C’est rigolo l’info sur le web.
Il fut un temps déjà ancien, une époque proche de celle des dinosaures, où l’information diffusée par les quotidiens nous occupait au moins une journée et parfois même plusieurs. A cette époque, des journalistes triaient parmi tous les événements du jour ceux qui méritaient qu’on s’y arrête et puis ensuite ils les hiérarchisaient et les soumettaient le lendemain, dès potron-minet (je parle des temps anciens, donc j’utilise du vieux vocabulaire) à leur lecteurs impatients. Et quand c’était vraiment important, genre un bon gros scandale, ils pouvaient nous en entretenir durant des semaines. C’était là, imprimé sur du papier, largement diffusé auprès du public, et on avait beau faire, ça restait écrit, là, sous nos yeux, noir sur blanc. Mon amie la com’ à cette époque là, elle devait ramer pour rectifier le tir, mais elle savait aussi que rien ne pouvait faire comme si la désagréable nouvelle n’avait jamais été imprimée.
Désormais, la durée de vie d’une information se calcule en minutes et son intérêt s’évalue en nombre de connexions, c’est-à-dire le plus souvent en fonction de son attrait, lequel, vous en conviendrez n’est pas forcément lié à son importance. Internet a plus encore de mémoire que le papier me direz-vous et c’est aussi plus simple de retrouver l’info ? Certes, à cette réserve près que la profusion de données est encore le moyen le plus sûr de noyer celles qui dérangent. Surtout quand aucune notion de hiérarchie n’intervient dans tout cela pour y mettre de l’ordre. Tenez par exemple, ce matin encore, – vous me direz c’est déjà loin, je sais, mais il se trouve que j’ai une bonne mémoire – ce matin donc, Faurecia/Sarkozy tenait le haut du pavé. L’info d’ailleurs avait vécu remarquablement longtemps, et pour cause, elle avait buzzé sans partage, aucune autre info n’ayant eu le mauvais goût de la détrôner. Mais voici qu’un mot douteux d’Hortefeux (chic ça rime, même pas fait exprès, rime pauvre, mais rime quand même) vient de renvoyer Faurecia dans les oubliettes abyssales du web. Au passage, les urnes du Congrès de Reims qui ont émergé sur la scène médiatique tout juste hier et semblaient prendre de l’ampleur ce matin, risquent fort elles aussi d’être très vite dépassées.
Quelle aubaine pour mon amie la com’! Je l’imagine déjà en train de se frotter les mains. Le scandale, cette chose qui hantait ses nuits n’est plus désormais qu’un lointain souvenir. D’ailleurs, il a changé de nom, ou plutôt il n’a plus de nom, on l’appelle désormais un buzz comme mille autre choses qui n’ont rien à voir sauf le fait de bruisser. Ouf ! Le public s’énerve et avec Internet il a les moyens de le faire savoir ? Certes, mais si peu de temps et si virtuellement…Quelques heures à peine et hop, on passe à autre chose. Alors mon amie la com’ qui a tout compris aux vertus du web, ne prend même plus la peine de nous sortir son artillerie de crise, pas nécessaire ça prendait plus de temps que de laisser retomber le soufflé. Elle sourit simplement et retourne à ses campagnes qu’elle ne manquera pas, elles, de nous infliger dans la durée. Quant à nous, je vais vous dire, on s’est tous bien fait buzzer. Et ça ne fait que commencer.