aux proportions variées de volonté de faire passer son message, d’ego et d’affect. Les journalistes qui ont été longtemps coupés du public, commencent à le découvrir, ce qui posera un jour ou l’autre des questions d’indépendance. Tant que nous étions en vase clos dans nos rédactions, nous étions protégés de cela. Avec des avantages te des inconvénients. Les avantages, c’était l’absence de pression, les inconvénients, le fait d’être coupé de son auditoire et donc de risquer de s’en déconnecter totalement. Sur la pensée dominante, j’emprunte l’expression aux minorités, dans le sens d’un consensus global à un instant « t ».

    Commentaire par laplumedaliocha — 04/09/2011 @ 11:55

  26. @Aliocha: Qu’un journaliste se préoccupe d’être lu n’est absolument pas un problème. Quoiqu’on puisse ne dire, on écrit pour être lu. Sinon, on ne publie pas. L’audience n’est pas une tare en soit, tant que ça ne devient pas la seule et unique finalité.
    Ce que décrit Schneidermann tient plus à sa propre condition qu’à l’opinion publique. Il ne fait pas ce métier par hasard. Il aime expliquer, montrer, décortiquer, convaincre. Plus qu’un reporter de guerre, qui est davantage dans la collecte ‘brute’ d’information, il se place dans l’analyse, d’informations souvent déjà connues. De ce fait, il fait plus ‘prof’, ce qui contribue aussi à lui donner une image de ‘donneur de leçon’. Et comme beaucoup, convaincu qu’il est d’avoir raison, il ne comprend pas de ne pas être suivi.
    Mais ce qui le passionne, l’intéresse peut ne pas captiver son public ou ces autres collègues. Est-ce l’opinion publique qui a un cul de plomb, ou lui qui essaie de la pousser là ou elle n’a aucun désir d’aller? Quand on a des convictions, il est normal que l’indifférence des autres choque. Après il y a la méthode… Forcer le buzz, se placer en position d’autorité, insister… c’est à mon humble avis contre productif. Cela radicalise la position, mais isole très vite. Dans un monde parfait, je dirais qu’il faut créer l’envie, le désir, susciter la curiosité… L’opinion publique n’a pas spécialement un cul de plomb, mais il faut juste lui donner envie de se lever 🙂
    Pour reprendre ce que dit Episteme, la force de certains blogs est justement l’envie. Au delà du point de vue de leur auteur, ils génèrent de l’intérêt autour de leur thème, donnent envie d’en savoir plus. C’est l’âme de votre blog, parler de journalisme, sous divers angles. Mais cela suppose une passion qui n’est pas obligatoirement possible dans le cadre plus strict du travail, où un devoir de réserve s’impose.

    Commentaire par kaeldric — 04/09/2011 @ 12:11

  27. Aliocha, vous êtes à la fois journaliste, et une blogueuse influente. Vous pouvez donc être certaine que ce que vous dites sera lu, et pourra avoir des conséquences positives, mêmes minimes, mais existantes quand même.
    Ce n’est pas le cas du blogueur de base. Si moi, avec mes quelques dizaines, voire parfois centaines de lecteurs, je décris, je dénonce une situation, quelle en sera la conséquence ? Au mieux, aucune. Au pire, un des lecteurs sera celui qui pourra faire du mal, vraiment du mal, à ma « source ».
    Alors, quoi ?
    Je dénonce, ou je me tais ?
    A moins que j’attende que ma « source » ne soit plus en danger ? Et que je parle, pour que personne n’écoute ?
    Parce que ce que j’ai à dénoncer, tout le monde, ou presque, s’en fout.
    Alors, non, je ne suis pas un « média ».

    Commentaire par lambertine — 04/09/2011 @ 12:29

  28. @Kaeldric : avant d’être critique de medias, DS a été journaliste « classique » au Monde, je vous recommande d’ailleurs son livre « Du journalisme après Bourdieu ». J’ai oublié dans quel vite-dit ou neuf quinze il avait dit cela, mais de mémoire cela renvoyait à Haïti (avec une marge d’erreur); En tout état de cause, son observation n’a pas grand chose à voir avec l’audience « économique », c’est cela que j’essaie de vous faire sentir comme distinction entre le rapport à l’audience du journaliste et le rapport à l’audience de son média. Il peut y avoir chez le journaliste un souci de réputation, l’envie de faire du bruit autour de son nom, bref d’exister. Mais il y a quelque chose de plus profond et c’est à cela que renvoie le « mammouth à cul de plomb ». C’est particulièrement sensible dans le journalisme de guerre ou de catastrophe naturelle. Quand les confrères ramènent films, images, récits, leur souci est toujours, je dis bien toujours, de toucher l’opinion publique, de transmettre une révolte, une indignation, une émotion. Allez voir à ce sujet l’exposition « L’ombre de la guerre » à la Maison européenne de la photographie. J’espère en faire un billet. Vous y verrez 90 photos qui ont marqué les esprits et parfois changé le cours d’une politique. Par exemple la petite fille brûlée au Napalm de Nick Ut. L’exposition est intéressante dans la mesure où chaque photo est contextualisée et assortie d’un commentaire de son auteur. Ce qui revient le plus souvent, c’est la volonté de dénoncer, témoigner, documenter une guerre, ramener des preuves et mobiliser l’opinion publique. Les journalistes d’ailleurs sortent tous de leur neutralité à ce moment là, non pas au regard d’un camp ou de l’autre, mais pour dénoncer les horreurs de la guerre en général. Le problème, c’est qu’il existe une règle bien connue dans la presse, la théorie du mort au kilomètre, un mort près de chez soi touche plus le lecteur que 10 000 à 10 000 Km, c’est à cela que renvoie l’expression de DS, cette incroyable difficulté d’éveiller les consciences. Nous sommes alors à mille lieues de préoccupations économiques ou d’ego de la part des journalistes. On en est si loin que dans un précédent billet, j’avais cité Genestar (ex de Match et fondateur de Polka) qui expliquait qu’en tant que patron d’un journal il s’était laissé convaincre par un photographe de revenir sur le sujet Haïti un an après je crois, alors que le sujet n’était plus d’actualité, donc plus vendeur. A ce moment là, il a pris une décision « anti-économique », une décision de journaliste. On retrouve le même phénomène, en plus atténué, quand un journal sort un scandale. Là encore, on finit par se demander pourquoi les lecteurs ne réagissent pas davantage, et l’on songe au « mammouth à cul de plomb ».

    Commentaire par laplumedaliocha — 04/09/2011 @ 14:19

  29. @Lambertine : d’abord je ne suis pas une blogueuse influente et n’entends pas le devenir. Je n’ai aucun problème d’ego et pas de goût particulier pour le pouvoir, j’y serais plutôt allergique d’ailleurs. C’est dommage que BHL en soit l’auteur, mais j’adhère totalement à cette phrase qu’il a dite ou écrite un jour (je ne sais plus très bien ) « le monde m’intéresse plus que moi-même ». Par contre j’ai deux passions, mon métier et l’écriture, dès lors qu’elle permet de partager des enthousiasmes ou des coups de gueule. D’où ce blog.
    Quant à votre appartenance aux médias, nous avons juste un problème de définition, je vous renvoie donc à wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Média qui explique cela très bien 😉

    Commentaire par laplumedaliocha — 04/09/2011 @ 14:31

  30. Je suis en train de regarder cette émission d’arrêt sur Images, elle est remarquable, en particulier Christophe Ayad de Libé est passionnant sur la complexité pour le journaliste de travailler avec le récit des victimes au Rwanda par exemple :
    http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=4124

    Commentaire par laplumedaliocha — 04/09/2011 @ 15:09

  31. @Aliocha : Je ne parlait de Schneidermann qu’en réponse à votre précédent commentaire. Oui le public ne s’indigne pas à tous les coups. Et je comprend que ce soit insupportable pour une personne qui a consacré des mois de sa vie pour couvrir un sujet (guerre, scandale…) de faire face à cette inertie. Et parfois, c’en est trop, et la neutralité s’efface pour un témoignage brut, plein d’émotion. Mais j’y vois justement un danger : la manipulation par sentimentalisme. La frontière est étroite entre replis sur soi, indifférence, inaction et indignation, colère et explosion permanente.
    En ce qui concerne Match, ok le rand reportage d’actualité fait partie des gènes du journal. Mais les reportages à contre-temps aussi. Parler aujourd’hui des conditions de vie des mineurs au Chili ne me semble pas forcément anti commercial. Ne faire que de l’actualité brute, ce serait aller au restaurant uniquement pour le dessert! Un repas est un tout, un équilibre. Un journal aussi.
    Ce n’est pas anti économique de faire un retour un an après sur un évenement: c’est au contraire judicieux à long terme.

    Commentaire par kaeldric — 04/09/2011 @ 15:17

  32. La famine en Afrique fait des dizaines de milliers de morts, menace des millions de personnes.

    Titres des médias français : DSQuéquette revient !

    Qu’en pense Albert Londres ?

    Commentaire par Alf — 04/09/2011 @ 15:48

  33. Aliocha, je ne prétends pas que vous ayez aucun goût pour le pouvoir. Juste que vous êtes lue par beaucoup de monde. Pas moi. Moi, je ne suis que moi, pas un « média ». Et que si je veux dénoncer telle ou telle situation dans une prison belge, je ne ferai que mettre en danger ma « source », sans que ce que je dénonce ait aucune conséquence. Sauf, peut-être, pour lui.

    Commentaire par lambertine — 04/09/2011 @ 19:18

  34. Mon Dieu, Aliocha, qu’est-ce que je voudrais être un « média », qu’est-ce que je voudrais pouvoir hurler, et, si c’était possible, convaincre… Mais ce n’est pas le cas. Je ne suis rien. Rien du tout. Même si j’ai accès au Net. Ce que je veux dire, hurler, dénoncer, tout le monde s’en fout, parce que ça ne concerne que des proscrits, alors… Alors, je ne peux que me taire, jusqu’à ce que ma source soit à l’abri. Et là, j’écrirai, mais cela n’aura aucune importance. Aucune…

    Commentaire par lambertine — 04/09/2011 @ 19:35

  35. Je suis venu lire votre précédent billet à partir de la citation de Koz à laquelle vous faîtes allusion. J’ai donc lu et bien apprécié votre précédent billet.
    Pour celui-ci, vous écrivez des choses justes mais dont on ne voit pas trop, en tout cas moi, l’intérêt. Les raisons pour lesquelles on écrit un billet sur un blog et les raisons pour lesquelles il y a des gens qui écrivent (au moins vos deux premiers paragraphes). Il est tout à fait légitime que celui qui écrit s’intéresse au nombre de personnes qui le lisent. Et il n’y a pas seulement une question « d’égo » pour reprendre un terme à la mode. L’audimat n’est pas, en soi, une mauvaise chose. C’est un indicateur. Après, que celui qui est lu soit satisfait c’est dans la nature des choses, non ? Et celui qui commente ? Que son écrit soit repris positivement ou négativement cela le satisfait mais c’est vraiment secondaire.
    Un billet est lu quand il y a un « contenu ». On répond par goût du débat, de l’échange riche et respectueux. Dans la vie réelle on ne rencontre pas forcément des gens qui ont ce goût de l’échange. En vous répondant, j’ai simplement le sentiment de répondre à une personne qui a l’air d’avoir quelque chose à dire et qui l’écrit. Si vous me répondez, j’en serais content mais si vous ne dîtes rien ça ne m’empêchera pas une autre fois de venir sur votre blog pour vous lire. Je vais vous donner un exemple précis: vous vous êtes intéressée sans doute à l’introduction de la théorie du gender au lycée. Sur plusieurs blogs, il y a eu des billets et des commentaires souvent beaucoup plus intéressants que les articles que j’avais pu lire ici ou là. Ces échanges m’ont aidé à mieux cerner un sujet que je connaissais mal. Après, le reste, les questions d’égo de celui qui écrit , son attention à l’audimat, franchement et pour tout vous dire je m’en fiche car l’essentiel n’est pas là. Hélios

    Commentaire par Hélios — 05/09/2011 @ 07:56

  36. Bonjour,

    Ah bon ! vous croyez !?.
    dsk (le candidat naturel du parti socialiste d’après un politologue) va bientôt quitter New York, s’apprête à quitter N.Y., va s’envoler, il s’envole, il vole, il ne va pas tarder à arriver, il est presque arrivé, il est arrivé, il est là … devant des centaines de micros, de caméras, alors que les français disent en avoir assez de lui, de son cas, ne sont pas partisans de son retour.

    Les médias c’est Zardoz vieux film imparfait de Boorman, avec son marionnettiste et c’est cela que je retiens.

    Quand à nous, « nous » sommes des veaux bêlants, apeurés, confus, paumés et c’est étudié pour : voir mon premier paragraphe.

    P.S. : « follow me » et vous, l’usage de l’anglais d’où vient t-il : il suffit d’entendre les extravagants commentateurs sportifs ( et pas qu’eux) sur quelque chaine que cela soit : « c’est fun » – c »est short » – c’est cheap » : des décérébrés, des décervelés et c’est général hélas !.

    Commentaire par Gérard — 05/09/2011 @ 15:21

  37. Aliocha, votre billet sonne tres juste (je suis d’autant plus a l’aise pour ecrit ceci que je suis tres prompt a critiquer vos confreres 🙂 ).

    Commentaire par professeurtournesol — 05/09/2011 @ 16:27

  38. Aliocha,
    sur votre blog, sous chaque commentaire, il manque le petit symbole représentent une main avec le pouce en l’air sur lequel on clique quand on est d’accord avec le commentaire.

    …enfin, moi je dis ça, c’est juste pour caresser l’égo de vos fidèles bloggueurs dans le sens du poil !

    Commentaire par poil-aux-pattes — 05/09/2011 @ 19:05

  39. Bonjour Aliocha,

    Un peu dans votre perspective, je me demandais si Internet était une caisse de résonance de la pensée dominante, ou pas? Je ne sais pas trop, ne serait ce que parce que justement il faut bien mesurer la pensée dominante, l’identifier, la cerner pour savoir si, ensuite, elle est amplifiée par un système.

    Or, justement, ce que je remarque, c’est qu’Internet permet une sorte de réhabilitation de cette vieille discipline qu’était la doxologie parce qu’il permet l’expression de leurs pensées par un grand nombre de personnes. A partir de là on peut identifier assez facilement les thématiques majoritaires, les mots qui vont revenir le plus souvent, les modes de pensée qui vont s’imposer, les clivages qui vont se former, etc. Bref, un révélateur.

    Mais dire qu’Internet se comporte comme un amplificateur, je n’en suis pas si sûr, sauf sur un point: le phénomène du buzz. Mais c’est autre chose.

    Et c’est là que ça devient intéressant: un média, au sens traditionnel du terme, c’est d’abord un amplificateur. Si Internet, sur le plan de l’information, ne se comporte pas comme un amplificateur, on peut se demander si c’est vraiment un média (au sens traditionnel).

    Mais on peut aussi se demander si après tout il n’y a pas une sorte d’amplification, mais d’une nature différente: comment Internet amplifie?

    Commentaire par tschok — 05/09/2011 @ 19:27

  40. Tiens, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas outragé le diptère ici, ça manquait !
    La pensée dominante, vous ne savez pas ce que c’est ? Ou vous pensez que c’est encore un truc de minorité catho confrontée à un monde en perdition ? J’observe que vous me l’avez épargnée celle-là, mais vous voyez, j’ai une mémoire d’éléphant, je n’oublie rien, surtout pas en un mois. J’sais pas, je lis en ce moment John Milton, il a l’air de savoir lui, ce qu’est une pensée dominante.
    Si INternet la porte cette pensée dominante, je n’en sais rien, je me pose la question et je dis qu’une réponse affirmative ne m’étonnerait pas, mais cela mérite des analyses très approfondies.
    Quant à l’effet amplificateur, je l’observe sur le problème de l’information, pas plus loin. Et l’idée, toute simple et sans doute discutable, c’est qu’un tout petit fait donne lieu à une information par les médias traditionnels désormais démultipliée dans sa diffusion et son commentaire sur la toile. Voilà, c’est tout.

    Commentaire par laplumedaliocha — 05/09/2011 @ 21:41

  41. […] Nous sommes tous devenus des médias Comme souvent, c'est un commentateur de ce blog qui m'a forcée à réfléchir. Il se trouve que j'ai "unfollowé" en juillet dernier un fidèle de ces lieux sur Twitter et qu'il m'en a voulu. Pour… Source: laplumedaliocha.wordpress.com […]

    Ping par Nous sommes tous devenus des médias | Informations et Révolutions | Scoop.it — 05/09/2011 @ 21:44

  42. « Nous sommes tous devenus des media ». Le media c’est quoi? C’est ce qui ‘permet’ de transmettre l’information : la télévision est un media, la radio est un media, le papier est un media, etc. Nous sommes tous maintenant à même de les utiliser ou d’en faire partie, je pense que c’est ce que voulait dire l’auteur.
    Mais relisons stricto sensu la même phrase « nous sommes tous devenus des media ». Le délire : nous sommes devenus le media, l’outil. Cette phrase, elle a un sens : quand tu balances, je ne sais pas, une campagne, tu utilises le media internet, mais l’entreprise utilise le temps de cerveau libre, non plus pour te faire entendre ce qu’elle veut (en grossissant x 15 le schéma de base Locuteur-Interlocuteur), mais pour te faire parler à sa place. Quand Starbucks te balance un jeu sms à la noix « envoie un mocca gratuit avec l’application Starbucks » c’est plus seulement Starbucks qui parle c’est toi aussi et c’est là que c’est fort et futé ; et pervers aussi.

    Commentaire par goupixg6 — 05/09/2011 @ 23:08

  43. Bonjour,
    Je trouve l’analyse d’Aliocha intéressante, mais… je cite = « Il y a une autre chose intéressante à relever, c’est que le phénomène est apparemment déconnecté de tout souci de rentabilité économique. Blogueurs, twittos, commentateurs n’ont en général rien à gagner financièrement. »

    Nt-nt, quand on sait comment fonctionne le classement wikio (une espèce de grande partouze du link, en fait) et ce que cela peut rapporter aux blogueuses « influentes » en billets sponsorisés (en espèces et/ou cadeaux souvent coûteux..), je peux t’assurer que pour certaines c’est drôlement rentable… et pour les annonceurs aussi !! (bien moins coûteux de faire rédiger un article par quelques-un(e)s dont ce n’est pas le métier (et plus de visibilité/référencement sur le ouèbe par l’entrejeu des links) que d’embaucher une équipe marketing pour faire une campagne de pub…).
    Dans le monde cruel du grand 2.0 le brouzouf est roi aussi…

    Commentaire par La Femme coupée en deux — 06/09/2011 @ 11:05

  44. La flagornerie,non…la primauté, non…la célébrité,non…moi, ce que j’aime, c’est résoudre les problèmes…non pas les miens, ou ils me sont insolubles ou je n’en ai plus depuis bien longtemps, mais ceux des autres…rien que pour l’instant neuronal délicieux où le noeud du problème explose…et, en plus, si la formulation est drôle, je suis le premier à rire : je rirai un jour pour rien mais n’y arrivais pas encore !… Avoir une réponse et pouvoir répondre était agréable…mais sans plus…et à condition de n’avoir pas à monter dans le pipi-caca. Ici,rien ne serait plus triste que d’avoir un visage collé à la peau vingt-quatre heure sur vingt-quatre…ou devoir vendre sa plume à quelque brigand, pour vivre ou plutôt survivre : pour moi, l’anonymat, c’est la vraie vie !

    Commentaire par Hub — 06/09/2011 @ 13:33

  45. Bon, Aliocha, tout d’abord je vais prendre une bonne rasade de jus de goyave car je crois que je vais en avoir besoin.

    Ensuite, je vous propose de continuer chez Philarête, vu qu’en lisant votre com 40 j’ai plutôt l’impression d’avoir touché le tiercé, mais dans le désordre: il me semble que vous avez réagi ici à des choses qui ont été dites ailleurs, sur un tout autre sujet.

    Et puis on laisse tomber l’ampli. On va pas se compliquer la vie, non plus.

    Commentaire par tschok — 06/09/2011 @ 14:09

  46. Le bruit court sur la Toile qu’il y a un billet où on est quasiment assuré d’obtenir une réponse de la maîtresse des lieux, juste pour flatter notre égo. C’est ici ?

    Commentaire par tocquevil — 07/09/2011 @ 12:10

  47. @Tocquevil : ah bon ? On dit cela 😉 eh bien on a raison, petit veinard ! ça va bien ?

    Commentaire par laplumedaliocha — 07/09/2011 @ 12:45

  48. Si ça va ? Oui, mon égo est d’un coup tout ragaillardi ! Et vous, vous avez l’air en pleine forme pour cette rentrée 🙂

    Commentaire par tocquevil — 07/09/2011 @ 13:10

  49. @tocquevil : je suis en cure de désintoxication de Twitter, d’où mon retour en ces lieux. Vous observerez que ma cure est plus efficace que celle de Gwynplaine, Fantômette et Ferdydurke qui se sont laissé absorber par le passionnant outil 😉

    Commentaire par laplumedaliocha — 07/09/2011 @ 15:13

  50. Salut Tocquevil,

    Si vous avez le mode d’emploi pour qu’Aliocha flatte mon ego, je suis preneur!

    Commentaire par tschok — 08/09/2011 @ 13:53

  51. waouh, c’est la rentrée dites-donc….je reprends le taf lundi (oui, plaignez-moi), donc j’aurais de nouveau plus de temps pour traîner par ici (payé par vos impôts, je précise).

    sinon, twitter, définitivement, j’ai pas accroché. Je songe même sérieusement à liquider mon compte. mais bon, je veux pas non plus décevoir mes cent et quelques followers …..

    au fait ça roule Tocquevil ? comment se porte le club ?

    Commentaire par Jalmad — 08/09/2011 @ 14:30

  52. Bonjour Jalmad ! Le club se porte à merveille et son président aussi 🙂 Ravi d’apprendre que vous reprenez le boulot, et aurez donc plus de loisir 🙂

    Commentaire par Tocquevil — 10/09/2011 @ 10:15

  53. Aliocha, vous semblez dire : « les journalistes doivent cesser le farniente et ils doivent surtout cesser de hurler en cherchant ainsi à remplacer l’indigence de leur travail par des cris (de panique) ».
    Le problème, c’est qu’on ne s’improvise pas mécanicien, mathématicien, ni médecin. Et qu’un mathématicien sait qu’il ne sait pas. Idem, un économiste, ayant beaucoup vu, lu, réfléchi, sait qu’il ne sait rien. Il tente modestement de conceptualiser une chose, d’en dresser le portrait : théorique, provisoire, bricolé pendant que la chose continue sa course aveugle et réelle. Idem un physicien.
    L’économie, qui sait de quoi on cause, avec ce mot ? Aliocha, vous vous étonnez que les investisseurs cherchent à évaluer l’avenir des entreprises : mais n’est-ce pas le bon sens que de faire cela. Ce qui fait la différence avec le passé, ce sont les moyens de parvenir à se faire un jugement avant d’investir. Mais pourquoi investir ?
    Est-ce que l’économie serait l’un de ces étranges flux (de quoi ?) que l’on tenterait de guider, de rationaliser, de maîtriser pour en « profiter » soi-même (si c’est possible) (quitte à ce que, par ailleurs, terra incognita, ça souffre, ça s’effondre, ça ravage).

    Commentaire par Pieri Rocha (@478ueyhtge) — 02/10/2011 @ 10:24

  54. […] et comme par hasard, mon très bon ami m’a envoyé un article qui «parle» de cela justement : Nous sommes tous devenus des médias […]

    Ping par Est-ce que tu m’aimes ? « Blogueuse sur le Net pour un Monde Meilleur — 22/11/2011 @ 06:04


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