Pauvre Manuel Valls ! Il regrette qu’un marché à Evry manque de blancs, ce qui lui donne des allures de ghettos, et c’est la curée : la vidéo du forfait buzz et ses camarades politiques s’enflamment. C’est qu’il n’est pas correct à l’heure actuelle d’observer que certains quartiers pauvres ne sont plus fréquentés que par ceux qui n’ont pas les moyens d’habiter ailleurs, et que ceux-là sont souvent des immigrés. Eh non ! On ne dit pas ces choses-là, sauf à vouloir faire le lit de l’extrême droite en relayant ses théories de hiérarchie des races. Voilà un exemple typique de la manière dont on cantonne les politiques et les autres au strict usage de la langue de bois. Un mot de travers au regard des standards de la pensée actuelle, une déclaration qui dérange ou qui tranche avec le discours convenu et la polémique s’enflamme. On crie au scandale.
Bah, observeront certains d’entre vous, où est le mal ? Valls a dit ce qu’il avait à dire et ceux qui le contredisent font de même, ça n’est jamais que l’exercice de la liberté d’expression. Oui et non. Pourquoi à votre avis nous inflige-t-on tant de langue de bois à l’heure actuelle, en particulier du côté des politiques ? Faiblesse intellectuelle ? Manque de courage ? Probablement en partie, mais pas seulement. La liberté d’expression n’est bien souvent qu’apparence. Vous avez le droit de dire ce que vous voulez, mais seulement si c’est conforme à la pensée dominante et si ça ne froisse personne. Dans le cas contraire, il faut s’attendre non pas à un débat et, éventuellement, à une réfutation en bonne et due forme, mais à un véritable lynchage. Il faut absoument faire taire l’importun, le décrédibiliser, l’inciter à rougir de honte et à disparaître.
Les journalistes sentent bien que les gens qu’ils interviewent ont de plus en plus le sentiment qu’un mot de travers peut briser une carrière. Et c’est moins de la presse qu’ils ont peur au sens où elle pourrait trahir leurs propos que des réactions que suscite une parole publique aujourd’hui. D’où le recours à la langue de bois. Car la langue de bois, c’est la sécurité, quand on ne dit rien, on ne risque rien. Alors que la petite phrase maladroite peut vous suivre toute une vie et vous causer bien des tracas. Voilà pourquoi dans le billet précédent, je m’irritais de la réaction dans Libé à la suite de la sortie de Chabot. C’est sa virulence qui me dérangeait, celle-là même qui mène tout droit à l’auto-censure généralisée. Et je me demande d’ailleurs si, par réaction, elle ne fabrique pas des Dieudonné. Ce n’est pas une excuse, celui-là, je le trouve franchement inexcusable, mais il illustre fort bien la manière dont l’excès de langue de bois peut mener certains à vouloir s’émanciper de toutes les limites de la liberté d’expression et même des plus légitimes. Comme l’écrivait Stuart Mill, toute chose est bonne à entendre, soit elle est juste et il faut qu’elle soit dite, soit elle est fausse et il convient de la connaître pour la réfuter. C’est pourquoi j’aime bien la réaction modérée de Patrick Lozès, président du CRAN, tandis que j’apprécie beaucoup moins la virulence de celle de Faouzi Lamdaoui, membre du Conseil national du PS. Ses arguments sont certainement fondés, mais la manière dont il les assène me parait contreproductive. Valls se refuse à tout commentaire. Il a sans doute raison. Mais osera-t-il revenir sur le sujet, compte-tenu des réactions suscitées par ses propos ? Rien n’est moins sûr. Dommage, le problème méritait mieux que cette polémique.
La question est intéressante, et mérite mieux qu’un lynchage, mais il faut dire qu’elle a été posée dans des conditions dérangeantes. On n’est pas dans une situation où Valls aurait, dans un débat/un article/une interview déploré l’absence de mixité ethnique ou sociale de sa ville pour lancer une réflexion de fond sur ces questions. Valls déplore seulement l’image que la proportion de noirs à l’écran donnera de sa ville quand le reportage en cours de tournage sera diffusé. Il ne cherche pas à briser un tabou, mais à faire des relations publiques.
Commentaire par nico — 15/06/2009 @ 18:55
C’est vrai qu’un propos sorti de son contexte peut faire passer pour un facho assez rapidement de nos jours (et les médias, ou plutôt certains médias, ne se privent pas d’ailleurs de sortir les propos de leur contexte. La polémique étant toujours plus vendeuse que le consensuel).
En l’occurrence, il y a deux constatations terribles qu’on peut faire aujourd’hui à propos de la pauvreté. La première, c’est tout simplement son étendue. Le nombre de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté en France n’arrête pas d’augmenter, et la tendance n’est malheureusement pas près de s’inverser.
La deuxième constatation terrible sur la pauvreté, c’est qu’elle touche en priorité les populations d’origine étrangère, à cause principalement des discriminations dont elles souffrent. C’est peut-être ça que Monsieur Valls a voulu exprimer, un peu maladroitement. Ou peut-être était-ce bien un lapsus révélateur d’un certain racisme.
Quoi qu’il en soit, en nous intéressant uniquement à ce propos « suspect », sans chercher à connaître son contexte, et sans demander à l’intéressé de préciser sa pensée, on arrive forcément au lynchage. Qu’il soit coupable ou non, certains diraient que le procès n’a pas été équitable.
Commentaire par jor — 15/06/2009 @ 19:03
Plutôt d’accord avec nico (et c’est ça qui pose problème):
La remarque de Valls c’est qu’il trouve qu’un marché plein de noir donne une mauvaise image de sa ville. Il ne fait, en effet, pas une remarque sur la mixité, il se plain de la qualité de l’arrière plan de son interview! Le désir (le besoin) de mixité est tout à fait ‘vendable’ dans les médias (même les mieux pensants) à condition que ce soit bien de cela qu’on parle.
Commentaire par JaK — 15/06/2009 @ 19:21
Pour me compléter (désolé du double post):
je ne crois pas du tout au racisme de Valls, sa remarque est ‘bêtement’ une remarque classique de conseiller en communication préparant un reportage:
– il faut des femmes sur la photo (et si on faisait une photo avec votre suppléante)
– il faut un peu de diversité ethnique (trouvez moi vite un arabe, n’y en a-t-il pas un à la jeunesse? ok, pour aujourd’hui il siègera à la droite du maire au conseil… et si je lui fait la bise, c’est too much?)
– vaudrait mieux planquer le paquet de clopes qui traine sur le bureau, ce serait très mal vu….
… etc…
Valls est juste honteux de sa ville quand il s’agit de la montrer au reste du monde…
Commentaire par JaK — 15/06/2009 @ 19:30
Le problème, c’est que ce genre de remarques va toujours dans le même sens. Cela fait écho à ceux qui regrettent qu’il y a trop de noirs dans l’équipe de France de foot, ou trop de Musulmans dans le 93. Ceux là on ne les entends pas dire que ça manque de mixité à Versailles chantiers. Vouloir instaurer plus de mixité sociale et ethnique est une démarche respectable. Le sujet, au vu des préjugés et des fantasmes d’une partie de la population, entretenus par l’extrême droite dont c’est le fond de commerce, reste néanmoins très délicat. Je comprends donc que les propos de Valls fassent scandale. Je crois même qu’ils doivent être denoncés. La violence des attaques me dérange cependant, car elle étouffe toute discussion, tout dialogue autour d’un sujet de société majeur, et laisse chacun devant ses convictions et ses préjugés.
Commentaire par T.E.A — 15/06/2009 @ 20:12
bonjour Chère Aliocha
votre interrogation concernant la langue de bois qui fabriquerait les excès de langage pour s’en affranchir est très pertinente
je me suis mise à la place du cobaye et je me suis testée
pourquoi ai-je fait un blog, pourquoi des « coups de gueule » pourquoi quelquefois des jugements à l’emporte pièce ?
force est de constater que vous avez mis le doigt sur une des raisons je dis bien une parmi d’autres qui peuvent inciter à nous exprimer de manière un peu outrancière : la modération chic, le politiquement correct , le discours aseptisé inodorant et sans saveur
peut- être avons nous perdu le goût et la hardiesse du verbe sans vulgarité, le talent dans le maniement des idées , avoir de l’esprit et le bon mot en toutes circonstances, ces mots ou ces phrases que retient l’histoire et qui ont fait les réputations des Voltaire, Beaumarchais, Balzac ou même d’une Madame de Montespan.
nos idées vont elles mourir par la vacuité de notre verbe ?
Commentaire par artemis — 15/06/2009 @ 20:32
Dans la plupart des réactions outragées, une chose m’étonne, l’aveuglement qui suppose qu’il n’y a pas de relation entre la couleur de peau et les possibilités offertes.
J’habite Évry depuis plus de quinze ans, et il est très difficile de ne pas constater que dans le centre commercial de la ville, les agents d’entretien ont la peau sombre à très sombre, de même que pour la plupart des caissières de la grande surface locale, sans que cela ait vraiment changé pendant tout ce temps.
C’est vrai que l’image d’Évry a été assez mauvaise, car il s’agissait de l’une des premières « villes nouvelles », que les média ne la mentionnaient que lorsque des faits divers survenaient, en particulier avec le quartier des Pyramides, qui personnifiait tout ce qui était mauvais dans l’architecture moderne.
Que ce soient ma mère ou ma femme, leurs premiers contacts avec la ville, pour des raisons différentes, ont été difficiles, car conditionnées par les préjugés nés de la désinformation audiovisuelle (pour ma mère) ou de la peur de personnes différentes (pour ma femme, qui n’avait jamais rencontré de Noirs avant d’y habiter). Il a fallu du temps, et quelques rencontres fortuites, avant qu’elles ne changent de regard sur nos concitoyens.
Et il est certain que pour Manuel Valls, qui veut changer la façon dont Évry est perçue à l’extérieur (non plus cité dortoir où les voitures brûlent, mais cité universitaire, ville du Généthon, d’Arianespace, …), ne montrer à l’écran qu’une partie de la population, qui confortera qui plus est les clichés sur les villes de banlieue, ce n’est pas une bonne idée.
Malheureusement, on manque de bobos par chez nous, et les habitants qui fréquentent les brocantes sont rarement là pour chiner…
Donc effectivement il reste une question : qu’est ce qui est fait pour que les emplois sous-payés ne soient plus « réservés » à une certaine couleur de peau ? pour que lorsque une famille d’étrangers non blancs s’installe dans un immeuble, voire un quartier, le prix des logements ne baisse plus quasi automatiquement ? pour que les logements « sociaux » ne soient plus concentrés au même endroit, créant par là même les ghettos qu’il est alors facile de déplorer ? pour que les lois sur les étrangers ne soient pas appliquées différemment suivant qu’on est blanc ou pas ?
Et surtout que ce qui précède soit considéré comme normal par une bonne partie de la population ?
Commentaire par Kharkov — 15/06/2009 @ 23:52
Manuel Vals s’est déclaré candidat à la candidature pour l’élection de 2012. N’allons pas chercher plus loin la raison du tapage médiatique autour de sa réflexion. Autant essayer de le flinguer au plus vite, ça fera toujours un candidat de moins. Et c’est à gauche que les réactions sont les plus virulantes; allez savoir pourquoi.
Commentaire par Maraudeur — 16/06/2009 @ 08:38
Je crois que cet « épisode » résume bien le soucis des politiques, ils ne peuvent plus faire de politique, mais de la com’, enfin en tout cas c’est ce qu’ils croient.
Mais lorsqu’autour de moi j’entends les gens discuter, je crois que ces politiques, devenus aujourd’hui avant tout politiciens, n’ont pas tort.
Commentaire par DePassage — 16/06/2009 @ 09:18
pas besoin d’aller en Iran pour que la censure fonctionne : langue de bois du coté des interviewés et autocensure du coté des journalistes… au final, il n’y a plus rien de bon dans la presse !
Et dire que c’est l’un des plus beaux métiers du monde…
Commentaire par misty — 16/06/2009 @ 11:01
Précision: Valls a pu s’expliquer à la tv, sur Direct 8. La vidéo est ici : http://www.dailymotion.com/video/x9jtav_manuel-valls-aimerait-plus-de-blanc_news
Il se rattrape bien, en faisant croire que sa préoccupation était celle de la mixité sociale, alors que, de toute évidence, il faisait ce que dit JaK dans le commentaire n° 4. Un journaliste plus « agressif », plus accrocheur, aurait pu le mettre en difficulté, essayer de le faire un peu sortir de son calme, je trouve.
Aliocha : certes, mais vous en pensez quoi au fond de sa remarque ? J’ai l’impression ici que je suis la seule ou presque à ne pas mal la prendre et à ne pas le soupçonner de racisme.
Commentaire par Philarete — 16/06/2009 @ 12:20
Aliocha,
Votre réaction, candide, me fait à la fois plaisir et me laisse songeur.
Elle me laisse songeur parce qu’une grande fille comme vous, majeure vaccinée et responsable, ne peut ignorer que nous vivons dans une société du politiquement correct, ce qui suppose non seulement le conformisme intellectuel, mais la prohibition de tout propos qui pourrait contenir, même en germe, l’ombre de l’amorce du prémisse de la possibilité d’une discrimination, étant précisé par ailleurs que la teneur exacte du propos et son contexte n’ont absolument aucune importance.
Ce qui compte c’est son interprétation, ou plus précisément son instrumentalisation.
Elle me fait plaisir parce que nous n’avons effectivement aucune raison d’accepter le règne de la connerie sans combattre.
Mais, je me permets aussi d’attirer votre attention sur les dangers qu’il y a à dénoncer la bien pensance en tant que telle: en remplacer une par une autre. C’est ça le piège.
Et c’est là que j’ai besoin de votre avis: votre comportement d’observateur, plus ou moins neutre, tout à fait admissible de la part de la journaliste que vous êtes, vous préserve t’elle à coup sûr de ce piège, ou bien êtes vous en train de tomber dedans avec enthousiasme, sans vous en rendre compte?
Aliocha : Mais personne en public ne peut échapper totalement à la bien pensance chez Tschok, vous ne le saviez pas ? La vie sociale impose une dose minimum de bien pensance. Le problème des journalistes, c’est qu’ils fonctionnent en osmose avec l’opinion. L’autre problème, c’est qu’ils doivent s’en remettre aux sources autorisées, lesquelles véhiculent l’opinion du moment. Le troisième problème, c’est qu’ils connaissent la sensibilité de la parole médiatisée et sont donc plus prudents qu’on ne croit dans ce qu’ils écrivent. Tout ceci fait le lit de la bien pensance dans la presse. Dès lors, si vous me jugez victime d’une certaine forme de bien-pensance, c’est possible. J’ai beau me surveiller, avoir un esprit rebelle, je ne m’estime pas du tout hors de danger sur ce sujet. Sinon, lisez cela, ça devrait vous amuser.
Commentaire par tschok — 16/06/2009 @ 12:42
C’est marrant, dire qu’il faut plus de femmes et de minorités visibles à l’Assemblée, avec pourquoi pas des quotas, c’est tres politiquement correct.
Dire la même chose à propos d’un marché populaire à majorité afraicane, ca choque
Deux poids 2 mesures ?
Les soi-disants minorités seraient elle à victimiser systématiquement
Commentaire par Cyd — 16/06/2009 @ 13:00
je propose une petite expérience. Lisez bien ces deux phrases:
1) « les noirs sont racistes »
2) « les blancs sont racistes »
La première phrase est prononcée par un blanc. La deuxième par un noir.
Voilà trois questions, je serai intéressé par vos réponses si elle relèvent du débat:
1) Pourquoi, la première phrase soulève un torrent d’indignation et de procès en sorcellerie avant de valoir à son auteur des poursuites par une nuée d’associations diverses alors que l’autre interlocuteur se verrai approuver par tout le monde y compris certains blancs?
2) Etes vous certains de pouvoir prouver qu’il n’existe pas de noirs racistes ou de blancs non racistes? Ou éventuellement, êtes vous certains de pouvoir prouver qu’une des communautés contient significativement plus de racistes que l’autre?
3) la question dérangeante:
on inverse les interlocuteurs, le blanc prononce la deuxième phrase et le noir la première. Il se passe quoi à votre avis? Où est la différence?
Alors en fin de compte le débat soulevé par Aliocha est t’il vraiment si naïf que cela?
Je crois qu’il faudra bien un jour ou l’autre aborder clairement ce genre de problème par ce que tant qu’une certaine forme d’hypocrisie subsistera sur certains sujets de société je ne vois pas de quelle façon on pourra parler d’intégration et d’égalité.
Aborder clairement un sujet?, mais comment faire avec le verrou du politiquement correct?
Commentaire par fred — 16/06/2009 @ 13:43
je ne considere pas ca non plus comme raciste, mais franchement maladroit !
Aliocha : tous les professionnels de la communication doivent penser ainsi, et c’est peut-être une partie du problème 😉
Commentaire par misty — 16/06/2009 @ 14:08
Bonjour,
La langue de bois est elle une fatalité ? A t elle toujours existé ?
Comme vous le dîtes dans votre billet, son utilisation est bien pratique lorsqu’il s’agit de ne pas prendre de risque et je peux aisément le comprendre.
Cependant, j’ai le sentiment que les journalistes/interviewers font preuves d’une grande passivité face à ce phénomène. Je suis bien conscient qu’ils ne peuvent forcer les gens à répondre à leurs questions (même si, c’est la raison de l’interview) mais de là, à ne pas insister (ou si peu) et passer à la question suivante… Personnellement, lorsque je pose une question, j’aime bien y répondre ^^
Je trouve que cela nuit à l’image d’indépendance du journaliste. Ne vous méprenez pas, mes reproches vont avant tout aux politiques qui usent et abusent de la langue de bois, ce que j’aimerai connaître, c’est la raison de la passivité du journaliste. Est-ce mon imagination ? Le journaliste/interviewer blasé, n’insiste t il plus ?
Je suis sans doute naïf, mais je me dis qu’il suffirait que le journaliste/interviewer refuse d’aller plus loin dans l’intervew, tant qu’une réponse claire n’aura pas été donnée à la question posée. Oui je sens que là, je suis naïf…
Aliocha : non, vous ne l’êtes pas, c’est ce qu’il faudrait faire en effet. C’est par exemple ce que pratique Daniel Schneidermann, et il a raison. Sauf que cela comporte parfois des dangers . (interview de Péan qui quitte le plateau d’@si à cause de questions trop insistantes et répétées sur son supposé antisémitisme)
Commentaire par François — 16/06/2009 @ 14:29
En fait, je pense qu’il à fait preuve d’un « racisme naturel », que personne n’ose avouer, mais qui existe, et existera toujours. On ne peut s’empecher de concevoir les groupes humain aussi en termes de races: les blancs, les noirs, les jaunes etc…
Et à la limite, cette vision de chose ne me dérange pas. En fait je pense même que c’était cette vision là des choses qu’avaient ceux qui ont écris la DDHC en 1789. « Tout les hommes naissent libres et égaux en droit sans distinction de race ni de religion » ne signifie pas selon moi comme on nous le rabâche « il n’y a pas de races différentes », mais plutôt « de même qu’il y a plusieurs religion, il y a plusieurs races, mais on s’interdit d’en déclarer une supérieure aux autres ».
Finalement, il constatait que sur la photo il en manquait une, les blancs, alors qu’il aurait aimé la voir aussi. Alors bien, sûr, vu le nombre de problèmes dont les origines (même si certaines commencent à être lointaine) sont purements raciales et raciste, certaines personnes ont immédiatement criés au loup, mais c’est contre-productifs je trouve et pire, comme vous le dites chère aliocha, j’ai bien peur que cela crée des Dieudonné
Commentaire par adrien — 16/06/2009 @ 14:29
207 pages et ça va m’amuser? Ben voyons! Bon, je l’ai téléchargé sur disque dur et enregistré dans le fichier « lectures de plages pour l’été prochain ».
En fait, non, je ne suis pas tout à fait d’accord avec vous.
Le conformisme est une chose et personne n’y échappe totalement.
La bien pensance c’est autre chose.
C’est la volonté, qui ne s’interroge même pas sur elle-même, de penser le bien en tant que conformisme, ou de bien penser conformément à un modèle, en procédant de sa propre connerie, comme si c’était une évidence qui ne soufrait aucune discussion. La bien pensance, c’est le préjugé lorsqu’il devient arrogant et sûr de lui-même et décide de s’appliquer à l’univers tout entier sans souffrir la contradiction.
La bien pensance est ce qui donne l’aplomb aux médiocres de se comporter comme des accusateurs publics, au nom de la vertu qu’ils sont certains d’incarner, et qui leur permet de reprocher ou d’imputer à ceux qu’ils prennent dans leur collimateur un fait prétendument discriminant (aujourd’hui la bien pensance orbite autour de ce centre de gravité, la discrimination. Demain, ce sera autre chose. Dans les années 70, c’était la liberté, avec l’accusation permanente de « fascisme ». Bon, très bien, ce sont des modes).
Que j’ai des préjugés, certainement. Que je les considère comme des modèles de société s’appliquant sans discussions possible, non.
Autant ma connerie ne me laisse pas le choix: j’ai certainement des préjugés (des divisions entières). Autant mon intelligence m’offre le choix de refuser de les tenir pour de grandes vérités indiscutables. Pour moi, la bien pensance est un choix intellectuel qu’on peut refuser.
Et je ne vous juge pas victime d’une certaine forme de bien pensance: même si on est tous le bien pensant d’un autre, je vous assure que vous n’êtes pas le mien. Je vous demandais juste votre avis (moi aussi je peux être jésuite). 🙂
Commentaire par tschok — 16/06/2009 @ 14:56
Merci de me rassurer !
Je ne connais Daniel Schneidermann qu’au travers de son émission « Arrêt sur image » du temps ou elle était encore diffusée sur France5. Ca me fait penser que je songe de plus en plus à m’abonner à son site, mais j’hésite encore avec Médiapart… Bref !
Il est dommage de constater que la bonne pratique semble être devenue l’exception. Que le journaliste ne pose pas la question que je souhaiterai qu’il pose, j’en ai fais mon deuil (heureusement !) Mais qu’il ne se batte pas plus pour obtenir une vraie réponse à une question qu’il a (je suppose) choisi parmi un tas d’autres…
Commentaire par François — 16/06/2009 @ 15:24
Je trouve ça ironique d’accuser les détracteurs de Valls de bien-pensance alors que la petite phrase de Valls a justement été prononcé dans un contexte où il cherchait à avoir une image bien-pensante de sa ville (comme l’a très bien expliqué Jak).
Bref, deux « politiquement corrects » s’affrontent: la com’ qui en appelle à un racisme implicite si on est pessimiste ou à une mixité fantasmée si on est optimiste contre la platitude de la langue de bois.
Commentaire par QIAH — 16/06/2009 @ 16:11
J’ai revu l’extrait.
Je ne connais pas la ville d’Évry, mais peut-être que la ville entière ne ressemble pas à un ghetto, et le sachant, il s’est rendu compte que l’image rendue par la caméra serait différente de la réalité, et caricaturale de surcroit, il aurait donc souhaité corriger cet instantané d’image …
Je ne crois pas qu’il se soit agît de racisme (lattant).
Ce qui me choque le plus dans cette histoire, encore une fois, c’est l’empressement des gens de son propre bord qui s’acharnent envers les leurs, on croirait presque par réflexe, plus que par bien-pensance…
Commentaire par DePassage — 16/06/2009 @ 16:32
Vous savez, Depassage, la bien pensance est une activité réflexe. La dernière fois qu’on l’a sondée pour y chercher de l’intelligence, on n’a trouvé qu’un morceau de moelle épinière.
Commentaire par tschok — 16/06/2009 @ 16:43
@tschok
Vous me donnez des envie de pot au feu…
Commentaire par adrien — 16/06/2009 @ 18:15
Arf!
Ca me donne faim.
Commentaire par tschok — 16/06/2009 @ 19:25
Ce que j’en pense, au fond, de sa remarque? Que Valls a parlé comme tout le monde à Évry et ailleurs, dès qu’on est loin d’un micro. Que ce n’est pas du racisme, évidemment — mais je n’ai pas assez d’éléments de contexte pour comprendre au juste ce qu’il entendait dire ou faire, en fonction de qui ou de quoi il pensait que l’arrière-plan devrait être un peu plus « white »… Je trouve ça assez drôle, cependant, de choper un socialiste en flag’ de beaufitude.
Pour le reste, les règlements de compte intra-PS expliquent suffisamment pourquoi tout le monde lui tombe dessus. Ça vous a un côté bal des hypocrites, avec Lamdaoui en gardien de l’orthodoxie. Dommage qu’il faille un « dérapage » en off pour lancer le débat: ce serait plus courageux de poser les vraies questions face à des interlocuteurs. Par exemple: est-il vrai que la couleur des autres n’existe que dans le regard des gens (orthodoxie lamdaouienne)?
Commentaire par Philarete — 16/06/2009 @ 19:45
Un bal des hypocrites avec Valls… grand dieu Philarête, mais vous avez de l’humour!
Commentaire par tschok — 16/06/2009 @ 20:46
Un des commentateurs du blog de Patrick LOZES écrit :
« Que de chemin à parcourir avant d’être respectés comme aux USA. Non je ne parle pas d’Obama. Je dis juste qu’aux là-bas, un homme politique qui cherche du buzz sur des sujets aussi douloureux se fait vite remettre en place. Ce n’est pas parce qu’on dit vrai dans le fond qu’il faut mépriser les formes. Le respect commence là. »
La question qui se pose n’est-elle pas là ?
Comment se situer entre le « politiquement correct » (la « langue de bois », mais c’est un peu « has been » comme expression non?), et la provocation ?
Manuel VALLS, lorsqu’on lui montre ces images, assume. Il ne cherche pas à excuser un dérapage.
Était-ce donc volontaire (il savait qu’une équipe TV le suivait à proximité), et donc volontairement « provoc' » ?
Dans notre monde saturé de média (journaux, radios, TV, web) et d’informations (de la couleur de la culotte de Paris Hilton, à la Présidentielle iranienne), mais où les journées ne font toujours que 24 heures, où nos têtes n’ont toujours que 2 oreilles et 1 cerveau …
N’y a-t-il que la Provoc’ pour réussir à se faire entendre ?
Commentaire par Yves D — 16/06/2009 @ 23:23
Très honnêtement, arriver à faire d’une telle déclaration (j’ai vu la vidéo) une affirmation raciste, je m’interroge sur la construction intellectuelle qui a permis d’arriver à telle conclusion (si tant est que construction intellectuelle il y a).
Je ne suis personnellement pas choqué que l’on dénonçât certains quartiers comme insuffisamment cosmopolites. C’est d’ailleurs ainsi que je l’avais compris.
Quant à la remarque du président du CRAN:
Les propos de Manuel Valls sont gênants car se promenant dans une brocante à Versailles, aurait-il dit « Belle image de la ville de Versailles… Tu me mets quelques noirs, quelques blacks, quelques…»
Elle est absurde à plusieurs titres.
Tout d’abord, on est bien dans le procès d’intention, car on ne juge pas ce qu’il a dit mais ce qu’il n’aurait pas dit dans d’autres circonstances.
Ensuite, l’esprit du français moyen n’est pas nécessairement frappé par le fait que certaines minorités visibles ne soient pas représentées dans certaines villes…ça reste des minorités. Bien sûr, la question se pose de l’enfermement de certaines minorités dans une case sociale provoquant leur sous-représentation dans certains quartiers, certaines villes dites privilégiées (comme Versailles) mais le problème est le même que celui que dénonce Manuel Valls: pourquoi ces mêmes minorités sont-elles sur-représentées dans des quartiers, des villes dites sensibles? Pourtant, il faut croire que dans le premier cas, il n’y aurait pas eu de levée de bouclier…
Commentaire par Nemo — 17/06/2009 @ 13:37
Pour compléter le commentaire de Nemo: la remarque du président du CRAN est d’ailleurs fausse. Quand par exemple Sarkozy nomme l’inexpérimentée Rama Yade (qui, par ailleurs, est peut-être très compétente, je n’en sais rien) à un poste fantôme, c’est bien dans l’idée de mettre une black sur la photo du gouvernement.
Commentaire par QIAH — 17/06/2009 @ 14:03
La bien-pensance ? Je déteste cette expression qui n’est que la victimisation auto-proclamée des racistes en tous genres.
Comprenez-moi bien, Aliocha, je ne vous accuse pas de racisme. Mais je voudrais revenir sur cette expression dans le sens où les racistes l’emploient.
Quand un raciste étale ses préjugés sur la place public, et qu’on lui dit qu’il est raciste, il hurle à la censure et peste contre la « bien-pensance ». Pourtant, personne ne l’empêche de dire ses conneries. Lui veut juste nous empêcher de lui dire qu’il est un con.
Quand on traine un peu sur internet, des racistes, des antisémites, des xénophobes, on en trouve à la pelle. Tous hurlent contre le « politiquement correct » contre la « bien-pensance », contre « la pensée unique ». Mais le sens qu’ils mettent derrière ces expressions, c’est toujours « je vous interdis de me traiter de raciste ! ».
S’il vous plait, Aliocha, pensez-y avant d’écrire un autre billet dénonçant la bien-pensance.
Commentaire par Tristan — 17/06/2009 @ 20:03
Eh bien, pour vous rassurer Aliocha : non, je ne pense pas que sa remarque soit raciste. Plutôt qu’elle montre qu’il pense que les spectateurs qui veront la vidéo en cours de tournage ont un petit fond raciste (et je lui donne raison).
Plus globalement, je n’aime pas du tout cette mode d’exploiter des vidéos « volées » de propos prononcés pour être discrets. Quoi qu’il dise dans ce genre de contexte, France 2 ne devrait pas utiliser ces vidéos dans ses interviews. Pour moi, les hommes politiques ont le droit de se « lâcher » quand ils ne sont pas filmés par les caméras officielles.
C’est valable aussi pour celui qui a traité une adversaire politique de « salope » (j’ai oublié qui c’est, et je ne trouve pas que ce soit important).
Commentaire par Axonn — 17/06/2009 @ 22:01
[…] le droit au respect”, à la suite bien sûr des propos de Valls dont nous avions parlé ici. Allez donc la lire, elle vaut son pesant d’or ! Du coup, la polémique rebondit. Pour […]
Ping par L’affaire Valls continue… « La Plume d’Aliocha — 19/06/2009 @ 13:31