Manipuler les journalistes est un sport qui pourra bientôt prétendre au rang de discipline olympique. Et pour cause, la communication est de plus en plus un enjeu stratégique. Du coup, les agences de communication poussent comme des champignons et nous assaillent de communiqués de presse et autres propositions d’interviews. La plupart de nos interlocuteurs s’inscrivent à des stages de media training et arrivent devant nous aussi rompus aux relations presse qu’un vieux briscard de la politique.
Voici, en 10 points, ce que pensent de nous certains professionnels de la communication et les conseils qu’ils donnent à leurs clients.
1. Le journaliste a besoin d’être rassuré. A force de supporter les hurlements du rédac’chef, la concurrence de ses confrères, le salaire médiocre qui lui rappelle qu’il est un soutier des medias, il n’en peut plus. Rassurez-le, posez lui un bras protecteur sur l’épaule (uniquement si vous êtes quelqu’un d’important, sinon il vous regardera de haut) et glissez-lui doucement à l’oreille « franchement, je ne lis plus la presse, SAUF, vos articles qui sont toujours excellents ». Si vous pouvez le faire en public, c’est encore mieux. Trouvez alors des complices qui appuieront votre déclaration. L’attachée de presse en général fait cela très bien.
Aliocha : Allons, ça fait longtemps qu’on a compris le truc. Le plus drôle, c’est lorsqu’on entend le vil flatteur expliquer exactement la même chose 5 minutes plus tard au crétin de confrère dont tout le monde sait qu’il est la risée du métier.
2. Le journaliste est mal payé. Invitez-le dans de grands restaurants, à des cocktails chics dans des ambassades, des cercles qui lui sont habituellement fermés, pensez à l’emmener en voyage de presse, dans des pays exotiques de préférence, offrez lui un bel hotel, fermez les yeux sur le fait qu’il préfère aller se promener que de travailler, vous lui raconterez ce qu’il a loupé dans l’avion du retour.
Aliocha : il est vrai que certains journalistes considèrent ces privilèges comme un complément de salaire, surtout dans la presse économique. C’est regrettable. Le bon comportement dans une rédaction consiste à refuser cadeaux et voyages.
3. Le journaliste envie les puissants. Commencez vos phrases par « entre nous », faites lui comprendre que vous le considérez comme un égal (au minimum), il vous adorera.
Aliocha : Non, ça ne marche qu’avec les imbéciles. Car il faut vraiment être idiot pour croire qu’un politique ou un grand patron considère un journaliste comme un égal, ces gens-là se sentent supérieurs à tout le monde.
4. Le journaliste est susceptible : ne l’engueulez jamais, même si l’article est truffé d’âneries, il vous en voudrait à vie. Taisez-vous et attendez la prochaine occasion pour lui ré-expliquer les choses ou bien ne l’invitez plus.
Aliocha : En principe, quand on est poli, on s’abstient d’insulter les gens. Il est toujours possible de dire à un journaliste qu’il s’est trompé, le tout est de le faire avec correction.
5. Le journaliste est mobile. Se fâcher avec lui aujourd’hui parce qu’il travaille au Petit reporter illustré, c’est risquer de le retrouver demain rédacteur en chef du quotidien régional qui couvre les élections auxquelles vous avez décidé de vous présenter. Ce serait dommage, non ?
Aliocha : ça c’est vrai !
6. Le journaliste est paresseux. Soyez clair, précis et simple. Le mieux est encore de rédiger un document que vous lui confierez en précisant que vous avez fait cela pour l’aider. Il le recopiera et vous serez tranquille.
Aliocha : Le journaliste travaille surtout dans l’urgence, il doit comprendre un sujet qu’il ne connaît pas dans des délais record pour ensuite l’expliquer à ses lecteurs, d’où la nécessité d’être clair et précis.
7. Le journaliste est vaniteux. Ouvrez des yeux émerveillés lorsqu’il s’exprime, confirmez ses analyses en prenant soin de faire comme s’ il vous ouvrait des perspectives infinies de réflexion. Vous créerez ainsi une complicité intellectuelle et puisque vous êtes d’accord avec lui, il ne pourra en retour qu’être d’accord avec vous. Forcément, vous devez être intelligent puisque vous avez compris que lui, il l’était !
Aliocha : ce n’est pas faux. Ce défaut affecte tout particulièrement les « stars » de la presse nationale.
8. Le journaliste est revanchard. Si vous l’avez contrarié, débrouillez-vous comme vous voulez, trainez vous à ses pieds s’il le faut, mais réparez l’offense. Il ne vous pardonnera pas, mais vous échapperez avec un peu de chances à sa vengeance.
Aliocha : Tout dépend de la nature de la contrariété, si c’est parce qu’on nous a menti, la sanction est sans appel, on boycotte.
9. Le journaliste est jaloux. S’il est déjà votre « ami », considérez que vous ne pourrez plus jamais vous adresser à un autre que lui.
Aliocha : Vrai. Mais à notre décharge, on ne peut pas à la fois nous faire la comédie de l’amitié et puis aller ensuite « draguer » nos confrères pour avoir son nom dans tous les journaux. Le mieux est de s’en tenir à des relations strictement professionnelles et de s’abstenir d’entrer sur le terrain dangereux de l’affect.
10. Le journaliste est friand de « bruits de chiotte », ça lui permet de frimer devant ses copains en faisant celui qui sait. Forcez sur les anecdotes, confiez lui les travers et manies des uns et des autres, critiquez allègrement, agrémentez le tout de secrets d’alcôve. Mais n’oubliez jamais, je dis bien JAMAIS, de lui faire promettre qu’il ne révélera pas qui lui a dit ce qu’il va s’empresser de répéter partout.
Aliocha : ça dépend je suppose des caractères. Moi, ça ne m’intéresse pas et ça a même tendance à dévaloriser fortement mon interlocuteur.
On achète bien les journalistes
Manipuler les journalistes est un sport qui pourra bientôt prétendre au rang de discipline olympique. Et pour cause, la communication est de plus en plus un enjeu stratégique. Du coup, les agences de communication poussent comme des champignons et nous assaillent de communiqués de presse et autres propositions d’interviews. La plupart de nos interlocuteurs s’inscrivent à des stages de media training et arrivent devant nous aussi rompus aux relations presse qu’un vieux briscard de la politique.
Voici, en 10 points, ce que pensent de nous certains professionnels de la communication et les conseils qu’ils donnent à leurs clients.
1. Le journaliste a besoin d’être rassuré. A force de supporter les hurlements du rédac’chef, la concurrence de ses confrères, le salaire médiocre qui lui rappelle qu’il est un soutier des medias, il n’en peut plus. Rassurez-le, posez lui un bras protecteur sur l’épaule (uniquement si vous êtes quelqu’un d’important, sinon il vous regardera de haut) et glissez-lui doucement à l’oreille « franchement, je ne lis plus la presse, SAUF, vos articles qui sont toujours excellents ». Si vous pouvez le faire en public, c’est encore mieux. Trouvez alors des complices qui appuieront votre déclaration. L’attachée de presse en général fait cela très bien.
Aliocha : Allons, ça fait longtemps qu’on a compris le truc. Le plus drôle, c’est lorsqu’on entend le vil flatteur expliquer exactement la même chose 5 minutes plus tard au crétin de confrère dont tout le monde sait qu’il est la risée du métier.
2. Le journaliste est mal payé. Invitez-le dans de grands restaurants, à des cocktails chics dans des ambassades, des cercles qui lui sont habituellement fermés, pensez à l’emmener en voyage de presse, dans des pays exotiques de préférence, offrez lui un bel hotel, fermez les yeux sur le fait qu’il préfère aller se promener que de travailler, vous lui raconterez ce qu’il a loupé dans l’avion du retour.
Aliocha : il est vrai que certains journalistes considèrent ces privilèges comme un complément de salaire, surtout dans la presse économique. C’est regrettable. Le bon comportement dans une rédaction consiste à refuser cadeaux et voyages.
3. Le journaliste envie les puissants. Commencez vos phrases par « entre nous », faites lui comprendre que vous le considérez comme un égal (au minimum), il vous adorera.
Aliocha : Non, ça ne marche qu’avec les imbéciles. Car il faut vraiment être idiot pour croire qu’un politique ou un grand patron considère un journaliste comme un égal, ces gens-là se sentent supérieurs à tout le monde.
4. Le journaliste est susceptible : ne l’engueulez jamais, même si l’article est truffé d’âneries, il vous en voudrait à vie. Taisez-vous et attendez la prochaine occasion pour lui ré-expliquer les choses ou bien ne l’invitez plus.
Aliocha : En principe, quand on est poli, on s’abstient d’insulter les gens. Il est toujours possible de dire à un journaliste qu’il s’est trompé, le tout est de le faire avec correction.
5. Le journaliste est mobile. Se fâcher avec lui aujourd’hui parce qu’il travaille au Petit reporter illustré, c’est risquer de le retrouver demain rédacteur en chef du quotidien régional qui couvre les élections auxquelles vous avez décidé de vous présenter. Ce serait dommage, non ?
Aliocha : ça c’est vrai !
6. Le journaliste est paresseux. Soyez clair, précis et simple. Le mieux est encore de rédiger un document que vous lui confierez en précisant que vous avez fait cela pour l’aider. Il le recopiera et vous serez tranquille.
Aliocha : Le journaliste travaille surtout dans l’urgence, il doit comprendre un sujet qu’il ne connaît pas dans des délais record pour ensuite l’expliquer à ses lecteurs, d’où la nécessité d’être clair et précis.
7. Le journaliste est vaniteux. Ouvrez des yeux émerveillés lorsqu’il s’exprime, confirmez ses analyses en prenant soin de faire comme s’ il vous ouvrait des perspectives infinies de réflexion. Vous créerez ainsi une complicité intellectuelle et puisque vous êtes d’accord avec lui, il ne pourra en retour qu’être d’accord avec vous. Forcément, vous devez être intelligent puisque vous avez compris que lui, il l’était !
Aliocha : ce n’est pas faux. Ce défaut affecte tout particulièrement les « stars » de la presse nationale.
8. Le journaliste est revanchard. Si vous l’avez contrarié, débrouillez-vous comme vous voulez, trainez vous à ses pieds s’il le faut, mais réparez l’offense. Il ne vous pardonnera pas, mais vous échapperez avec un peu de chances à sa vengeance.
Aliocha : Tout dépend de la nature de la contrariété, si c’est parce qu’on nous a menti, la sanction est sans appel, on boycotte.
9. Le journaliste est jaloux. S’il est déjà votre « ami », considérez que vous ne pourrez plus jamais vous adresser à un autre que lui.
Aliocha : Vrai. Mais à notre décharge, on ne peut pas à la fois nous faire la comédie de l’amitié et puis aller ensuite « draguer » nos confrères pour avoir son nom dans tous les journaux. Le mieux est de s’en tenir à des relations strictement professionnelles et de s’abstenir d’entrer sur le terrain dangereux de l’affect.
10. Le journaliste est friand de « bruits de chiotte », ça lui permet de frimer devant ses copains en faisant celui qui sait. Forcez sur les anecdotes, confiez lui les travers et manies des uns et des autres, critiquez allègrement, agrémentez le tout de secrets d’alcôve. Mais n’oubliez jamais, je dis bien JAMAIS, de lui faire promettre qu’il ne révélera pas qui lui a dit ce qu’il va s’empresser de répéter partout.
Aliocha : ça dépend je suppose des caractères. Moi, ça ne m’intéresse pas et ça a même tendance à dévaloriser fortement mon interlocuteur.