La Plume d'Aliocha

25/09/2009

Gazouille-moi un procès

Filed under: Eclairage — laplumedaliocha @ 09:33

C’est LA nouvelle du moment : des journalistes présents au procès de Clearstream le racontent en live sur twitter. Et le Post d’y voir un nouveau risque d’affaiblissement de l’AFP, désormais débordée par l’instantanéité de Twitter. Tempérons un peu ce réflexe devenu classique qui consiste à jeter une pelletée de terre sur le cercueil de la presse dite « traditionnelle » dès que notre ami Internet a une nouvelle dent qui pousse. Car il faut bien avouer que ces impressions d’audience en 140 signes, même mises bout à bout, sont à peu près aussi claires qu’un match de foot crypté sur Canal+. Tout ceci m’a rappelé cependant que l’esprit de synthèse était une des principales qualités exigées des journalistes. Or, nous comptons dans nos rangs un maître incontesté de la synthèse : Felix Fénéon (1861-1944). Oui, je sais, j’aggrave mon cas de dinosaure de la presse tradi’ en faisant référence à l’histoire. Tant pis, ses brèves, publiées dans Le Matin me semblent exemplaires. Jugez plutôt :

« M.X…, de Montauban, nettoyait son fusil. On l’enterre demain ». (63 caractères)

« Le bateau de pêche la Marie-Jeanne, dix hommes dessus. Une lame de fond, dix hommes dessous ». (92 caractères)

Quel art, vous ne trouvez pas ? Si les amateurs de twitter parviennent à cela, alors je dirai : chapeau bas !

En  attendant, et puisque le week-end approche, rien ne vous empêche de jouer les Fénéon et pourquoi pas de tenter de nous résumer ici le G20 en 92 signes, ou tout autre fait d’actualité qui vous intéresse. A vos claviers !

A moins que vous ne préfériez vous passionner pour une question de fond : peut-on twitter un procès ? Comme vous le savez, les appareils d’enregistrement sont interdits dans les prétoires. Enfin en principe, car les exceptions sont des plus en plus nombreuses. Par ailleurs, les magistrats qui y furent longtemps opposés commencent à changer d’avis à ce sujet. Sachez encore que de nombreux pays, dont les Etats-Unis mais aussi l’Espagne, autorisent les filmages d’audience. Toujours est-il que si les caméras sont encore persona non grata dans nos tribunaux, les journalistes et le public en général y sont admis, sauf rares exceptions. Je vous avoue ne pas avoir de position arrêtée pour l’instant sur Twitter, mais j’ai tendance à ne pas voir ce qui pourrait s’opposer sur le principe à cette pratique. Pour en savoir plus, voyez ce papier de l’Express et surtout le remarquable billet publié par Dadouche le 24 juillet dernier.

Note : Ces informations sont extraites de l’Histoire de la presse parisienne par René Mazedier, cité par l’excellent « Visages de la presse » de Louis Guéry.

Mise à jour 26/09 : Eolas confirme qu’aucun texte n’interdit de twitter un procès et se livre au passage à une savoureuse expérience en la matière. C’est ici.

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