On a donc, commentaient hier sur Twitter plusieurs stars du PAF, révolutionné enfin l’exercice de l’interview présidentielle. Il y aura un avant et un après nous, se rengorgeaient ce matin Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel, si j’en crois les gazettiers (aujourd’hui rebaptisés twittos)
En effet, nous avons assisté à une profonde révolution. Avant le 15 avril 2018 les journalistes qui interviewaient le président de la République l’appelaient par son titre et venaient – pour les hommes – avec une cravate. Rien que ça, c’est énorme. Un vent fou de liberté et d’impertinence à soufflé hier sur le petit écran. Avant, on n’avait jamais entendu un journaliste dire à un président de la République « vous m’interrompez parce que ma question vous dérange » (Plenel). Nous découvrons donc que la modernité consiste à systématiser le procès d’intention. L’agressivité gratuite des deux journalistes induisait que l’homme en face d’eux était un menteur et un manipulateur qu’il fallait forcer à rendre gorge en direct. Poser une question et y revenir avec force si l’on n’obtient pas de réponse, voilà du journalisme, mais insinuer dès le départ par le ton et la tournure de l’interrogation qu’on a en face de soi un voyou qui va tenter de biaiser, quel intérêt, à part celui de se faire rutiler l’ego pour l’un, d’affirmer ses convictions idéologiques pour l’autre ? On n’avait jamais non plus entendu un journaliste poser la question « est-ce que vous n’êtes pas dans une illusion puérile de toute puissance ? ». C’est non seulement insultant, mais c’est aussi imbécile. Que viennent faire ces considérations de psychologie de comptoir dans une interview politique ? Oh bien sûr, nos duettistes ne les ont pas inventées hier soir. Voilà longtemps qu’on a posé les jalons de cette dérive du factuel vers l’analyse des postures, du discours, cette inquisition sur le terrain personnel aussi dénuée d’intérêt que de sérieux, ce MadameMichuisme hélas si tendance à l’heure actuelle.
Et que dire de Bourdin expliquant avec une sidérante arrogance à son interlocuteur ce que devait être le rôle d’un président de la République ? A la fin de l’exercice, comme l’a observé justement Bernard Pivot sur twitter, l’homme souriant et calme gagne la bataille de l’opinion. Etait-ce vraiment l’effet recherché ? Ceux qui connaissaient bien un ou plusieurs dossiers abordés lors de cet objet médiatique consternant n’auront pas mis longtemps à saisir que les deux journalistes apparemment pugnaces se sont fait en réalité rouler dans la farine. Aboyer n’a jamais remplacé une connaissance fine des dossiers. Mais il est vrai que l’époque privilégie à ce point la forme que celle-ci a fini par dévorer le fond sans que nul ne s’en aperçoive. Assurément, cette interview est une révolution. Elle a supprimé la cravate et la politesse. Le journalisme s’en porte forcément bien mieux. Elle a aussi, et c’est plus inquiétant, agité des mécaniques populistes qui sont en principe l’apanage des extrêmes politiques et qui, fort étrangement, sont devenus l’outil de travail des journalistes contre le président de la République. Ce n’était pas une interview, ce que nous avons vu hier, mais un affrontement gratuit et stérile entre d’un côté le pouvoir médiatique brandissant la légitimité de l’opinion sur fond d’approximation et d’émotion et, de l’autre, l’exécutif dont la légitimité élective s’est affirmée par le calme et la compétence. Exécutif 1 – Journalisme 0.
Sur l’entourloupe « victimaire », le casting d’ Emmanuel Macron était parfait, et l’auto-satisfecit de Bourdin-Plenel ce matin ridicule. Mais ne faut-il pas se réjouir de ce que questionner un président, même avec insistance, et quitte à en devenir impoli s’il élude la réponse, ne soit plus un tabou ? Je ne dis pas que c’est ce qui s’est passé, mais la complaisance des journalistes envers l’hôte de l’Elysée frisait la veulerie dans le passé.
Commentaire par remseeks — 16/04/2018 @ 09:00
« L’agressivité gratuite des deux journalistes induisait que l’homme en face d’eux était un menteur et un manipulateur qu’il fallait forcer à rendre gorge en direct »
Je dirais (au risque qu’on me traite de populiste) que oui, l’homme en face d’eux était un menteur et un manipulateur, n’est-ce pas plus ou moins inhérent à la fonction ? Cf par exemple http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/04/15/isf-pouvoir-d-achat-sncf-les-arguments-discutables-d-emmanuel-macron_5285854_4355770.html
Du coup, faut-il « le forcer à rendre gorge en direct » ? Votre choix de terme me paraît quand même assez éloquent, n’aurait-on pu dire « qu’il fallait aussitôt mettre face à ses mensonges et approximations ? », et là, je pense qu’on aurait été nombreux ici à répondre par l’affirmative.
Commentaire par Gilles — 16/04/2018 @ 09:08
(J’ai oublié de préciser que je n’ai pas vu une seule image de cet entretien. J’en profite pour rajouter : )
Histoire d’alimenter la réflexion, le point de vue de Daniel Schneidermann (Arrêt sur Images) https://www.arretsurimages.net/chroniques/le-matinaute/la-revolte-des-journalistes-en-chocolat (le montage vidéo de Brut est excellent…)
Commentaire par Gilles — 16/04/2018 @ 09:16
@Gilles : ce n’est pas ce qui a été fait. Prenons l’exemple du projet de loi asile et immigration. Le président a dit qu’il avait le double objectif d’accueillir plus vite les demandeurs d’asile et de raccompagner plus vite les autres chez eux. Ce n’est pas ce que dit son texte. Plenel aurait pu lui faire remarquer avec un ou deux exemples s’il avait bossé. Le problème c’est que pour avoir débattu sur un plateau avec lui, je sais qu’il est techniquement creux. Sorti de sa capacité à insinuer que son interlocuteur est ontologiquement un salaud, il ne peut pas aller plus loin car il ne connait pas ses dossiers. Et d’ailleurs je crois qu’il s’en fout. L’autre, l’adversaire, a tort par définition et il s’agit de le démolir sans entrer dans le fond du sujet. Hier, les chiens ont hurlé, mais la caravane politique est passée…..
Commentaire par laplumedaliocha — 16/04/2018 @ 09:20
Vous résumez parfaitement le ressenti que j’ai eu en regardant cette émission…
Le plus exaspérant :
– Bourdin qui parle d’acte de guerre en disant témoigner de l’avis des français, alors que ses seules convictions parlent à sa place
– Edwy Plenel qui change la question pendant que Macron donne sa réponse… créant volontairement une confusion…
Triste spectacle pour ses deux journalistes
Commentaire par Sylvain J — 16/04/2018 @ 09:24
Bien vu !
Aussi pugnaces étaient-ils, et d’ailleurs choisis pour cela, les deux journalistes en question étaient d’accord sur l’essentiel avec l’interviewé, essentiel qui tient en quelques mots : la France doit être modernisée.
Quelqu’en soit le prix, il n’y a pas d’alternative, on ne sait pourquoi mais c’est ainsi, la France doit être modernisée. Idéologie aussi irréfutable que radicale !
Face à l’époustouflant brio de Macron, ces d’eux-là ont été de bien ternes faire-valoir.
Commentaire par Denis Monod-Broca — 16/04/2018 @ 10:37
En fait, je me suis trompée dans mon analyse, Bourdin et Plenel se sont trouvés très bons, c’est bien la preuve irréfutable qu’ils l’étaient. http://www.bfmtv.com/politique/interview-de-macron-evidemment-la-profession-va-critiquer-mais-on-s-en-moque-estime-bourdin-1420113.html
Commentaire par laplumedaliocha — 16/04/2018 @ 12:23
C’est EVIDEMMENT le Président de la République qui a choisi ses interlocuteurs … Les critères du choix étaient, PRECISEMENT, les personnalités respectives des deux interlocuteurs.
Il y deux façons de se faire valoir :
– choisir des interlocuteurs obséquieux (mais les auditeurs risquent de penser que les dès sont pipés)
– choisir des interlocuteurs réputés vindicatifs (peu importe qu’ils le soient ou pas !) et rester d’un calme olympien afin de faire ressortir l’incomparable supériorité de l’interviewé …
Le Président de la République a choisi la deuxième voie et a lourdement GAGNE !
Commentaire par Jacques Heurtault — 16/04/2018 @ 13:21
Oui, ils auraient pu mieux connaître leur texte, mais dans le rôle qui leur avait été attribué et qu’ils avaient accepté, celui de faire-valoir, ils ont été excellents, on comprend qu’ils s’en félicitent, même si la farce, aussi réussie qu’elle ait été, a trop tiré en longueur…
Commentaire par Denis Monod-Broca — 16/04/2018 @ 13:30
Une excellente prestation d’un Président ouvert aux débats les plus durs et cherchant clairement à expliquer et convaincre, mais prestation forcément, comme le veut notre démocratie politicarde, relue et re-exprimée voire souvent caricaturée par les diverses oppositions qui n’ont évidemment aucun intérêt à saluer l’évènement. Là n’est pas la déception principale – on est habitué à ce théâtre d’opinions fabriquées ou sublimées qui boostent les minorités agissantes au détriment de paisibles majorités … La grande déception, c’est de constater que deux des plus fameux journalistes du moment nous ont paru incapables de supporter le choc d’un client (ici un Chef de l’Etat) qui cherche les sujets difficiles pour apporter clarté et cohérence. Nos deux journalistes n’étaient pas au niveau, il fallait même parfois, pour apporter un peu de sens au débat, déconstruire leurs questions pour reconstruire le sujet d’une manière intelligible – et intelligente. Pour les journalistes français, n’y a-t-il donc pas de troisième voie entre complaisance excessive et agressivité « virile » ou vicelarde en chocolat ? J’espère que oui. Sinon on va finir par croire que c’est la médiocrité des journalistes dans notre pays qui est responsable de la médiocrité culturelle (économie, social, histoire, visions longues et globales …) du débat politique.
Commentaire par Alang — 16/04/2018 @ 14:34
Comme dirait Emmanuel Todd, le paysage politique français ne se divise plus entre droite et gauche mais entre partisans du peuple et partisans de l’oligarchie, on pourrait dire aussi entre « populistes » et « modernistes ».
Bourdin et Plenel sont, comme Macron, des modernistes.
L’Europe souveraine, appelée de ses vœux par Macron, ils n’ont manifestement rien contre, sinon ils auraient réagi..
La justice française soumise à la CEDH, ils n’ont rien contre, ça se saurait.
L’euro, ils n’ont rien contre, c’est impossible autrement..
La France dans le commandement militaire de l’Otan, ils n’ont certainement rien contre.
La PMA et la GPA après le mariage pour tous, ils n’ont évidemment rien contre.
L’euthanasie déguisée en « mort dans la dignité », ils n’ont rien contre, peut-on en douter ?
L’avortement devenu un droit, ils n’ont rien contre.
Les étrangers « raccompagnés chez eux », euphémisme d’une affreuse hypocrisie pour dire « expulsés manu militari », ils n’ont rien contre, à condition qu’il n’y n’y ait pas trop d’enfants, ça fait désordre,
Le train ouvert à la concurrence, autrement dit la concurrence comme panacée, ils n’ont rien contre.
Je dois en oublier.
Ah, oui : la sécularisation, c’est-à-dire la conviction chevillée au corps et à l’esprit que, dans l’espace public, aucune croyance ne vaut… ils n’ont rien contre, je suis prêt à le parier.
Quels sujets leur restait-il sur lesquels ils auraient pu être pugnaces et contestataires ?
Quelques peccadilles. L’hypermnésique Macron les y attendait de pied ferme. Ils n’ont pas fait le poids. Notre cher, jeune, dynamique et beau président a réussi un fort joli coup médiatique ! Tant pis pour la politique, tant pis pour la France.
Commentaire par Denis Monod-Broca — 16/04/2018 @ 19:47
Bonjour. J’ai cru halluciner en voyant autant d’agressivité et d’irrespect sur le visage de Bourdin, surtout, l’intimidation physique, le fait de d’empêcher le président de répondre etc… Et puis dans la deuxième partie de l’émission, bien plus calme, j’ai eu le sentiment que, Bourdin surtout, n’avait fait qu’endosser un rôle d’acteur, pour mettre en scène l’anti-macronisme dernières semaines, avec ce qu’il a de violent et borné.
Il a d’ailleurs glissé, vers la fin de « l’interview », qu’il n’était qu’un porte parole, et qu’il n’avait pas exprimé ses opinions. Est-ce qu’il est plausible que Bourdin pratique le journalisme comme un acteur, surtout, et qu’il ait eu pour ambition, seulement, de servir la parole de Macron ?
Commentaire par alain boissy — 17/04/2018 @ 18:17
Alain, vous posez des questions qui contiennent en elles mêmes les réponses ! BIEN EVIDEMMENT, Bourdin est là pour mettre en valeur Macron … Plenel, dans sa spécificité, aussi ! Je suis, pour des raisons différentes pour chacun des trois protagonistes, en désaccord avec chacun …
Quel est le problème de Macron, en ce moment ? Très simple : il est en désamour avec la base « populaire » des électeurs qui l’ont soutenu au premier tour et, plus encore, au second tour … Comment faire pour remonter la pente, même si ce n’est que de quelques points ? Faire participer Bourdin et Plenel, lesquels dans leurs créneaux respectifs, atteignent plus facilement certaines couches (Bourdin, le peuple de droite; Plenel, les « intellos » de gauche) à un « show » médiatique parfaitement calibré, y compris dans son style qui omet volontairement l’expression « Monsieur le Président de la République ».
Bernard Arnault, première fortune de France, propriétaire du quotidien « Les Echos » depuis plusieurs années, vient de racheter « Le Parisien libéré » … Croyez vous que ce soit pour gagner de l’argent ? EVIDEMMENT NON !
Commentaire par Jacques Heurtault — 17/04/2018 @ 20:44
Entre le procédé éculé de la « captatio benevolentiae » des questions posées par les interviewers et l’art de l’esquive habilement maîtrisée par le PDR lequel « en même temps » les avait choisis, donc voulus il ressort de cet « entretien d’évaluation » à l’issue d’un an après celui « d’embauche », qualifiés comme tels par BFM TV suggérant que l’exercice du pouvoir ne saurait être la conquête du pouvoir c’est un sentiment de dévaluation de l’exercice d’interview politique : les exagérations, les inexactitudes voire les approximations des uns comme de l’autre font qu’au fil de l’émission pour reprendre l’expression d’un communicant : « On voit Jupiter qui devient Hercule, donc qui perd un degré de divinité, et qui, à la fin des fins, devient un simple gladiateur. Là, on admire l’effort. Je ne pense pas qu’il en sort grandi, mais on peut lui trouver de la ténacité et du courage »
En réalité cet entretien répondait à un double objectif, plutôt contradictoire comme le rappelle ce spécialiste : « Restaurer l’autorité présidentielle, mise à mal par un vent de contestations face aux réformes, tout en offrant un exercice de vérité, sans concessions. « La volonté de l’Elysée, c’était une volonté « en même temps » : sacraliser la fonction présidentielle, avec un décor incroyable, la descente de l’escalier et la tour Eiffel, et de l’autre, ce qui est schizophrénique, brutaliser le président dans des conditions assez terribles. »
Un exemple (parmi mille) de l’art de l’esquive…
Le « verrou de Bercy » désigne, en substance, le monopole qu’exerce le ministre du Budget sur les décisions de poursuites judiciaires en matière de fraude fiscale en France.
Edwy Plenel rappelle que : «L’évasion fiscale, c’est le seul délit que la justice ne peut pas saisir d’initiative et que 20% des cas de fraudes fiscales sont transmis à la justice».
Réplique d’Emmanuel Macron : « Le président de la République, pas plus qu’un ministre, ne donne d’instruction pour lancer un contrôle fiscal » et précise que Mediapart a eu maille à partir avec l’administration fiscale. « Ce ne n’est pas digne de vous ! », lance Plenel.
Macron vient de rappeler que Médiapart a été l’objet d’un contrôle fiscal pour s’être affranchi de payer le taux plein de la TVA.
…où l’arroseur devient l’arrosé !
Commentaire par Ardrich — 18/04/2018 @ 09:03
Pour régler ce problème fiscal, le plus simple n’est-il pas : un seul taux de CSG, un seul taux de TVA, un seul taux d’Impôt sur le Revenu, … un seul taux d’impôt sur le patrimoine ? Mais, pour ce dernier, le Président de la République l’a déjà mis en place : 0% !
Commentaire par Jacques Heurtault — 18/04/2018 @ 10:06
« Exécutif 1 – Journalisme 0 », nous dit Aliocha. Elle a raison. Mais je ne suis pas sûr qu’elle tirait la même conclusion quand c’était les passe-plats habituels, du genre Alain Duhamel, qui interrogeaient le président de la République.
Commentaire par Michel Davesnes — 26/05/2018 @ 19:14
Ardrich, reprendre à votre compte le mensonge de Macron ne fait pas une vérité. Il n’y a que les personnes de mauvaise foi qui reprochent à Médiapart d’avoir voulu truander le fisc. Puisque vous me priez de raconter l’histoire, là voici. Médiapart et un collectif de journaux en ligne, dont Arrêt sur images de Daniel Schneidermann, se sont battus pour ne plus continuer à subir une distorsion de la concurrence en payant plein pot la TVA alors que les journaux papier ont une TVA allégée. Ce combat, Médiapart et les autres l’ont gagné puisque la loi leur a finalement donné raison. Pour mener à bien ce combat, Médiapart et d’autres ont payé la même TVA que leurs concurrents et ont consigné la différence sur un compte bloqué pour bien montrer que leur intention n’était pas de frauder. Le redressement fiscal vient de ce que le FISC n’a pas apprécié ce combat des journaux en ligne. C’est un peu comme pour le verrou de Bercy, les Impôts ont une fâcheuse tendance à vouloir imposer leurs vues aux politiques et à prendre des décisions en fonction de leur intérêt primaire. À une moindre échelle, je pourrais vous parler du combat d’Acrimed pour obtenir un abattement fiscal pour ses membres et ses donateurs. J’en sais quelque chose puisque j’ai participé à ce combat. Il a fallu se battre comme des chiens et épuiser tous les recours judiciaires pour faire rendre gorge au FISC :
http://www.acrimed.org/Le-ministere-des-Finances-perd-sa-bataille?recherche=Abattement%20fiscal
Commentaire par Michel Davesnes — 26/05/2018 @ 19:26
Plaisir de lire les échanges ci-dessus et les commentaires de M. Davesnes ainsi que le « combat » (pourquoi toujours utiliser du vocabulaire guerrier ?) d’Acrimed. Plaisir en effet car je constate que l’optimisation fiscale n’est pas le monopole des affreuses entreprises (les « grosses », évidemment) mais que l’approche intellectuelle (et « managériale », osons le mot) qui est la sienne irrigue également organes de presse et associations « combattantes ». Peut-être nos journalistes combattants comprendront-ils mieux dorénavant qu’optimisation n’est pas forcément fraude fiscale, et qu’il s’agit en effet toujours de savoir interpréter ou d’oser interpréter une réglementation fiscale toujours extrêmement complexe – le juge reste l’arbitre si l’administration fiscale le veut, pas les journalistes et autres activistes militants.
Commentaire par Alang — 27/05/2018 @ 11:20
@ Alang
Il n’y a que vous pour croire que l’on peut confondre optimisation fiscale et fraude fiscale. Comme il n’y a sans doute que vous pour confondre la gymnastique que peuvent entreprendre, à grands renforts d’avocats fiscalistes payés très cher, ceux qui ne veulent pas contribuer au bien commun et les démarches d’une petite association qui essaie simplement de survivre.
Commentaire par Michel Davesnes — 28/05/2018 @ 00:41
Non, mauvaise pioche, vous ne m’apprendrez pas la différence entre optimisation et fraude fiscales. Optimiser ne veut pas dire refus de contribuer au bien commun (comme Mediapart et Acrimed devraient bien le savoir, c’était d’ailleurs là mon propos) mais simplement s’assurer qu’on paie bien son dû et pas plus, une vérification que la complexité de la réglementation fiscale rend parfois indispensable, a fortiori quand elle s’articule avec des réglementations étrangères. Je croyais avoir vu une paille dans votre oeil, et avais plaisir à imaginer que, tout « combattant » que vous êtes peut-être, vous aviez appris une douce leçon. Eh bien non, c’est une poutre, pas d’acte de contrition, mais du mépris et de l’agressivité envers ceux qui pour une fois vous observent. Indécrottable suffisance de ceux qui comme vous s’érigent en France en « médiateurs » ou en « observateurs », avec au passage, encore une leçon de morale en chocolat, et qui alimentent le populisme – avant toute …
Commentaire par Alang — 28/05/2018 @ 11:40
Michel Davesnes je vous remercie bien vivement de me donner l’occasion de vous éclairer car, voyez-vous, la vérité judiciaire c’est que Médiapart, ne vous en déplaise, s’est auto-appliqué de 2010 à 2013 de manière rétroactive le taux super réduit de 2,10 % qui a été étendu à la presse en ligne à compter du 1er février 2014 par l’Etat français ce qui pose la question de sa conformité avec la directive européenne et donc précisément de la distorsion de concurrence à l’intérieur de UE.
Une réflexion a d’ailleurs été engagée au niveau européen pour aligner les taux de TVA applicables aux livres traditionnels et aux livres numériques ce qui ne peut être envisagé sans une modification de la directive TVA (Com. UE, 6/12/2011, IP/1508).
La Commission Européenne a donc exercé en 2013 un recours en manquement contre la France et le Luxembourg et déclaré l’application du taux réduit sur les livres numériques illégale (V. CJUE 5 mars 2015, aff. C-479/13 et C-502/13 pour la distinction du téléchargement de livres sur support physique et ceux sur support numériques).
Aussi, puisque vous me reprochez de reprendre à mon compte le mensonge de l’un et donc la vérité de l’autre de chose jugée laquelle répond à la définition qu’en donne Aristote à savoir que : “la propriété d’un jugement affirmant que ce qui est est ou ce qui n’est pas n’est pas”
Ce qui est c’est donc bien cette vérité judiciaire du Conseil d’Etat dans son arrêt n° 404625 du 28/12/2016 lequel a rappelé a Médiapart que les dispositions de la directive 2006/112/CE sont inconditionnelles et précises en tant qu’elles interdisent aux Etats membres d’appliquer un taux réduit aux abonnements à des publications en ligne.
Ce que d’ailleurs a confirmé la Cour de Justice de l’Union Européenne en rappelant que l’application du taux normal aux publications numériques n’est pas contraire au principe de neutralité de la TVA (CJUE 07/03/2017 aff. C- 390/15).
Cela étant, même si idéologiquement Médiapart n’est pas ma “cup of tea” je lui reconnais légitimement la faculté de prendre, dans notre Etat de droit, la défense d’un intérêt collectif lequel transcende la simple addition d’intérêts particuliers, en revanche, chacun dans l’intérêt général a le devoir de respecter la règle fiscale qui doit, par principe, être la même pour tous dans une société démocratique.
A cet égard, si le diptyque légal/légitime est un questionnement nécessaire pour faire évoluer le “droit objectif” (droit dans Etat donné à un moment donné) lequel fait l’objet de savants débats académiques pour autant confondre l’arme légale du droit destiné à faire triompher l’intérêt légitime et son utilisation illégale c’est prendre le risque de la qualification légale d’abus de droit : Médiapart manquerait-il de transparence voire de bonne foi ?
Enfin, étant réfractaire à toutes formes de juridiction d’exception comme l’est l’institution du CIF (Commission des Infractions Financières dit “verrou de Bercy ”) avec son principal reproche qui serait son manque de transparence sur ce point sachez que je ne reprends donc pas à mon compte l’opinion E. Macron.
Avec Aliocha, en effet : « Exécutif 1 – Journalisme 0 »
Commentaire par Ardrich — 29/05/2018 @ 09:12
@ Ardrich,
Vous avez beau ergoter tant que vous voudrez, ce que je sais, c’est que les évolutions de la société précèdent toujours la loi, qu’il faut parfois bousculer pour faire évoluer les choses. Si les femmes qui avaient avorté clandestinement ne l’avaient pas revendiqué haut et fort, notamment lors du manifeste dit des « 343 salopes », il n’y aurait pas eu les lois Veil derrière. Ceci dit, je ne vois pas en quoi Médiapart manque de bonne foi vu que ce site a revendiqué son action d’autoréduction de la TVA. Tout en plaçant le différentiel sur un compte bloqué. Ce qui a été dégueulasse (notion subjective), et contraire aux usages, c’est les tracasseries de Bercy envers Médiapart après cette épreuve de force. Habituellement, quand la loi finit par rejoindre une logique de justice et d’équité, ça finit par une amnistie. Là, on contraire, Bercy s’est acharné au point qu’on pourrait effectivement se demander si le rôle de Médiapart dans l’affaire Cahuzac, couvert par Bercy rappelons-le, n’est pas la véritable raison de cet acharnement.
Au passage, à moi aussi Médiapart n’est pas ma tasse de thé et je n’ai toujours pas oublié le rôle qu’a joué le moustachu pour faire du Monde le torchon qu’il est devenu. Mais pour autant, il a eu raison de mener cette bataille (avec d’autres, rappelons-le) pour l’alignement de la TVA.
Commentaire par Michel Davesnes — 30/05/2018 @ 11:02
Mouais bon…si moi j’ergote alors vous vous divaguez ! Se payer un redressement fiscal de 3,3 M € même partiellement payé (alors que seul le montant de la pénalité avait été provisionnée notamment grâce au recours de ses 140 000 abonnés) pour une bataille certes légitime mais légalement risquée faute de preuve d’un manquement délibéré (mauvaise foi) force est de reconnaître que le TA de Paris dans sa décision du 22/05/2018 n°1609984/2-1 et N°1615478/2-1, en période de disette budgétaire fiscale, a donc su se montrer « politiquement magnanime » à lire les considérants 17,18 et 19…Peut-être Médiapart a-t-il gagner une bataille seul l’avenir nous dira s’il a gagné la guerre.
Commentaire par Ardrich — 30/05/2018 @ 13:13