J’aurais pu choisir un sujet moins grave pour un lundi matin. Mais il se trouve que je n’étais pas disponible ces derniers jours pour vous dire quelques mots de la mort du journaliste Christian Poveda, c’est donc aujourd’hui que le fais. La photo en illustration fait partie de la dernière campagne de Reporters sans frontières. L’occasion peut-être d’aller visiter leur site qui dresse une cartographie de l’état de la liberté de la presse dans le monde, c’est ici.
Christian Poveda, 54 ans, a été assassiné le 2 septembre d’une balle dans la tête au Salvador. Il y enquêtait depuis plusieurs années sur le gang « Mara 18 ». Son documentaire sur les bandes armées au Salvador, « La vida loca » sort le 30 septembre en France.
Je vous recommande d’aller lire sa dernière interview, réalisée la veille de sa disparition. C’est ici. Par ailleurs, Libération a raison de tirer la sonnette d’alarme dans cet article :
« Outre la douleur d’avoir perdu un ami et un confrère, les photoreporters sont aujourd’hui en colère. «Il y aura toujours des gens prêts à partir dans les zones les plus dangereuses de la planète pour témoigner de ce qui s’y passe, affirme Christian Caujolle. Toutefois, si ce journalisme est en danger, c’est évidemment parce que des gens comme Christian risquent leur vie mais aussi parce que leurs travaux trouvent de moins en moins de place dans les médias qui sont censés les diffuser.»
Eh oui, le people, voyez-vous, ça rapporte infiniment plus que d’enquêter sur les gangs au Salvador. Le public préfère apercevoir le cul d’une star pris au téléobjectif ou les bourrelets du Président que de savoir ce qui se passe d’important sur la planète. En tout cas, c’est ce que pensent les éditeurs de presse et ils n’ont sans doute pas tort. Mais il fut un temps où ils savaient financer la vraie information avec les futilités plus vendeuses de l’actualité « people ». Aujourd’hui, les titres de presse, menacés dans leur survie, se replient sur les recettes faciles.
Bon sang, mais dans quel monde vivons-nous ?
Il est peut-être temps que le public se fasse entendre sur ce coup-là. Je refuse de croire que les travaux de journalistes comme Poveda n’intéressent personne.