La Plume d'Aliocha

19/02/2009

Tout va disparaître, sauf le web !

Filed under: Réflexions libres — laplumedaliocha @ 19:38

Bon, vous savez tous que la presse va mal. Ceux qui lisent certains blogueurs pensent même qu’elle a déjà disparu. Du coup, s’ils entonnent avec autant de succès le requiem de la presse, du papier, du journalisme, des journalistes, des éditeurs de presse, des articles, du livre, de l’information, de l’actualité, de la télé, de la radio, j’en passe et des meilleures, je me demande de mon côté si je ne vais pas me mettre à annoncer la disparition de tout le reste. C’est vrai,  on a l’air  intelligent quand on annonce des catastrophes.

Alors je me lance et  je vous annonce ici, solennellement, que bientôt à part le web, y’aura plus rien. Tenez, l’automobile par exemple, elle va super mal, autant que la presse, c’est même la catastrophe chez les Z’américains. Or, comme vous le savez, quand l’Amérique éternue, la France s’enrhume (seul Kerviel  avait réussi à inverser la règle, mais Madoff l’a remis à sa place, le p’tit frenchie ! En matière de connerie économique, les Z’américains sont les rois, qu’on se le dise), bref, l’automobile va mal et ça ne va pas s’arranger. Il parait en effet que pour les moins de 30 ans, la voiture n’est plus un symbole social (est-ce qu’elle reste un symbole de virilité, l’étude ne le dit pas, dommage parce que, avec la disparition des spermatozoïdes, on pouvait espérer sauver la voiture), donc, comme la presse, je vous annonce ici que la voiture va disparaître. Et oui, les symptômes sont identiques :

– crise chez les Z’américains,

– crise en France,

– désintérêt des jeunes consommateurs

– concurrence agressive des autres moyens de transport, je parle ici des affreux deux roues (plébiscités par le Maire de Paris), du métro, du train, de l’avion, de la patinette, des rollers, de la marche à pied (recommandée par la médecine).

Et hop, plus de journaux et plus de bagnoles. Vive le web, donc. Parce que, quand on est bloqué chez soi sans rien à lire, faut bien se rabattre sur Internet.

Mais il n’y a pas que la voiture, tenez, la banque aussi va disparaître. Enfin pas tout à fait, elle ne peut pas disparaître sinon, c’est toute l’économie qui s’écroule, on appelle ça le risque systémique. Mais elle va maigrir considérablement, ça licencie à tour de bras dans la banque et l’ambiance est tout sauf cool. J’étais au Sénat hier pour assister à l’audition de quelques banquiers,  tout le monde faisait la tête, les banquiers comme les sénateurs. On parlait d’inflation, de génération sacrifiée, de dette sur la tête de nos petits enfants. C’était pas drôle, je vous assure.

Et puis ce matin j’étais à l’Assemblée pour un colloque sur la procédure pénale. La justice, on se dit que ça va bien, que bon an mal an, des conflits, y’en a toujours et sans doute encore plus en période de crise. La justice oui, mais le business, lui, il est en berne. Du coup, chez les avocats d’affaires, ça dégraisse « 30% d’entre eux vont changer de métier » me confiait mon voisin de droite avec angoisse. Et pour cause, il est avocat d’affaires. A la soupe populaire les princes du M&A (mergers & acquisitions, fusions et acquisitions en français).

Et le luxe, vous avez vu le luxe ? Il licencie aussi. Sans compter PPR qui dégraisse à la FNAC et à Conforama. Vous me direz entre les canapés qui grattent et les DVD trop chers, fallait s’y attendre. Le consommateur quand il était riche boudait déjà, alors devenu pauvre, il boycotte.

Sans compter l’immobilier qui s’écroule, l’habillement qui fait grise mine. Même le traitement des ordures ménagères ou la collecte, je ne sais plus, bref, même les déchets domestiques diminuent m’a-t-on dit. Forcément, si on achète moins, on jette moins.

En fait, il y a qu’un secteur qui s’en tire : les sports d’hiver. Eh oui, l’or blanc. Parait que la saison est fantastique. D’après les banquiers d’hier, les gens dépensent pour être heureux en famille et se disent « tant pis, on verra bien ». Carpe Diem quoi ! Enfin, le tableau n’est pas si idyllique, on dit que les russes ont déserté Courchevel au point qu’en décembre, c’était la panique chez les hôteliers de luxe. Ils ont même organisé une réunion de crise. Pensez donc, à qui vont-ils le vendre leur Chateau Cheval blanc, si les russes boudent ? Pas aux banquiers ruinés ni à tous les heureux porteurs de placements Madoff. Pas non plus aux traders, encore moins aux journalistes, aux salariés de l’automobile ou du luxe.

Il ne reste plus que le web, vous dis-je, lequel confirme là un de ces principaux mérites : compenser les immenses frustrations que nous inflige le réel. Le web et la neige bien sûr, mais celle-là elle va fondre comme fonds gérés par Madoff, milliards à la sauce Kerviel ou promesse de banquier en temps de crise.

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