On me dit qu’il y a encore des gens qui n’ont pas lu Absolument dé-bor-dée de Zoé Shepard. Notez, absorbée par quelques tracas mineurs d’ordre privé en 2010 lors de sa sortie, je l’avais manqué. Erreur réparée pour mon plus grand bonheur dimanche après-midi !
Il vient de sortir en poche, par conséquent vous n’avez plus aucune excuse pour passer à côté, l’effleurer d’une main hésitante, et renoncer, on ne sait trop pour quelle raison, à faire cette acquisition de choix. Surtout que par un mois de novembre qui promet d’être aussi pluvieux que le précédent, les occasions de rire doivent être saisies au vol et sans délai. Les plus anciens lecteurs de ce blog se souviennent sans doute du lien dans ma blogroll vers « Eloge de la pipeautique » où l’auteur racontait jour après jour ses premiers pas d’administratrice territoriale dans une collectivité. On y découvrait The Boss, sa fidèle secrétaire surnommée Coconne, le Don (le maire), Simplet, membre éminent du gang des chiottards (le cabinet du maire) et autres personnages savoureux. Eh bien Absolument dé-bor-dée, c’est la compilation de ces inoubliables billets étincelants d’humour, décapants d’insolence, impertinents en diable.
Pour vous mettre en bouche, un extrait pris au hasard (vous l’ouvrez à n’importe quelle page et vous hurlez de rire, donc non, je n’ai pas pris la bonne feuille qui vous inciterait à verser une obole de 7,20 euros au marchand pour vous apercevoir que vous auriez pu vous contenter de lire ce tout petit billet):
Zoé Shepard raconte l’arrivée dans le service d’un stagiaire surnommé Bizut. Elle vient de l’inviter à entrer dans son bureau et, forcément, ça se passe mal, comme tout le reste dans cette collectivité :
« Je vois la poignée s’abaisser convulsivement plusieurs fois sans que rien ne se passe.
– Il y a un problème ?
– je n’arrive pas à ouvrir la porte m’informe-t-il de l’autre côté.
S’il n’y arrive vraiment pas, deux conclusions s’imposent : il a le parfait profil pour travailler dans le service ; il va rapidement devenir chef. Ne pas réussir à ouvrir une porte, même Coconne ne me l’avait jamais faite. Je pose la pile de dossiers par terre, vais ouvrir la porte et m’écarte pour laisser passer un Bizut écarlate. Joignant le geste à la parole, j’explique doctement : pour ouvrir une porte je vous suggère une méthode qui nous vient d’Indonésie. Il suffit de mettre la main sur la poignée et hop, d’un coup sec, vous abaissez la poignée et vous poussez la porte.
– C’est vraiment indonésien ?
– Non, ouvrir une porte c’est international…quoique, au Japon c’est un peu différent, les portes coulissent.
– Comme les rideaux métalliques des boutiques ?
– Non elles coulissent horizontalement pas verticalement. Comme dans les films d’Ozu par exemple.
– O-quoi ?
– Ozu… Le gout du riz au thé vert, Crépuscule à Tokyo…
Le Bizut me regarde, les yeux emplis de détresse et je précise :
– Elles coulissent comme dans une ancienne pub pour le déodorant Obao
– Ah oui ! Je me souviens ! s’exclame-t-il rasséréné que nous ayons enfin une référence commune ».
Le plus drôle dans cette histoire, c’est que l’auteur a eu beau changer les noms, les lieux, et faire tout ce qui était possible pour anonymiser le livre, certains fonctionnaires se sont reconnus et n’ont pas hésité à la dénoncer. C’est dire si le récit est l’exact reflet de la réalité…Cela lui a valu 4 mois d’exclusion ferme et six mois avec sursis. Que les fonctionnaires qui me liraient se rassurent, il me semble que le privé n’a rien à envier au népotisme et à la glandouille généralisée qu’on nous décrit ici….En tout cas, j’en aurais autant à raconter sur mon quotidien. Ceux qui la connaissent déjà seront ravis d’apprendre que Zoé Shepard vient tout juste de publier son second livre : Ta carrière est Fi-Nie.
Mais au final, elle non plus n’en fout pas une rame. Sans compter que si malversation il y a elle devrait les dénoncer au Procureur, non ? A ce demander à quoi sert l’ENA…
Commentaire par Efelle — 06/11/2012 @ 10:00
J’avais également beaucoup aimé cet opus, drôle et grinçant. En revanche, j’ai été très déçue par son second Ta carrière est fi-nie que j’ai trouvé excessivement caricatural, avec des dialogues mal écrits, tout était « trop »…j’ai vraiment eu l’impression d’avoir à faire un plat réchauffé…mais en beaucoup moins savoureux que le premier. Dommage ! Zoé Shepard aurait dû s’arrêter au premier..
Commentaire par Gaëlle — 06/11/2012 @ 12:25
J’aime beaucoup le seul film que je connais d’Ozu, mais la référence est franchement snobinarde, dans le contexte.
Commentaire par Martin K — 06/11/2012 @ 13:36
Bonjour Aliocha,
« … j’explique doctement : pour ouvrir une porte je vous suggère une méthode qui nous vient d’Indonésie. Il suffit de mettre la main sur la poignée et hop, d’un coup sec, vous abaissez la poignée et vous poussez la porte. » Si en plus, elle s’autorise la pratique d’un humour glacé et sophistiqué, c’est la fin de tout.
Une variante pour ceux ou celles qui entrent sans frapper et sans y être invités dans une pièce: « Stop! Arrêtez-vous (en règle générale, l’individu s’arrête interloqué)… Fermez le poing (Là, il s’exécute sans trop comprendre)… Frappez deux fois sur la porte (il s’exécute derechef toujours sans comprendre)… Là, vous soyez, vous savez frapper à une porte alors vous allez ressortir, refaire la même chose et lorsque vous entendrez « Entrez », vous pourrez rentrer et nous verrons ensemble l’objet de votre visite… » Effets et efficacités garantis.
Bonne journée.
Commentaire par H. — 06/11/2012 @ 14:20
Au delà de son livre, l’état lamentable de ces « entités territoriales » additionnées aux fonctionnaires d’état et e-narques montre à quel point ce ne sont pas 10 milliards annuel que ces gabegies nous coûtent mais 10 fois plus c’est à dire 100 milliards et ce, au détriment de la compétitivité de nos entreprises
Commentaire par zelectron — 06/11/2012 @ 14:47
je n’avais pas manqué le livre à son époque, ni même son blog avant qu’il ne devienne privé.
Non elle n’a pas été reconnu par le contenu mais dénoncée, parce que ceux qui suivant le blog reconnaissaient non les personnages, mais les situations professionnelles. Parler de gens un peu concon, c’est comme les horoscope, tout le monde y retrouve son voisin.
Ensuite ce livre a surtout servi à dénoncer le climat dans les administrations ce qui a permis de virer des « sans grade » mais ne vous inquiétez pas, ceux qui sont à la base de tout ce merdier y sont toujours. Dans toutes les administrations on ne fait que virer ceux qui travaillent augmentant la charge de travail de ceux qui restent, ceux qui sont nommés par copinage, qui foutent rien sauf mettre une mauvaise ambiance et palpent un max en salaire et avantages seront toujours là.
Commentaire par herve_02 — 06/11/2012 @ 15:19
Il manque juste une précision : Zoé exerçait (ou exerce-t-elle encore ?) ses talents dans un Conseil Régional du Sud-Ouest à majorité socialiste. Quand on sait que 21 des 22 Conseils régionaux sont contrôlés par le PS et que ce parti veut accéléré et étendre la « régionalisation » c’est-à-dire accroître les pouvoirs de ces grands-duchés, et quand on sait enfin que la fonction publique territoriale n’a cessé d’augmenter ses effectifs quand l’État et les hôpitaux contenaient les leurs, on ne peut être optimistes pour la gouvernance de notre pays. La France prend le chemin de l’Italie au moment où celle-ci reconcentre… Mais avec la bande à Hollande, du moment que c’était dans le programme…
Commentaire par NewParadigm — 06/11/2012 @ 15:35
@Efelle : pas si simple. Le devoir de réserve impose beaucoup de restrictions quant à ce qu’on peut remonter. Comme je l’ai déjà entendu : « le statut de fonctionnaire prime sur celui de citoyen ».
Commentaire par Larry C. — 06/11/2012 @ 16:03
Je m’étonne d’ailleurs que, souvent, quand on parle de fonction publique, on évoque toujours celle de l’Ëtat (la police, les profs, etc.) et plus rarement la territoriale…
Commentaire par DM — 06/11/2012 @ 16:40
Lu et apprécié.
Oui, c’est là qu’il faut faire le grand nettoyage.
Ce que j’entends aujourd’hui tout au long de la journée me conforte dans mes idées.
Hélas, sans pouvoir, sauf celui du vote, mais somme toute peu efficace…..
Commentaire par jeanne — 06/11/2012 @ 17:25
Et bien moi je ne l’ai pas lu le livre de Zoé.
Faut dire que je travaille dans une collectivité locale… ;o)
Commentaire par mussipont — 06/11/2012 @ 18:08
Je n’ai pas lu le livre.
Je ne travaille pas dans la territoriale.
Je n’apprécie pas pour autant la critique « les fonctionnaires sont des feignasses », « l’Etat dégraisse mais pas les collectivités », « C’est normal, c’est un nid à socialo' » … Je résume.
Le fait est que la décentralisation n’a pas été menée correctement : le but était de transférer les compétences de l’Un vers les Autres, agents ET ressources. L’Etat n’a pas transféré, ni les agents, ni les fonds. Par contre, il a élargi les compétences des régions. Je ne suis pas la seule à le dire et la cour des comptes s’en est fait l’écho, récemment.
La « glandouille » ne dépend que du patron local : question d’exemple et d’ambitions locales, que l’on soit dans le privé ou dans le public.
Le seul « avantage » dans le public, c’est la nomination, par l’élection, du dirigeant.
Les électeurs n’ont que ce qu’ils méritent.
Commentaire par fultrix — 06/11/2012 @ 19:07
@ NewParadigm :
Ou comment le présent billet recoupe mes récentes interrogations sur la nécessité des « véritomètres ».
Vous trouverez en suivant le lien ci-dessous un complément d’information à votre propos : à savoir que si augmentation de la FTP il y a eu, c’est en liaison avec les transferts de compétences de l’Etat vers les collectivités locales.
http://owni.fr/2012/03/12/sarkozy-cale-sur-le-local/
Juste un extrait :
« La loi relative aux libertés et responsabilités locales du 13 août 2004 […] prévoit le transfert aux collectivités locales d’un nombre important de compétences. Les Régions deviennent l’autorité responsable notamment de la politique régionale d’apprentissage et de formation professionnelle des jeunes et des adultes ; de la construction, l’entretien, l’équipement et le fonctionnement des lycées ou encore l’organisation des services de transport routier non urbain des personnes et des transports ferroviaires de la région.
Même état des lieux pour les structures intercommunales. De plus, outre les compétences transférées officiellement par l’Etat à ces regroupements de communes, nombreuses sont les intercommunalités qui prennent de nouvelles compétences à leur charge à la demande des communes comme la collecte et traitement des déchets ménagers, la gestion de structures culturelles à rayonnement régional ou encore les aides au développement économique.
Avec une telle évolution, guère étonnant que les effectifs des Régions aient explosé : selon la DGAFP et l’Insee, ils passent de 9 468 fonctionnaires en 1998 à 11 498 au 31 décembre 2005 et même 78 618 au 31 décembre 2009. Soit une augmentation de 730 % du nombre de fonctionnaires. »
Ceci étant dit, je sais, pour avoir pas mal bourlingué dans le monde de l’entreprise, que la gabegie est loin d’être l’apanage du public… Tel responsable des achats qui se retranche derrière les accords – cadre au lieu de faire valoir les substantielles économies à réaliser en traitant avec le prestataire local, tel agent de maîtrise qui confond le matériel de l’entreprise avec celui de sa maison, tel responsable syndical qui n’en fout pas une rame, pendant que les collègues triment afin de compenser…
Bon, j’arrête là. De toutes façons, on a tous une ribambelle d’exemples en tête, qui pourraient bien, s’ils étaient corrigés, aider au « choc de compétitivité » dont tout le monde se gargarise !
Commentaire par Zarga — 06/11/2012 @ 20:06
@ Fultrix :
D’autant que ceux qui sont les plus enclins à taper sur le « mammouth » sont ceux-là même qui vantent à l’étranger notre fonction publique, comme étant un des atouts de notre pays !
Cherchez l’erreur !
Je dirais que la décentralisation a surtout été un éclatement de la centralisation.
Pourquoi n’arrivons nous pas à nous inspirer de ce qui marche chez ceux de nos voisins qui fonctionnent depuis des lustres selon un modèle décentralisé ?
Mystères insondables de l’univers…
Commentaire par Zarga — 06/11/2012 @ 20:13
Si vous voulez aider au « choc de compétitivité », et notamment avec les Chinois, pourquoi ne proposez-vous pas de payer les salariés un bol de riz par jour ? Ça permettrait de rouvrir nos usines textiles.
Commentaire par Gilbert Duroux — 07/11/2012 @ 00:41
C’est marrant que vous en parliez maintenant: il se trouve que je connais très bien quelqu’un qui était avec la demoiselle en question lors de son passage à sciences po.
Apparemment, elle y a laissé le souvenir d’un esprit brillant, aux capacités de lien social proches de celles du bulot… ce qui correspond très bien à son bouquin
Commentaire par Javi — 07/11/2012 @ 09:17
A Aliocha :
Arf, c’est tellement convenu comme critique tellement plein de clichés qu’on nous ressert à n’importe quelle machine à café (y compris dans ces mêmes collectivités où certains agents ne sont pas les derniers à alimenter ces clichés) ou bistrot qu’à peine lu qq passages j’ai su à quoi m’en tenir et passé mon chemin. Je ne dis pas que c’est dépourvu de talent, mais d’originalité et de pertinence dans cette fausse impertinence qui caresse la société dans le le sens du poil en oubliant d’y mettre du vrai grattant qui démange.
Parce que comme vous dites bien le public n’a pas le monopole de la gabegie (comme on s’en aperçoit en ayant fréquenté le public et le privé), qu’on oublie souvent qu’il y a une majorité de gens dans le public attaché à bien faire son taf (je ne connais pas la réalité des cabinet des maires, conseillers régionaux ou généraux mais, outre que je suis persuadés que nombreux sont ceux qui font bien leur boulot, n’oublions pas que les collectivités territoriales ce sont avant tout de « simples » agents qui les font tourner – parfois sur trois pattes à leur grand dam en premier lieu), avec une notion de service public chevillée au corps, qui sont les premiers à se prendre dans la poire les lourdeurs administratives et les premiers à les déplorer quand elles ne les ont pas encore usés, et qui souffrent des aberrations manageriales qui, quand elles sont là, perdurent plus que de raison il est vrai tant une direction d’établissement qui perd la tête est difficile à faire revenir à la raison (par elle-même ou par les instances censées les contrôler).
Je l’en veux de réagir plutôt que laisser pisser, mais s’il y a bien un bouquin qui me donne de l’urticaire c’est celui-là;
Sinon bonne journée Aliocha (sachez que j’ai toujours plaisir à vous lire).
Commentaire par Gwynplaine — 07/11/2012 @ 09:28
Ainsi Mme Zoé, cadre supérieure dans la FPT, n’a pas réussi à mettre son équipe au travail et impute son échec au stagiaire, à la sécrétaire tous les deux débiles légers (pas de bol! hein) …enfin à tout le monde sauf à elle-même. Un peu de doute, de remise en question et d’empathie envers les personnes avec qui elle devait travailler lui aurait peut-être permis d’avancer.
Excusez-moi mais je ne vois pas l’intérêt de mettre d’office mal à l’aise un stagiaire : c’est un peu facile à sa place de chef et ça montre le peu de respect que les autres lui inspire ainsi qu’un sens du devoir peu élaboré. Ben ouais, elle est chef, elle représente la collectivité pour laquelle elle travaille et doit adopter un comportement responsable quel que soit par ailleurs ses goûts personnels (on ne vient pas au travail pour se faire des amis mais pour travailler ensemble).
Pas étonnant qu’avec une hiérarchie pareille les agents cherchent à s’échapper par tous les moyens !
Enfin je note qu’elle n’a pas songé à se trouver un autre travail (facilement en regard de ses grandes capacités) ; j’en conclus que finalement elle doit se trouver bien là où elle est.
Commentaire par le Grillon — 07/11/2012 @ 10:31
@Grillon
En plus, il est fort probable que la presque totalité soit du flan total. ce qu’on appelle « license poétique » ou « blabla journalistique ». J’ai plus de 45 ans et j’ai traîné mes guêtres dans pas mal d’endroit et je n’ai JAMAIS vu une personne qui ne sait pas ouvrir une porte, sauf lorsque la porte coince ou la poignée marche mal. Parce que si les gens ont porté plainte et ont eu gain de cause, c’est que les situations si ubuesque n’étaient pas aussi véritablement claire. Un mec accusé de détournement de fond, sans que l’on précise son nom et qui le fait ne va pas porter plainte. Faut pas prendre les gens pour des tanches.
Elle a du récolter la seule personne du monde qui n’arrive pas à ouvrir une porte : on a les subordonnés que l’on mérite ?
Commentaire par herve_02 — 07/11/2012 @ 11:39
Oula, qui ose déboulonner mon idole ici ?!!! A ceux qui critiquent – c’est leur droit – je dirais que ce qui m’intéresse dans son livre, ce n’est pas la dénonciation d’une certaine fonction publique. pas plus que je n’ai lu le livre comme étant une description objective et exhastive du fonctionnement de sa collectivité. Je trouve juste qu’elle dénonce avec beaucoup d’humour des travers de caractères que nous avons tous connus dans nos vies professionnelles, enfin moi je les ai connus et les connais encore. Notez, on est toujours le con de quelqu’un et je dois moi aussi en irriter plus d’un même si je suis convaincue que c’est le monde qui tourne de travers et moi qui ai raison. Un stagiaire qui ne sait pas ouvrir une porte ? oui, ça ne me surprend pas, quand on débarque quelque part, qu’on est jeune et timide, ça vous rend un peu balourd. Elle tourne le truc en dérision, y’a pas mort d’homme. Ozu ? Jamais vu personnellement, c’est peut-être snob comme référence mais c’est indispensable au ressort comique : Ozu contre Obao, ciné d’auteur contre pub. Le stagiaire s’en remettra…
Commentaire par laplumedaliocha — 07/11/2012 @ 12:20
Comme d’autre, le petit grief que j’aurais adressé à son livre vise moins son auteur que la réception du livre par les lecteurs: en effet, la satire se fonde sur une expérience personnelle et spécifique, propre à un type de collectivité bien identifiée (les conseils régionaux). Il ne s’agit pas pour ma part de faire l’éloge des administrations prétendument vertueuses de l’Etat, en opposition aux collectivités territoriales, supposément refuges du népotisme, de la corruption ou autres péchés: la vérité simple est que les Régions sont des administrations qui peinent encore à former leur identité et manquent de reconnaissance de la part de leurs administrés. Comme il s’agit de collectivités de « mission » dont le champ de compétences demeure flou, à l’inverse des Départements qui assurent désormais un rôle bien identifiée de gestion et d’administration (aides sociales, routes, transport, patrimoine…), la tentation est grande pour leur pouvoir politique de déborder du cadre de leur prérogative, et s’emparer de sujets glamour ou tape-à-l’oeil. Et on se retrouve avec le gourou Jérémy Rifkin conduisant une mission de prospective stratégique à plus de 300 k€ pour le compte du CR du Nord-Pas-de-Calais.
Et comme les électeurs ne pigent que dalle à l’organisation administrative de la République, ceux-ci tombent dans le panneau en accordant leur suffrage à des candidats locaux qui promettent monts et merveilles. Dans ma région, la liste (PS) avait un programme qui comportait entre autre une action de « maîtrise raisonnée de l’urbanisation pour préserver le cadre de vie ». Pourquoi pas, le thème est pertinent, susceptible de trouver un écho auprès des personnes qui ont une fibre plutôt écolo. Manque de pot, les régions n’ont pas d’attribution particulière de compétences en ce qui concerne l’urbanisme, et quelqu’un qui sait comment çà se passe réellement (autrement dit un agent du secteur public) rétorquera qu’il ne voit pas ce que compte réellement faire la Région sur cette thématique, mis à part recruter des « chargés de mission » sur des postes flous, qui feront ensuite tapisserie lors des réunions de concertation organisées par les mairies ou les intercommunalités dans le cadre de l’élaboration des documents d’urbanisme, qui relève de leur responsabilité.
Cet exemple parmi d’autres pourrait se multiplier à l’envi: si on annulait la clause générale de compétence, comme il fut suggéré en son temps sous Sarkozy, on pourrait mettre à la poubelle la plupart des programmes électoraux des candidats régionaux. Zoé Sheppard n’appartenait-elle d’ailleurs pas à un service plutôt fumeux de représentation de la région à l’international?
Maintenant, et comme l’explicite Aliocha dans son commentaire n°20 il reste certain que le monde professionnel et particulièrement le secteur public demeurent affectés par des absurdités de fonctionnement pénibles, tandis que les employés échouent souvent à trouver du sens à leur travail, un grand mal français. Les exagérations fort probables de ZS doivent avoir une part de vérité, même si les aigreurs et les rancunes de l’auteur contribuent à exacerber son jugement.
Commentaire par Switz — 07/11/2012 @ 14:29
C’est quand même rigolo l’art qu’on a dans ce pays de polémiquer. En publiant ce billet, je m’attendaiss à trois commentaires maximum disant au choix j’ai lu, j’ai pas lu merci du conseil, j’ai aimé/pas aimé. Mais alors là, j’suis bluffée. Et si on riait, tout simplement ? Sans chercher de sens socio-philosophico-idéologique caché ? Il y a quelques semaines, j’appelle mon éditeur. Ligne de l’éditrice : sonne dans le vide. De la secrétaire : dans le vide également. Me voici au standard. La dame essaie les deux lignes : rien. Je lui propose poliment de prendre un message pour m’éviter de rappeler dans le vide toute la journée. Réponse : Impossible, je quitte mon service dans 34 minutes (notez la précision du truc). Moi : euh….35 minutes ça me parait suffisant pour noter : Aliocha a appelé, voici son numéro. (je le sais, j’ai été standardiste 5 ans pour financer mes études, même qu’il y avait déjà à mon époque des formulaires pré-remplis, suffisait de remplir les cases). Réponse de la dame : non, je ne peux pas, on nous interdit désormais de prendre des messages parce qu’ils étaient incomplets ou se perdaient et ça faisait des histoires.
Voilà, c’est une boite privée, personne n’est stupide ou tir-au-flanc là-dedans, mais le système globalement est absurde. Du coup, je trouve que ça fait du bien quand quelqu’un s’en empare pour faire rire….
Commentaire par laplumedaliocha — 07/11/2012 @ 15:42
Vous me surprenez un peu à rire d’une scène où l’auteure se complaît dans l’humiliation et ne fait preuve d’aucune empathie.
Personnellement si je vois un(e) collègue se conduire comme ça avec un stagiaire je me retiendrai difficilement de lui cracher dessus.
Commentaire par gf — 07/11/2012 @ 20:41
@ Aliocha :
Pas de stress, chère hôtesse : ma théorie concernant le goût de la polémique, tient à l’inconscient collectif canal « reptilien ». Ce serait selon moi une résurgence du fond gaulois qui traîne encore en quelque replis mal identifié de notre cerveau, et qui continue à alimenter une certaine appétence pour la querelle, la controverse façon village d’Astérix… C’est plutôt sain, non
Moi j’ai pas lu le bouquin, je me constitue des piles de livres que je garde pour plus tard. J’aime bien être à contretemps.
Commentaire par Zarga — 07/11/2012 @ 22:29
Et vous trouvez ça drôle ? (Coluche)
Commentaire par Gilbert Duroux — 08/11/2012 @ 00:41
@Aliocha: c’est drôle parce que c’est méchant. Et c’est bien là le problème: certains lecteurs/trices n’ont pas vu les exagérations à but purement humoristiques. Peut-être parce que, comme son caractère semble le montrer, l’auteur elle-même ne faisait pas la différence entre satire et parodie.
C’est pour ça que le deuxième est moins bon: ZS croyait réellement à ce qu’elle disait sur ses collègues fonctionnaires. C’est cette croyance qui lui donnait la capacité à tourner la chose de façon drôlatique. Parce qu’elle voulait dénoncer.
Dans le même genre, « les pieds sur le bureau » de Buron, plus ancien, résiste mieux, car l’auteur y aime les personnages, et ça se sent à la lecture, même quand elle les ridiculise. ZS déteste les siens, et ça se voit. Le tout entre en résonance avec des croyances un peu poujadiste, très ancrées dans l’opinion, contre les fonctionnaires, croyances qu’on ne retrouve pas vis-à-vis des grandes entreprises décrites par Buron. La rencontre entre les deux est explosive: ZS a été instantanément récupérée comme porte drapeau de la lutte anti-fonctionnaires, à la Tea Party. Et ZS elle même n’a pas assez d’intelligence des rapports sociaux pour le comprendre.
Commentaire par Javi — 08/11/2012 @ 02:09
@Javi : l’auteur écrit ce qu’il peut, le lecteur lit ce qu’il veut, j’en sais quelque chose depuis que le blog m’a permis de saisir le décalage qui peut exister entre ce que j’entends exprimer et ce qui est reçu 😉 elle dit qu’elle a souffert de son expérience et que le remède a été pour elle l’écriture humoristique. Je le comprends d’autant mieux que j’éprouve les mêmes souffrances vis à vis de ce qui ne tourne pas rond et que j’ai opté depuis l’enfance pour le même remède. Du coup, je n’y vois rien de mal. A cela s’ajoute le fait que j’évite de développer des raisonnements racistes c’est-à-dire stigmatisant une catégorie d’individus en raison justement d’un argument de catégorie. De fait, ce billet n’a pas d’intention politique. Il dit tout le fond de ma pensée, il fait gris, la vie professionnelle n’est pas toujours rose, alors bon sang, rions, de peur d’avoir à en pleurer…
Commentaire par laplumedaliocha — 08/11/2012 @ 08:45
Une chose m’étonne dans les réactions négatives, c’est qu’on oublie que le rire, la dérision, sont des armes éminemment sophistiquées qui traduisent souvent chez leur auteur un refus de la violence en réponse à une agression. C’est une défense sociale qui me parait tout à fait civilisée. Dans l’extrait reproduit, on lui colle un stagiaire dans les pattes, à qui par ailleurs on a donné son bureau pour la foutre elle dans un placard. Elle pourrait l’envoyer paître ou le martyriser, elle se contente de le taquiner. Très franchement, si tous les tyrans professionnels se limitaient à faire de l’humour la vie serait infiniment plus gaie.
Commentaire par laplumedaliocha — 08/11/2012 @ 08:49
@gf : surtout, n’allez jamais voir une pièce de Molière, vous risquez de sangloter pendant toute la représentation.
Commentaire par laplumedaliocha — 08/11/2012 @ 08:55
Je ne conteste pas qu’elle a souffert, ni que le livre puisse être drôle. Ce que je vous dit, ce que je vous apporte, c’est une information permettant de relativiser, de trouver un nouvel angle, à la lecture de ce livre.
Cette information, c’est que cette personne est totalement incapable d’avoir des relations avec ses frères humains. On s’en remet. Le seul souci, pour elle, est que son ambition personnelle l’a amener à vouloir diriger une grande équipe, là où elle avait un profil expert, mais certainement pas de manager.
Comme elle a fait des études littéraires (je range sciences po dedans), et qu’elle a un cerveau en état de marche, elle en a fait un bouquin, pour tenir. Mais son humour est celui de Cioran: un type incapable toute sa vie de mener une vie normale du point de vue amitiés et amours. J’adore Cioran, mais je ne le prends pas pour purement descriptif. ZS, aka AB, a été prise comme purement descriptive d’une situation, par tous les journaleux qui l’ont invitée sur les plateaux lors de la sortie du bouquin, et encore aujourd’hui par vous-même quand vous écrivez des phrases comme « C’est dire si le récit est l’exact reflet de la réalité ». Je ne pense pas faire beaucoup d’interprétation de lecteur…
Sinon, pour vous satisfaire, quand j’avais des problèmes dans ma boite de relations avec certains services, je faisais aussi de l’humour pour alléger l’atmosphère. La différence étant que je n’en ai pas fait un bouquin et que donc vous avez perdu une satire du monde du CADC40 vu de l’intérieur. Je ne l’ai pas fait parce que je n’ai pas de formation lettres, parce que mon nombril n’intéresse que moi, et parce qu’un cas particulier à un instant particulier d’incompatibilité caractérielle ne fait pas un sujet de livre.
Pour tout dire, quand on m’a rapporté (témoin direct) son attitude durant sa formation à sciences po, j’en ai tiré la conclusion qu’elle était probablement très malheureuse, et je ne lui souhaite qu’une chose, par pure compassion: qu’elle se trouve enfin un ami… (elle a déjà le chat).
Commentaire par Javi — 08/11/2012 @ 09:43
Aliocha, personnellement, je suis tout-à-fait d’accord avec vous : il fait gris, payons nous une tranche de rigolade pour garder le moral. Et tous ceux qui trouvent Zoé méchante sont probablement les premiers à médire de leur voisin de palier ou de leur collègue de travail. Avec certainement moins d’humour.
Et tous les humoristes alors, il faut les descendre en flammes sous prétexte qu’ils brocardent les travers de nos contemporains ?
Je vais me procurer le livre.
Commentaire par Barbara — 08/11/2012 @ 09:44
Résumons : ZS, jeune cadre supérieure de la FPT, découvre avec stupeur et tremblements qu’elle va désormais devoir passer sa vie profesionnelle avec des parasites budgétivores, êtres médiocres qui plus est. D’un naturel plutôt naturel et par ailleurs hautement culturée, elle fait comprendre à ses collègues ce quelle pense d’eux. Ses collègues compatissent et se démènent pour lui trouver un endroit plus digne d’elle lui épargnant les affres de leur voisinnage : direction le placard.
Comme tout cela ne correspond pas avec ses illusions et la haute idée qu’elle a d’elle-même, elle souffre de cette situation…et décide donc d’écrire un livre plein d’humour en guise de thérapie.
Elle fait donc le récit de ses exploits et aventures où l’on apprend notamment comment elle a écrasé les pieds du stagiaire, mais avec le sourire et la reférence culturelle car c’est plus drôle (elle ne pouvait pas écraser les pieds du directeur de cabinet car il portait tjs des chaussures de sécurité).
On aurait pu en rester là, mais ZS décide de publier, comme un témoignage mais sous pseudo, ce qui aurait du rester à l’état plus confidentiel dans une période où la chasse au fonctionnaire est ouverte . Donc la mayonnaise prend, les médias en parle et on la reconnait. On sait désormais où elle travaille contraignant son employeur à réagir mais sans humour lui.
Voilà pourquoi l’esprit négatif que je suis ne peux pas rire à la lecture du livre de ZS.
Commentaire par le grillon — 08/11/2012 @ 12:50
@Le grillon : c’est quoi qui vous froisse le plus ? Qu’elle soit diplômée, cultivée, drôle, ou bien qu’elle dénonce la paresse, le gaspillage et la gabégie ? Tout ensemble à ce que je vois. Mazette….Dis moi qui tu détestes, je te dirai qui tu es 😉
Commentaire par laplumedaliocha — 08/11/2012 @ 13:17
Je ne suis non seulement pas convaincu que ce soit aux fonctionnaires de se juger eux mêmes mais qui plus est de se complaire dans leur fatuité et incurie. Le coût/service rendu à la nation de cette « caste de parasites de gauche » est exorbitant, ça suffit ! il y a des gens qui sont pauvres à cause de ceux qui cannibalisent les ressources de la nation … les agents de l’État, des territoires et assimilables.
Commentaire par zelectron — 08/11/2012 @ 14:06
Oh! un troll! ;o)
Commentaire par mussipont — 08/11/2012 @ 14:36
Attention, c’est encore de l’humour (mais garantit no fonction public inside) : http://owni.fr/2012/11/08/clic-clic-fric/
Commentaire par laplumedaliocha — 08/11/2012 @ 15:00
Oh! un grincheux! ;o)
Commentaire par zelectron — 08/11/2012 @ 15:09
@ Aliocha # 28 :
Alors vous aimerez sûrement Annie Duperey ce matin chez Frédéric Lopez (France Inter, prenez le temps de vous procurer le podcast!) : elle y explique entre autres choses comment elle a compris qu’elle était une vraie gentille très tôt dans l’enfance, et qu’elle a décidé d’être encore plus gentille en avançant dans l’âge… l’élégance portée par un sourire !
Moi je fonds pour elle depuis des lustres…
Commentaire par Zarga — 08/11/2012 @ 19:55
@ Zelectron # 34 :
Ce qui a tendance à m’user, c’est ce genre de réaction à l’emporte pièce… nous avons tous une pléthore d’exemples où nous aurions tous aimé pouvoir faire tomber une masse de seize tonnes sur la tête du fonctionnaire borné auquel nous avions à faire, comme dans les dessins animés !
Mais vous ne parviendrez pas à me faire croire que vous ignorez tout de l’incurie abyssale qui règne dans le privé… vous savez, ce secteur qui espère chaque jour un peu plus récupérer les pans que certains politiques cyniques essaient de faire tomber dans leur escarcelle ?
Je suis pour ma part convaincu de ce qu’il y a un plan, un agenda comme on dit dans les séries branchouille, pour saboter les services publics : on rogne sur les dotations, on met en place des managements tellement anxiogènes que les agents se foutent le feu ou se défenestrent, tout ça pour que l’exaspération de l’usager l’amène à demander de lui-même un transfert vers le privé.
Le hic, c’est que l’officine privée qui prend le relai à pour but le profit de ses actionnaires en premier lieu, et le service au client vient loin derrière. Si ce détail vous a échappé, c’est que vous passez trop de temps dans votre caisson hyperbare, coupé du monde réel.
Là où le service public se doit de desservir les trous les plus reculés du territoire, l’officine privée va négocier les clauses du contrat qui vont lui permettre d’assurer le minimum… et tout ce qui n’est pas contractuel, ben c’est dans le fondement la balayette !
Heureusement, nous sommes encore une grande majorité à rester attachés au service public, malgré le caractère foncièrement horripilant de certains de ses agents.
Commentaire par Zarga — 08/11/2012 @ 20:07
@Zarga : elle est mythique à la fin d’un Elephant ça trompe énormément quand elle dit à Rochefort qui la drague maladroitement depuis le début du film : « il y a un mois j’ai rencontré un homme célibataire, sans enfants qui aimait l’équitation et les voyages. Depuis un mois, vous vous êtes marié, vous avez eu deux filles de 14 ans et demi. Je ne vous ai pas vu monter à cheval, en revanche j’ai vu votre cheval vous monter dessus. Nous avons voyagé jusqu’au sommet de l’Arc de Triomphe et vous vous habillez d’une telle façon qu’à la campagne, les enfants nous jetteraient des pierres. Et pourtant depuis 5 minutes j’ai envie de vous comme je n’ai jamais désiré personne. Comment expliquez-vous cela ? » (de mémoire…) Elle n’est pas particulièrement gentille avec lui (la faute au dialoguiste) mais dieu qu’elle est drôle.
Commentaire par laplumedaliocha — 09/11/2012 @ 10:55
@Zarga#39
Qui vous parle d’une quelconque officine ? (à part le fait qu’elle reverse à certains la dîme généreuse qui permet à ces derniers de faire face aux dépenses somptuaires de leurs bonnes œuvres de bienfaisance…) décillez vous ! Vous répondez à coté …
Commentaire par zelectron — 09/11/2012 @ 12:43
Juste une question: Vous trouvez VRAIMENT ça drôle? je viens de le relire pour la xème fois, et toujours rien: méchant oui, mais pas drôle!!! Et pourtant il m’en faut peu pour rire!!!
Commentaire par Nahera — 13/11/2012 @ 10:23
@Nahera : ben voilà, vous m’avez mise à nue : j’suis méchante, gniark ! Et vous, vous êtes maso, parce que lire plusieurs fois un livre qui n’est quand même pas un monument de la littérature mondiale et qui en plus ne vous fait pas rire, ça sent la pathologie. Mais bon, j’dis ça, j’dis rien. Essayez Shopenhauer, on ne sait jamais, ça pourrait vous bidonner.
Commentaire par laplumedaliocha — 13/11/2012 @ 11:02
Heu, je n’ai lu que l’extrait dans votre article, pas le livre!!!
Commentaire par Nahera — 13/11/2012 @ 11:21
@Zarga#39
« l’incurie abyssale qui règne dans le privé » je me demande alors avec quels impôts les fonctionnaires pourraient manger leur brouet de janissaire tout les jours (à moins de s’imposer eux mêmes 🙂 )
Commentaire par zelectron — 13/11/2012 @ 16:48
@ Zelectron :
Je maintiens « l’incurie abyssale qui règle dans le privé ».
Je n’ose croire qu’à votre âge, vous n’avez jamais été confronté à certains avatars de cette monumentale gabegie???
Moi qui n’ai jamais été qu’un péquin de base, combien de fois ai-je bondi devant le spectacle qui m’était donné à voir!
Et auquel je continue (hélas…) d’assister.
Parlerai-je des achats faits en dépit du bon sens, par un responsable qui ne doit son poste qu’à son lien de proche parenté avec sa hiérarchie, et qui par son incompétence gaspille les deniers de l’entreprise, en matériel dépassé et inadapté? On plombe les finances du service, et on complique la tâche des techniciens… comme « time is money », on attrape un peu le vertige lorsqu’on se livre au petit jeu des conversions en heures de travail (tous ceux que font sursauter le coût du travail en France savent de quoi je parle).
Un certain degré de compétence et d’intégrité dérange dans l’entreprise, voyez-vous, car il met mal à l’aise. Il confronte les imposteurs à leur imposture, et aux conséquences qu’elle entraine.
Pour autant, il est nécessaire de garder un noyau dur d’éléments qualifiés et consciencieux, à partir duquel on peut faire tourner la boutique.
Car il y a toute une galaxie de corps aux formes diverses et variées, le saviez-vous? Un amas de « désastronautes », à maintenir en état d’apesanteur, quoi qu’il en coûte.
Pour ce qui est de l’officine… c’est la suite logique de ce que vous évoquez, la morne plaine qui se trouve en bas de la côte, du penchant que vous décrivez. Si nous nous laissons aller sur votre pente, nous n’aurons plus qu’à enchainer les PPP, avec le succès que ces montages rencontrent.
Commentaire par Zarga — 18/11/2012 @ 22:15
Heu… nos lecteur auront rectifié d’eux-mêmes :
l’incurie abyssale qui règne dans le privé.
Commentaire par Zarga — 18/11/2012 @ 22:16
« l’incurie abyssale qui règne dans le privé »
dans ce cas je me demande comment les fonctionnaires ainsi qu’un bon nombre de politicards et d’énarques pourraient vivre (faire ripaille) si le « privé » était comme vous le décrivez …
UN bon tiers de ces gens ne devraient même pas prétendre à la solde dont on les nourrit, j’ajoute que les entreprises dont vous faites état sont probablement les SNCF, EDF, RATP, France Telecom et consorts. Je fait une énorme différence avec les « CAC40 » et les PMI/ETI qui sont loin de la soi-disant incurie que vous qualifiez d’abyssale (l’incurie « Étatique » est, elle, « danaïdesque »)
Commentaire par zelectron — 18/11/2012 @ 22:51
http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Parkinson
de ce qui précède on en déduit:
Théorème de Parkinson (ysmv)
– point Parkinson, au delà duquel l’administration crée plus de postes pour s’administrer elle-même que pour les besoins pour lesquels elle est censée exister.
d’où l’établissement de l’équation d’inefficacité:
– plus il y a de fonctionnaires moins ils sont efficaces.
nb
Loi de futilité de Parkinson (ne doit pas être confondu avec Loi de Parkinson)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_futilit%C3%A9_de_Parkinson
les organisations donnent une importance disproportionnée à des questions insignifiantes
exemple du local à vélos: discussion à propos de sa couleur !
Commentaire par zelectron — 19/11/2012 @ 08:36
» les entreprises dont vous faites état sont probablement les SNCF, EDF, RATP, France Telecom et consorts. »
Je vous confirme que la gabegie et l’incurie publique le disputent bien souvent à celles du privé, mais désolé de mettre à mal vos mythes une fois de plus : je ne parle pas de ces mastodontes d’état.
Peut-être ne connaissez-vous du monde de l’entreprise que ce qu’il vous est donné à voir au travers du prisme de la comptabilité, ou bien n’êtes-vous familier que de ces « mammouths » étatiques mentionnés plus haut ?
Pour ce qui me concerne, j’ai pas mal bourlingué dans diverses entreprises de divers secteurs et de diverses tailles, et j’ai une petite expérience de la « base », là où interviennent gaspillages divers et variés, qui vous auraient achevés si vous en aviez seulement constaté l’infime fraction.
Les entreprises de plus petite taille sont elles aussi touchées, je vous l’assure.
Un secteur, le BTP : pour une entreprise entre 30 et 50 salariés, par exemple, combien de matinées perdues en stériles allers/retours en camion, parce qu’une équipe part avec le véhicule et le matériel d’une autre, sur un chantier diamétralement opposé ?
Une fois calculé le montant correspondant au volume de mazout brûlé en pure perte, le nombres d’heures de travail gâchées (et oui, X matinées avec Y ouvriers font au total Z heures de travail!), et le retard accumulé entrainant pénalités pour retard à la livraison, je peux vous dire que certaines ardoises sont plutôt salées !
Votre peinture du public tout noir et du privé tout blanc, du parasite et de sa victime, manque singulièrement de tons de gris.
Pourtant, il suffit d’ouvrir les yeux…
Commentaire par Zarga — 20/11/2012 @ 17:17
Bien sûr que tout n’est ni tout blanc, ni tout noir, ni rose …mais c’est tout de même le « secteur public » qui coûte cher à la nation donc à nous autres citoyens de base. Le « privé » est loin d’être innocent en cette matière, il ne me semble pas l’avoir écrit mais le gaspillage éhonté qui a lieu l’est principalement au détriment des actionnaires, des dirigeants et aussi des salariés qui se voient refuser les augmentations de salaire que quelques « tordus » leur font manquer (l’Etat dans ce cas a un manque à gagner mais n’essuie pas une perte comme ça l’est de la part de fonctionnaire indélicats).
Commentaire par zelectron — 20/11/2012 @ 18:44
Zarga,
Je vois que vous vous donnez beaucoup de mal pour nous convaincre que le secteur privé ne vaut pas mieux que le secteur public.
D’abord, c’est une drôle de réponse à Zoé Shapard et à Alliocha : comme si les turpitudes de l’un excusaient celles de l’autre. Disons que la gabegie est un travers humain auquel les bons dirigeants (publics ou privés) savent mettre un terme.
Mais, surtout, la sanction de la gabegie de ses employés pour une PME (pertes, faillite) est bien différente de la sanction de la même gabegie pour une administration. Tout le monde sait ou devrait savoir que, longtemps (peut-être plus aujourd’hui avec la RGPP, si sottement interrompue par la bande d’Hollande), il fallait impérativement consommer ses crédits de l’exercice pour pouvoir obtenir au moins les mêmes pour l’exercice suivant, ce qui était un encouragement à la gabegie. Ensuite, le statut des fonctionnaires protège les mauvais presqu’autant que les bons. Les syndicats y pourvoient aussi.
Enfin votre exemple n’est pas concluant : qui sont les clients de cette entreprise de BTP ? Ne s’agit-il pas de marchés publics ? Et la question est : pourquoi le chef d’entreprise et ses cadres ferment-ils les yeux sur cette situation ? En profitent-ils ? Les pénalités ne sont-elles pas assez dissuasives ?
Commentaire par NewParadigm — 21/11/2012 @ 00:07
@ new paradigm :
Mon propos ne vise en rien à convaincre qui que ce soit, je souhaite juste témoigner et apporter un peu de nuances dans un portrait taillé à grands coups de serpe par notre ami Zelectron.
Concernant les exemples de cette entreprise de BTP, oui, les chantiers en question relevaient de commande publique, et donc soumis à pénalités pour retard de livraison.
Il est évident que les turpitudes des uns ne doivent en rien excuser celles des autres, je voulais juste attirer l’attention sur leur nombre bien plus élevé dans le privé qu’on ne voudrait bien le croire.
Quand aux cadres et autres patrons, il est un facteur sur lequel vous faites trop facilement l’impasse : celui de la connerie ! Certains sont de parfaits idiots, bourriques finies.
@ Zelectron :
Vous oubliez dans la liste des personnes flouées le consommateur : c’est lui in fine qui paie le surcoût engendré par les âneries des uns et des autres. C’est vous , c’est moi.
Commentaire par Zarga — 21/11/2012 @ 18:34
@ new paradigm :
Dans les exemples de dirigeants d’entreprise « bourricots », j’ai en tête celui du fiston, qui reprends les rênes de la boite que papa avait fondé et fait prospéré de façon brillante, et qui coule tout suite à une manipulation dont il a été victime en Europe de l’Est : quelques jolies blondes, de la bonne vodka, du caviar de qualité, des promesses mirobolantes, et pfuit ! Un réveil en forme de gueule de bois, liquidation judiciaire à la clef !
Un naufrage de première classe !
Commentaire par Zarga — 21/11/2012 @ 18:40
OK, Zarga, j’ai compris. Ça fait même un peu peur ce que vous racontez : les héritiers ou cadres de PME sont-ils à ce point crétins ? Est-ce le mol oreiller de la « solidarité » qui les rend inconscients de ce qu’est le chômage pour une famille ? Maintenant, je m’inquiète vraiment pour la France : entre des fonctionnaires (notamment territoriaux, car le récit de Zoé Shepard est trop vraisemblable) sinécuristes (comme on dit en créole) et des PME menées par des irresponsables ou des découragés, le tout soumis à un gouvernement de gentils idéologues incompétents, comment cela va-t-il finir ?
Commentaire par NewParadigm — 22/11/2012 @ 04:55