Le magazine « Enquête exclusive » (1) était consacré dimanche soir à l’univers de la mode. Je vous avoue que j’ai failli éteindre la télévision. Je ne m’explique pas cette passion de mes confrères depuis quelques années pour la Jet set, la manière dont les établissements de luxe s’accommodent des caprices de ces gens, les lieux qu’ils fréquentent, l’argent qu’ils dépensent, et autres sujets du même acabit. Il me semble qu’il se passe dans le monde des événements plus importants que les états d’âme d’une poignée de multimillionnaires. Il se trouve que l’émission cette fois était intéressante : au lieu de poser un regard émerveillé et complice sur l’univers de la mode, elle a mis en exergue quelques travers condamnables. En particulier, la question de la maigreur des mannequins. En regardant une poignée de vieux barbons aller chercher en Russie des gamines de 12 ans et les évaluer comme des maquignons à la foire aux bestiaux avant de renvoyer la majorité d’entre elles en leur expliquant qu’elles étaient trop grosses, j’ai été prise d’un immense dégoût. Songent-ils aux ravages qu’ils peuvent créer dans l’esprit d’adolescentes fragiles en les accusant d’être en surpoids alors qu’elles pèsent 20 ou même 30 kilos de moins que leur taille ? Jusqu’où la mode va-t-elle ainsi déraper ? On a fait maigrir des jeunes filles de 17 ans jusqu’à les tuer, avant de comprendre que le fantasme d’une poignée de « créateurs » névrosés sur l’extrême maigreur ne pourrait être assouvi qu’avec des adolescentes non encore formées. Il me semble qu’on retrouve ici de manière extrême, ce triomphe de la communication et du mensonge que je dénonce en ayant le sentiment de hurler dans le désert. Mais je suis peut-être au fond la seule à me choquer de vivre dans un univers aussi trompeur qui va jusqu’à proposer comme emblème de la femme, des images qui en sont précisément à l’opposé. Et comme si cela ne suffisait pas, les photographes allongent ici une jambe, affinent un visage, gomment un grain de peau un peu trop apparent…Mais c’est de l’art me répondra-t-on ! A ce sujet, j’aime la définition de Kandinsky pour qui l’art est « l’expression de l’éternel objectif par le temporel subjectif ». En d’autres termes, l’expression par un artiste avec sa subjectivité et les moyens de son époque de quelque chose d’éternel et d’universel. Il me semble que les photos de mode ne résistent pas un instant au rapprochement avec cette définition.
Les errements de la presse féminine
Le reportage s’est également penché sur la presse féminine. Avec raison. D’ailleurs, peut-on encore parler de presse ? Celle-ci cumule tous les dérapages dont les journaliste doivent se garder. Ainsi voit-on une patronne de presse surnommée la grande prêtresse de la mode en France recevoir mille hommages des couturiers, accepter quotidiennement un nombre incroyable de cadeaux de prix et encourager ses journalistes à faire de même, et le fin du fin, arrondir ses fins de mois déjà plus girondes que les mannequins qu’elle met en Une avec des missions de consultante auprès des couturiers. C’est ici le summum du mélange des genres, le cas d’école à présenter aux élèves journalistes pour leur expliquer ce qu’il ne faut pas faire : entrer dans un processus de starification qui ouvre la voie à toutes les manipulations, accepter des cadeaux de ceux dont on parle, se faire rémunérer par les mêmes en bondissant joyeusement du journalisme au conseil en marketing. Et comme si cela ne suffisait pas, on apprend que les couturiers qui paient à prix d’or une page de publicité dans le magazine auraient ensuite droit, aussi tacitement que sûrement, à figurer dans les pages pompeusement qualifiées de « rédactionnelles », c’est-à-dire les photos de mode réalisées par le journal pour guider les lectrices dans leurs achats. Je précise au passage que cette patronne de presse à la déontologie au-dessus de tout soupçon a également une influence sur le choix des mannequins et participe à ce goût pour les adolescentes non encore formées. Qu’un magazine féminin plaide sans états d’âme pour une vision de la femme qui précisément nie la femme, c’est-à-dire ses courbes, et qui surtout encourage des adolescentes à se soumettre à des régimes infernaux pour se rapprocher de ce modèle aberrant est scandaleux. Au surplus, c’est la preuve qu’il n’est plus dédié aux lectrices, mais captif de ses annonceurs.
La grande menace
Mais, me direz-vous, je ne pensais tout de même pas que le presse féminine était indépendante ? Non. Je ne le pensais pas. Je savais que les cadeaux étaient l’usage pour s’attirer les bonnes grâces des journalistes, je savais que ce petit monde consanguin n’était pas fait pour encourager l’indépendance de la presse, je savais aussi à quel point ces titres sont florissants et croulent sous la publicité quand les autres pleurent les annonceurs disparus. C’est une chose de violer la déontologie, c’en est une autre de le faire avec tranquillité, c’est-à-dire de ne même plus avoir conscience des règles dont on s’affranchit. Pour tout vous dire, je crains que ces errements soient au portes du reste de la presse française. J’ai peur que les difficultés économiques ne repoussent peu à peu la frontière entre l’autorisé et l’interdit. L’offensive de la communication et du marketing est puissante. Il m’est arrivé plusieurs fois d’y être confrontée dans la presse économique. Telle entreprise fait de la publicité dans le journal, il va falloir en parler. Et hop, glissement de la pub vers le rédactionnel. Tel journaliste décide de faire un dossier sur une catégorie d’acteurs économiques, voici que le service pub du journal frappe à la porte pour savoir de quoi le journaliste parlera, qui il va interviewer, et court ensuite téléphoner aux sociétés concernées pour les en informer et leur placer de la pub.
Déontologie : état d’urgence
Rassurez-vous, nous sommes loin de la presse féminine, les gardes-fous existent et ils fonctionnent. Mais il me vient à l’idée qu’il est sans doute urgent d’adopter un code de déontologie des journalistes et de l’appliquer dans toutes les rédactions. Histoire de se mettre les idées en place et de pouvoir l’opposer à ceux qui refuseraient de comprendre ce qu’est l’indépendance de la presse. Toute l’économie ou presque aujourd’hui est dominée par les questions d’indépendance. Nos amies les banques qui doivent dresser des chinese walls entre leurs différents services et se dotent de déontologues, les auditeurs à qui l’on impose depuis Enron des contraintes drastiques, l’analyse financière, demain les agences de notation. Mais aussi les avocats, les juges, les autorités administratives, partout, l’indépendance est considérée comme le préalable indispensable au fonctionnement correct d’une activité ou d’une profession. Pour les journalistes aussi, c’est vital, mais ce n’est écrit et organisé nulle part. Il est sans doute temps de le faire avant que toute la presse ne finisse par se comporter comme la grande prêtresse de la mode en France. Espérons que le sujet sera abordé lors des Etats généraux de la presse qui se déroulent en ce moment. Et pour être complète, je précise qu’il existe de nombreux textes en la matière. En France, nous avons une charte rédigée en 1918, il existe aussi un code international et une recommandation européenne, sans compter les tentatives des uns et des autres de rédiger des textes et les dispositions particulières adoptées par certaines entreprises de presse. Seulement voilà, tout ceci en France ne relève pour l’instant que du voeu pieux. Ces textes n’ont aucune force, leur violation n’est réprimée par personne.
Chasser les flibustiers
Indépendamment du risque que cela fait peser sur les professionnels de la presse, cela permet aussi à des flibustiers d’investir la profession en publiant des titres confidentiels spécialisés dont les méthodes ne sont rien d’autre que du racket. J’en connais un dans ma spécialité qui n’hésite pas à faire payer très cher les pages dites « rédactionnelles », c’est-à-dire à demander aux experts qui écrivent chez lui de payer pour publier leurs articles. C’est une aberration pure. Les personnes qui écrivent occasionnellement dans un journal ne paient pas pour le faire, pas plus qu’il n’est envisageable de vouloir payer pour être interviewé. Il se permet également d’organiser des trophés annuels qui commencent à avoir un certain retentissement. Pour figurer parmi les lauréats, il faut payer, pour assister à la remise des prix, il faut encore payer. Et tenez-vous bien, comme il est malin, il arrive à attirer des personnalités et même des politiques qui participent à sa grand-messe annuelle sans se douter de ce qu’elle peut avoir de contestable. Evidemment, cela va à l’encontre des enquêtes et classements réalisés par un journaliste indépendant qui va effectuer un travail d’investigation et livrer à ses lecteurs un classement objectif et indépendant. Bien sûr, le tirage de cette publication est ridicule, de l’ordre de quelques milliers d’exemplaires tout au plus. Mais elle contribue à brouiller dans l’esprit des lecteurs l’image de la presse et du métier de journaliste. A ma connaissance, il n’existe aucun moyen pour l’arrêter. Je sais également que ses méthodes sont en train de faire école chez d’autres voyous sans foi ni loi qui briguent la carte de presse et jouent sur la vanité humaine pour remplir les caisses de leurs prétendus magazines. Ils ont compris que certains seraient prêts à faire n’importe quoi pour avoir leur nom et leur photo imprimés dans un journal et ils en jouent.
Bien souvent, on se penche sur l’indépendance et la déontologie lorsqu’une crise révèle ce que leur absence peut avoir de dévastateur. C’est ce qui s’est passé par exemple avec les commissaire aux comptes dont les règles professionnelles ont été entièrement revues après le scandale Enron. Faudra-t-il donc attendre un séisme du même acabit touchant la presse française pour que tout le monde se réveille ? J’ai peur alors que nous n’attendions longtemps…
(1) Caroline m’a fait remarquer, à juste titre, que le magazine dont je parlais était Enquête exclusive et non Envoyé spécial comme je l’avais indiqué à tort dans la version initiale de l’article.
Et n’oublions pas la crise : Décidément, les marchés ont décidé de battre tous les records. Après avoir connu des chutes vertigineuses, les grands indices boursiers s’offrent des rebonds historiques. Le CAC 40 a clôturé hier à +11,18%, le Dow Jones à +11,08%, mais c’est le Nikkei qui remporte la palme avec un bond de 14,15%.
En ce qui concerne la fascination de la presse pour la jet-set, ce sujet est abordé dans un récent numéro de _Manières de voir_.
Quant à l’indépendance rédactionnelle… Il ne faut pas trop regarder les sujets « technologies » ou similaires, ils sont souvent paraphrasés de dossiers de presse.
Quelques exemples amusants:
* Windows 95: la presse reprend le dossier de Microsoft, sans la moindre parcelle d’esprit critique. Il a fallu des années pour que les médias consentent à s’apercevoir que Microsoft est une grande entreprise dont le but est de vendre des produits, ce qui passe en partie par une certaine obsolescence programmée.
* Encyclopedia of Life : le site Web n’est qu’une démo, pas grave, la presse fait comme si elle critiquait un produit fini en recopiant le dossier de presse.
* Larousse.fr : le site, à peine lancé, est écroulé sous la charge, cela n’empêche pas la publication d’articles entièrement fondés sur le dossier de presse (d’ailleurs parfois visiblement lu en diagonale).
J’ai déjà évoqué par ailleurs le problème de ces groupes de médias-presse tentaculaires, où un journaliste d’une branche fait un reportage sur un sujet impliquant deux autres branches du même groupe, sans bien sûr d’avertissement de l’éventuel conflit d’intérêts.
Mon problème avec la presse est le suivant : dans les domaines que je connais, je constate de nombreux cas d’incompétence manifeste, de propension au sensationnalisme, de mépris des experts et de paraphrase de dossiers rédigés par des services de com’, et ce constat est partagé avec tous les professionnels avec qui j’ai parlé du sujet. Que dois-je penser des articles sur les autres domaines?
Aliocha : Etes-vous sûr qu’il s’agit d’incompétence manifeste ? Il arrive aussi que les lecteurs croient savoir et en réalité se trompent, il arrive encore que le lecteur ait une conviction sur un sujet et que le journaliste qui soutient l’inverse soit alors considéré comme un imbécile. Reprenons votre exemple du happy slapping, vous et RSF concluez du texte qu’il interdit à l’avenir à tout un chacun de filmer et diffuser des images de violences, par exemple policières, sur le web. C’est votre interprétation, ce n’est pas la mienne. Plus j’y pense, plus le texte me parait, à défaut d’être bien rédigé, relativement clair. Alinéa 1 : celui qui filme une scène violente organisée dans le but d’être filmée est réprimé en tant que complice. Alinéa 2 : celui qui diffuse ces images, donc celles visées par l’alinéa 1 et non pas n’importe quelle scène violente est puni d’un emprisonnement et d’une amende. Alinéa 3 : les journalistes ne sont pas concernés par le texte. Deux interprétations possibles. La première, absurde consiste à dire que les journalistes sont les seuls à pouvoir se livrer au Happy slapping (rédacteurs en chefs planquez-vous, depuis le temps qu’on espérait vous botter le train, nous les journalistes de base, et en plus on va pouvoir se passer le film durant les longues soirées d’hiver, le pied !). La deuxième, logique, les journalistes pourront diffuser le film pour illustrer l’information selon laquelle une bande de jeunes est en garde à vue pour avoir tourné ça. Ce qui nous oppose vous et moi ? Une querelle de spécialistes. Et ce n’est pas parce que je ne partage pas votre opinion que j’ai nécessairement tort même si je suis journaliste. Il me semble qu’avec la complexification de tous les domaines de l’existence, de telles divergences entre techniciens sont de plus ne plus fréquentes. La presse bien souvent ne fait que les refléter.
Commentaire par DM — 14/10/2008 @ 11:19
L’indépendance absolue des journalistes ne peut exister, comme celle de quiconque d’ailleurs, et pour une raison inévitable: le salaire. Personne ne peut se prétendre dégagé de l’obligation de gagner son salaire; dès lors, il s’agit de savoir qui le verse. Et surtout assumer cet état de fait. De près ou de loin, en étant payé par lui, on fait partie du système qui nous emploie. Certes, cela n’empêche pas de bien faire son travail, de façon consciencieuse, mais toujours dans le cadre restrictif et biaisé du rapport à l’argent. Même les fonctionnaires n’en sont pas exempts, au contraire, puisqu’ils sont les vecteurs rigides de la puissance publique, qui n’est rien moins que contraignante. Par conséquent, dans cette logique triste, les journalistes des magazines féminins ne font pas moins bien leur boulot que ceux de la presse-que-l’on-dit-indépendante: ils y font docilement ce que les conditions de ce dit-travail exigent, c’est-à-dire caresser la main qui les nourrit. N’est-ce pas ce que fait chaque jour le reste de la population? Alors pourquoi s’en étonner de la part des journalistes? Aurait-on pu penser qu’ils soient à ce point hommes de bien, attachés aux nobles valeurs morales, au-dessus des vils désirs du petit peuple?
Aliocha : Que la nature humaine soit imparfaite, cela ne fait aucun doute. C’est précisément pour cela qu’il existe des règles destinées à encadrer les comportements voire, pour reprendre une théorie économique, inciter aux bons comportements. Le journaliste n’est pas plus moral qu’un autre, le problème, c’est qu’il devrait l’être. Beaucoup le sont naturellement en raison du métier qu’ils ont choisi. Vouloir être journaliste, c’est être curieux du monde et désireux de le raconter. Mais pour certains, c’est surtout un statut valorisant et un réservoir à privilèges dès lors qu’on s’affranchit des règles et principes du métier. S’il n’y a pas de règles sur la base desquelles ils pourraient être sanctionnés, pourquoi s’en priver. A partir du moment où il y aura des règles et des sanctions, il me semble qu’on renouera avec une vision plus ambitieuse du journalisme. J’ajoute que c’est aussi une question de poids politique. Pour être respecté, il faut être respectable. Je gage qu’un code de déontologie nous aiderait à rétablir un rapport de force pour l’instant clairement à l’avantage des pouvoirs économiques et politiques ainsi que des agences de communication.
Commentaire par Moi — 14/10/2008 @ 11:26
A lire le commentaire de DM ci-dessus sur Microsoft, je me souviens d’un truc qui à l’époque (c’est pas si vieux) m’avait outré : il s’agit de la pub faite par Laurence F. sur la première chaine pour le dernier système d’exploitation de la firme de Redmond, EU. Or ladite Laurence F. était déjà à l’époque connue pour divers émissions de journalisme du weekend (avant le 20h de la première chaine) ainsi que pour présenter le journal télé. Ce qui lui conférait une sorte d’aura de vérité pour certains spectateurs… Aura dont la firme sus-nommée a profité…
Personnellement, il y a un magasine avec lequel je suis fâché, pour ses titres racoleurs, ses articles trop approximatifs alors qu’il s’agit d’un magasine spécialisé : Science et Vie. Ce magasine est d’un niveau scientifique comparable avec deux autres, à savoir La Recherche et Pour la Science. En théorie. En pratique, Science et Vie est très axé sur les titres accrocheurs, et il m’est souvent arrivé, même quand j’étais lycéen, de leur écrire pour leur faire corriger telle ou telle erreur, parfois même dans le dossier du mois. Mais bon, là je crois que je fais du hors sujet. Et je vous en demande pardon.
Commentaire par Triskael — 14/10/2008 @ 11:34
@ Aliocha :
je suis étonné qu’il n’existe pas d’un code de déontologie dans le journalisme… Je me serait dit que c’était, avec les professions de justice, parmi les premières à en avoir, puisque c’est grâce au journalisme que le Peuple Français décide.
Aliocha : Eh non Triskael, il n’y en a pas. Car à la différence des professions de justice, nous ne sommes pas une profession dite réglementée, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’ordre des journalistes, pas de règles et usages dont la violation ferait encourir des sanctions disciplinaires, pas de condition d’accès à la profession. Rien. Juste une carte professionnelle qui nous est délivrée à partir du moment où nous pouvons justifier du fait que nous tirons l’essentiel de nos revenus d’une activité journalistique pour le compte d’un éditeur de presse.
Quant à votre analyse du rôle des medias, soyons modeste 😉
Commentaire par Triskael — 14/10/2008 @ 11:35
« alors qu’elles pèsent 20 ou même 30 kilos de moins que leur taille ? » …
Aliocha : la jeune mannequin morte au Brésil en octobre 2007 pesait 40 kilos pour 1 mètre 74…ce qui nous fait 34 kilos de moins que sa taille.
Commentaire par Ardalia — 14/10/2008 @ 12:09
Je partage votre scandalisation à propos du milieu de la mode, s’il a le mérite de faire cracher des sommes ridiculement élevés à nos riches, il contient une bonne dose de pourriture et certaines pratiques proches de l’esclavage (notamement le « marché » dont vous parlez). Mais il impose souvent des idées et des standards totalement hors nature (faut bien être original, différent, ma bonne dame), il me semble que les mannequins de vitrines sont pour la plupart de proportions non viables, c’est à dire qu’un(e) humain(e) avec des telles mensuration, serait probablement à l’hôpital ou sur son lit de mort…
“alors qu’elles pèsent 20 ou même 30 kilos de moins que leur taille ?” …
->on prends souvent comme poids « normal » pour une femme, le nombre de centimetre au dessus du mètre, moins dix si on veux « mince ».
—
pour la bourse ah bah faut dire que si on cumule les plans européens et américains on s’approche maintenant des 3000 000 000 000€ « d’aides », (directes ou garanties) si ça c’est pas l’assistanat pour personnes irresponsables, je m’y connais pas…
Commentaire par tshirtman — 14/10/2008 @ 12:25
Aliocha : la jeune mannequin morte au Brésil en octobre 2007 pesait 40 kilos pour 1 mètre 74…ce qui nous fait 34 kilos de moins que sa taille.
O_O, ça fait un imc inférieur à 10 ou je rève? c’est en dessous de 16 que c’est « maigre » non? (et au dessus de 24, surpoids)
Commentaire par tshirtman — 14/10/2008 @ 12:38
Je vous avais découverte sur le blog d’Eolas en tant que commentatrice, et je vous avais même une fois demandé si vous teniez un blog… Je suis ravie que vous vous y soyez mise, vraiment.
Cela étant précisé, je me permets juste de vous signaler que ce n’est pas Envoyé spécial qui diffusait ce reportage mais Enquête exclusive… On s’y perd dans tous ces magazines d’information!
Bonne continuation, je me réjouis de vous lire autrement qu’en commentaire sur des sujets qui me sortent un peu de ma sphère juridique!
Commentaire par Caroline — 14/10/2008 @ 12:41
@ Aliocha :
Au diable la modestie ! 😉 Car après tout, les français, pour une bonne partie d’entre eux, votent en fonction de ce qu’ils voient dans les journaux, tant « papier » que télévisés ou radiodiffusés… Alors bon, je conçois que l’impacte de certains magasines est plus faibles que d’autres… Le 20H de TF1 a plus d’impact sur l’opinion publique que les revues Science, Nature (pour les plus célèbres de science), ou même Ici Paris ou France Dimanche… Néanmoins, si on prend la presse dans sa globalité, son rôle est, je crois, de rapporter des faits susceptibles d’intéresser le lecteur, lequel fondera une partie de ses convictions sur ce qui lui a été rapporté.
Me trompé-je ?
Commentaire par Triskael — 14/10/2008 @ 12:41
pardon erreur dans la formule, ça fait 13,24 mais ça reste impressionnant. (et grave)
Commentaire par tshirtman — 14/10/2008 @ 12:41
Bonjour, j’aurais dû m’expliquer. « 34 kilos de moins que la taille », ça ne veut rien dire en soi, car la taille ne se mesure pas en kilos. Or, on ne peut comparer des quantités de mesures différentes : ici le poids, ici la taille.
On comprend bien ce que vous voulez dire, mais l’expression est juste malheureuse. On peut imaginer : « 34 kilos de moins que ce que sa taille exigeait. »
A ce moment, je ne serais pas d’accord sur le fond (le rapport égal entre kilos et centimètres au dessus du mètre est valable pour les jeunes hommes, pour les jeunes femmes, on préconise environ 10 kilos de moins que de centimètres au-dessus de la taille), mais mon étonnement portait sur la forme.
Commentaire par Ardalia — 14/10/2008 @ 12:57
@Aliocha: Votre interprétation de mes conclusions concernant le texte sur le happy slapping n’engage que vous. Notamment, je n’ai pas dit ce que vous m’attribuez. (Si j’étais sur un site de débats en anglais, je vous dirais « straw man ».)
Comme vous pouvez le supposer, j’ai l’habitude des débats entre spécialistes, et d’éventuelles querelles d’appréciation concernant certains points. Cependant, dans ce type de discussions, globalement, les gens ont les connaissances de base pour parler du problème, et diffèrent sur des points que l’on pourrait qualifier de spéculatifs. Je conçois qu’il soit difficile, en tant qu’extérieur, de rapporter fidèlement sur ce genre de disputes.
Il est par contre des erreurs qui sont difficilement pardonnables, car elles concernent des connaissances de base. Pour prendre un domaine qui vous concerne, j’ai vu de nombreux articles confondre des procédures civiles (référé, par exemple) avec des procédures pénales (avec amendes etc.). En ce qui concerne les sciences et technologies, je vois passer des articles qui confondent puissance et énergie (youhoud? cours de collège ou de lycée, de mon temps du moins) ou qui semblent ignorer des problèmes de base (par exemple, on l’obtient où l’hydrogène à mettre dans la pile à combustible, hein?).
Pour résumer : je ne prends pas les gens pour des imbéciles parce qu’ils ont une appréciation différente de la mienne. Par contre, quand je constate des erreurs élémentaires, des négligences qui auraient dues être vues à la relecture, des transformations arbitraires de propos, je ne suis pas content.
Votre réponse, dans un de vos messages précédents, est, si je l’ai bien comprise, que tout cela n’est que détails qui n’intéressent que les spécialistes, que le journaliste écrit un papier court et ne saurait restituer les nuances d’un traité de 1000 pages. Je retrouve ici une attitude journalistique déjà dénoncée par le prix Nobel de physique Richard Feynman (dans _Surely you’re joking Mr Feynman_ ou _The Meaning of it all_).
Doit-on vous rappeler que quand on est enseignant, on doit, sous peine de faire des mauvais cours, faire la part du fondamental et de l’accessoire, et faire passer l’essentiel en peu de temps?
Mais bon, bref. J’ai compris, si le scientifique se fait charcuter par le journaliste ou le service de com’, c’est sa faute, il n’a qu’à dire des trucs plus sexy.
Vous ne faites que conforter ce que j’écrivais dans le numéro 374 de la VRS : à l’ère de l’Internet, autant toucher directement le public et court-circuiter les médias généralistes.
En attendant, les médias sont en crise. À la limite, je m’en fiche, ce n’est pas moi qui serai au chômage.
Commentaire par DM — 14/10/2008 @ 13:01
@moi
Je crois que vous faites une confusion entre la Vérité Vraie, cet espèce d’idée absolue, que personne ne peut espérer détenir (si ce n’est Dieux, à condition qu’Il existe…) et l’indépendance des journalistes.
Par rapport à n’importe quel évènement, il y a selon moi deux choses qui peuvent altérer l’information que l’on va avoir. La première est l’exactitude des faits évoqués. Que ce soit l’incapacité du journalisme à comprendre ou le fait qu’il reprend ou inventes des carabistouilles, le fait Vrai sera mal retransmis. Mais sur ce point si ça va trop loin, la loi sur la presse veille.
La deuxième est le prisme naturel que constitue le journaliste. Quoi qu’il arrive, un journaliste issue d’une famille bourgeoise de sept enfants, élevé chez les bon pères et encarté à l’UMP n’analysera pas les choses de la même façon qu’un journaliste fils de cheminot et encarté au NPA, puisque la LCR c’est fini. Dès qu’un journalisme voudra tenter d’expliquer, de comprendre quelque chose il le fera selon sa propre perception, et pas la notre, « faussant » ainsi notre jugement.
Mais on a pas le choix, soit on ne s’intéresse qu’à ce que l’on voit (en encore on pourrais mettre en doute nos propres perceptions, se poser plein de questions métaphysiques et tout et tout, ou pas) soit on accepte ce prisme.
Or tant que ce prisme qu’on nous applique n’est que celui du journaliste et du rédacteur en chef, on parle de ligne éditorial. Chaque journal à la sienne. Le canard enchainé, journal indépendant s’il en est, à la sienne. Ils sont de fervent défenseur de la loi de 1905, anticléricaux convaincus, anti-militariste, entre autre. Nul doute qu’ainsi, le moindre article sur « la grande Muette » passe sous silence les aspect utiles et vénérables de cette institution, « faussant » ainsi notre jugement.
Mais au moins, ils se contente de donner leur opinion, libre à nous d’en faire ce qu’on veut. Quand on commence a rédiger des articles pour plaire à des annonceurs, ou pour « rendre service », qu’on accepte systématiquement, sans réfléchir de recopier un dossier de presse, pour garder son emploi, ce n’est plus du journalisme, mais de la propagande. C’est là que se situe le problème du journalisme.
Ce n’est pas qu’il déforme l’information et nous « trompent », c’est qu’il le font pour nous manipuler, nous forcer à acheter, à consommer.
Un journaliste peut nous expliquer comme selon lui le monde fonctionne, il peut même se planter totalement dans son analyse. C’est excusable, s’il le fait de bonne foi. En pensant être objectif. S’il le fait parce qu’il cherche à plaire à quelqu’un d’autre, ou qu’il est plus intéressé par son gain que par ce qu’il produit, alors il est méprisable. En France certains titres tendent de plus en plus qu’à n’être le service de com’ des grands groupes, et là, il y a un très grand danger.
Commentaire par Adrien — 14/10/2008 @ 13:20
@Aliocha : « à la différence des professions de justice, nous ne sommes pas une profession dite réglementée, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’ordre des journalistes, pas de règles et usages dont la violation ferait encourir des sanctions disciplinaires, pas de condition d’accès à la profession. Rien. Juste une carte professionnelle qui nous est délivrée à partir du moment où nous pouvons justifier du fait que nous tirons l’essentiel de nos revenus d’une activité journalistique pour le compte d’un éditeur de presse. »
Vous pouvez donc imaginer mon scepticisme quand je lis dans le rapport Giazzi que pour assurer la qualité de l’information sur Internet, la solution est de mettre plus de journalistes professionnels et d’imposer aux sites qui se présentent comme sites d’informations de publier leur nombre de journalistes encartés.
Aliocha : Là je ne suis pas d’accord avec vous. Un journaliste est un professionnel de l’information. Qu’il vous paraisse compétent ou non dans votre domaine, il l’est au moins dans le sien, c’est-à-dire dans la recherche d’information, la capacité à apprécier la valeur d’une source etc….Je sais que vous n’aimez pas les journalistes, mais je vous assure que c’est un vrai métier.
Certes, certains soi-disant sites d’information ne publient que des resucées de dépêches de presse, et polluent les moteurs de recherche. Bien. Mais que mesure le nombre de journaliste encartés? La quantité de personnels rémunérés, c’est-à-dire, in fine, la quantité de ressources publicitaires. Autrement dit, on prétend juger de la qualité d’une publication au pro-rata de la publicité qu’elle attire et de son audience.
(Si j’étais Barbara Cassin ou Monique Canto-Sperber, je dirais que c’est le triomphe de la δόξα sur la παιδεία.)
En même temps, on n’impose aucune condition de diplôme ou de qualifications démontrables en ce qui concerne les fameux journalistes encartés censés faire monter le niveau de la rédaction Web.
(Un jour, je me suis retrouvé à discuter avec un journaliste soi-disant « spécialiste nouvelles technologies » qui, après renseignements, n’avait de compétence dans le domaine que d’avoir été critique de jeux vidéos… Mais vous savez, Aliocha, qu’un critique de jeux vidéos dans un magazine de consoles a droit aussi bien que vous à la carte d’identité de journaliste professionnel…)
Je crois, chère Aliocha, que vous mettez le doigt sur un problème : la profession de journaliste doit être une des rares professions donnant droit à privilèges (voir par exemple l’amendement happy-slapping) dont l’accès ne se fait sans concours ni condition de diplôme.
Aliocha : Quand je parlais de privilèges, je ne pensais pas aux moyens qu’on nous donne pour faire notre métier. Si votre employeur vous donne un ordinateur pour réaliser votre travail, avez-vous le sentiment que c’est un privilège ? Nous avons en effet des accès facilité à l’information parce que c’est la condition sans laquelle on ne peut pas travailler.
Commentaire par DM — 14/10/2008 @ 13:22
@Adrien
Il est dommage que vous gâchiez votre article avec ce fameux mot « Objectivité ».
Bien sûr, ça n’est que mon avis (de non-journaliste, qui plus est), mais je ne suis pas sûr que les journalistes revendiquent cette objectivité.
Un journaliste objectif devrait se contenter de reprendre les faits, rien que les faits. Ca ne me suffit pas. Ce que j’attends d’un journaliste, c’est qu’il me donne les faits et une interprétation, honnête et réfléchie – pas celle de son annonceur, évidemment.
Quand je choisis de lire le Canard, je sais que le papier devant moi n’est pas objectif, mais ça ne me dérange pas, car je suis au courant, je connais sa ligne et, le plus important, je lui fais confiance pour ne rien occulter qui ne collerait pas avec son interprétation.
Dans un autre journal, je ne peux pas savoir si le biais de l’article provient du point de vue de l’auteur, du choix des faits qu’on me présente, de l’annonceur ou autre.
Aliocha : le débat que vous abordez est intéressant mais je crains un peu hors sujet. Je parlais de « classement objectif ». C’est-à-dire des classements de cabinets d’avocats ou de banques d’affaires par exemple qui sont réalisés sur la base des CA des entités concernées, éventuellement du montant des deals auxquels ils ont participé. Ils sont objectifs quand ils sont réalisés sur la base de ces critères, ils ne le sont plus si les acteurs concernés ont payé pour y figurer.
Commentaire par Pierre — 14/10/2008 @ 14:03
@Aliocha: Hop —
http://david.monniaux.free.fr/dotclear/index.php/2008/10/14/280-science-et-journalisme
Commentaire par DM — 14/10/2008 @ 14:31
« elles pèsent 20 ou même 30 kilos de moins que leur taille » ne veut absolument rien dire. En cours de physique niveau collège, ça serait déjà considéré comme une erreur gravissime.
Personne de vous demande de faire des « traités savants de 1000 pages » (enfin, ça n’est pas une tare non plus d’écrire des livres savants…), ni même d’être à jour sur le programme du Bac. En revanche, vous pouvez facilement éviter de raconter n’importe quoi quand rien de vous y oblige (simplement dire « elles sont trop maigres ») ; ou faire un minimum de recherche (vous tomberiez sur la notion d’indice de masse corporelle avec une petite recherche sur Internet, inutile de lire des « traités savants de 1000 pages »). Et surtout, quand vous faites une erreur, particulièrement aussi grossière que celle-la, d’avoir la minuscule parcelle d’humilité et de curiosité pour douter, vous demander si votre interlocuteur n’a pas raison, et s’il n’y a pas quelque chose à apprendre.
Dans le texte de votre blog, c’est une erreur ; dans la réponse au commentaire 5, c’est une faute.
Aliocha : Magnifique ! Comme j’aimerais avoir votre assurance, comme je voudrais pouvoir ainsi taper sur les gens en me disant que j’en ai le droit car moi, je suis la science. Je vous félicite, mieux je vous envie. Cela étant précisé, je ne suis pas journaliste professionnelle ici mais blogueuse. Par ailleurs, je revendique une certaine liberté de style et je me moque bien de savoir si elle vous convient ou pas. Je connais parfaitement la notion d’indice de masse corporelle mais elle ne me semble pas parlante. Vous venez de démontrer magistralement la vanité des attaques contre la presse de la part de spécialistes plus attachés à l’orthodoxie du vocabulaire qu’au fond du message. De cela, je vous remercie.
Commentaire par Semantix — 14/10/2008 @ 15:13
« C’est une chose de violer la déontologie, c’en est une autre de le faire avec tranquillité, c’est-à-dire de ne même plus avoir conscience des règles dont on s’affranchit.
Cette phrase me rappelle les inoubliables Fruttero & Lucentini, dont les chroniques à quatre mains firent les beaux jours de La Stampa. L’un de leurs articles, repris dans l’anthologie La Prevalenza del Cretino (en français, La Prédominance du crétin, publié chez Arléa), est consacré à ceux qu’ils appellaient « les fiers connards », dont le signalement correspond assez bien à ceux qu’Aliocha étrille si justement. Ceux qui se trompent, font du mal, et en sont fiers. Il semble désormais évident que les fiers connards sont au pouvoir…
Commentaire par Philarete — 14/10/2008 @ 15:32
@ Semantix
Je ne sais pas si vous avez raison ou tort sur le point précis que vous soulevez, mais il me semble que vous pourriez formuler votre remarque de façon plus respectueuse, plus civile, voire avec une pincée d’humour. Les gens qui contribuent à ce blog, à commencer par la principale rédactrice, sont des êtres humains que tout porte à estimer sincères, honnêtes et sérieux — sans parler des égards que l’on pourrait se sentir tenu de porter à leur sensibilité, — et il n’y a pas de raison de les tancer de façon si méprisante. Une « minuscule parcelle d’humilité », comme vous dites si bien, je la cherche en vain dans votre commentaire.
D’autant plus que l’on comprend fort bien ce qu’Aliocha a voulu dire — d’autres que moi, en tous cas, ont saisi l’idée sans en faire un fromage (voir les commentaires 6 ou 11, au hasard).
Non mais.
Commentaire par Philarete — 14/10/2008 @ 15:40
Bien envoyé, Aliocha! Votre propre réponse à Semantix s’est affichée quand je venais de poster la mienne, et je préfère la vôtre.
C’est un monde, tout de même! (comme disait ma grand-mère).
Commentaire par Philarete — 14/10/2008 @ 15:44
Il n’est pas difficile d’être assez cultivé en Physique pour être « assuré » que comparer un mètre et un kilogramme n’a dimensionellement aucun sens.
A magnifique, magnifique et demi : vouloir transmettre le « fond du message » en brodant jusqu’à l’absurde et au non-sens, puis revendiquer la chose parce que « la notion d’indice corporel (…) ne me semble pas parlante », on ne trouverait guère mieux pour illustrer le mépris pour le lectorat doublée d’indifférence à la réalité et à la culture générale.
Aliocha : Il aurait été plus intéressant, et beaucoup plus agréable que vous interveniez pour expliquer ce qu’était l’indice de masse corporelle et en quoi le cas que je mentionnais était aberrant (le cas, pas l’expression employée) au lieu de prendre vos grands airs. C’est personnellement ce que je fais quand je lis sur un blog des propos qui touchent à mes spécialités. J’ajoute que la langue regorge d’expressions apparemment absurdes mais désormais admises et même catégorisées, comme la métonymie fameuse : boire un verre. Sachez que pour bon nombre de femmes, l’expression que j’ai utilisée est parfaitement parlante.
Commentaire par Semantix — 14/10/2008 @ 15:46
@Philarete : Ah bon, vous comprenez ce que ça veut dire, 20 kilogrammes de moins qu’un mètre 70 ? Eh bien expliquez-moi, je vous écoute en toute humilité.
Commentaire par Semantix — 14/10/2008 @ 15:49
Chère Aliocha,
Je me réjouis de vous voir, sur ce blog, plus nuancée que vous ne l’êtiez sur celui d’Eolas, sortant vos griffes chaque fois que la Presse était attaquée.
Aliocha : si on ne m’attaque pas, je suis un être profondément pacifique…..
Mon sentiment est que la Presse est un « éclairage » des évènements, à coup sûr orienté par les opinions personnelles du journaliste, souvent manipulée par les Puissants… A ce titre, elle ne peut qu’être plus ou moins objective, mais c’est au lecteur qu’il appartient de se faire une opinion, en glânant ici ou là des informations qui lui serviront à fonder son jugement.
Aliocha :Tiens, vous lisez Chomsky vous aussi ?
« Pour être respecté, il faut être respectable », écrivez-vous fort justement. Je cherche en vain le respect que nous devrions avoir aujourd’hui des personnalités politiques, qui nous expliquent tranquillement qu’elles ont sû trouver en un temps record des milliers de milliards dont on ne sait d’où ils sortent (les mêmes nous expliquaient il y a peu que les caisses étaient vides…). Le comble de l’hypocrise étant d’ajouter que ces milliards ne sont « que » virtuels, qu’on ne les dépensera même pas, et même qu’ils nous rapporteront des intérêts, que c’est uniquement pour restaurer la confiance des marchés, qu’en fait il n’y a aucune crise, sinon une hystérie collective…
De qui se moque t’on, à votre avis ? Ne tombez pas dans le travers d’Oscar, qui se réjouit quand le CAC 40 remonte et fait le dos rond lorsqu’il s’enfonce… On est là dans le domaine de la spéculation pure, où certains parviennent à s’enrichir artificiellement (ou plutôt tentent d’effacer leurs pertes en rachetant aujourd’hui ce qu’ils regrettent d’avoir vendu hier). La crise de l’Economie réelle est devant nous, mais personne ne la dénonce… Demain est un autre jour.
Parler de déontologie, c’est bien. La mettre en pratique, c’est mieux…
Un seul exemple, pour en revenir à votre propos… La mort de ce jeune manequin anorexique avait soulevé, à juste titre, une grande polémique… « Plus jamais ça »… Voyez-vous un changement quelconque dans la sélection des top-models ? Moi pas… Jusqu’au prochain décès, où tout le monde se donnera bonne conscience en répétant « plus jamais ça »… Mieux vaut en rire, bien que ce soit à pleurer.
Aliocha : En effet, un des ensignements du reportage était de montrer que rien n’avait changé, en tout cas à Paris et qu’on y ajoute un problème de travail illégal de mineures, les mannequins étant recrutés de plus en plus jeunes pour ressembler de moins en moins à des femmes.
Commentaire par ramses — 14/10/2008 @ 16:02
@ Semantix
Conscient de mon ignorance insigne et enfoncé dans la mare stagnante de mes préjugés, j’avais compris cette phrase comme signifiant que ces personnes pesaient 20 kilos de moins que le poids normal correspondant à une taille d’1,70 m. Comme, par ailleurs, étouffé sous le poids de mes graisses superflues, je me trouve peser à peu près 65 kg pour 1,70 m, j’avais conçu l’idée — fort peu modeste assurément — que l’idéal de la beauté corporelle exigeait que la valeur absolue du poids correspondît à peu près au nombre de centimètres au-delà du mètre. Je parle pour un adulte, évidemment, et je tâche en outre de ne pas oublier totalement que les femmes et les hommes sont constitués un peu différemment, que le poids des os varie d’une personne à l’autre, ainsi que la masse de la chevelure, le volume des seins ou le poids du cerveau, ainsi que quelques autres paramètres.
Et puis, je lis des blogs régulièrement, et je ne m’attends pas à y trouver toujours la rigueur d’expression que l’on est en droit d’exiger d’un livre ou d’un article d’encyclopédie. Ce sont les idées qui m’intéressent, lorsqu’elles sont intéressantes et exprimées avec talent. Le style d’un blog est souvent plus proche de celui d’une conversation, qu’on espère courtoise et spirituelle, mais qui autorise néanmoins des raccourcis, voire des imprécisions. Il me semble que des blogs comme celui d’Aliocha apportent à la « conversation civile » des éléments de réflexion qu’on ne trouve pas ailleurs. Si l’auteur devait se relire 10 fois et peser chaque mot, elle se découragerait vite de publier, et je fais partie de ceux qui s’en trouveraient marris.
C’est tout, Semantix — joli pseudo d’ailleurs, qui ne devrait pas vous interdire un peu de souplesse, en plus de la rigueur dont vous faites preuve pour notre plus grand plaisir.
Commentaire par Philarete — 14/10/2008 @ 16:08
@Philarete: Semantix fait allusion à un truc que de mon temps on apprenait au collège, à savoir qu’on n’ajoute pas des patates et des oranges, et que donc soustraire des kilogrammes à des mètres n’a pas de sens en général.
En l’espèce, on saisit l’idée générale de ce que disait Aliocha, à savoir qu’on parle de gamines déjà super maigres.
Les confusions dimensionnelles sont plus gênantes quand, par exemple, un journaliste compare une puissance et une énergie produite sur une année, comme je l’ai déjà vu ; ce qui n’a aucun sens. Ce n’est pas avec ce genre d’âneries qu’on parlera de la crise énergétique (le pétrole, le réchauffement climatique, tout ça) de façon à informer le citoyen.. et ça me paraît un sujet beaucoup plus important que les histoires de mannequins anorexiques, ne serait-ce que parce que nous serons tous touchés.
En plus, les problèmes énergétiques offrent la part belle aux possibilités de publi-rédactionnel… Et puis c’est tellement fun quand le média qui publie un reportage sur une centrale nucléaire appartient au groupe qui construit la dite centrale, non?
Je remballe mes préoccupations de « spécialiste ».
Commentaire par DM — 14/10/2008 @ 16:11
@Philarete: À la décharge de Sémantix, quelqu’un additionne des oranges et des patates est sans doute aussi choquant pour un scientifique que, pour une juriste comme Aliocha, quelqu’un qui parlerait d’une décision de « la justice » pour désigner une loi votée par l’Assemblée nationale – après tout, de loin, c’est la même chose, c’est l’État, non?
Aliocha : La différence, c’est que moi je n’insulte pas ceux qui utilisent un vocabulaire approximatif, je les renseigne gentiment. Je vais vous raconter une histoire à ce sujet. J’ai une amie, journaliste dans un quotidien économique, très imbue de sa personne, qui participe chaque année à un jury récompensant des étudiants dans le domaine du droit. Un jour, à la fin des travaux, elle sort et me raconte « : un des étudiants ne connaissait même pas le vrai nom de Sthendal. Je lui ai mis une mauvaise note ». Au moment où elle pérorait (je sais qu’elle est au fond d’une inculture vertigineuse) on diffusait la symphonie n°25 de Mozart. Je la regarde en souriant et lui demande : »toi qui sais tant de choses, rappelle-moi quelle est cette musique ». Elle a blémi et m’a répondu : « je ne sais pas ». Ainsi donc, elle s’était permis de juger un étudiant en roit sur un détail de l’histoire française de la littérature (lequel n’avait strictement rien à voir avec les compétences juridiques de l’étudiant et si peu avec une vraie culture générale), elle qui ne connaissait même pas une des symphonies les plus célèbres de la musique classique. Voilà pourquoi les donneurs de leçon me font sourire
Commentaire par DM — 14/10/2008 @ 16:17
@Aliocha : Bonjour !
A propos de métonymie, « une vision de la femme qui précisément nie la femme, c’est-à-dire ses courbes », c’en est une également, ou une vision très réductrice de ce qui fait la femme ???
😉
Commentaire par Hub — 14/10/2008 @ 16:31
@Aliocha: Le fait que Stendhal s’appelait Henri Beyle n’a pas grande importance pour la littérature. Les confusions dimensionnelles, c’est un problème plus fondamental.
Ceci dit, en effet, il est inutile de voler dans les plumes, c’est contre-productif.
PS: http://david.monniaux.free.fr/dotclear/index.php/2008/10/14/280-science-et-journalisme
Aliocha : Fichtre, c’est une provocation en duel ou je ne m’y connais pas. J’ai deux articles à écrire avant 20heures, donc laissez-moi un peu de temps….sinon, soyez gentil arrêtez une fois pour toutes avec les confusions dimensionnelles, je n’aime pas avoir le désagréable sentiment qu’on me prend pour une imbécile incapable de distinguer la taille du poids quand je ne fais qu’utiliser une expression qui fait sens pour moi et mes congénères. Tiens, tant que j’y suis, c’est la deuxième fois que des lecteurs s’attachent à un problème de vocabulaire et font fi des vrais sujets de débat du billet. Cela signifie que tant que les lecteurs s’en tiendront à considérer que les journalistes sont des imbéciles au lieu de voir les vrais problèmes, on n’ira pas loin mais j’aurais au moins la consolation de pouvoir me dire que les citoyens sont au moins aussi responsables que la presse. A bon entendeur….
Commentaire par DM — 14/10/2008 @ 16:49
Il y a deux choses distinctes qui me troublent :
1) que l’on fasse un réel effort pour dire quelque chose d’inexact au lieu de rester simplement factuel, par désir de rendre le propos plus « sexy ». Ici, l’inexactitude est poussée jusqu’à l’absurde, et les chiffres ne servent que comme décoration sans substance.
Instrumentaliser les chiffres est mal. Las, c’est devenu une pratique tellement courante de mettre de la poudre aux yeux avec des termes techniques et des chiffres que celui qui signale une erreur grossière se fait prendre de haut, un peu comme s’il voulait arbitrairement interdire l’usage du subjonctif (je pense à Ardalia du commentaire 5). On parle pour parler, et l’on fait la part bien trop belle à des termes creux et à des tournures pseudo-informatives qui ne veulent en fait rien dire.
2) Ca arrive à tout le monde de faire des erreurs ; en un sens, c’est très bien ainsi, car c’est une façon d’apprendre. Ce qui me choque, c’est quand l’erreur devient militante : au commentaire 5, on pourrait répondre « oui, la formulation est malheureuse, je voulais bien sûr dire « ne fait que 50 kilos pour un mètre 70 » », au lieu d’enfoncer le clou. quand je me fais reprendre pour une faute d’orthographe, je rougis et j’essaye de corriger ; s’agissant de Physique, la critique ne peut être que mesquine, et c’est le correcteur qui est en tort ?
Outre que le mépris que cela dénote à l’égard des Sciences est à la longue vexant, cela tend à entretenir dans le public les confusions du type dont parle DM. A la base, l’idée du journalisme est d’informer, mais la tendance aux approximations mal maîtrisées et défendues bec et ongles peut suffire à ce que certains journaux gênent l’information plus qu’ils n’y contribuent.
Aliocha : Mon cher vous avez tendance à prendre les gens pour de tels imbéciles que j’en viens à me demander pourquoi vous leur parlez. Car vos commentaires successifs montrent que vous vous obstinez à considérer que mon expression, encore une fois couramment usitée chez les femmes, est le signe d’une confusion malheureuse entre taille et poids. C’est simplement un unité de mesure chez les femmes qui leur permet d’éviter tout calcul d’indice de masse corporelle et leur épargne les joies de la calculette : tu mesures 160 cm, tu dois donc peser 40kg et c’est aussi celle en vigueur dans le mannequinat. Pour autant, cela ne signifie en aucun cas qu’il y a confusion, ne vous en déplaise. Si j’avais rédigé un article scientifique sur le sujet vous pourriez à la rigueur vous en indigner. Ici votre colère ne fait que m’arracher un sourire las.
Commentaire par Semantix — 14/10/2008 @ 16:53
(La pédanterie consisterait à noter que les kilogrammes mesurent la masse et non le poids, mais, là, franchement, on s’en fiche.)
Commentaire par DM — 14/10/2008 @ 17:06
Chère Aliocha,
Laissez tomber ces adeptes de l’outrage à dyptères et concentrez-vous sur vos 2 articles pour 20h 🙂 (signé : Le Rédac’ Chef)
Commentaire par ramses — 14/10/2008 @ 17:15
@Pierre
Pour moi, une information objective n’est pas une information parfaitement neutre, ce qui est impossible, mais une information couplé à une analyse qui ne provient pas d’un parti lié à ladite information. Une critique du comportement de Boeing, par un journal appartenant à Lagardère sera moins objective que celle faite par un journal indépendant.
Mais il est vrai que ce termes est mal choisi.
Commentaire par Adrien — 14/10/2008 @ 17:17
A propos de déontolgie que pensez-vous de ceci :
http://www.liberation.fr/politiques/0101124009-travail-dominical-le-gouvernement-touille-dans-les-sondages
un sondage qui a fait la Une, sans que les principaux médias s’intéressent à son contenu réel…
Aliocha : à titre personnel, je refuse toujours de commenter un sondage, je trouve ce genre d’exercice totalement absurde. Ici je dirais qu’à force d’entendre des gens me parler de statistiques toute la journée, il est classique – si ce n’est normal – de consolider les pour et les contre. Mais ça n’a pas grand sens comme votre exemple le montre une fois de plus.
et cela
http://ministeredelacrise.blogs.liberation.fr/logement/2008/10/je-lai-dit-votr.html
Aliocha : Personnellement, je pense qu’une journaliste mariée à un ministre ne devrait pas participer à des émissions politiques. C’est le premier problème. Ensuite, il est évident qu’inviter un ministre sur un plateau c’est risquer d’avoir à se soumettre à ses desiderata. Les journalistes TV ont-ils le pouvoir de garder la main, je l’ignore. Je n’ai pas vu l’émission, par conséquent, je ne commente pas plus.
Commentaire par holocanthe — 14/10/2008 @ 18:14
Une obligation déontologique dont l’irrespect ne serait pas sanctionné n’est pas une obligation.
La création d’une déontologie va, à mon sens, nécessairement de paire avec la création d’un droit et d’une procédure disciplinaire.
Soutiendriez-vous un tel projet ?
Aliocha : Non seulement je le soutiens mais je l’appelle de mes voeux !
Commentaire par Fantômette — 14/10/2008 @ 18:21
@ tous,
Je suis, je pense, un scientifique, dans ce sens où je fais de la science depuis plus de dix ans tous les jours dans mes études de S d’abord, puis de prépa et d’IUT, et enfin de cycle ingénieur.
Cependant, quand Aliocha a dit sa fameuse phrase sur les mètres et les masses, j’ai très bien compris. Certes, elle a fait une phrase qui n’est pas homogène dans ses dimensions. Et alors ? Elle reste compréhensible, et Aliocha ne s’adressait pas à un parterre de docteurs, si ?
En outre, je me sens choqué et outré de voir quelqu’un qui, dans ses paroles, se dit scientifique, mais dans ses actes ne se comporte pas comme tel : un scientifique est quelqu’un de curieux et d’ouvert sur le monde, deux conditions qui lui sont nécessaire. Employer un vocabulaire insultant pour dénoncer une faute de dimensions est, je pense, le contraire d’être ouvert sur le monde.
Pour ne plus parler à mots couverts, je dirais ceci : Semantix, j’espère de tout coeur que vous n’êtes pas prof, parce que sinon je plains vos élèves…
Enfin, ma chère Aliocha, je vous prie d’excuser cette sortie de ma part… Vous avez poussé votre beuglante sur l’irrespect de la déontologie journalistique par certains, je viens de pousser le miens vis-à vis de la science… Je vous prie donc de m’excuser d’avoir squatté votre blog pour pousser cette gueulante…
… Mais Dieu que ça peut faire du bien parfois !
Aliocha : Vous êtes pardonné, c’est tout l’intérêt d’un blog de pouvoir s’exprimer tant que ça reste dans les limites du raisonnable. Entre nous, je souscris à votre analyse mais j’ajouterais que pour certains le savoir est avant tout un pouvoir destiné à leur assurer une position sociale dominante. Pour d’autres, c’est une force à transmettre, un plaisir à partager. Je crois qu’on n’y changera rien, c’est ainsi.
Commentaire par Triskael — 14/10/2008 @ 19:27
Ah, je vous approuve.
Mais évidemment, cette instance disciplinaire sera le lieu où s’exerceront toutes les contraintes. Peut-être jouera t-il d’ailleurs (effet secondaire souhaitable) de paratonnerre à cet égard, attirant sur lui toutes les tentatives de pressions des « powers that be ».
Voyez ce qui se passe avec le CSM…
Comment envisageriez-vous la composition de cette instance disciplinaire ? Que des journalistes, j’imagine, détenteurs de la précieuse carte de presse. Doivent-ils être élus ? Qui pourra saisir cette instance ? Quelles seront les sanctions ? Comment fonctionnera t-elle ? D’où proviendra son budget ?
Aliocha : Avant tout, je précise que je ne suis pas syndiquée, pas journalistes spécialisée dans les médias et pas très au fait des débats institutionnels de la profession. Mon avis n’engage donc que moi. Cela étant précisé, pourquoi ne pas faire évoluer le rôle de la commission d’attribution de la carte ? Elle est composée d’une commission de première instance et d’une commission supérieure. La première comprend 8 représentants des directeurs de presse et 8 représentants des journalistes. La deuxième comprend 3 magistrats honoraires, 1 directeur de presse et 1 journaliste. A première vue, ça me parait équilibré. Pour l’instant cette commission s’en tient à attribuer les cartes de presse et à les renouveler. Elle pourrait peut-être jouer le rôle d’instance disciplinaire. http://www.ccijp.net/commis/commission.htm
Y a t-il d’ores et déjà des organisations collectives de journalistes susceptibles de fonder la création d’un tel droit ? Quelles sont-elles ? J’ai souvent l’impression d’entendre parler des associations comme RSF au nom des intérêts des journalistes, diriez-vous qu’ils ont une légitimité à le faire ?
Ne pensez-vous pas que les questions qui surgiraient à l’occasin d’un tel débat pourraient faire éclater l’aspect l’unité d’une profession qui tient pour l’instant au critère rigoureusement objectif d’attribution de la carte de presse ? Je m’explique : les journalistes de mode, pour reprendre votre exemple, pourraient avoir l’impression que leur appliquer des règles strictes d’indépendance va singulièrement modifier (et compliquer) leur façon de travailler, alors même qu’elles pourraient (non sans quelque raison) se dire que l’enjeu d’indépendance n’est pas aussi crucial dans le milieu des dessous chic que dans la grande presse économique.
Il pourrait être tentant d’en arriver à expliquer qu’il existe DES journalismeS, plutôt qu’un journalisme.
Non ? Ou j’élucubre totalement (c’est fot possible) ?
Aliocha : Je n’en sais strictement rien Fantômette. Disons que notre profession est aussi variée que les avocats, les médecins, les commissaires aux comptes. Pour autant, ces professions surmontent l’obstacle, pourquoi pas nous ?
Commentaire par Fantômette — 14/10/2008 @ 19:27
@Triskael: je ne dénonce pas une faute de dimensions, je réagis à la réponse au commentaire 5.
La faute de dimensions est une énormité, mais ça arrive à tout le monde ; ce que je déplore, c’est qu’on défende et revendique l’énormité. J’imagine que lorsque vous enseignez, vous vous attendez à ce que les étudiants qui font une erreur sur un point de base n’essayent pas en plus de convaincre le prof que c’est eux qui ont raison.
Aliocha : Vous êtes lassant, j’ai cru que l’étonnement de ce commentaire venait du fond et non de la forme d’où mon illustration.
On a beau jeu de dire « Madame Michu dit comme ça, je me mets à son niveau » :
1) dans le contexte, m’accuser de « prendre les gens pour de tels imbéciles » doit être une sorte de salutation confraternelle
2) si on commence à répéter ce que dit Madame Michu, finalement, sur quoi se fonde la subtance de l’article ? Le propos est de dénoncer la norme de maigreur extrême des mannequins, mais finalement, Madame Michu, elle trouve que les mannequins sont très bien comme ça ; or l’article prétend avoir un point de vue supérieur et l’en convaincre ; sur quoi se fonde cette supériorité ? Ca n’est pas une question de goût ou de philosophie abstraite : c’est mieux d’avoir des mannequins moins maigres parce que c’est médicalement bien que les gens aient un poids normal. C’est un fait scientifique. Pour développer ce point, on cite des faits (un mannequin est mort au Brésil en octobre 2007, par exemple) ; si ces faits sont faux, ne veulent rien dire, ou sont par trop approximatifs, on perd sa crédibilité aussi sûrement que si l’on fait quinze fautes d’orthographe par ligne (c’est aussi très normatif et ça n’entrave pas la compréhension, mais que voulez-vous).
Une autre chose me fait tilter: Aliocha me dit « il aurait été plus intéressant, et beaucoup plus agréable que vous interveniez pour expliquer ce qu’était l’indice de masse corporelle » ; or je ne suis pas médecin ni nutritioniste, mon explication n’aurait donc pas de valeur particulière. J’ai donné le terme, libre à chacun d’aller chercher des détails. A mon avis, c’est encore un problème de méthodes et de retour aux sources.
Commentaire par Semantix — 14/10/2008 @ 20:21
PS: le coeur du problème étant évidemment que les fautes d’orthographe ne déforment pas la perception de la réalité comme des approximations et inexactitudes sur des faits peuvent la distordre. Or
– les journalistes non seulement écrivent des éditoriaux, mais sont la source de l’information factuelle. Aussi le risque n’est-il pas seulement que l’information soit commentée de façon irréaliste, mais que l’information elle-même soit très déformée
– les journalistes se citent entre eux ; une erreur dans une dépêche se propage et est difficile à faire corriger
– un deuxième effet d’accumulation peut jouer s’il y a un biais systémique. Un bon exemple serait la confiance aveugle dans l’existence d’armes de destructions massives en Irak (Fox News en 2002-2003). Je pense que le mépris pour les sciences exactes est de ce type et contribue à une déconnection entre la réalité et l’opinion publique
Pour toutes ces raisons, je trouve qu’il y a un problème lorsque quelqu’un qui signale une erreur manifeste se voit répondre « la jeune mannequin morte au Brésil en octobre 2007 pesait 40 kilos pour 1 mètre 74…ce qui nous fait 34 kilos de moins que sa taille. »
Commentaire par Semantix — 14/10/2008 @ 20:35
La discussion s’est en effet enlisée dans des questions sans rapport avec l’objet principal du message original d’Aliocha.
Toujours dans la rubrique « déontologie », voici une petite anecdote. Je vois dans un grand journal français un article semblant soutenir exactement le point de vue d’un groupe de pression dont je connais justement le responsable des relations institutionnelles. Je lui demande comment il a réussi à faire passer ça, il me dit « le journaliste est un ami ».
À une époque, je travaillais dans un laboratoire situé dans une grande école parisienne. Il y a eu une sorte de conflit social, et quelques journaux ont pris partie contre le chef d’établissement. Raison? Il y avait chez eux des journalistes impliqués dans le conflit ou du moins amis de ceux qui étaient impliqués.
C’est un peu embêtant, non, que l’accès aux médias soit subordonné aux amitiés des uns et des autres?
Et comment expliquer, sinon par les connivences et copinages, que certains aient tribune ouverte ici et là, y compris pour dire les pires platitudes ou les pires sottises, tandis que d’autres ne peuvent s’exprimer?
Commentaire par DM — 14/10/2008 @ 20:44
C’est Semantix, je crois que tout le monde a compris.
Si vous connaissiez les formules aberrantes qui servent en mécanique des sols à calculer les fondations des bâtiments… 😀
Commentaire par mussipont — 14/10/2008 @ 21:16
Là je vais jouer le méchant libéral loi du marché et toussa, mais si une partie de la clientèle veut de la presse de mauvaise qualité mais peu chère (voire gratuite), je ne vois pas pourquoi on devrait créer des organismes de déontologie pour empêcher cette partie de la clientèle d’avoir ce qu’elle cherche.
Nous avons chacun des domaines où nous sommes moins exigeants : je me contente de mauvaise musique, de mauvais vin. Je suis par ailleurs exigeant dans mes lectures. Cela ne m’empêche pas de respecter les personnes qui souhaitent qu’on leur fournisse du mauvais journalisme, ne serait-ce que parce que j’ai une certaine empathie vu mon goût pour la mauvaise qualité dans d’autres domaines. Lâchez donc la grappe à vos collègues médiocres, laissez la loi du marché fixer leur salaire plutôt que leur imposer une reconversion (vers quoi d’ailleurs ?)
Commentaire par Un visiteur — 14/10/2008 @ 21:37
Ouarf, il est drôle ce Semantix, tout gonflé de son importance, vous savez ce qu’il dit , le petit prince de Saint-Exupéry? » Ce n’est pas un homme, c’est un champignon! »
Sérieusement, c’est un vrai, ce n’est pas vous qui l’avez inventé?
Il ne fréquente peut-être pas beaucoup de femmes, pour ne pas savoir à quels calculs elles sont capables de se livrer, et qui défient les lois de la physique!
Et si il n’est pas plus courtois que ça, il n’en connaîtra pas beaucoup plus.
Blague à part, tout diplômé qu’il prétend être, pensez vous que son Quotient Intellectuel atteigne 10 au-dessus de son poids?
Aliocha : vous me faites rire, merci !
Commentaire par Doc — 14/10/2008 @ 21:46
Le truc qui l’échappe avec la réflexion de notre docteur en scientisme, c’est qu’il n’imagine pas que tout le monde est capable de comprendre le concept : le nombre de kilo par rapport aux centimètres au dessus du mètres.
C’est vrai que la phrase est raccourcie et elle aurait du être : « la valeur décimale de sa masse en kilo est inférieure de 30 à la valeur décimal des centimètres de sa taille une fois ôté 1 mètre » , et probablement ajouter : [c’est une méthode rapide et sans calcul permettant d’imaginer la silhouette d’une personne par comparaison à ce que l’on connait mais qui n’est pas scientifique car les kilos peuvent se répartir différemment selon les personnes : il peut être mieux, par exemple d’avoir un 100d que des bourrelets sur les hanches ou sur les cuisses]. Est-ce que cette rigueur en fait quelque chose d’agréable à lire ? C’est une autre chose. Cependant il m’avait semblé que le coté agréable n’était pas la qualité première de notre Don Quichote.
Maintenant cette attitude (avec les pinaillages sur les fautes et les tournures malencontreuses) est courante sur les forums. Souvent le fait de personnes qui n’ont rien à ajouter au débat et dont les interventions ne servent probablement qu’à les rassurer sur une soit-disante supériorité de ‘sachants’ ou de passer une mauvaise humeur que j’espère ponctuelle sur un autre, anonyme, immatériel.
Il est toujours étonnant de remarquer que la remarque se fait toujours sur un objet extérieur au sujet. Un peu comme raller sur l’approximation de la couleur d’une carrosserie dans un article parlant du couple d’un moteur d’une voiture et de son implication sur sa consommation.
Il faut probablement être bien malheureux dans sa vie professionnelle pour passer du temps à essayer de se rendre important sur un blog.
Commentaire par herve_02 — 14/10/2008 @ 22:39
@43: « Est-ce que cette rigueur en fait quelque chose d’agréable à lire ? C’est une autre chose. » Et voilà, on est en plein dans le problème de l’éthique du journalisme : faut-il raconter n’importe quoi pour plaire/épater/ne pas choquer et donc mieux vendre, ou dire quelque chose qui ait un sens ?
Je me rends compte que je me suis sans doute très mal exprimé, mais l’objet n’est pas du tout aussi extérieur au sujet que ça.
Commentaire par Semantix — 14/10/2008 @ 23:01
Brabo, Allicha pour pointer du doigt cette aberration qu’est l’anorexie, qui mène de la maigreur à la dénutrition et enfin la mort ! Je ne suis pas de sexe féminin mais je ne supporte pas de voir des jeunes femmes maigres tant c’est laid (ça me rappelle parfois les photographies de camps d’extermination, pour tout dire). De plus, je trouve cette incitation proprement criminelle : point, barre. Et pourtant, je connais très peu de femmes parfaitement proportionnées qui n’ont pas — disent-elles — « encore » quelques kilos à perdre… morbide est la mode 😦
J’en reviens au journalisme : j’ai un souvenir, qui date des années 70, d’une expérience que nous avait fait réaliser notre prof’ d’histoire/géo/instruction civique. Il avait demandé à toute la classe de rapporter un journal ou enregistrement précis (presse locale/nationale/radiodiffusée/télévisée) à chacun pour un jour donné (et heure de grande écoute pour l’audio), lui ayant un copain l’AFP qui lui mettrait de côté, pour ce même jour, toutes les annonces qui seraient publiées.
La semaine suivante, nous avons dépouillé (en long, en large et en travers) l’ensemble, mettant en évidence les informations qui nous ont parues importantes ce jour. Un exercice extrêmement intéressant et motivant qui, en tous cas pour moi, à été l’élément fondateur de mon sens critique et de mon scepticisme (art du doute) !
Je ne me souviens plus du détail, mais uniquement de nos conclusions : à partir d’une annonce AFP, il nous avait fallu, en moyenne, nous référer à cinq publications différentes pour réussir à obtenir l’information d’origine (AFP), enrobée dans des données que nous avons jugées importantes et elles aussi informatives (historique, rappel, analyse, etc.) à peu près objectives. Certains articles étaient brefs mais bien trop courts, d’autres trop longs, noyant du cout l’information dans un logorrhée inutile, les derniers, d’une taille que nous avions jugé correcte au regard de l’importance des faits.
Dans tous, on retrouvait une part de subjectivité (volontaire — style l’Huma, le Figaro — (ligne éditoriale ?), ou involontaire (vision du journalistique/manque de temps/d’archives/… ?).
Quand à ne lire QUE les annonces AFP, c’était particulièrement indigeste, par manque de contexte… dilemme.
Nous avion poussé l’exercice jusqu’à comparer, dans la presse écrite, les superficies des pages avec celles des publicités : il semble, me rappellè-je, que nous avions « ressenti » une certaine corrélation possible entre la qualité de l’info et le taux de superficie des annonces (ce qui corroborerait votre commentaire).
Finalement, « l’objectivité », en terme de journalisme, me paraît un art bien délicat à maîtriser, qui mériterai effectivement un code de déontologie bien défini, un apprentissage approfondi de la rédaction permettant de garder la plus grande neutralité possible (il y a du boulot, y compris de la recherche en psycho, amha 😉 et un système qui garantirait l’indépendance des journalistes vis-à-vis de leurs hiérarchies rédactionnelles (utopie ?).
Aujourd’hui, sur le Net, je suis assez content de confronter la presse US, GB, CH et RU pour l’information internationale (Ria-Novotsni — http://fr.rian.ru/ pour ceux qui ne l’aurait pas déjà –, en particulier, permet d’avoir un point de vue extrêmement enrichissant sur certain sujets dits « chauds »). Pour la nationale, je préfère piocher en Suisse Romande et éventuellement GB. La France me paraît — désolé — loin derrière et il est devenu très rare que je la lise.
@Semantix :
Je suis aussi un scientifique et particulièrement pointilleux sur l’approche zététique, mais je trouve que vous faite preuve, cette fois-ci, d’une intolérance que vous devriez modérer : même la science compte des fanatique extrèmiste et j’ai fort peur que vous n’en fassiez partie. La tolérance est aussi une nécessité pour apprendre et Alliocha n’a pas l’ambition de publier cet article dans Science ou Nature.
Même moi, dans ma tête, j’ai très bien compris « 1,74m donne, à la louche, environs 74 kg ». Même les médecins font ce raccourci bien pratique pour évaluer le risque de morbidité d’un patient (la « légère surchage pondérale, bla, bla, cardiovasculaire, etc.), étant au moins aussi fiable que la baguette du sourcier : seuls les extrêmes sont réellement significatifs, et on a pas besoin de les calculer, il suffit de regarder). Alliocha à juste omis de préciser pour vous que la fonction F, « à la louche », résultant du théorème de Alfred Nonyme, dit de « symétrie pifométrique humaine » permet de convertir, chez l’être humain, en conditions normales (voir axiomes), des mètres en kilogrammes (F(x)=y, x en mètres, y en kilogrammes), fonction que tout le monde connaît, soit dit en passant, et en particulier la gente féminine ;). Ah, j’oubliais : cette fonction n’est pas bijective.
Seuls les diététiciens et dérivés s’intéressent à l’IMC, qui n’est pas plus démontré que la fonction F qui, empiriquement, a fait ses preuves (bien plus que l’IMC pour calculer le poids des carottes et le nombre de cuillières d’huile de foie de morue à ingérer au petit déjeuner). À noter que F(x) tombe toujours dans les valeurs normales de l’indice IMC (avec les mêmes axiomes que pour le théorème de A. Nonyme). Curieux, non ?
PS : j’ai fait trop long, désolé, et je n’ai pas le courage de relire…
Aliocha : Ne vous excusez pas, j’ai choisi ce format de blog exprès pour que nous puissions tous nous étaler. Vos observations sur la presse sont très intéressantes et j’aimerais que tous les lycées de France enseignent ainsi une lecture critique de la presse. Il y manquait peut-être la phase pratique consistant à vous faire écrire un article de presse. C’est souvent instructif pour un non journaliste de se confronter à l’exercice, on comprend mieux sa difficulté. Quant à votre partie scientifique, je ne l’ai pas entièrement saisie mais elle m’a fait franchement rire,en particulier la « symétrie pifométrique humaine d’Alfred Nonyme ».
Commentaire par furax — 14/10/2008 @ 23:14
Quand je le disais :
— « Bravo Alliocha » et non « Brabo, Allicha » (ce n’est ni une contrepétrie ni un lapsus, mais un simple changement de clavier (FR.fr CA.fr) 😉
— « du coup » et non du « cout »
et sûrement plein d’autres…
Commentaire par furax — 14/10/2008 @ 23:26
Le soucis semantix, c’est que ce n’est pas raconter n’importe quoi, c’est faire une approximation de langage et là encore vous pinailler sur la manière que j’ai de présenter la chose.
« faut-il raconter n’importe quoi pour plaire/épater/ne pas choquer et donc mieux vendre, ou dire quelque chose qui ait un sens ? « .
Le truc c’est que notre hôte ne raconte pas n’importe quoi, elle a éludé quelques mots dans son message (sans en changer le sens), pour reprendre une expression très courante.
Le truc aussi c’est que vous vous enferrez dans une discussion stérile qui part du mauvais axiome pour, malgré un raisonnement juste (des mauvais journalistes disent n’importe quoi pour vendre), avoir des conclusions faussent (notre hôte racontent n’importe quoi). Vous faites ce que j’appelle un glissement de sens. Vous déplacer le sujet et l’objet pour construire une phrase qui peux sembler identique mais qui est différente et fausse.
C’est ce que j’adore (licence poétique) avec certains scientifiques, ils sont tellement ailleurs dans leur tête qu’ils arrivent à raconter des conneries qui ne sont pas ‘logiquement fausse’, mais d’une bêtise ahurissante et ils sont certains d’avoir raison : une calculatrice ne se trompe pas ! ! !
Aliocha : Voui, la calculatrice ne se trompe pas, c’est sans doute ce que pensaient aussi les financiers fous qui nous ont mis le système par terre 😉
Commentaire par herve_02 — 14/10/2008 @ 23:36
Encore une fois, ça n’est pas l’approximation leste qui me choque en soi, c’est la réponse en 5.
Ce qui me choque, c’est que lorsqu’Aliocha se fait reprendre par Ardalia, Aliocha l’envoie bouler violemment, et faisant explicitement une soustraction sans aucun sens. Même si « on a tous compris », je m’attendrais à une reformulation (qu’Ardalia la propose du reste en 11.).
C’est bien beau de parler d’éthique du journalisme et dénoncer la corruption ; mais à force de « on a tous compris » et de qualifier toute critique de pinaillerie sans intérêt, jusqu’où est-ce qu’on dérive ? On commence par le mépris avec lequel Ardalia est écartée, et on se retrouve avec une guerre pour chercher des armes de destruction massives imaginaires. Juste à force de « on a tous compris », de paresse intellectuelle, et sans ténébreuses histoires de corruption.
Aliocha : On va continuer longtemps à tricoter des pulls à coccinelles ou peut-on considérer que tout a été dit sur ce passionnant sujet ?
Commentaire par Semantix — 14/10/2008 @ 23:40
@Aliocha: Vous dénoncez, si j’ai bien compris, la confusion des genres entre journalisme, organisation d’évènements, voire conseil auprès de ceux sur lesquels on est censé enquêter. Ce problème existe dans la presse « mode », mais n’existe-t-il pas aussi en matière d’information politique ?
Autre confusion des genres : le continuum information-spectacle. À une extrémité, on a les œuvres purement de fiction, l’art, etc., à l’autre extrémité on a le journalisme pure. Entre les deux, on a de l’infotainment, des « reconstitutions », etc. Le problème est que la démarcation entre les faits et l’invention est mal marquée. (Même problème avec le traitement de l’histoire : entre les fictions « historiques » et l’histoire universitaire on trouve une foule d’ouvrages d’histoire plus ou moins romancée, mais que l’on présente au grand public comme de vrais ouvrages historiques sérieux.)
Quid du milieu de la critique littéraire et, plus généralement, du continuum journalisme – monde « intellectuel » et de la culture ? Quand les critiques littéraires sont aussi écrivains, directeurs de collection, journalistes etc., on peut se retrouver avec tous les grenouillages, on s’invite entre potes alors qu’on prétend informer…
Commentaire par DM — 15/10/2008 @ 00:08
@ DM 39
« Et comment expliquer, sinon par les connivences et copinages, que certains aient tribune ouverte ici et là, y compris pour dire les pires platitudes ou les pires sottises, tandis que d’autres ne peuvent s’exprimer? »
Ici, vous n’avez ni connivences, ni copinages, et cependant vous pouvez dire les pires platitudes ou les pires sottises, vous vous rendez compte de la chance que voua avez ?
Commentaire par ramses — 15/10/2008 @ 00:37
@ Aliocha
Ma Chère, c’est la gloire… Vous tenez avec Semantix votre Augustissime (à moins que ce ne soit lui ?)
Commentaire par ramses — 15/10/2008 @ 00:58
« Aliocha :Tiens, vous lisez Chomsky vous aussi ? »
Non, mais après avoir fait un tour chez Wiki, j’ai envie de lire « La Fabrique de l’opinion publique »
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mod%C3%A8le_de_propagande
Ca recoupe effectivement un certain nombre de mes réflexions, merci de ce clin d’oeil 😉
Commentaire par ramses — 15/10/2008 @ 01:18
@ holocanthe 33
Votre second lien m’a donné envie de regarder cette émission sur Fr2, consacrée au logement et animée par Béatrice Schoenberg. Il y a une vingtaine d’années, j’ai acheté un appartement neuf dans une petite résidence de standing en région lyonnaise, dont le promoteur était Bernard Devert. Lors de la signature, il s’est bien gardé de m’informer qu’il était prètre et s’était réservé 3 appartements pour y loger gratuitement des personnes en difficulté, dont une famille d’afghans… Voici un exemple type du mélange des genres (prètre-promoteur, imposant la mixité sociale)…
Vous avez dit « déontologie » ?
Mme Boutin a été « épinglée » par Don Quichotte, qui lui a rappelé ses promesses et s’est effectivement défendue d’avoir reçu le dernier disque de Carla Bruni (elle cherchait des yeux un exorciste !)… La remarque concernant le mari de Béatrice a, comme prévu, été coupée au montage.
Bref, une émission « langue de bois », comme d’hab…
Commentaire par ramses — 15/10/2008 @ 02:52
« il s’est bien gardé de m’informer qu’il était prètre et s’était réservé 3 appartements pour y loger gratuitement des personnes en difficulté, dont une famille d’afghans… »
Allons ramses! je suis sûr que votre commentaire précédent a un peu dépassé votre pensée…
Commentaire par Maraudeur — 15/10/2008 @ 10:17
@holocanthe 33
Rassurez-vous vous n’avez pas acheté un appartement à un prêtre! Bernard Devert n’étant pas prêtre à ce moment-là, il a été promoteur immobilier, puis prêtre, comme il y a des polytechniciens qui deviennent prêtre au service des enfants des rues ou des traders, moines. Tout le monde n’a pas la « chance » d’avoir une vie parfaitement linéaire, sans virages ou demi-tours. Bernard Devert ne s’occupe pas seulement de la maison de briques et de tuiles de l’homme, il a aussi le souci de sa maison de chair en tant qu’aumônier d’un centre anti-cancéreux.
Holocanthe, là où vous avez parfaitement raison, c’est que son intérêt pour le logement des plus démunis ne lui est pas venu soudain avec la prêtrise, il le portait déjà en lui losqu’il était directeur d’une société de promotion immobilière, peut-être même est-ce ce souci des autres qui l’a conduit là où il est aujourd’hui.
Mais Holocanthe, où a-t-il manqué à la déontologie quand il vous a vendu votre bien ? Celui-ci comportait-il des malfaçons ? Ne correspondait-il pas aux descriptions ? Avez-vous été grugé sur le prix ? Le fait de loger gratuitement une famille démunie dans un logement identique à celui que vous avez eu les moyens d’acheter, vous a-t-il enlevé quelque chose ? Le fait que la famille en question vienne d’Afghanistan (il y a 20 ans la plupart des lettrés afghans ont dû fuir)ajoute-t-il au manque de déontologie dont vous soupçonnez Bernard Devert ? Croyez-vous que la mixité sociale soit quelque chose de si horrible qu’il faille vous l’imposez ? Ne pensez-vous pas plutôt que cette mixité sociale est une chance donnée à tous pour créer une société harmonieuse, où l’on côtoie quotidiennement son voisin en se souciant plus de la largeur du sourire qu’il va vous offrir que de l’épaisseur de son porte-monnaie ? Sans mixité sociale, il y a des ghettos : beaux quartiers de gens fortunés, quartiers standing classes moyennes, banlieues pauvres, où l’envie s’exacerbe à la hauteur des murs qui claquemurent chaque ghetto, au risque de réunir, à terme, tout le monde dans un même cahos.
PS: Il y a une vingtaine d’années, j’ai eu la chance de donner des cours de langue et civilisation française à une jeune femme afghane, qui avait été contrainte de tout abandonner pour sauver sa vie. Chez elle, en Afghanistan, elle était médecin gynécologue et son mari professeur d’université, lui, polyglotte, avait trouvé un emploi de commercial, mais elle, la mort dans l’âme, devait laisser sa vocation sous le boisseau. Elle se prénommait Mastura, votre voisine peut-être ?
Commentaire par Maroussia. — 15/10/2008 @ 11:16
Mon commentaire est destiné à Ramses, Holocanthe, toutes mes excuses.
Commentaire par Maroussia. — 15/10/2008 @ 11:17
Aliocha, il va bientôt falloir vous munir dune sorte de troll detector, autrement nommé bien sûr… Que diriez-vous d’un « défense des dyptères outragés » ?!
M’enfin (oui ce n’est pas français, même mon correcteur d’orthographe me le signale…Et gare à celui qui en fait la remarque), on part d’un reportage pour arriver à parler de déontologie journalistique (d’ailleurs à une époque je voulais faire un stage dans ces presses féminines justement pour avoir des échantillons tout ça tout ça 🙂 ) et on en arrive à disserter sur des calculs dimensionnels… C’est fortiche!
Commentaire par Caroline — 15/10/2008 @ 11:56
non , je ne reviendrai pas sur la différence entre le lard et le cochon, le torchon et la serviette. Sur le sujet principal du billet j’ai un avis un peu différent du vôtre, Aliocha. il me semble que le principal obstacle à l’indépendance de l’information n’est pas le conflit d’intérêt de tel ou tel journaliste mais bien l’autocensure des journalistes: ils ne parlent pas de certains sujets (de certaines personnes, de certains ouvrages) parce que cela ne rentre pas dans le schéma consensuel dominant. Par exemple dire que la crise financière n’a pas été prévue est faux. Beaucoup n’y croyaient pas mais ceux qui la craignaient n’ont pas eu d’échos: pourquoi? Il y a tant de sujets qui mériterait d’être mis en lumière: l’espérance de vie des ouvriers versus celui des cadres: c’est un fait de société grave qui mériterait de longues enquêtes il me semble. Si ces sujets ne sont pas abordés ou simplement survolés c’est par autocensure des journalistes bien qu’il n’y ait pas conflit d’intérêt direct.
Aliocha : Vous avez parfaitement raison sur l’auto-censure. Quand je parle des conflits d’intérêt je n’entends pas dire qu’ils sont plus ou moins graves que l’auto-censure, ce sont deux problèmes importants de la presse que l’on retrouve selon des dosages différents en fonction des titres. Sur l’espérance de vie des ouvriers et des cadres, je ne crois pas qu’il y ait auto-censure. Vous aurez observé qu’une bonne partie de la presse est de gauche. Je ne vois aucun obstacle à ce que l’Obs, Libé, Marianne, l’Huma s’en saisissent. Ils n’en ont pas l’idée, mais attendez qu’une association les alertent, qu’un drame survienne et vous aurez votre enquête. L’auto-censure généralement s’exerce dans les rapports avec les puissants pour ne pas perdre leur confiance, et vis à vis d’une infinités d’intérêts privés susceptibles d’attaquer en justice. Le sujet que vous évoquez ne me parait pas présenter de risques quelconques sur ces terrains-là.
Commentaire par prof — 15/10/2008 @ 12:20
@ Aliocha :
Je sens que l’épisode Semantix va vous pousser à créer votre propre version de Troll Detector. ^^ A moins que Semantix soit la mémé à moustache de ce blog… Mais je le crois plus ascendant troll que moustache. 🙂
@ Aliocha et furax :
Cette fonction n’est pas surjective non plus, en tout cas sur l’ensemble des réels… Et vu certaines joyeusetées que nous valent certaines demoiselles voulant défier cette fonction F, je crois même pas qu’elle soit Lebesgue-intégralbe sur R. ^^ (D’ailleurs, ça serait étonnant de voir uen personne avec une taille et un poids négatif… Est-ce que ça choquerait Semantix ?… ^^)
Commentaire par Triskael — 15/10/2008 @ 13:53
Bonjour Alliocha,
J’avais déserté votre blog depuis quelques jours mais en y revenant flâner, je vois que votre plume acérée vient encore piquer et chatouiller la susceptibilité de certains de vos fidèles bloggueurs. En somme, si j’ai bien palpé la subtilité du problème, votre soustraction de kilogrammes à des mètres est inconvenante.
Une fois de plus votre billet suscite un bien profond débat sur le fond et la forme. Quelque puriste en manque de leur dose de pinaillages étymologiques sont venus vous rappeler lourdement qu’on ne mélange pas avec tant de légèreté les choux et les carottes (surtout quand il s’agit des « belles plantes » que sont les tops modèles).
Comme d’habitude vous n’avez pas froid yeux et le poids de vos métaphores a encore produit des kilomètres de littérature et a fait monter la discussion en température. Vos petites libertés idiomatiques de journaliste ont un prix et il est malvenu de mélanger l’essence des mots et la nature des sens.
Cependant, à l’instar des belles choses qui ne se voient qu’avec le cœur, je vous avoue qu’avant de venir goûter à la saveur de vos billets, j’enfile mes lunettes pour mieux écouter le doux parfum de vos réflexions qui chantent si agréablement le bon-sens.
Commentaire par oeildusage — 15/10/2008 @ 15:33
Ouarf ! C’est à croire que ce Sémantix, il ne boit jamais un verre !
Faire un « racourci sémantique », lorsqu’on ne publie pas dans Science ou Nature, ça ne me semble pas être une aberration.
Tout un chacun sait bien qu’une règle très simplifiée de l’IMC (au moins pour les hommes adultes) est de prendre leur taille en centimètre et de considérer ce chiffre comme leur masse « idéale » en kg…
Mais ce sujet a été assez débattu ici …
@ Aliocha:
Ce qui motive mon commentaire, c’est votre remarque sur la PIFOMETRIE.
Un ancien collaborateur (parti il y a peu de temps à la retraite) a écrit à la fin du siècle dernier la seule Norme sur le « Système d’unités pifométriques ».
La version originale était illustrée, mais sa révision de 1996 et surtout celle « officielle » de 2002 ne sont plus illustrées, mais restent tout à fait savoureuses.
On trouve ces dernières version assez facilement sur le Web, y compris chez METEO France !!
Pour vous faciliter les recherches:
Cliquer pour accéder à pifometrie.pdf
Bonne retraite Michel !!
Aliocha : Mon Dieu, comment vous remercier ?! Si vous saviez à quel point je suis amateur de ce genre d’humour….C’est un bijou, un morceau d’anthologie. J’invite tous les lecteurs à se jeter immédiatement sur cette merveille absolue. Peut-être pouvez-vous nous en dire plus sur l’auteur, il me semble qu’il mérite un hommage.
Commentaire par Yves D — 15/10/2008 @ 15:41
@ holocanthe 33
Désolé de vous contredire, lorsque j’ai acheté cet appartement en état futur d’achèvement, Bernard Devert était à la fois promoteur ET prètre, ce qui est à ma connaissance une singularité unique en France. Il a signé avec moi en tant que « promoteur », en cachant sa qualité de prètre.
Je ne dénie pas à Bernard Devert ses qualités humaines en faveur des plus démunis, mais je lui reproche d’avoir réalisé une opération charitable à l’insu des acheteurs de cette résidence.
Vous ne saisissez pas le préjudice subit par les co-propriétaires dans cette affaire, aussi vais-je tenter en deux mots de vous l’expliquer :
Le fait d’héberger gratuitement des immigrés dans 3 appartements de cette résidence de standing, dont le promoteur-prètre s’était rendu propriétaire, grâce aux plus-values dégagées sur les autres appartements, a dévalué l’ensemble des biens de 20 à 30%. Je sais, c’est choquant, mais c’est la triste réalité.
Le fait de le cacher aux acheteurs est profondément malhonnête et peu digne d’un prètre, surtout quand il souligne cyniquement après coup que si nous l’avions su, nous n’aurions pas acheté. La charité ne s’impose pas aux autres, elle doit être libre de toute contrainte.
On ne peut imposer par la ruse la mixité sociale, au détriment des acheteurs de bonne foi.
D’ailleurs, si Bernard Devert nous avait fait part à priori de son projet, il est fort possible que nous ayions acheté nos appartements malgré tout. C’est son silence qui est malhonnête dans cette affaire.
J’ajoute pour terminer que je suis catholique pratiquant, mais c’est la première fois de ma vie que j’ai été trompé de cette façon par un prètre déguisé en promoteur.
Commentaire par ramses — 15/10/2008 @ 17:09
Mon commentaire s’adressait en fait à Maroussia 55.
Commentaire par ramses — 15/10/2008 @ 17:14
Aliocha, il ya quelques temps vous regrettiez la disparition d’Augustissime. Il est réincarné : êtes vous contente?
Aliocha : Certes, mais la réincarnation est-elle fidèle, là est la question 😉 Il me semble qu’Augustissime luttait contre la science juridique dans ce qu’elle peut avoir d’hermétique et tentait de contester la parole des juristes, tandis que celui-ci défend avec une méticulosité admirable l’orthodoxie du vocabulaire scientifique, y compris par un non-scientifique, jusque sur un blog et même si ce n’est pas le sujet. Enfin, je suppose que chaque blogueur doit avoir son Augustissime, une sorte double facétieux, l’autre face d’une même médaille, l’exact opposé…J’ajoute que ce que j’aimais au fond chez Augustissime, c’était Eolas.
Commentaire par stellar — 15/10/2008 @ 17:16
J’ajouterai mon grain de sel à la discussion trollesque: « C’est parce que la vitesse du son est inférieure à celle de la lumière qu’on paraît brillant avant d’avoir l’air con ».
Bonjour Aliocha, comme d’hab, un billet intéressant.
Mais que feriez-vous si la déontologie de votre profession, parce qu’elle aurait été écrite avant l’arrivée des blogs, vous interdisait de vous exprimer sous la forme de votre blog?
Pire, que feriez-vous si votre déontologie vous l’interdisait implicitement (ou tacitement)?
Tiendrez-vous tête au risque de perdre votre carte de presse?
Aliocha : J’adore votre proverbe scientifique ! Pour répondre à votre question, j’observe depuis des années les professions réglementées, avocats, experts-comptables, commissaires aux comptes, il me semble que leur déontologie a su évoluer avec leur époque même si cela se fait toujours avec un peu de retard. Je ne vois donc pas la déontologie comme une entrave potentielle mais bien comme un socle, une colonne vertébrale. Toujours est-il que je suis très « juridiquement correcte », donc j’obéirais.
Commentaire par Zythom — 15/10/2008 @ 17:46
@ Aliocha (com #61)
Merci beaucoup pour lui !
Comme je l’ai écrit, je connais bien l’auteur qui, aux dernières nouvelles, profite de sa retraite pour se consacrer à sa passion du chant choral.
Il a passé la majeure partie de sa carrière dans le monde de la normalisation, et en particulier dans celui de la mécanique et de la « Spécification Géométrique des Produits », domaine très lié à la métrologie.
D’ailleurs le site que je mettais en lien est celui d’une PME Francomtoise très en pointe sur ce sujet.
C’est donc en « expert » sérieux, mais sans se prendre au sérieux, qu’il a entamé la rédaction de cette norme, profitant d’un « modèle Word ™ » qui venait d’être développé pour la rédaction des normes AFNOR.
Si vous souhaitez en savoir plus, Aliocha, envoyez-moi un e-mail à l’adresse saisie dans l’outil WorldPress.
Aliocha : avec plaisir, entre nous, il me semble que votre collègue a trouvé sans le savoir la solution miracle pour aider les comptables à évaluer les instruments financiers dans les comptes des banques. Le mark to market ne marche plus faute de marché, les modèles mathématiques sont sujets à caution. Vive le pifomètre 😉 la planète financière est sauvée. Il ne reste plus qu’à alerter Bruxelles qui planche en ce moment même sur le problème.
Commentaire par Yves D — 15/10/2008 @ 17:46
@Ramses
Bernard Devert a été ordonné prêtre en 1987.
Qu’un promoteur dispose de 3 appartements dans une résidence dont il a entrepris la réalisation est assez classique, qu’il les attribue à qui bon lui semble est assez courant, que la présence de 3 familles immigrées dans une résidence de standing fasse baisser la valeur des appartements de 20 à 30% est assez navrant, mais où est la faute du promoteur là-dedans ?
Ce promoteur a contraint les habitants, au standing idoine à la résidence, à cohabiter avec des gens qu’ils n’en estimaient pas dignes, mais il ne les a certainement obligés à la charité (caritas: amour), l’amour envers ces immigrés ne semblant pas la caractéristique essentielle des considérations que vous évoquez.
Commentaire par Maroussia — 15/10/2008 @ 18:31
Je ne sais pas pour les commissaires au compte (j’ai la flemme de chercher) mais pour les avocats et les médecins, ces professions sont organisées en ordres professionnels.
Ce sont ces ordres qui établissent et exécutent le droit disciplinaire.
Je ne crois pas qu’il y ait un ordre des journalistes et je m’interrogeais sur l’existence d’organismes susceptibles de représenter les journalistes dans leur ensemble.
Je ne sais même pas grand chose des syndicats de journalistes, d’ailleurs.
Aliocha : Les experts-comptables ont un ordre, les commissaires aux comptes une compagnie. Ce sont deux professions qui fonctionnent à peu près comme la vôtre avec des règles d’exercice, des tableaux d’inscription, une déontologie etc. Pour être franche, je ne me suis jamais posé la question de la nécessité d’un ordre des journaliste. A première vue, ça me parait lourd et inutile pour une profession qui s’en est toujours passé. J’ajoute que ce n’est pas le sens de l’histoire. Toutes les professions nouvelles qui se constituent ou celles qui existent mais qu’on veut encadrer, par exemple les conseils en investissement financiers, sont invitées à se regrouper au sein d’associations professionnelles et à se doter d’une déontologie et d’un système de contrôle qualité. Voilà le modèle qui, aujourd’hui, tient lieu d’ordre.
Commentaire par Fantômette — 15/10/2008 @ 18:37
@ Maroussia
J’ai acheté cet appartement en 1988 à Bernard Devert, il était donc déja prêtre depuis un an, mais continuait de diriger sa Société immobilière, dont il a ensuite démissionné pour créer « Habitat et Humanisme », où il agit depuis en toute transparence, avec la bénédiction de l’Evêché. La résidence dont je parle lui a servi de « laboratoire » dans son expérience de mixité sociale.
Ayant été contraint de revendre cet appartement en 1995, suite à une mutation professionnelle, j’ai supporté une perte globale de 20.000 €, alors que j’aurais dû réaliser une plus-value de 30.000 €, compte tenu de la situation immobilière de l’époque.
Vous mélangez malheureusement la charité et le business, sans doute que pour vous il est plus important de loger des sans-abris que de faire perdre 50.000 € à un particulier… Si seulement j’avais pu déduire ce « don » de mes impôts… Même pas !
Je respecte votre point de vue, mais ne puis malheureusement vous suivre sur ce terrain.
Commentaire par ramses — 15/10/2008 @ 19:54
@Aliocha:
L’État et diverses organisations accordent des droits aux journalistes titulaires de la Carte d’identité de journaliste professionnelle, indépendamment des moyens accordés par les employeurs des dits journalistes.
Pour la plupart des professions jouissant de sortes de privilèges ou de droits particuliers (médecins, qui sont seuls à pouvoir prescrire en général, pharmaciens, etc.) il y a des diplômes obligatoires. Le journalisme semble exceptionnel de ce point de vue.
Le rapport Giazzi semble supposer qu’il y a une corrélation entre le nombre de journalistes encartés et la qualité d’une source d’information. Or, avec les critères légaux actuels, qui ne font référence qu’à des critères de rémunération et non de qualification, ce nombre mesure essentiellement les moyens financiers du site, qui peuvent ou non avoir un rapport avec la qualité de l’information.
Je serais par exemple curieux de connaître les moyens en personnel des magazine « people ». Vu que ce type de presse est florissant, ils ont probablement les moyens de se payer un paquet de « professionnels ». Ça me ferait mal qu’on labellise comme « sérieux » un site montrant des fesses de starlettes, et qu’on labellise comme « pas sérieux » un site qui publierait des analyses par des experts universitaires, par exemple.
En effet, le photographe à fesses de starlettes a très probablement la carte de presse, pas l’analyste (car celui-ci ne tire pas une majorité de ses revenus d’une activité rédactionnelle dans la presse).
Aliocha : je ne vois pas de quels « droits » vous voulez parler.
Commentaire par DM — 15/10/2008 @ 20:02
@Aliocha: Nous avons déjà cité ici un régime dérogatoire plaçant les journalistes à l’égal des forces de l’ordre face à l’article du Code pénal « anti happy slapping ».
Aliocha : votre affirmation est absurde. Les journalistes ne sont pas l’égal des forces de l’ordre, ça ne veut rien dire, ils ne peuvent être poursuivis pénalement pour la diffusion d’un film de happy slapping parce que le législateur considère qu’ils pourront être amenés à le faire dans le cadre de leur mission d’information. Ce n’est pas un privilège, c’est une précaution du législateur pour ne pas nous entraver inutilement dans l’exercice de notre métier.
On peut aussi citer entre autres dispositions spécifiques
* Les dispositions fiscales préférentielles (http://www.snj.fr/article.php3?id_article=571).
Aliocha : oui, et comme la transparence ne me dérange pas, nous avons le droit de déduire 7650 euros de notre revenu imposable. Par ailleurs, vous oubliez que nous avons accès gratuitement aux musées.
* Le secret professionnel, la protection des sources (http://www.snj.cgt.fr/deontologie/sources.html), même si je suis bien conscient que ces dispositions sont faiblardes.
Aliocha : Ce ne sont pas des privilèges mais des conditions nécessaires au bon exercice de notre métier. D’après vous, la protection des sources, ça protège qui ? Le journaliste ou la source ? Pour avoir travaillé sur un très gros scandale financier, je vous assure que la personne qui vient vous voir, qui a peur et qui vous fait jurer de la protéger, de ne pas révéler son identité et de faire en sorte que l’article ne puisse pas permettre de l’identifier, cette personne apprécie le secret des sources. Pour le journaliste, c’est un devoir, pas un privilège. Et ça fonctionne ainsi dans toutes les grandes démocraties.
* L’existence de la carte professionnelle, prévue par des dispositions législatives et réglementaires.
Aliocha : Une carte professionnelle c’est pour vous un privilège ? Vous êtes sûr de vous sur ce coups-là ?
D’autres professions (médecins etc.) ont aussi le droit de conserver certains secrets professionnels, et les personnes qui les exercent ont droit à des signes distinctifs officiels (macarons, etc.). L’accès à ces professioms est soumis à condition de diplôme, et elles sont dotées de procédures disciplinaires propres.
Aliocha : Mais bon sang, le secret n’est pas un droit, ni un privilège, c’est un devoir. Demandez aux avocats, ils vous l’expliqueront. Le secret ne protège pas le professionnel mais celui à qui il doit ce secret.
Je n’ai pas dit que je souhaitais la mise en place de conditions de diplômes, d’un ordre ou de commissions de déontologie en ce qui concerne le journalisme. Je constate simplement que c’est une profession à qui la loi accorde certains droits exorbitant du droit commun, alors que ce n’est pas une profession réglementée.
Aliocha : Bref, vous ne faites que critiquer, et cette critique n’a même pas le mérite d’être constructive.
Commentaire par DM — 15/10/2008 @ 21:45
Vous voulez une critique constructive ? Très bien. Voici un ensemble de suggestions:
Je pense que le système médiatique manque de transparence. Si on expliquait au téléspectateur que le « sujet » qu’il voit au JT a été fait le matin même par des gens qui ont pris connaissance de ce sur quoi ils parlent là encore le matin même, il aurait un peu plus de distance critique et ne croirait pas mordicus aux choses parce que « vues à la TV ».
Aliocha : à mon avis quand les téléspectateurs voient un reportage sur un événement qui s’est déroulé dans la journée, ils se doutent que le reportage a été réalisé le jour même.
On pourrait rappeler au lecteur du site LeMonde.fr (exemple parmi d’autres) qu’il n’est pas, contrairement à ce qu’il pourrait attendre, sur un site présentant des articles du Monde, mais sur un site présentant un mélange d’articles du Monde, de dépêches d’agences, et d’articles rédigés par une rédaction distincte de celle du prestigieux journal.
Aliocha : Le site du prestigieux journal appartient au….prestigieux journal et les journalistes qui y travaillent……aussi !
On dit aux élèves qu’il faut prendre plusieurs sources… mais si tout le monde prend son information dans la même dépêche AFP, il y a source unique. On pourrait profiter des ressources de l’hypertexte pour permettre la citation systématique des sources.
Aliocha : c’est ce que commencent à faire les sites des journaux.
*** En résumé, on pourrait exposer au public comment est réellement fabriquée l’information qu’il consomme. ***
Tout ceci ne pourrait que favoriser les journalistes sérieux et qui font bien leur travail, parmi lesquels vous vous classez (*), et pénaliser les « flibustiers » et autres pas sérieux.
Aliocha : Vous affirmez sans savoir. Rien ne peut vous permettre de savoir si je fais bien mon métier puisque je suis ici anonyme. Ce n’est pas en m’excluant du champ de votre critique que vous obtiendrez mon adhésion.
Je suis cependant convaincu que rien de cela ne sera fait. C’est d’autant plus frustrant que la possibilité de citer, de renvoyer sur des documents, le tout facilement et sans lourdeur, est une des grandes avancées des nouvelles technologies.
(*) Et je vous crois, en plus! Vous faites un métier où, comme vous le dites dans votre billet, il y a des gens malhonnêtes, et les actions de ceux-ci pénalisent toute la profession.
Commentaire par DM — 16/10/2008 @ 00:20
@ramses.
Que votre investissement immobilier ait été un fiasco, c’est fâcheux et je compatis, mais, que la cause en soit la seule présence de 3 familles immigrées, dans un parc de plusieurs dizaines d’appartements, est assez odieux et me navre. Dans ces conditions, comment ne pas voir la part de responsabilité des français de souche dans la non intégration des populations issues de l’immigration, part de responsabilité que j’avais tendance à occulter jusqu’à aujourd’hui.
Mais tout ceci n’est sans doute qu’une spécificité locale, car à Paris, au 55, rue du faubourg-Saint-Honoré, la présence d’un locataire, issu de l’immigration, ne semble pas avoir provoqué la chute des prix de l’immobilier dans le quartier.
Commentaire par Maroussia. — 16/10/2008 @ 08:56
« Aliocha : Le site du prestigieux journal appartient au….prestigieux journal et les journalistes qui y travaillent……aussi ! »
C’est inexact.
Quand j’ai dû faire rectifier des informations factuellement incorrectes chez LeMonde.fr, j’ai, fort naturellement, contacté le journal Le Monde. On m’a fort obligemment répondu que LeMonde.fr ce n’est pas Le Monde, et que ce site dispose d’une rédaction distincte d’ailleurs pas hébergée au même endroit. Bref, ils ont renvoyé la balle.
Aliocha : oulala, en voilà un scoop dites-moi ! Il y a deux sites géographiques différents pour la même marque et pour joindre ceux qui y travaillent, il faut appeler le bon endroit. Vous venez de lever un lièvre extraordinaire.
Le site LeMonde.fr est géré par une filiale commune du Monde et de Lagardère. Cette société gère également le site LePost.fr. La semaine dernière, notre association a répondu à une journaliste de LePost.fr/LeMonde.fr, et je peux vous dire qu’elle ne s’est pas réclamée du journal Le Monde.
Bref, renseignez-vous. Quand je vous dit que ce genre de choses est un peu caché aux lecteurs, si même les journalistes du milieu ne sont pas au courant…
(Des amis m’ont dit que les sites Internet associés aux journaux étaient en grande partie tenus par des stagiaires et des journalistes « de second choix », ces postes étant moins prestigieux que le journal papier. Je ne sais pas s’ils ont tort ou raison.)
Aliocha : c’est en partie vrai mais second ou premier choix, c’est la même marque.
Sinon, bonne remarque quand à la tentative de ne pas paraître vous accuser personnellement. Je ne sais rien de vous, vous pourriez d’ailleurs totalement affabuler vos fréquentations de diverses conférences de presse ministérielles, et inventer votre formation juridique. Merci de le rappeler.
Aliocha : vous voyez, nous serons au moins tombés d’accord une fois. C’est déjà ça. Comme je vous l’ai déjà dit, je conçois que vous n’aimiez ni la presse, ni les journalistes mais la pulpart des reproches que vous émettez tiennent plus à la nature de l’exercice en lui-même qu’à d’éventuelles fautes. Je regrette que vous ne vouliez pas l’entendre quand je vous le dis
Commentaire par DM — 16/10/2008 @ 11:43
@Aliocha:
Nous sommes donc aussi d’accord à propos de LeMonde.fr. C’est une pratique très courante dans d’autres industries : on a une marque prestigieuse, bâtie sur des décennies de bonne réputation. On fait fabriquer ailleurs, à moindre coût, un sous-produit que l’on vend sous la même marque. On ne se vante pas de cet état de fait, au contraire, on laisse entendre que le sous-produit a la même excellence que le produit sur lequel la réputation était basée.
Parfaitement légal et répandu dans les industries les plus diverses, mais un peu discutable.
Nous sommes également d’accord que mes critiques sur le journalisme portent plutôt sur le système médiatique actuel, ses modes de fonctionnement, et non sur d’éventuelles fautes individuelles (même si certains comportement étaient à mon avis déontologiquement très « limite »). Bref, il s’agit de problèmes systémiques et non de fautes ponctuelles d’untel ou untel.
En d’autres termes, la nature de l’exercice journalistique tel qu’actuellement pratiqué (opacité des sources, parfois incompétence du journaliste sur le sujet traité, travail perpétuellement dans l’urgence) fournit un produit qui ne me convient guère. En conséquence, je fais certains choix d’achats. Je constate par ailleurs que la presse d’information va mal notamment parce qu’elle a du mal à se vendre. Je me demande donc les problèmes que j’ai mentionnés (et qui ne sont pas neufs) et le manque de confiance qu’ils entraînent ne jouent pas un rôle dans cette désaffection.
Commentaire par DM — 16/10/2008 @ 15:23
Pour résumer : vous me dites que ce que je critique est parfaitement normal dans le cadre du fonctionnement « normal » du journalisme français, je vous dis que ce fonctionnement ne me convient pas.
Vous ne pouvez pas interdire à une personne extérieure à une industrie de critiquer le fonctionnement de cette industrie (*). Il est possible, par exemple, que l’industrie nucléaire considère son fonctionnement comme parfaitement normal et prend comme injustifiées et malvenues les critiques et interrogations que certains incidents suscitent. Pour autant, il ne vient à l’esprit de personne de dire que les journalistes et les citoyens n’ont pas le droit de remettre en cause le fonctionnement de ladite industrie.
(*) D’ailleurs, vous ne contestez pas les faits que je rapporte, juste les conclusions que j’en tire.
Aliocha : Comme nous ne lisez pas mes réponses et n’entendez aucun des mes arguments, je m’arrête là. J’ai horreur de faire des choses inutiles. En revanche, histoire d’avancer quand même un peu, je soumets un thème de réflexion à votre sagacité d’éminent chercheur. Vous pourriez j’en suis sûre faire un beau billet sur votre blog sur le thème : le temps des médias est-il celui de la recherche scientifique ? Je vous propose que vous nous éclairiez notamment sur le timing qui vous conviendrait entre celui des publications scientifiques dont vous dites sur votre blog qu’il est trop long et que souvent les articles publiés sont dépassés, et celui des medias traditionnels que vous jugez trop rapide. Je serais également intéressée de savoir ce que vous pensez de la vulgarisation de la science, votre position par rapport à Foucault etc. C’est pas un beau sujet ça ? J’ai déjà étudié la question du timing en matière judiciaire et politique, je serais curieuse de savoir ce qu’il en est en matière scientifique.
Commentaire par DM — 16/10/2008 @ 15:28
@ aliocha
Sur le principe du « secret », sous réserve que je saisisse le sens de votre remarque.
Le principe de la confidentialité des échanges entre l’avocat et son client est un principe qui n’est pas destiné à protéger le client (même s’il a pour effet indiscutable de le protéger), mais bien à protéger la profession d’avocat. C’est la raison pour laquelle même notre client ne peut nous « autoriser » à divulguer le contenu d’un courrier que nous lui avons adressé, à un tiers. Par contre, lui-même n’est pas tenu au respect de cette règle, libre à lui de faire l’usage qu’il souhaite d’un courrier que nous lui avons adressé.
La raison de cette règle réside dans la nécessité de garantir au mieux le principe de confidentialité, garantie nécessaire à l’exercice de la profession d’avocat, et donc (ai-je la faiblesse de le croire) à la bonne administration de la justice.
J’ai donc bien tendance à penser que l’application rigoureuse de ce principe sert l’intérêt collectif de notre profession.
(C’est du moins ce que j’ai retenu de mes cours de crfp.)
De la même façon, la protection du secret des sources sert naturellement l’intérêt des sources, mais également également indirectement la profession des journalistes. Si aucune règlementation n’existait garantissant un minimum la possibilité de garantir aux sources que vous disposerez de l’armement juridique pour résister à des injonctions de les communiquer, cela affaiblirait collectivement la profession des journalistes, car cela affaiblirait la confiance que les sources peuvent mettre en elle.
C’est du moins mon point de vue.
Mais, ceci dit, vous avez certainement raison, le problème se pose différemment pour les journalistes et les avocats. Je suppose notamment qu’aucune circonstance n’interdit au journaliste de révéler le nom de sa source sur autorisation de cette dernière.
Aliocha : Vos instances représentatives n’ont de cesse de répéter le contraire dans le cadre de la lutte ant-blanchiment et, si on y pense, elles ont raison. Elles expliquent qu’en refusant de dénoncer leurs clients à Tracfin, elles ne protègent pas les avocats, mais leurs clients. Elles allèguent du fait qu’il n’y a pas de démocratie sans secret professionnel de l’avocat. Ce qui a été reconnu et par la directive blanchiment, mais avec des exceptions assez ambigües et très restreintes, et par la CJCE.
Commentaire par Fantômette — 16/10/2008 @ 17:04
Ça m’étonne un peu ce que vous dites. Si mes propres instances ne connaissent plus le fondement des principes qui régissent notre profession, cela m’inquiète.
Donc, après avoir ressorti quelques livres, je vous confirme les propos tenus dans mon commentaire précédent.
Le secret professionnel des avocats a évidemment pour ancêtre respectable le secret de la confession. La violation de ce secret était sanctionné par l’excommunication de plein droit, qu’il y ait plus à faire qu’à constater sa violation, ce qui explique l’aspect absolu traditionnellement attaché à ce principe.
Le fondement du secret professionnel, il ne faut jamais cesser de le rappeler (dixit les auteurs de mon excellent manuel de déontologie) est l’intérêt public, qui est de garantir la confiance que les justiciables doivent pouvoir mettre dans ceux qui les défendent.
Emile Garçon (éminent professeur de droit, glorieux commentateur du code pénal, et père d’un illustre confrère, Maurice Garçon) écrivait : « le bon fonctionnement de la société veut que le malade trouve un médecin, le plaideur un défenseur, le catholique un confesseur, mais ni le médecin, ni l’avocat, ni le prêtre ne pourraient accomplir leur mission, si les confidences qui leur sont faites n’étaient assurées d’un secret inviolable. Il importe donc à l’ordre social que ces confidents nécessaires soient astreints à la discrétion et que le silence leur soit imposé sans condition ni réserve, car personne n’oserait plus s’adresser à eux si l’on pouvait craindre la divulgation du secret confié ».
Un arrêt de principe, du 19 novembre 1985, rendu par la cour de cassation l’a formulé ainsi :
« ce que la loi a voulu garantir, c’est la sécurité des confidences qu’un particulier est dans la nécessité de faire à une personne dont l’état ou la profession, dans un intérêt général et d’ordre public, fait d’elle un confident nécessaire », reprenant ainsi la très belle formulation du Professeur Emile Garçon.
Ce que les auteurs de mon excellent bouquin résument à leur tour d’une jolie formule : l’avocat se protège en protégeant.
Par contre, vous avez raison de souligner que le secret n’est pas un privilège, mais une charge. Il importe à l’ordre social, il importe à l’organisation de la justice dans un état de droit, que les justiciables soient assurés de la discrétion et du silence de leurs défenseurs. Il importe que les avocats soient garants de la confiance que leurs clients placent en eux. C’est l’intérêt des avocats. C’est l’intérêt de tous.
Aliocha : Au fond nous disons la même chose Fantômette, non ? Simplement, il me parait plus logique de dire que cela protège avant tout le bénéficiaire surtout quand je lis un peu plus haut que la protection des sources est un privilège exorbitant de journaliste, sous-entendu une sorte de pouvoir indu.
Commentaire par Fantômette — 16/10/2008 @ 20:51
Oui mais non. Le secret ne protège pas « avant tout » celui dont on garde le secret. Il protège « avant tout » la fonction de celui qui a pour charge de le garder.
C’est du pinaillage si l’on veut, mais c’est du pinaillage qui a son importance.
Si l’on veut que le débat se porte sur la bonne problématique, il ne faut pas opposer aux incessants désirs de transparence qui travaillent nos contemporains, les intérêts de vos sources ou de mes clients. Il ne faut pas opposer (ou plutôt, il ne faut pas laisser opposer)les intérêts particuliers, nécessairement fondés sur la dissimulation, et l’intérêt général, nécessairement fondé sur la révélation.
Il faut opposer deux intérêts sociaux, deux intérêts généraux, dont la portée dépasse de beaucoup les petites personnes des uns et des autres.
Je crois que c’est important.
Commentaire par Fantômette — 16/10/2008 @ 22:16
Je reviens sur la question de la déontologie. Il existe bien une « Charte des devoirs professionnels des journalistes français », initialement rédigée en juillet 1918, puis révisée en janvier 1938. Elle stipule que :
Un journaliste, digne de ce nom,
• prend la responsabilité de tous ses écrits, même anonymes ;
• tient la calomnie, les accusations sans preuves, l’altération des documents, la déformation des faits, le mensonge pour les plus graves fautes professionnelles ;
• ne reconnaît que la juridiction de ses pairs, souveraine en matière d’honneur professionnel ;
• n’accepte que des missions compatibles avec la dignité professionnelle ;
• s’interdit d’invoquer un titre ou une qualité imaginaires, d’user de moyens déloyaux pour obtenir une information ou surprendre la bonne foi de quiconque ;
• ne touche pas d’argent dans un service public ou une entreprise privée où sa qualité de journaliste, ses influences, ses relations seraient susceptibles d’être exploitées ;
• ne signe pas de son nom des articles de réclame commerciale ou financière ;
• ne commet aucun plagiat, cite les confrères dont il reproduit un texte quelconque ;
• ne sollicite pas la place d’un confrère, ni ne provoque son renvoi en offrant de travailler à des conditions inférieures ;
• garde le secret professionnel ;
• n’use pas de la liberté de la presse dans une intention intéressée ;
• revendique la liberté de publier honnêtement ses informations ;
• tient le scrupule et le souci de la justice pour des règles premières ;
• ne confond pas son rôle avec celui du policier.
et aussi une « Déclaration des devoirs et des droits des journalistes », rédigée et approuvée à Munich, les 24 et 25 novembre 1971. Elle a été adoptée depuis par la Fédération internationale des journalistes (FIJ), par l’Organisation internationale des journalistes (OIJ), et par la plupart des syndicats de journalistes d’Europe.
http://www.snj.fr/article.php3?id_article=66
Commentaire par FPM — 17/10/2008 @ 17:33
[…] au cas où des conséquences s’ensuivraient – ce qui est en général logiquement le cas. Le lecteur n’est pas dupe, et s’il consomme toujours des médias, il n’en a pas mo… en se disant effectivement qu’il ferait mieux s’il y était, sentiment bien humain […]
Ping par [12-2008] Crise du journalisme et des médias : 2 - Regagner la confiance | Miscellanée de réflexions — 08/06/2011 @ 17:32