La Plume d'Aliocha

18/06/2010

Dossier Kerviel, un témoignage essentiel

Filed under: Affaire Kerviel — laplumedaliocha @ 09:11

Je n’ai pas assisté à l’audience qui s’est tenue hier. Je le regrette d’ailleurs car elle fut visiblement plus animée que les précédentes. J’attire néanmoins votre attention sur le témoignage de l’universitaire Catherine Lubochinsky, professeur de finance à Paris II. Il est relaté en intégralité par 20 minutes.fr et Reuters. Indépendamment du côté visiblement comique de son intervention qui semble avoir quelque peu détourné l’attention du fond, elle a le mérite de dire tout haut ce que tout le monde, je dis bien tout le monde, pense de cette affaire dans le milieu de la finance. Depuis le début, soit le mois de janvier 2008, tous les professionnels avec qui j’ai eu l’occasion de discuter du dossier,  anciens traders, banquiers, commissaires aux comptes, professeurs d’économie, confient unanimement qu’il était impossible que les activités de Kerviel n’aient pas été connues au sein de la banque. Bien sûr, ces gens n’avaient pas accès au dossier. Dès lors, dans une affaire judiciaire, un public, fut-il très averti, reste un public qui dispose des connaissances techniques nécessaires pour émettre une opinion éclairée, mais n’a pas été témoin direct et ne connait pas les faits dans le détail. Simplement, on voit bien dans ce procès que tout le petit monde de la finance se tient et serre les rangs, bon gré, mal gré derrière la Société Générale. Difficile dans ces conditions de trouver un esprit indépendant capable de parler franchement sans craindre de se mettre à dos l’un des principaux acteurs français et même mondiaux de la banque. Alors on se murmure la vérité entre soi, mais en public, on se tait. A l’évidence, cette femme a eu le courage de parler. Il serait dommage que ses excentricités ramène son témoignage au rang de simple bouffonnerie de prétoire.

18 commentaires »

  1. Bonjour !

    Je voulais vous remercier de votre couverture du procès, j’essaye de le suivre sur plusieurs sites web, je relis parfois plusieurs fois les mêmes choses, mais j’apprécie particulièrement votre manière de nous retranscrire ce qui s’y passe.

    Bonne continuation

    Commentaire par Thomas — 18/06/2010 @ 09:20

  2. Si JK s’est transformé en joueur de casino c’est parce qu’on est dans une gigantesque partie où règnent les lois du poker menteur.

    En favorisant les échanges à des fins purement spéculatives on encourage le jeu à outrance.

    Cette dérive de JK s’apparente à celle du capitalisme financier où le seul horizon est l’hyperspéculation qui représente 80% des transactions mondiales.

    A force de virtualiser l’argent, celui-ci se détache de toute réalité. Les millions deviennent des « idées » coupées du travail réel.

    Dès lors, avec la libéralisation des marchés financiers et leur mondialisation, le pouvoir privé tend à l’emporter sur la préservation du bien public, le marché sur le pouvoir régulateur de la banque centrale.

    En effet, sur les marchés financiers, le mimétisme joue à plein : un titre de créance ou de propriété n’a pas de valeur en lui-même, il n’a que celle que l’ensemble des intervenants jugent bon de lui donner.

    Comme les frontières sont poreuses entre finance et monnaie, voilà qui autorise toutes les crises et tous les emballements spéculatifs, ou même les appelle car, faute de régulateur public, les éventuels mouvements de baisse ou de hausse, à effet mimétique, ne sont contrebalancés par rien ni personne, même si le FMI s’y essaie.

    A propos de confiance, c’est Michel Aglietta et André Orléan qui montrent dans « La monnaie entre violence et confiance » (Paris, Odile Jacob, 2002), que la monnaie est constitutive du lien social. Elle est à la source de la société marchande, parce que, sans elle, personne n’accepterait de se séparer de ce qui lui appartient contre quelque chose dont il risque de ne pouvoir se défaire.

    Cet objet produit à la fois de la confiance (puisque chacun l’accepte, je l’accepte, d’où un sentiment d’appartenance sociale) et de la violence (violence mimétique : puisque chacun la désire, je la désire, d’où une lutte potentielle).

    De ce double aspect dérive la contradiction essentielle : « D’un côté, la confiance collective dans la monnaie est promesse d’harmonie dans les échanges ; de l’autre, le pouvoir de l’argent déclenche des crises qui sont des facteurs de désordre dans l’ensemble de l’économie. » (Michel Aglietta et Laurent Berrebi « Désordres dans le capitalisme mondial » Paris, Odile Jacob, 2007)

    A la fois bien public et pouvoir privé d’accaparement, la monnaie a besoin d’une régulation publique, garantissant la permanence de l’unité de compte, ce que les auteurs nomment le « principe de garantie », sans bloquer pour autant le fonctionnement de l’économie (le « principe de croissance ») et la possibilité pour chacun de participer à l’échange (le « principe de justice »).

    Aliocha : c’est bien pour cela que cette affaire est si intéressante et me semble concentrer toutes les données d’une réflexion approfondie sur notre système. Merci pour cet éclairage.

    Commentaire par Le Chevalier Bayard — 18/06/2010 @ 11:56

  3. Il est vrai que les propos sur la testostérone ont beaucoup été rapportés. Sans doute parce que dans l’esprit de la majorité des gens la testostérone est associée à la sexualité. Par contre je n’ai lu ou entendu aucun rappel sur le lien entre la testostérone et la prise de risque. Dommage en effet.

    Commentaire par Monsieur Prudhomme — 18/06/2010 @ 13:24

  4. Merci à Chevalier Bayard pour son excellente analyse girardienne.

    La relation JK-SG est incontestablement mimétique, chacun accusant l’autre avec d’autant plus de virulence qu’il est accusé par lui.

    A l’image de 2 conjoints divorcés faisant porter chacun à l’autre la responsabilité de la faillite de leur mariage, ils font porter chacun à l’autre la responsabilité des 5 milliards envolés.

    Mais les observateurs extérieurs savent bien que chacun y a mis du sien.

    La justice est parfois difficile à rendre.

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 18/06/2010 @ 17:18

  5. Trois vidéos intéressantes chez Challenge : http://www.challenges.fr/actualites/finance_et_marches/20100618.CHA5180/le_comportement_de_kervielest_atypique.html

    Commentaire par laplumedaliocha — 18/06/2010 @ 20:08

  6. @ Bonsoir Denis Monod-Broca

    En effet, un auteur de référence, incontournable, pour qui s’intéresse aux origines de la violence et du sacré.

    Ici, le sacré devait être la confiance sauf que les parties se sont laissées griser par la violence de la finance.

    Et, s’il y a excès de confiance au front-office, comme le prétend Mme Catherine Lubochinsky, il y a aussi absence de se faire violence au niveau du contrôle par le back et le middle-office !

    Commentaire par Le Chevalier Bayard — 18/06/2010 @ 22:24

  7. @ Chevalier Bayard

    Le sacré véritable est caché toujours, non avoué, tabou. Ici c’est la réussite. Aussi bien Kerviel que la banque (et que nous tous à des degrés divers) nous croyons, sans nous l’avouer, en la réussite. L’échec nous est insupportable. Plus précisément ici le fait d’avoir à assumer le poids de l’échec (les milliards envolés) leur est à chacun insupportable. Car ce serait, oh horreur, une réussite pour l’autre. Caïn a tué Abel pour moins que ça…

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 19/06/2010 @ 10:57

  8. Encore une fois, Dostoïevki avait tout dit et je regrette qu’il ne soit pas là pour tirer un roman de cette affaire. Car ce qui me passionne personnellement depuis janvier 2008, c’est le mécanisme de transgression. Souvenez-vous de la logique de Raskolnikov lorsqu’il décide de tuer l’usurière au début du roman : les lois sont faites pour les gens ordinaires, mais les êtres d’exception, Napoléon par exemple, ont vocation à tirer le chariot de l’humanité en avant, et pour se faire, ils ne peuvent qu’enfreindre les limites. C’est en transgressant qu’on avance. Au-delà de la loi, il existe une liberté extraordinaire pour celui qui a la force de s’en saisir et nulle punition. Dans la finance, les limites sont posées pour limiter les risques, mais elles limitent autant les pertes que les gains. Or, la finalité, l’unique moteur d’une salle de marché, ce n’est pas comme dans d’autres métiers le travail bien fait, la valeur ajoutée « morale », la satisfaction d’avoir fabriqué un bel objet, écrit un bon papier, satisfait un client, soigné un patient, défendu la liberté d’un homme, avec à la clef une contrepartie financière, c’est l’argent, l’argent qu’on fait gagner et l’argent qu’on va par conséquent soi-même gagner.Que pèsent l’éducation qui habitue à respecter les règles sociales, la peur de perdre son job, de prendre des risques trop importants, face à la perspective d’un gain illimité ? Peu de choses, surtout si on joue l’argent d’un autre, qu’on n’est pas sanctionné si on perd mais récompensé si on gagne.En ce sens, le bonus est une incitation particulièrement pernicieuse, c’est : face tu gagnes, pile tu ne perds rien. Projetez dans ce système un individu qui s’intéresse moins,- je dis bien moins, et non pas pas du tout – , qui s’intéresse moins donc au bonus qu’il va gagner ou à la nécessité de faire carrère qu’à démontrer sa capacité à faire mieux que les autres. Pour cela, il sait qu’il doit transgresser les limites, mais justement, ces limites sont faites pour les gens ordinaires. Or Kerviel était persuadé d’avoir trouvé la martingale, les limites n’avaient donc plus d’intérêt pour lui, pire, elles ne pouvaient qu’entraver sa progression, l’empêcher d’exprimer son talent et finalement de remplir les objectifs même de son activité, gagner de l’argent. C’est pourquoi lorsqu’il dit dans son livre qu’il voulait faire gagner de l’argent à sa banque, que le profit personnel n’était pas son principal moteur, j’ai tendance à le croire. Le vrai moteur, c’était l’affirmation de soi en tant qu’être d’exception, facilité et même encouragé par un système offrant de puissantes incitations à ce type de comportement. S’il avait fonctionné psychologiquement comme les autres, il n’aurait pas joué 50 milliards.

    Commentaire par laplumedaliocha — 19/06/2010 @ 11:45

  9. @ Aliocha,

    « Le vrai moteur, c’était l’affirmation de soi en tant qu’être d’exception, facilité et même encouragé par un système offrant de puissantes incitations à ce type de comportement. S’il avait fonctionné psychologiquement comme les autres, il n’aurait pas joué 50 milliards. »

    Je vous suis, mais je ne peux me défendre d’un certain scepticisme, en l’espèce.

    Parce qu’à chaque fois que vous décrivez le comportement de Jérôme Kerviel à l’audience, ou sur les marches du Palais, je ne vois pas poindre chez lui la flamboyance d’une âme russe, qui brûlerait de prouver au monde et à lui-même l’exceptionnalité de ses dons.

    Vous en parlez, au contraire, comme d’un être lisse et sage – consistant, bien entendu (qui reste jamais longtemps inconsistant sous le regard suffisamment attentif d’un observateur patient?) mais posé, presque docile.

    Si je devais confier le destin de ce garçon aux mains d’un écrivain, je ne choisirais aucun auteur russe, et j’opterai pour… Simenon, je crois.

    Commentaire par Fantômette — 19/06/2010 @ 12:16

  10. @Fantômette : c’est que vous voyez un auteur russe là où j’aperçois un brillant criminologue. En ce sens, il est universel et fut d’ailleurs, m’a-t-on dit, enseigné dans les facultés de droit françaises notamment. Ecartez du roman tout ce qui donne envie d’arroser Raskolnikov d’eau froide pour lui faire recouvrer ses esprits et vous avez un face de vous un transgresseur ordinaire qui considère que la loi est faite pour les autres, le commun des mortels. C’est le réflexe bien connu de l’automobiliste qui estime conduire mieux que les autres et qui peut donc s’émanciper des limitations de vitesse dès lors qu’il a de meilleurs réflexes, des freins plus performants, etc. Ce comportement stupide ne sert en l’espèce que son auteur. Mais on peut le retrouver dans des cas infiniment plus intéressants. Raskolnikov quant à lui est face à ce dilemme : il est jeune, brillant, mais pauvre, l’usurière est riche mais « inutile » à l’humanité. S’il tue, il fait mal, à première vue, ce qui l’oblige à bâtir cette théorie selon laquelle au-delà de la loi il n’y a nul châtiment, aucun enfer, mais une liberté extraordinaire réservée aux êtres d’exception qui sont capables de faire évoluer l’humanité. Donc il tue. Si on transpose au trader cela donne : mon travail consiste à gagner de l’argent, mais les limites qui l’encadrent m’en empêchent. Que valent ces limites ? Pourquoi est-ce interdit ? N’y a-t-il pas au-delà une liberté fabuleuse réservée aux meilleurs et qui me permettra si je m’en empare de faire ce pour quoi la banque me paie : gagner de l’argent. Raskolnikov sert l’humanité en tuant, Kerviel sert sa banque en outrepassant les limites. Et il le fait avec d’autant plus de facilité que ces limites sont bien moins claires que l’interdiction de tuer, qu’elles n’embarrassent pas que lui mais le principe même de son activité et donc tous ceux qui la pratiquent. C’est pour cela que c’est intéressant de les voir, lui et Metzner soutenir que les limites n’étaient pas surveillées, qu’elles étaient floues, que les petites transgressions étaient tolérées, qu’on évoluait dans le non-dit, le « pas vu, pas pris ». Juridiquement, cela permet à Metzner de démontrer qu’il n’y a pas d’abus de confiance, mais psychologiquement, ça fait du sens aussi. Greffez là-dessus l’ivresse de la réussite, le réflexe naturel de miser toujours plus gros pour gagner davantage et vous avez la catastrophe qu’on connait.
    Quand je dis de Kerviel qu’il est lisse, c’est qu’il oppose à l’observateur la barrière infranchissable d’un comportement réservé. Mais ses actes démontrent, me semble-t-il, que cette réserve n’est que partielle et qu’il y a nécessairement autre chose 😉

    Commentaire par laplumedaliocha — 19/06/2010 @ 12:42

  11. @fantômette : cela étant, j’aime bien l’ouverture littéraire que vous faites, car en effet, il y a mille façons de percevoir et de raconter cette histoire si on s’éloigne de la réalité et du procès pour l’envisager d’un point de vue romanesque. Décrivez-le comme un jeune breton ambitieux mais pauvre montant à Paris pour faire fortune et vous avez, au choix, un roman de Balzac ou de Maupassant. Ajoutez-y une femme aimée mais inaccessible, un fort besoin de revanche sociale et la capacité à renoncer à toute morale et vous voilà dans du Némriovsky, à condition de démontrer qu’il a perdu son âme et que ce qu’il a obtenu en échange n’était pas ce qu’il cherchait. Faites-en au contraire un type froid, amoral, brillant intellectuellement mais sans affect et l’on flirte avec American Psycho, un pur produit du système, ni pire ni meilleur que les autres, manipulé par une société déboussolée, et ça pourrait inspirer Houellebecq. Pour Simenon, je ne sais pas, je n’en connais que les adaptations télé ou cinéma, mais il me semble que l’ampleur de l’affaire nous éloigne de l’univers étouffant, désespéré et infiniment médiocre qui me parait être celui de l’auteur.

    Commentaire par laplumedaliocha — 19/06/2010 @ 13:37

  12. « Écartez du roman tout ce qui donne envie d’arroser Raskolnikov d’eau froide pour lui faire recouvrer ses esprits », et vous vous retrouvez avec quelqu’un d’autre que Raskonlnikov, je crois 🙂 C’est la raison pour laquelle le parallèle que vous établissiez m’a intriguée.

    Aliocha : c’est que j’évoquais la mécanique de la transgression décrite par Dostoïevski et non pas le personnage. Saviez-vous que Crime et châtiment avait servi de modèle au scénario de la série Columbo : la joute intellectuelle entre le criminel et celui qui le traque ? Il y a un monde entre le feuilleton américain et les personnages russes du roman, mais la mécanique est la même…

    « Quand je dis de Kerviel qu’il est lisse, c’est qu’il oppose à l’observateur la barrière infranchissable d’un comportement réservé. Mais ses actes démontrent, me semble-t-il, que cette réserve n’est que partielle et qu’il y a nécessairement autre chose. »

    Peut-être s’agit-il d’une barrière, oui, ou d’un masque ; peut-être s’agit-il de son véritable visage, après tout, qui sait.

    Qui est-il, qui est-il vraiment, quelle est son « essence première », cette nudité qui est notre lot à tous, une fois grattées les superstructures derrière lesquelles nous nous efforçons de donner le change – et pourquoi a-t-il fait ce qu’il a fait? Ces questions reviennent en boucle, non? Ses agissements lui ressemblaient-ils ou pas? Ce sont des questions que l’on se pose, et qui lui sont posés, avec une obstination dont on ne sait si elle se heurte à une absence de réponse ou à une réponse « blanche », à laquelle on a du mal à croire.

    Aliocha : pour que les morceaux du puzzle collent, il faut qu’ils soient issus du même puzzle. C’est tout le problème. S’il s’agit du voyou décrit pas la SG, alors il faut rechercher s’il avait l’habitude de tromper la confiance de tout le monde. S’il est ce qu’il décrit, un salarié modèle désireux de faire son boulot le mieux possible et sombrant dans l’addiction et la perte de tout repère, alors la question qui se pose est de savoir s’il est effectivement un gros bosseur sérieux et dévoué…Mais savez-vous vous-mêmes qui vous êtes ? Personnellement, je serais bien en peine de répondre à cette question 😉

    Je ne crois pas que le procès nous apportera une réponse à ce sujet, et je ne pense pas, d’ailleurs, que ce soit là l’une de ses fonctions.

    Aliocha : c’est l’une des questions que je me pose, j’aimerais bien votre avis sur ce sujet…

    Jean d’Ormesson disait de Simenon qu’il était « le romancier de la destruction des espaces de référence et des cadres institutionnels. » Il disait également que l’œuvre de Simenon était « une plongée dans les fissures d’un monde qui se défait. » C’est pour cela que j’ai pensé à Simenon pour écrire le roman de l’affaire Kerviel.

    En fait, l’avantage des pages blanches, comme J. Kerviel, est qu’elles nous laissent libres d’y écrire ce que l’on veut. Même sa version, devant le tribunal, n’est que cela : sa version. C’est terrible, tout de même, quand on y pense.

    Aliocha : des pages blanches ou des personnages qui surgissent à un instant t et deviennent, volontairement ou pas l’emblème de quelque chose qui les dépasse, une sorte de mythe. Je n’entends pas en faire un héros, ce serait absurde, en revanche il me semble que son histoire soulève des questions qui dépassent largement l’affaire MP/Kerviel.

    Commentaire par Fantômette — 19/06/2010 @ 14:56

  13. @ Aliocha

    Indéniablement JK est un personnage de roman car cette histoire hors normes à sa dimension romanesque.

    C’est alors au « Joueur » que je pense car l’addiction reconnue par JK est présente dans le personnage du roman de Dostoïevski qui était, lui-même, un joueur compulsif.

    Plus prosaïquement, JK était avant tout un salarié avec un contrat de travail reposant sur la confiance et d’un point de vue social, fondée sur un code partagé de devoirs réciproques, de valeurs morales et d’éthique.

    En transgressant cette confiance il a caché aux autres comme à lui-même les fissures qui lézardent une séduisante façade.

    Dévoré par sa passion, il s’est battu contre le marché comme un débutant guidé par des forces obscures.

    Or,l’insouciance à ce stade révèle, me semble-t-il, une psychologie d’homme immature.

    Aliocha : figurez-vous que je n’ai jamais réussi à lire le joueur, ce sont les grands romans d’après le bagne qui me fascinent. Mais je vais m’y mettre car effectivement, il y a un problème de jeu dans cette affaire.

    Commentaire par Le Chevalier Bayard — 19/06/2010 @ 15:31

  14. Au pays des ‘pas Bisounours’ celui qui parle est ‘cramé’ partout. Au pays de Descartes il faut bien un ou plusieurs boucs émissaires pour tous ces milliards vraiment ‘techniquement’ (et pas ‘fictivement’) perdus! Encouragé implicitement J.K. l’a été. Et peut-être explicitement! Mais ce lui sera difficile à prouver cette habitude qui revient à ‘passer au dessus’ des ratio Cooke. Tout en affichant la meilleure gouvernance des banques françaises! Sans contrôle effectif J. Kerviel a à la fin 2008 disjoncté. Mais à voir l’historique des dépassements et engagements chaque fois plus importants, à partir de combien de milliards? A suivre les audiences, certainement pas 2, mais 5, 10, 20?.
    Faute professionnelle, oui.
    En réalité digne juste du tribunal des Prud’hommes.
    Que penser d’une SG qui prévoit 300K euros de bonus pour J. K pour 2007 alors que grâce à M. Kerviel , et seulement pour le 4° trimestre M. Moussa Bakir (après être allé – alors qu’il était en congé de maladie – aux Prud’hommes a touché plus d’un million d’euros pour le seul 4° trimestre 2007). Sa boîte Fimat/Newedge appartenait à la SG, il s’en sort très bien. Quel arrangement sous-tend son témoignage?
    Rappel de cet épisode qu’on a trop occulté sur http://www.maths-fi.com/societe-generale/LesEchos_Affaire_Kerviel_le_courtier_de_Fimat_reclame_son_bonus_25032008.pdf
    J. Kerviel condamné ou pas le public mondial a compris depuis longtemps de quoi il retourne concernant la véritable ‘gouvernance’ SocGen.
    Actuellement l’enjeu de ce procès est pécunier, c’est les class actions (ou les arrangements de la SG) aux USA. Le lien est sous le pseudo.

    Commentaire par JeanGuy78 — 19/06/2010 @ 16:10

  15. Puisqu’on parle de psychologie, je trouve cette interview intéressante : http://www.youtube.com/watch?v=0rVSB5bHR08&feature=related

    Commentaire par laplumedaliocha — 19/06/2010 @ 19:28

  16. Toujours au chapitre de l’enquête de personnalité que nous avons amorcée en commentaires sous ce billet, le compte-rendu de la manifestation de soutien de Pont-Labbé : http://www.france-info.com/ressources-afp-2010-06-19-devant-la-sg-de-pont-labbe-des-bretons-soutiennent-kerviel-l-enfant-456685-69-69.html

    Commentaire par laplumedaliocha — 20/06/2010 @ 00:04

  17. Bonjour Fantômette,

    La réponse à votre question en com 13 (qui est il vraiment) se trouve en page 14 du Monde daté de ce weekend: une pub faisant la réclame d’un hors série du Monde consacré à la psychologie et proposant 350 qui et jeux pour percer à jour notre Moi le plus profond (et celui de vos proches) en décryptant vos geste et pensées du quotidien.

    5,95 € seulement, en vente chez votre marchand de journaux.

    A mon avis on devrait lui faire faire des quiz, à Kerviel.

    Commentaire par tschok — 21/06/2010 @ 08:58

  18. « les lois sont faites pour les gens ordinaires » : croyez-vous vraiment cela ?

    « mais les êtres d’exception, Napoléon par exemple, ont vocation à tirer le chariot de l’humanité en avant » : mais l’affrontement France-Prusse, alimenté par Napoléon, et de quelle façon !, a trouvé son paroxysme avec la 2ème guerre mondiale. Est-ce cela tirer le chariot de l’humanité ? oui sans doute, mais pas dans la bonne direction…

    Commentaire par Denis Monod-Broca — 21/06/2010 @ 09:03


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