La Plume d'Aliocha

30/03/2011

La Vérité, ce songe inaccessible

Filed under: Comment ça marche ? — laplumedaliocha @ 22:03

Samedi 26 mars 2011. Une femme, Eman Al-Obeidi, entre à l’hotel Lixos à Tripoli où réside la presse internationale. Elle appelle les journalistes à l’aide. Ouvrant ses vêtements, elle montre ses blessures et assure avoir été violée pendant deux jours par les soldats de Kadhafi. Les journalistes se mettent à filmer, tentent de la protéger, mais les services de sécurité de l’hôtel s’emparent de la jeune femme et la jettent dehors. Elle est folle dit l’un d’entre eux. Ivre assure un autre. Folle ou ivre ? Peut-être les deux. Voilà une affaire qui montre toute la difficulté du journalisme. Pour les journalistes occidentaux présents, que l’on tient enfermés dans l’hotel, cette irruption fortuite est une occasion inattendue de s’extraire des discours officiels et des parcours obligés. Son récit est crédible, ses blessures cohérentes avec ses accusations, mais dit-elle pour autant la vérité ?

Un homme affirmant qu’il est son cousin dit qu’elle a été arrêtée parce qu’elle vient de Benghazi. Sa propre soeur en revanche prétend qu’elle est folle. Les habitants de Benghazi la soutiennent.Les forces de l’ordre maintiennent qu’elle est dérangée. Qui croire ? La tentation est forte de se ranger derrière cette victime providentielle qui pourrait même devenir une icône de la situation en Libye. Surtout pour des médias occidentaux en mal d’information sur la situation réelle du pays et de sa population. Le monde.fr met bien en lumière la complexité du sujet. Il faut lire un article sur Magharebia pour apprendre qu’elle serait avocate et surtout rompre avec le conditionnel méfiant que je viens d’utiliser comme tous mes confrères qui ont relayé l’information en France. D’après Le Point, elle a été relachée.

Si elle est réellement victime, ces doutes sont tout bonnement insoutenables. Si elle ment, alors on peut songer qu’après tout d’autres ont pu vivre ce qu’elle décrit, et qu’à défaut d’être vraie, son histoire est emblématique de la souffrance d’un peuple sous la domination d’un tyran au crépuscule de son règne. C’est une liberté que pourrait s’offrir un romancier, un politique, voire quelque philosophe parisien médiatique, mais pas un journaliste. En l’état, la seule vérité journalistique est celle-ci : le samedi 26 mars 2011 une femme est entrée dans l’hotel Lixos à Tripoli. Montrant ses blessures, elle a raconté en sanglotant (je n’étais pas présente, donc sous toutes réserves) qu’elle avait été violée durant deux jours par des soldats de Kadhafi.

La Vérité est un songe inaccessible que les journalistes ne cessent de poursuivre…

 

Mise à jour 31 mars, 21h13 : Amnesty International prend la défense d’Eman Al-Obeidi.

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38 commentaires »

  1. Les faits, rien que les faits … La fameuse règle des 5 W …
    Mais n’attent-on pas aussi d’un journaliste une analyse ou au moins une mise en perspective … Comme le fait d’ailleurs ce billet ?

    Commentaire par Yves D — 31/03/2011 @ 00:34

  2. Qu’en penser ?

    Que nous assistons à un phénomène récurrent dans les situations d’abus sexuels et de viols :

    « Si elle décide de faire éclater la vérité, elle risque de désorganiser cet équilibre factice et de susciter des pressions de ses proches. Il se trouve toujours de faux « bons conseillers » soucieux de leur tranquillité et du qu’en dira-t-on, qui l’accuseront de mentir ou d’exagérer, lui reprocheront de réveiller le passé et l’inciteront à oublier, voire à « pardonner » ; le comble est qu’elle risque même d’être perçue comme responsable de l’abus.
    (…)
    Il y a un consensus de réprobation sur la personne qui a le courage de remuer ces choses immondes : qu’elle continue à être comme une morte vivante, ce n’est pas grave. Ce qui est le plus important, c’est qu’elle se taise. »

    Commentaire par Ferdydurke — 31/03/2011 @ 08:39

  3. « La Vérité est un songe inaccessible que les journalistes ne cessent de poursuivre…  »

    … en prétendant souvent l’avoir rattrapée.

    Aliocha : c’est un problème, en effet 😉

    Commentaire par Fantômette — 31/03/2011 @ 10:47

  4. Mince, c’est désertique ici.
    Bon, prochain billet sur Sarkozy, histoire de racoler un peu.
    Je blague.

    Commentaire par laplumedaliocha — 31/03/2011 @ 11:28

  5. Disons qu’il n’y a pas grand-chose à rajouter… Mais ton billet est fichtrement intéressant.

    Commentaire par Anna — 31/03/2011 @ 12:08

  6. auriez-vous scié la branche sur laquelle vous étiez assise ?

    Aliocha : c’est très possible et je m’y attendais, mais bon, tout ceci est mouvant, le tout est de s’adapter 😉

    Commentaire par Phedra — 31/03/2011 @ 12:13

  7. Détenir l’information la plus « croustillante » sur les évènements en Libye est devenu le quotidien de certains journalistes, à tel point qu’on ne sait même plus si c’est de l’info ou de la désinfo. Cette limite devient floue même pour eux. Qu’elle soit vraie ou fausse, l’important est devenu de transmettre une information.

    Commentaire par Maya — 31/03/2011 @ 12:25

  8. Si viol il y a effectivement eu, la question qui se pose est de savoir s’il est ou non constitutif, pour les soldats en cause, d’une faute détachable du service.

    Commentaire par Goloubchik — 31/03/2011 @ 12:42

  9. Il est toujours normal de douter, et donc d’enquêter avant de parler. Mais si je peux me permettre :
    – Il est possible que cette femme soit folle et alcoolique. Ca n’empêche pas qu’elle ait quand même été violée. Les malades mentaux (et les alcoolique) sont des victimes faciles.
    – Si elle ment ou qu’elle affabule, non, je suis désolée, son roman n’est emblématique de rien du tout. Elle doit être soignée et rien d’autre. Se dire, et plus encore, écrire à son sujet « parce qu’il y en a d’autres qui pourraient avoir vécu ça », s’est s’engager dans la voie du mensonge, et déforcer la cause et les souffrances du peuple Libyen. Il y a des gens qui souffrent vraiment, là-bas, et c’est leur histoire qui doit être racontée, pas celle d’une mythomane.

    Commentaire par lambertine — 31/03/2011 @ 13:04

  10. D’accord avec Lambertine. J’ajouterais que les journalistes présents sur place devraient au moins savoir si elle était îvre ou non. Parler avec quelqu’un à l’haleine chargée, ça se remarque, non ?

    Commentaire par Barbara — 31/03/2011 @ 16:18

  11. Bonjour,

    HS : vu par ici http://michel-terestchenko.blogspot.com/2011/03/la-bonte-dans-les-freres-karamazov-et.html, une anlyse du personnage d’Aliocha Karamazov

    Cela pourrait vous intéresser…

    Aliocha : ça c’est gentil, merci ! Ah les figures du Christ chez Dostoievski…

    Commentaire par Sébastien — 31/03/2011 @ 16:28

  12. @Laplumedaliocha – commentaire n°4

    Mais non, vos billets sont parfaits, et on n’ose apposer une misérable observation qui ruinerait l’harmonie de l’oeuvre. (Ma flagornerie ouvre-t-elle un droit à récompense?)

    Par ailleurs, les gens semblent lassés des sujets de débats Sarko-centrés – style « Sarko pue de la gueule » versus « Sarko est un dieu vivant », ce genre de discussions fait moins recette, l’audience est fatiguée et impatiente de tourner la page.

    Commentaire par Switz — 31/03/2011 @ 17:14

  13. @ Switz

    Encore qu’il y ait de bons moments, comme par exemple celui-ci: intervention des troupes au sol, près de 1300 militaires engagés dans l’opération. Libye? Côte d’Ivoire, Non, non, du tout: la Drôme et… Sarko qui fait une p’tite visite locale à la France d’en bas et se rince la dalle avec les militants UMP du coin.

    Le dispositif aérien comprenait en sus Airsarko one et un hélico Puma appuyé par une Gazelle. On ignore si les Rafale ont été sollicité pour un COS (close air support).

    On ne déplore aucune perte.

    Source: le Canard de cette semaine

    Commentaire par tschok — 31/03/2011 @ 17:48

  14. Tiens, c’est vrai que c’est calme ici (ça m’arrange, comme ça j’arrive à suivre lorsque j’ai enfin un peu de temps pour venir y voir) …
    Est-ce que les habitués du lieu se réservent pour le 1er avril ??

    Ah, et excusez mon « N’attend t’on pas » si mal orthographié …

    Commentaire par Yves D — 31/03/2011 @ 19:37

  15. Je signale aux abonnés au fil de commentaires du billet qu’Amnesty International entre dans la partie et appelle à cesser la campagne de diffamation à l’encontre d’Eman Al-Obeidi : http://www.amnesty.org/fr/news-and-updates/libya-end-campaign-discredit-eman-al-obeidi-2011-03-31

    Commentaire par laplumedaliocha — 31/03/2011 @ 21:13

  16. La scène filmée par CNN chez Paris Match : http://www.parismatch.com/Actu-Match/Monde/Actu/Eman-al-Obeidi-une-femme-qui-brise-le-silence-en-Libye-265405/?sitemapnews

    Commentaire par laplumedaliocha — 31/03/2011 @ 21:20

  17. « Surtout pour des médias occidentaux en mal d’information sur la situation réelle du pays et de sa population. »

    « Pour les journalistes occidentaux présents, que l’on tient enfermés dans l’hotel,… » là on sent que le mal d’information des médias occidentaux avance.
    Pouvez-vous, svp, m’expliquer la différence entre « enfermés dans l’hôtel » et être au boulot dans son bureau? Merci.

    Commentaire par Bourguignon — 31/03/2011 @ 23:39

  18. Aliocha,

    je peux vous poser une question?

    Votre post est riche en symbolique.

    Nous avons une « victime » = femme alléguant un viol collectif

    Nous avons des témoins = journalistes occidentaux tankés dans un hôtel par une dictature arabe

    Nous avons un contexte hyperstructurel = une révolution (changement de paradigme) qui tourne à la guerre civile (c’est un risque), le tout sous intervention extérieure (c’est une constante)

    Et nous avons votre problématique: c’est là qu’est ma question. Pourquoi avoir mis le mot « Vérité » avec une majuscule, dans tout ce bordel?

    Pourquoi posez-vous votre problématique perso (celle du journaliste) dans une dynamique aussi verrouillée?

    Si on passe le fait divers en accéléré sans le son ça donne: une femme se prétendant victime d’un viol collectif fait irruption dans un hôtel et ça devient un buzz international.

    Imaginez que ça vous arrive pendant vos vacances, dans un pays lambda. Pourquoi, ici, ça marche? Pourquoi ça le fait?

    Pourquoi, spontanément, j’associe Clinton, Assange et Kadhafi quand je me laisse aller aux associations spontanées sur un tel thème, particulièrement téléguidé, par ailleurs?

    Si je change la thématique, j’obtiens Sarkozy et Carla Bruni sur une des branches.

    Commentaire par tschok — 01/04/2011 @ 11:32

  19. A propos de vérité inaccessible, le jeune journaliste à l’origine de la polémique sur Mélenchon l’an dernier publie un billet sur blog à ce sujet.
    Bien que je crois qu’il n’a toujours pas vraiment compris le pourquoi de la réaction de ce dernier, mais surtout il publie une deuxième vidéo, que je n’avais jamais vue, qui est tournée par un collègue et montre la suite.
    La conclusion que j’en tire: la vérité journalistique de l’époque (« violence contre un journaliste ») est probablement à nuancer quelque peu, même si la discussion est « vigoureuse ».

    https://peremckenzie.wordpress.com/2011/03/29/retoursurlaffairemelenchon/

    Commentaire par Xav — 01/04/2011 @ 11:52

  20. Note: j’ajoute que, dans un milieu professionnel qui n’a rien à voir avec le journalisme, ça m’est arrivé d’avoir de ce genre de discussion avec certain collègues. Généralement ça se calme assez bien ensuite, et ça permet une « explication de texte » parfois bienvenue. L’effet (positif ou négatif) à long terme dépends de la capacité des intervenants à dépasser les blessures d’amour propre, et par un comportement habituel irréprochable (qui envoie un message type: « j’ai gueulé, mais c’est fini »).

    Commentaire par Xav — 01/04/2011 @ 11:56

  21. AMNESTY a raison de prendre position — c’est son rôle — alors que le rôle du journaliste est de rapporter/diffuser l’information, pas de la commenter. Il est nécessaire que nous, lecteurs, devenions adultes, au lieu de nous contenter du rôle permanent d’enfant face à l’information : un enfant tout juste bon à assimiler une information que d’autres ont soigneusement choisie et commentée pour nous.

    Commentaire par Yves Pouplard — 01/04/2011 @ 12:28

  22. Jeu concours du 1er avril :

    Sarkozy et Carla Bruni sont sur une branche… (à vous d’inventer la suite.)

    Jeu ouvert jusqu’à ce soir minuit. Le gagnant – ou la gagnante, si tant est que les femmes aient de l’humour – gagne le droit de publier le billet de son choix. Le jury est composé de moi-même, inventeur du jeu, et de la patronne, éditeur du blog. (Clause en petit caractère : jeu sans obligation d’achat, sous réserve d’acceptation des termes du concours par Aliocha, et d’ajout de toute règlementation jugée utile par elle aux termes du concours.)

    Commentaire par Gwynplaine — 01/04/2011 @ 12:48

  23. (Bon, ben ça prend pas mon jeu concours à la « Pince-mi et Pince-moi… »)

    Commentaire par Gwynplaine — 01/04/2011 @ 15:25

  24. @Gwynplaine

    « Les ambitieux qui grimpent à l’arbre pour dominer les autres offrent à voir leur cul à ceux qui restent en bas »

    Commentaire par Switz — 01/04/2011 @ 15:38

  25. @ Switz :

    Ah, merci Switz. Cependant, s’il s’agit de participer, vous devez commencez par : « Sarkozy et Carla Bruni sont sur une branche » puis inventer une suite sur le mode : « Pince-mi et Pince-moi sont sur un bateau, Pince-mi tombe à l’eau, qui est-ce qui reste ? »

    (Désolé, il est vrai que mes règles n’étaient pas très clair.)

    Commentaire par Gwynplaine — 01/04/2011 @ 16:04

  26. @ Gwynplaine,

    L’histoire ne prend pas parce qu’une fois que Nicolas et Carla sont sur une branche, que voulez-vous, il ne nous reste plus rien à souhaiter si ce n’est qu’il y restent – et le plus longtemps possible, voilà tout.

    Commentaire par Fantômette — 01/04/2011 @ 16:34

  27. @ Gwynplaine (23),

    Hi hi. Poisson d’avril !

    Commentaire par Goloubchik — 01/04/2011 @ 16:39

  28. @gwynplaine : mince, je croyais que c’était sur le mode de la fable du corbeau et du renard, sauf qu’on avait un couple de corbeaux et que le fromage était une rolex. Du coup, je lance un jeu concurrent : donc, « Nicolas et Carla, sur un arbre perché, tenaient en leur bec deux rolex…. »

    Commentaire par laplumedaliocha — 01/04/2011 @ 16:42

  29. Si les deux juges du concours ne sont même pas d’accord sur les modalités, comment voulez-vous que ça marche ?
    Sarkozy et Carla sont sur une branche. Lequel des deux manie la scie ?
    Question subsidiaire : le scieur (ou la scieuse) scie-t-il à droite ou à gauche de sa position ?
    Question finale : A la fin de l’opération, combien faut-il dépêcher d’ambulance sur les lieux ?

    Commentaire par Barbara — 01/04/2011 @ 17:46

  30. @ Barbara :

    Et surtout, qui ramasse les rolex ?

    Commentaire par Gwynplaine — 01/04/2011 @ 18:48

  31. Et qui tient les rolex ?
    Sinon, j’imagine bien Ferdy dans le rôle du renard 😉
    Tschok et Fantômette faisant le choeur
    Gwynplaine assis au pied de l’arbre pour écrire l’histoire
    Jalmad enfilant sa robe de juge et s’apprêtant à siéger puisque le couple présidentiel ne manquera pas de porter plainte
    Goloubchik préparant les boissons pour les spectateurs
    Etc….
    J’appelle Eolas pour savoir s’il veut défendre nos futures victimes, mais sans grand espoir.

    Commentaire par laplumedaliocha — 01/04/2011 @ 19:04

  32. Le récit d’un journaliste de l’AFP détenu en Libye : http://www.afp.com/afpcom/fr/content/news/quatre-jours-entre-les

    Commentaire par laplumedaliocha — 02/04/2011 @ 10:59

  33. http://www.ladepeche.fr/article/2011/04/01/1049038-Bouloc-La-joggeuse-battue-et-etranglee-n-a-pas-ete-violee.html

    Enfin, tout n’est pas négatif!
    Merci La Dépêche pour ce moment de…comment dit-on? de vérité?

    A gerber.

    Commentaire par araok — 02/04/2011 @ 11:58

  34. @ Araok,

    Il est super votre lien.

    on y trouve tout. Et dans le domaine des associations libres: quel rapport avec le printemps arabe?

    Une joggeuse disparait en France, mis en relation avec Kadhafi.

    On peut ??? (s’étonner).

    Du coup, on interroge Aliocha: quel rapport? (puisque son post repose sur cette matrice de la femme violée)

    Ou plus exactement de la femme disparue. Dans l’événement historique la femme disparait (faux en histoire, mais peu importe) Elle ressurgit en tant que femme hystérique (l’irruption de la victime dans l’hôtel).

    Donc on aurait un schéma assez simple de femme hystérique/femme historique, rendu plus compliqué par l’image du viol.

    (je suis sous associations libres, là)

    Commentaire par tschok — 02/04/2011 @ 17:49

  35. @ tschok,

    L’article rapporte que la joggeuse n’aurait pas été victime d’une agression sexuelle.

    L’image du viol n’est justement qu’une image, apparemment.

    (Ce qui ne l’empêche pas de tout compliquer, comme vous dites, puisque c’est le moment où la pensée bute manifestement contre un obstacle.)

    Donc les deux histoires sont connectées de la façon suivante: dans les deux cas, un viol auquel on s’attend (peut-être parce qu’il « faut bien » s’y attendre), mais qui n’a peut-être pas d’autre réalité que celle qu’on lui prête ou qu’on veut lui prêter. Une femme qui apparait puis disparait dans la première histoire, une femme qui disparait puis réapparait dans la seconde histoire.

    Par ailleurs, Aliocha parle de vérité, mais plus précisément elle parle de vérité inaccessible. Tout se passe comme si les journalistes visaient une cible inexistante ET qu’ils ne peuvent atteindre, mais qu’ils n’arrivent pas à se résoudre à en choisir une autre.

    En fait, perso, ça me donne surtout l’impression d’une sorte de rendez-vous manqué – non pas avec la « Vérité », mais avec le sujet (au sens de « sujet » de l’article). On visualise ici une équipée de journalistes, encastrés dans leur hôtel, et puis de temps en temps, un sujet passe la porte, qu’ils observent avec, devine-t-on, une sorte de fébrilité impatiente, puis il s’en va, regagne l’extérieur de l’hôtel, comme Moby Dick replonge vers les fonds marins.

    « Au revoir, et encore merci pour le poisson! »

    Quand je pense qu’après ça, on vient nous dire que les faits ne mentent pas. Franchement, je vous avouerai, parfois, je suis perplexe.

    Commentaire par Fantômette — 02/04/2011 @ 20:40

  36. « La Vérité est un songe inaccessible que les journalistes ne cessent de poursuivre… » Pas seulement les journalistes. D’ailleurs la Vérité n’est pas un songe. Ce qui est un songe c’est notre capacité à l’appréhender, à l’exprimer, à la posséder… La Vérité, elle, est. Tout simplement. En dehors de nous, au-dessus de nous. A condition de croire en Elle.

    Commentaire par DMonodBroca — 04/04/2011 @ 08:52

  37. Oui, oui DMD, en Dieu quoi (je l’attendais celle-là).

    Mais pourquoi aller la loger, cette Vérité inaccessible, qui prend accessoirement le visage d’une victime, dans un hôtel de Tripoli en pleine intervention de l’Otan?

    Je veux bien que les chemins de Compostelle soient pas droits, m’enfin là, y a comme un gros détour qui va pas raccourcir le trajet.

    En fait j’avais une version beaucoup plus simple: les journalistes enfermés dans l’hôtel ont fait savoir au régime de Kadhafi que puisqu’il ne leur était pas permis de sortir pour rendre compte de l’actualité librement, alors ils donneraient une importance démesurée à n’importe quel événement qui se présenterait. Y-compris un fait divers qui ferait irruption dans cet hôtel sous la forme d’une femme qui taperait un scandale.

    Comme disait Jacques Chancel: et Dieu dans tout ça?

    Profonde parole que nous méditerons, mes frères.

    Et nous, comme des cons, on met les ronds dans les carrés.

    (c’est qu’une hypothèse, hein)

    To be or not to be, etc.

    Commentaire par tschok — 04/04/2011 @ 09:14


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