La Plume d'Aliocha

28/08/2009

Les banques contre-attaquent

Filed under: Mon amie la com' — laplumedaliocha @ 15:24

C’est beau la communication. Franchement, je n’aime pas, pas du tout même, mais je dois bien admettre que c’est beau.

Tenez, par exemple, nos amies les banques. Depuis le début de la crise, elles ont adopté profil bas, au point que notre interviewer favori, Jean-Michel Aphatie, leur reprochait récemment dans ce billet leur manque de fierté. Tu parles ! Comme si la fierté avait quoique que ce soit à voir avec le schmilblick. Il rêve de quoi JMA ? D’une manif de banquiers en colère ? D’un débrayage massif au sein des conseils d’administration des banques ? Mieux, d’une gève de la faim de Baudoin Prot devant les grilles de l’Elysée ? Allons, soyons sérieux. Bref, nos amies les banques sont en train de se réveiller, et reprennent leur stratégie de com’, vous allez voir comment.

Un bras de fer classique entre sécurité et compétitivité

Depuis des mois les banques et le gouvernement s’affrontent à fleurets mouchetés sur le thème « si vous n’obéissez pas on légifère », « si vous légiférez on fout le camp« . Entre nous, ce n’est pas nouveau, simplement l’affrontement a pris une acuité particulière en raison des enjeux. Depuis que je suis les dossiers d’actualité financière, j’observe le même rapport de force : d’un côté vous avez les financiers qui passent leur temps à geindre sous le poids des contraintes réglementaires françaises lesquelles, disent-ils, les handicapent vis à vis de leurs concurrents étrangers (notamment anglais et américains) de l’autre, vous avez les politiques et surtout les fonctionnaires du Trésor qui passent leur temps à résister au lobbying. Les réglementations françaises en la matière sont donc le plus souvent un savant équilibre entre protection de l’épargnant et satisfaction des attentes des financiers (lesquelles n’ont jamais d’autre ambition que d’assurer la plus grande gloire de la Place de Paris, mais oui bien sûr). Toujours est-il que c’est sans doute cet équilibre qui a permis aux banques françaises de souffrir moins que les autres, ce quelles reconnaissent d’ailleurs bien volontiers ces derniers temps. Mais elles ne le reconnaissent que pour les réglementations déjà en vigueur, car dès qu’il s’agit d’en rajouter une couche, comme en ce moment, les voilà qui se dressent sur leurs ergots en invoquant la compétitivité, les risques d’hémorragie des talents à l’étranger et tout le toutim. Classique.

La loi ou le pilori

Alors a surgi l’argument massue : réglementer en France ne servirait à rien et serait même contreproductif car cela entraînerait une fuite de talents et de capitaux en direction de la grande place rivale, Londres.  D’où les 7 réunions de bottage de cul qui se sont succédé ces derniers mois à l’Elysée.  Il fallait bien faire quelque chose puisqu’on ne pouvait pas légiférer. Sur ce point le lobbying bancaire a fonctionné. Et pour cause, n’importe quel observateur vous dira que l’argument est fondé (les lobbyistes ne racontent pas non plus que des imbecillités). Il est difficile en effet dans un secteur aussi compétitif et mondialisé de faire cavalier seul, surtout quand il s’agit de toucher au portefeuille. Mais ce discours, pas totalement absurde sur le principe, poursuit des objectifs fort contestables. Car au fond, ceux qui le profèrent entendent bien faire comprendre (c’est l’étape suivante de la stratégie et le but ultime de manoeuvre)  que la France n’a strictement aucune chance de convaincre les anglais et les américains de la suivre. Nous assistons donc à une vraie entreprise de sape sur le mode, « inutile de nous ennuyer, de toutes façons vous n’irez nulle part« . Nicolas Sarkozy lui pense que si, et entre nous, il a raison d’essayer. Mais du coup, il irrite. Ne pourrait-il, comme Obama, entendre raison et lacher l’affaire, doivent songer nos amis de la finance.

Les banques s’attaquent aux médias

Alors les banques ont trouvé un nouveau truc, tenter de faire entrer dans la tête des journalistes, et donc à travers eux de l’opinion, que décidément tout ceci est inutile. Vous aurez sans doute observé qu’à la télévision comme dans la presse écrite, tous les journalistes économiques vous expliquent en ce moment qu’il faut convaincre la communauté internationale, faute de quoi, toute réglementation française sur le bonus sera vouée à l’échec, voire contreproductive. Même Marianne s’est rangé à l’argument, quoique à contrecoeur, dans un excellent papier sur la crise paru cet été. Or, il se trouve qu’un article paru ce matin dans Le Parisien franchit une étape supplémentaire dans le raisonnement. Vous allez voir comment. On y apprend, tenez-vous bien, que les traders de la Société Générale s’estiment « pas assez payés ». Eh oui. Comment le sait-on ? Le Parisien s’est procuré une enquête confidentielle réalisée par la banque auprès de ses traders. Enquête qui révèle que les salaires sont moins mirobolants qu’il y parait (de 1 500 à 5000 euros, sachant que les bonus représentent tout de même 100% du salaire annuel) et qu’en plus, les primes sont distribuées à la tête du client. Sans compter le décalage insupportable entre le salaire du trader de base et celui de ses patrons. Vous l’aurez compris, le trader français c’est la plèbe du système bancaire mondial. D’ailleurs, l’article nous rappelle au passage combien ils sont nombreux, ces prolétaires français de la finance à vouloir s’expatrier à Londres. Ben voyons. Comme le dit mon confrère de So Biz, qu’ils y aillent, ils ne nous manqueront pas. (Allez le lire, c’est remarquable, pour une fois que l’un d’entre nous remonte le courant de la com’ officielle, faut pas rater ça !). Bref, vous l’aurez compris, nous avons tort de nos indigner sur le sort des traders français au point de vouloir faire basculer la réglementation mondiale, vu que nos traders sont les moins bien payés de la planète. N’est-ce pas que c’est joli, un plan de com’ ?

Une stratégie de pollution intellectuelle

Autant dire tout de suite aux adeptes du grand complot médiatique que je ne soupçonne pas un instant Le Parisien de vouloir participer délibérement à la com’ des banques, ce journal courageux fait du bon boulot. Je conçois aisément que le journaliste ait été heureux d’obtenir ce document confidentiel et n’ait pas cherché plus loin. D’ailleurs, la fuite peut parfaitement venir d’un syndicat, c’est assez courant dans une entreprise en crise. Simplement, je suis sûre que, d’où qu’elle vienne, cette fuite sert drôlement bien la stratégie de com’ de nos amis banquiers….

Regardez bien ce qui va se passer d’ici le prochain G20 fin septembre dans les médias. Car l’offensive médiatique des banques, un temps mise en sommeil pour des raisons évidentes, est en train de se redéployer. Et Dieu sait qu’elles ont les moyens de leurs ambitions. Vous voyez au fond, c’est ça, la grande force de la com’, polluer les esprit en martelant un message qui finit par être considéré comme une vérité. Il n’y a plus qu’à espérer que Libération nous sorte un nouveau scandale de bonus, de rémunérations ou de pertes abyssales sur les marchés. Faute de quoi…

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Mes lectures de l’été

Filed under: Salon littéraire — laplumedaliocha @ 10:42

Puisque nous avons pris beaucoup de plaisir à discuter littérature avant les vacances, j’ai décidé d’ouvrir une nouvelle rubrique intitulée « Salon littéraire ». J’y classe d’ores et déjà les 4 billets Plaisir de lire (anciennement classés dans détente) et je vous propose d’échanger sous celui-ci nos impressions sur les livres de l’été. Par ailleurs, je consacrerai au moins un billet par mois au salon littéraire. A vos bibliothèques donc !

Et pour amorcer la discussion, voici mes lectures de vacances.

Romans

arton402-05511Hans Fallada – Quoi de neuf petit homme ?– Folio. Je vous avais déjà parlé de Seul dans Berlin. Gallimard vient de sortir un nouveau roman de cet auteur allemand, journaliste et romancier, mort en 1947. C’est l’histoire d’un jeune couple modeste en Allemagne dans les années 30. A travers son destin, l’auteur peint les tourments d’une société au bord du grand désastre nazi. Ce roman est moins puissant que le précédent, mais on y retrouve la même délicatesse d’âme. Vibrant.

Irène Némirovsky – La proie -Le livre de poche. Voilà décidément un auteur qui me fascine. Le maître des âmes et Les feux de l’automne m’avaient déjà enchantée, celui-ci confirme mon goût pour l’auteur. Nous sommes à Paris durant les années folles. Un jeune ambitieux tente de faire sa place dans la haute société. Mais la passion qu’il ressent pour la fille d’un financier va le mener à sa perte. Le plus frappant dans ce livre, ce sont les accents tantôt balzaciens, tantôt stendhaliens qui l’animent. Les personnages de Némirovsky ont ceci de commun qu’ils acceptent de se damner pour atteindre une réussite qui, finalement, ne leur apporte pas le bonheur et la tranquillité espérée.  Comme si le sort s’acharnait à maintenir chacun dans sa condition, punissant ceux qui n’acceptent pas les règles du jeu. A moins qu’on ne soit plus rien quand on a vendu son âme…Magnifique.41Apqf5ha2L._SL500_AA240_

Georges Orwell – 1984 – Folio. Je m’abstiendrai de tout commentaire compte-tenu de la célébrité du roman. Simplement, j’ai souvenir d’avoir lu cet été un article de Marianne sur les dangers des nouvelles technologies pour les couples infidèles. Le journaliste concluait ainsi : « Big Brother, c’est nous ». C’est aussi ce que je pense.  J’ajoute que l’influence croissante de la communication me semble instaurer une tyrannie douce, moins évidente que celle du roman, mais à mon sens tout aussi dangereuse.

Witold Gombrowicz – Ferdydurke – Folio. Alors là….Que dire ? Bien qu’ayant un esprit tout à fait ouvert aux différentes formes d’extravagances, j’avoue avoir été quelque peu destabilisée par la forme de ce livre. Le propos est un peu compliqué à suivre, l’intrigue un brin délirante (un jeune homme qui soumet ses premiers écrits littéraires à un universitaire est ramené de force à l’école et maintenu dans un état enfantin malgré ses trente ans bien sonnés). Cela étant, les idées défendues sont intéressantes. D’abord l’infantilisation dont nous sommes victimes de la part de gens qui ont le sentiment ainsi de s’inscrire par opposition dans l’âge adulte, ce qui mène au passage l’auteur à poser de pertinentes questions sur ce qu’est un adulte. Ensuite, la capacité des autres à nous fabriquer une personnalité sans rapport avec ce que nous sommes réellement. Je ne connais pas d’autre auteur ayant traité ces deux sujets. Fort bien écrit. Merci au commentateur éponyme, grâce à qui j’ai découvert ce livre.

William Boyd – Comme neige au soleil – Points. L’intrigue se déroule durant la première guerre mondiale, essentiellement en Afrique. On y retrouve l’humour décapant de Boyd que j’avais tant aimé dans Un anglais sous les tropiques et son art de la satire sociale, particulièrement cruelle. Un excellent roman, mais je continue de préférer un anglais sous les tropiques. Je précise que Pivot avait dit de ce livre « Achetez-le, si vous ne l’aimez pas, je vous rembourserai ».

Mario Vargas Llosa – La fête au bouc – Folio. L’auteur raconte la chute du dictateur Trujillo à Saint Domingue, à travers le regard de sa fille, des acteurs de la dictature et des hommes qui préparent en secret son assassinat. Un bon livre mais dont je n’ai pas aimé la construction à trois niveaux, trop sophistiquée, avec des retours en arrière qui, à mon avis, nuisent à la fluidité du récit et à la montée en puissance de l’intrigue. Il faut dire aussi que j’ai un goût prononcé pour les constructions balzaciennes, à savoir une lente mise en place du décor et de l’intrigue et une montée en puissance du récit jusqu’à l’explosion finale.

John Irving – Le monde selon Garp – Points. Aïe. J’ai toujours eu un problème relationnel grave avec la littérature américaine, ça se confirme. A l’exception notable de Steinbeck qui figure dans mon Panthéon littéraire en très bonne place, les autres m’ennuient, à périr…quand ils ne me tombent pas carrément des mains comme l’épouvantable American Psycho de Bret Easton Ellis. Bon, il y a bien Tom Wolfe qui m’intéresse un peu, mais je reste loin de l’éblouissement. Bref, je misais beaucoup sur Irving. Las, j’ai détesté autant Garp que sa mère. L’étonnante absence d’émotion, l’universalité introuvable des personnages, l’absence d’analyse psychologique m’ont laissé une désagréable sensation de vide. Cela étant, je tenterai d’en lire un autre, on ne sait jamais. Si quelqu’un se sent en mesure de m’ouvrir les portes de la littérature américaine, je suis preneuse….

Policiers

41Pr2Bp2o4L._SL500_AA240_Jô Soares – Meurtres à l’académie – Le livre de poche. Ah! une vraie friandise. Animateur de télévision brésilien, l’auteur est un passionné de lecture et ça se sent. Son commissaire, qui s’appelle Machado (prénom) Machado (nom) parce que son père adorait l’écrivain Machado de Assis, enquête sur la mort de plusieurs immortels de l’Académie des lettres. C’est fin, cultivé, bourré d’humour, sans prétention, on croirait déguster l’une de ces petites mignardises que l’on sert habituellement avec le café dans les grands restaurants. L’auteur avait sorti il y a plusieurs année un autre polar sur le même modèle Elémentaire ma chère Sarah!, tout aussi savoureux.

Gillian Flynn – Sur ma peau – Le livre de Poche. Une jeune journaliste est envoyée par son rédacteur en chef dans la petite ville du Missouri dont elle est originaire pour enquêter sur la disparition d’une enfant. Voilà qui oblige notre reporter à se rapprocher de sa mère, une femme trouble et capricieuse avec qui elle entretient des rapports destructeurs. L’intrigue est originale, bien menée, la description de l’hypocrisie et de la violence qui règnent dans cette petite ville américaine tout à fait réussie.

Carlène Thompson – Noir comme le souvenir – Folio Policier. Tiens, je m’aperçoit en parlant de ce livre que j’ai oublié dans le billet consacré au polar d’évoquer la catégorie spécifique des polars féminins.  J’y vois d’un côté les grandes reines du crime anglaises, de l’autre ces américaines qui jouent sur les peurs féminines (mari au passé trouble, enfant assassiné etc.). Une femme dont la fille a été enlevée il y a 20 ans est victime de phénomènes curieux. Elle croit entendre la voix de sa fille, découvre la poupée que celle-ci avait avec lors de sa disparition dans la chambre d’un de ses enfants etc….C’est efficace, rien à dire, même si c’est sans grande originalité.

Gilda Piersanti – Bleu catacombes – Pocket : Cette fois nous sommes à Rome. Plusieurs têtes coupées sont retrouvées notamment dans les catacombes. Le roman a reçu le prix SNCF du polar européen. La promenade dans Rome est fort agréable, l’intrigue originale, un bon polar.

Jean-Patrick Manchette – La position du tireur couché – Folio Policier. Je n’avais jamais lu Manchette, grave erreur. Un tueur à gage décide de prendre sa retraite. Seulement voilà, rien ne tourne comme prévu et le chasseur devient une cible. Merci à Gwynplaine de m’avoir rappelé l’existence de ce grand auteur de roman noir.

27/08/2009

Ah ! Les petites gens…

Filed under: Insolite — laplumedaliocha @ 10:51

9782035837110_0Comme toutes les grands découvertes, celle que j’entends vous narrer ici est survenue par hasard.  Allongée sur le sable chaud d’une plage de Crête face à une mer aigue-marine,  je venais de terminer « Quoi de neuf petit homme ? » de Hans Fallada, vous savez, le magnifique auteur de « Seul dans Berlin ». Allez savoir pourquoi, je retourne le livre et lis la quatrième de couverture, ce que je n’avais pas fait lors de son acquisition. Quand j’aime un auteur, je lui confie mon temps libre les yeux fermés.

Où l’on découvre qu’il y a donc des petites et des grandes gens…

Et là que lis-je ? Que Fallada excelle dans la description de la vie des « petites gens ». Enfer et damnation. J’ai horreur de cette expression, mais vraiment horreur, je la trouve aussi sotte que condescendante. C’est quoi, des « petites gens » ? Le contraire des « grandes gens » je suppose, mais encore ? Petit ou grand par rapport à qui ? A quoi ? A l’auteur de ce commentaire inepte sans doute. Mais alors s’il est grand, lui, l’auteur, il est grand comment ? Et moi dans tout ça, j’aimerais bien savoir, suis-je donc membre de la communauté des petites gens ou de celle des grandes gens ? Du haut, ou plutôt du bas de mes 160 cm, j’ai peur de deviner la réponse.

Allons, je suis de mauvaise foi, en fait j’ai parfaitement compris de quoi il s’agissait, mais précisément, je n’aime pas ce que je comprends. Bien sûr, j’ai cherché l’origine de cette expression, pour tenter d’en savoir plus, mais sans succès. Comme elle fleure le suranné, je me dis qu’elle doit remonter à l’époque où il y en avait des  petites gens, en tout cas aux yeux des grandes gens. Seulement voilà, je trouve qu’elle n’a plus sa place aujourd’hui, qu’il faudrait commencer à l’oublier. Surtout que les petites gens du roman me paraissaient fichtrement grandes à moi, grandes dans leurs rêves, dans leur courage pour affronter l’adversité, dans leurs qualités de coeur. Mais au fait, pourquoi petitEs ? Eh bien justement, c’était une question qui me trottait dans la tête ça, pendant toute la fin des vacances, pourquoi donc parle-t-on des petites gens alors que j’ai toujours pensé bêtement que gens était un masculin pluriel ? Le fait est que, privée de mon dictionnaire des difficultés de la langue française, (comment peut-on raisonnablement partir en voyage sans ce précieux outil, franchement, faut-il être sotte tout de même ?), privée donc de la chose,  j’étais bien en peine d’éclaircir ce mystère : les gens, c’est féminin, ou masculin ? Même Monsieur Aliocha, qui fut secrétaire de rédaction d’un grand quotidien dans une autre vie,  séchait sur ce coup-là, lamentablement, se contentant de me dire d’un air inspiré  « oui c’est compliqué, mais je me souviens plus dans quelle mesure exactement c’est compliqué ». Grand ou petite complication, décidément, j’avais bien des problèmes de taille tant sur le fond que sur la forme avec cette histoire.

Sous vos yeux éblouis

Mais je vois qu’à votre tour, vous vous interrogez, saisis soudainement par ce suspens grammatical qui frise l’insoutenable dans les petites et les grandes largeurs. Je crains néanmoins que l’explication ne vous colle un joli mal de tête, tant pis je me lance en remerciant les éditions Larousse au passage.

Vous êtes prêts ?

Alors, gens est selon les cas, masculin ou féminin. YES !

Que ferait-on sans les délicieuses difficultés de notre chère langue française ? Je vais vous le dire, on s’ennuirait.

Ouf, songez vous en vous souvenant du nombre de fois où vous avez commencé une phrase pas « les gens ils sont ceci ou cela ». Ce n’était pas faux, même si vous conviendrez avec moi que ce n’était guère élégant non plus.

Bref, voyons cela de plus près.

En guise d’amuse-bouche, mon cher dictionnaire m’explique que ce mot, qui partage avec les escargots la joie d’être hermaphrodite, tient son curieux état d’un conflit entre son genre – féminin – et le genre de l’idée qu’il exprime (hommes, individus) qui est masculin. Dixit le Littré, cité par le Larousse, entre nous, face à des sources de cette qualité, je m’incline, même si je suis tentée de protester quand même un peu. C’est vrai quoi, pourquoi ne pas choisir une bonne fois pour toutes. Parce que nous, on est bien obligés de se torturer les méninges pour l’utiliser correctement ce mot-là.

Mais je sens que vous vous impatientez.

Des exceptions aux exceptions et ainsi de suite

Or donc, tout dépend de la construction de la phrase.

Lorsque gens est précédé immédiatement d’un adjectif ou d’un participe, celui-ci se met au féminin, d’où nos petites gens.

En revanche, si l’adjectif suit, alors il est au masculin. Exemple : des gens mal élevés.

Avant donc, féminin, après, masculin. Vous croyez que c’est fini ? Allons, ce serait trop simple !

Sont aussi au masculin les adjectifs qui précèdent gens mais n’appartiennent pas à la même proposition. Exemple : Arrivés à un âge avancé, ces bonnes gens n’ont rien pour vivre.

A ce stade vous croyez enfin avoir perçé le mystère des gens, présomptueux que vous êtes !

Car lorsque gens est précédé d’un adjectif des deux genres se terminant par un e muet, cet adjectif, et tous ceux qui le précédent se mettent au masculin. Exemple : ce sont là de vrais honnêtes gens.

Et c’est pas fini.

Tous se met au masculin lorsque gens est suivi d’une épithète ou d’un mot déterminatif. Exemple : tous les gens sensés.

Précisons encore que dans les expressions type « gens de robe », gens est masculin pluriel, de même lorsque gens désigne des domestiques ou les membres d’une bande.

Gens ne doit pas être confondu enfin avec gent qui désigne une nation, une race, et dont le pluriel est gens, mais un gens distinct du premier.

Enfin, mon dictionnaire m’assène une ultime mise en garde : on ne dit pas cinq gens mais cinq personnes. Entre nous, ça ne me serait même pas venu à l’esprit de la faire cette faute-là, mais puisqu’on en parle, je me demande si je ne vais l’adopter, comme ça, rien que pour me venger de tous les pièges invisibles tendu par ce mot incapable de choisir son genre une bonne fois pour toutes.

Je vous quitte, j’ai rendez-vous avec trois gens.


26/08/2009

Presse en ligne : le retour du payant !

Filed under: Débats — laplumedaliocha @ 11:20

La gratuité de la presse en ligne semble prendre un petit coup dans l’aile. Crise publicitaire oblige, les éditeurs revoient leur stratégie. Ainsi en est-il de Libération qui annonce pour le 7 septembre une nouvelle formule d’abonnement, payant, pour son site en ligne. En réalité, il s’agit plutôt d’un modèle mixte puisque la plupart des articles resteront gratuits à partir de 18heures comme c’est le cas actuellement, tandis qu’une nouvelle formule proposera, moyennant 12 euros par mois, des services supplémentaires (information Le Monde, relayée par @si). Le Figaro et l’Express réfléchissent au même modèle, lequel est celui adopté par Les Echos et Le monde.

Murdoch lui-même opte pour le payant

Dans son enquête publiée le 10 août dernier, la journaliste Sophie Gindensperger d’Arrêt sur Images revient sur sur la décision du magna de la presse, Rupert Murdoch, de rendre payants ses sites d’informations, à savoir le Sun, le Times et News of the world. Allez lire son article, elle dresse un panorama très complet des différentes stratégies des éditeurs sur le sujet d’où il ressort que le pari de la gratuité, jusqu’ici de mise, semble avoir fait long feu. Cela étant, elle évoque aussi les arguments contre le modèle payant, notamment ceux de Jeff Jarvis, professeur de journalisme, pour qui cette démarche est tout simplement suicidaire.

Un changement de mode de consommation

Pour ma part, je ne crois pas au modèle gratuit pour de multiples raisons que nous aurons sans doute l’occasion d’aborder dans la discussion. Je songeais notamment ce matin en lisant un article de Marianne papier sur les accessoires pour IPhone au budget que nous consacrons désormais aux technologies. Entre le téléviseur à écran plat, l’ordinateur familial, le téléphone portable ultra-sophistiqué et tous les frais d’accessoires et de consommation qui les acompagne, il me semble à première vue – mais je ne suis pas économiste – que nos budgets culture divertissement autrefois consacrés notamment aux livres et à la presse sont absorbés désormais par ces joujoux technologiques. Alors forcément, on rechigne à payer en plus le contenu. Si je comprends aisément le problème économique, je ne suis pas certaine en revanche que l’exigence soit fondée. Au nom de quoi acceptons-nous sans ciller et même avec enthousiasme de dépenser des sommes conséquentes dans une innovation technique, pour exiger ensuite que les producteurs de contenu livrent le produit de leur travail gratuitement ? C’est une vraie question que je pose, j’ignore si elle est pertinente ou pas, mais elle me travaille.

Votre avis m’intéresse !

Indépendamment de cela, je profite de ce billet pour solliciter votre avis : êtes-vous prêts ou pas à payer pour accéder à un contenu d’information sur le web et si oui, à quelles conditions ? Au passage, je rappelle qu’un abonnement à @si coûte 3 euros par mois, soit le prix d’un hebdomadaire, Mediapart facture 9 euros par mois, Le Monde.fr 6 euros par mois, Les Echos 15 euros par mois (le journal en ligne + l’accès à l’intégralité du site). Entre nous, c’est plus cher que gratuit, mais ce n’est pas ruineux non plus….

25/08/2009

C’était bien…

Filed under: détente — laplumedaliocha @ 09:22

Ah! les retours de vacances….C’est toujours la même histoire. Il faut raconter à la machine à café ce qu’on a fait, écouter les récits des potes, se désoler ensemble que ce soit déjà fini. Tout le monde vous dira que c’était génial, même ceux qui ont eu droit à 20 jours de pluie, les déçus de la location (genre il y a bien une vue sur mer comme disait l’annonce mais en montant sur un escabeau et en regardant par la lucarne des toilettes), les victimes d’hôteliers malhonnêtes (2 minutes à pied de la plage, qu’ils disaient, oui, mais en traversant la route nationale au pied de l’hôtel). Et tout ça, sans compter les soirées entre amis de la rentrée. Ah que c’est dangereux ça ! On risque à tout instant le fatidique « tiens, on va vous montrer nos photos de vacances, on en a fait 200 » (pitié, pas ça) ou pire, le film, avec les enfants qui jouent dans la piscine, « il dure deux petites heures, ensuite on dîne, vous allez voir, c’était fantastique » (l’horreur).

Du coup, j’ai décidé de vous infliger les miennes de photos, comme ça, juste pour voir comment ça fait d’ennuyer le monde.

Voilà l’hôtel. Bon d’accord, il était un peu vétuste, mais c’était un bâtiment historique, fallait pas s’attendre non plus au confort du Hilton….

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De toutes façons,  avec les copines, on passait notre temps dehors (c’est moi au milieu),

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L’ennui, c’est que les gosses grimpaient partout et qu’ensuite ils étaient incapables de redescendre, il fallait organiser des opérations de sauvetage…

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Heureusement, de temps en temps on les confiait aux garçons et on filait à la mer (vous voyez le petit sillage blanc à gauche de l’île ? C’est mon bateau) Eh oui, la séance photo a aussi pour but de rendre les copains jaloux…que c’est mesquin. (Bon, faites pas cette tête, je n’ai pas de bateau, c’était une blague).

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Bref, c’était le farniente ! (celle-là, je l’ai prise juste pour vous prouver que j’avais bien les doigts de pieds en éventail)

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Seulement voilà, c’est fini, alors, il faut passer à autre chose. Surtout que la rentrée est drôlement réjouissante, entre la crise et le H1N1, avouez qu’on ne risque pas de s’ennuyer.

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01/08/2009

Les doigts de pieds en éventail….

Filed under: A propos du blog — laplumedaliocha @ 15:42

Chers amis virtuels et néanmoins précieux,

Le temps est venu pour moi de poser la plume.

Je sais, la plupart des bons blogueurs ne lâchent jamais le clavier, ils ne connaissent ni vacances, ni jours fériés, ni panne d’inspiration, ni besoin légitime de repos. Ils sont virtuels, invisibles et inusables. Seulement voilà, l’actualité pour moi est un métier avant d’être une distraction. Alors quand je pars en vacances, c’est sans l’actualité. Qu’elle fasse ce qu’elle veut, mais qu’elle le fasse sans moi. J’ai hâte d’abandonner mon inconfortable chaise de bureau pour un transat les pieds dans l’eau et mon écran pour la nature. Le temps est venu de se taire et d’écouter, de lire plutôt que d’écrire, de contempler et de méditer. Et pour cela, il faut éteindre portables et ordinateurs, oublier l’information en boucle sur LCI ou ailleurs, s’inscrire aux abonnés absents y compris à l’égard des rédacteurs en chefs névrosés et autres tyrans du même acabit. Advienne que pourra. Comme dirait mon accupuncteur en cela approuvé par mon maître de yoga, IL FAUT LACHER PRISE. Je profite de ce billet pour faire passer le mot car, croyez-en une droguée du boulot et de l’info, ils ont prodigieusement raison !

Un petit bilan avant de partir néanmoins. Depuis la création de ce blog le 9 septembre dernier, mon tableau de bord a recensé 223 billets publiés (et 89 non publiés, vous avez échappé à quelques coups de gueule virulents), plus de 6500 commentaires et 339 000 visites. Un grand merci à tous pour votre présence et votre participation aux discussions ! Evidemment, sans le soutien d’Eolas, ce blog plafonnerait à 25 visiteurs par jour. Qu’il en soit remercié.

Certains sujets m’interpellent depuis une semaine, mais j’avoue avoir eu la paresse de les commenter. Heureusement, d’autres l’ont fait mieux que moi. Voyez ce billet de Claude Soula sur les difficultés de l’agence Gamma, cet article de Philippe Cohen sur les RG et la burqa ou encore l’émission qu’a consacré @si à l’affaire Drai (réservée au abonnés, mais entre nous, 3 euros par mois, c’est pas la mer à boire, si ?).

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Une balade dans Paris ?

A tous ceux qui ont décidé de profiter de Paris au mois d’août, je propose avant de partir une petite promenade journalistique. Faites donc un saut au Musée d’Orsay, vous y trouverez une galerie consacrée au journalisme et notamment, si ma mémoire est bonne, une carte signalant l’emplacement des journaux à l’âge d’or de la presse, dans le quartier qu’elle a aujourd’hui quasiment déserté, entre le Sentier et l’hotel Drouaut. En sortant, dirigez-vous vers la très belle église de St Germain L’Auxerrois. A droite en entrant, se trouve une magnifique chapelle. Dans la travée centrale, vous verrez une dalle indiquant que le père de la presse française, Théophraste Renaudot (en photo) repose en ces lieux. Si la faim se fait déjà sentir, vous pouvez déguster une salade chez Cojean juste à côté. Ambiance éthérée dédiée aux mannequins et autres jolies créatures soucieuses de leur ligne, vue sur la Seine, et produits aussi frais que savoureux. Idéal par temps chaud. Si les saladeries branchées ne vous tentent pas, traversez le Pont Neuf et allez gouter le plaisir d’une terrasse Place Dauphine, c’est l’un de mes endroits favoris. A moins que vous ne préfériez une tartine et un verre de vin à la Taverne Henri IV, juste à l’entrée de la place à côté de l’antiquaire. En passant, jetez un coup d’oeil à la maison des avocats (hotel de Harlay) en face du Palais de justice, juste à côté se trouve le siège de la légendaire Gazette du Palais.

Si vous préférez la cuisine italienne, alors foncez chez Fellini, rue de l’arbre sec. Ils font les meilleures vongole de Paris. Attention toutefois, à plus de 20 euros le plat de pâtes, l’addition monte vite. Si vous ne voulez pas vous ruiner, optez pour les spaghettis vongole ou les santa lucia (divin) arrosé d’un verre de vin blanc ou rouge de la maison, de bonne tenue (surtout le rouge). C’est l’adresse confidentielle des gens de presse, de la mode, du show bizz et de certains politiques. Et pour cause, dans son décor intemporel d’affiches de cinéma sur fond de pierres brutes, il rompt avec les traditionnelles tables branchées de la capitale et offre de surcroît la même qualité de produits depuis plus de dix ans, ce qui est fort rare à Paris.  De là, vous pourrez visiter dans la même rue quelques numéros plus bas la Galcante. C’est ma caverne d’Ali Baba. Ils ont des kilomètres de journaux archivés, de l’Illustration à Combat, Match ou France-Soir en passant par les premiers numéros du Canard enchaîné, les titres de la presse du 19ème siècle et mille autres trésors. Vous pourrez notamment y acheter un exemplaire original du journal de votre naissance. Si vous avez soif en sortant, allez donc boire un verre au Fumoir rue de l’Amiral Coligny. C’est de très loin l’endroit le plus agréable du quartier pour  lire un journal l’après-midi dans des fauteuils confortables avec vue sur le Louvre, la Seine et St Germain l’Auxerrois. Quant à l’ambiance à l’heure de la happy hour, elle vaut le détour. On peut aussi y déjeuner et y dîner.  Libre à vous ensuite de remonter la rue du Louvre pour marcher sur les traces des titres qui ont fait l’histoire de la presse. J’ai cherché en vain sur le web une carte, il vous faudra donc prendre des notes à Orsay ou vous munir d’un guide. Bonne balade !

A partir de demain soir, je placerai les commentaires en mode « approbation préalable » pour être tranquille. Je ne voudrais pas qu’un troll fiche le bins ou que quelques joyeux lecteurs se suspendent au lustre en jouant avec des pots de Danette. Il y a eu des précédents ! Comme je ne pense pas me connecter en vacances, ou très peu, les commentaires qui seront envoyés en mon absence attendront donc mon retour.

Vous allez me manquer.

Bon mois d’août à tous !

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