La Plume d'Aliocha

09/09/2009

Un an, déjà !

Filed under: A propos du blog — laplumedaliocha @ 18:39

Je viens de m’apercevoir que le blog fête son premier anniversaire aujourd’hui. Du coup, je vous aurais bien proposé un debriefing de cette expérience, notamment à l’attention de ceux qui seraient tentés de se lancer, sauf que je n’ai pas le temps, mes rédacteurs en chef trépignent. Ce sera donc pour plus tard. En attendant, comme l’anniversaire d’un blog c’est aussi un peu celui des lecteurs qui le fréquentent, voici donc un dessin en cadeau.

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Gare au syndrome de la talonnette

Filed under: Réflexions libres — laplumedaliocha @ 13:13

Les emballements médiatiques restent encore largement à mes yeux un mystère. Pourquoi un sujet comme la visite de Nicolas Sarkozy chez Faurecia agite-t-il soudain les médias tandis que d’autres sujets restent dans l’ombre ? Pourquoi ces emballements surgissent-ils au moment le plus inattendu ? Qu’est-ce qui les déclenche ? Deux articles ce matin ont attiré mon attention sur ce sujet.

D’abord celui d’Elisabeth Lévy sur Causeur. Je lis toujours avec intérêt cette journaliste cultivée, à la plume élégante et à l’esprit acéré. Ce que j’apprécie surtout chez elle, c’est sa capacité à nager à contre-courant. Or, il se trouve qu’elle vient de publier une lettre à Marianne dans laquelle elle apporte au débat sur le traitement médiatique de l’affaire Faurecia une contribution critique fort intéressante. Vous le savez, j’aime particulièrement l’esprit de Marianne et de son site. Si je relaie ici l’article d’Elisabeth Lévy ce n’est donc pas pour alimenter un procès. Au surplus, l’affaire Faurecia qu’elle leur reproche d’avoir traitée  mérite à mon sens l’attention qu’on lui porte, tant il faut être vigilant à l’égard des mises en scène que nous inflige la communication politique. Ce n’est donc pas un non-sujet, loin de là.  Simplement, il ne faudrait pas que de telles anecdotes occultent les questions de fond. C’est pourquoi la réflexion d’Elisabeth Lévy sur ce dossier me parait extrêmement intéressante dans le cadre des débats que nous menons ensemble sur ce blog. Elle observe avec raison que Nicolas Sarkozy n’est sans doute pas idiot au point de se lancer dans ce genre de manipulation qui a 100% de chance d’être découverte et dont le ridicule alors s’avère irréparable. Comme elle, je pense que s’il y a eu consigne dans l’affaire Faurecia, c’est d’un conseiller qui a eu une fausse bonne idée et ferait mieux de démissionner. Comme elle, je ne pense pas que la parole des « vrais gens », comprendre des salariés et des syndicalistes, soit forcément plus indépendante et crédible que celle des politiques. Comme elle, je suis choquée plus généralement de lire des articles dans la presse faisant intervenir toute la gamme des psys pour tenter de percer la psychologie de Nicolas Sarkozy, comme s’il s’agissait de découvrir à toute force sous le masque du démocrate l’ombre du tyran. Je trouve cela aussi indécent qu’inutile. D’ailleurs, parmi les quelque 90 brouillons d’articles que vous ne lirez jamais car je n’ai pas eu le temps de les achever, il y en avait un sur ce sujet. A trop attaquer un homme sur ce qu’il est, on en oublie d’observer ce qu’il fait, or c’est bien là l’essentiel du travail journalistique, observer les faits et non pas subodorer  les intentions ou gloser sur les caractères.  Allez lire son article, il est bien plus riche que les quelques idées que j’évoque ici et il donne à réfléchir aux journalistes comme à leurs lecteurs.

J’avais à peine fini cette lecture que je découvre sur @si la chronique matinale de Daniel Schneidermann, c’est ici et c’est gratuit. Il se demande pourquoi les bourrages d’urnes du Congrès de Reims intéressent la presse seulement au moment où parait un livre à ce sujet. Quelle bonne question, vous ne trouvez pas ? C’est à se demander si la communauté journalistique n’attend pas systématiquement qu’une voix courageuse s’élève sur un sujet délicat pour pouvoir enfin se libérer de ses peurs et de ses propres censures.  En ce sens, l’affaire Aubry rejoindrait l’affaire Sarkozy-Faurecia dont vous vous rappelez qu’elle a été révélée par la presse étrangère. Manque de courage, suivisme, emballement, goût du détail croustillant, ces défauts sont réels. Il est donc particulièrement salutaire que certains d’entre nous prennent le temps d’y réfléchir.

Je sais, quelques commentateurs ici me répondront que je suis bien la dernière à le découvrir, qu’ils ne cessent de répéter  que c’est une des raisons du désamour vis à vis des médias. Allons, chers internautes, puisque l’heure est à l’autocritique, vous êtes bien sûrs de ne pas éprouver vous-même cette tentation du détail croustillant qui décrédibilisera un peu plus un président si doué pour irriter ? Vous êtes bien sûrs que ce n’est pas plus facile de se lancer dans ce débat-là que d’entrer dans la délicate et complexe question de l’appréciation de sa politique  ? Les blogs, forums et autres lieux d’expression du même type se repaissent de ces bruits de chiotte au point de dépasser les journalistes eux-mêmes – et de très loin – dans l’exercice. Disons donc que c’est un travers humain, même si je vous accorde qu’en tant que professionnels, nous avons le devoir de le surmonter. Précisément, cela ouvre une autre réflexion. Le basculement de la presse sur le web oblige celle-ci à s’adapter à ce nouvel univers et aux habitudes de ceux qui le fréquentent. Il ne faudrait pas qu’à cette occasion les médias, par définition si perméables à leur environnement, aggravent leurs travers naturels. Car dans ce cas, il y a fort à parier que ce que j’appelle le syndrome de la talonnette, c’est-à-dire la primauté du détail sur l’essentiel, ne prospère de manière inquiétante….

Mise à jour 17h25 : L’affaire Faurecia suscite décidément le débat dans la presse. Philippe Cohen de Marianne 2 y revient en expliquant en quoi elle est importante, répondant au passage à Elisabeth Lévy, tandis qu’@si, qui a suivi attentivement le dossier, rebondit ici.

21h26 : Philippe Bilger s’émeut quant à lui non pas des talonnettes de Sarkozy ou bien des salariés de Faurecia choisis pour leur petite taille mais du chewing-gum présidentiel. C’est ici.

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